Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Hiver et le Printemps (bilingue)

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L’HIVER ET LE PRINTEMPS

L’Hiver un jour se moqua du Printemps et le chargea de reproches. Aussitôt qu’il paraissait, personne ne restait plus en repos ; l’un allait aux prés ou aux bois, se plaisant à cueillir des fleurs, des lis et des roses, à les faire tourner devant ses yeux et à les mettre dans ses cheveux ; l’autre s’embarquait, et, à l’occasion, traversait la mer pour aller voir d’autres hommes ; personne ne prenait plus souci des vents ni des averses épaisses. « Moi, ajoutait-il, je ressemble à un chef et à un monarque absolu. Je veux qu’on tourne ses yeux, non pas vers le ciel, mais en bas vers la terre, et je force les gens à craindre et à trembler, et à se résigner parfois à garder le logis toute la journée. — C’est pour cela, répondit le Printemps, que les hommes ont plaisir à être délivrés de ta présence. De moi, au contraire, le nom même leur semble beau, le plus beau, par Zeus, de tous les noms. Aussi, quand j’ai disparu, ils gardent mon souvenir, et, dès que j’ai paru, ils sont pleins d’allégresse. »


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Χειμὼν καὶ ἔαρ.

Χειμὼν ἔσκωψε εἰς τὸ ἔαρ καὶ αὐτὸ ὠνείδισεν ὅτι εὐθὺς φανέντος ἡσυχίαν ἄγει ἔτι οὐδείς, ἀλλ’ ὁ μέν τις ἐπὶ λειμῶνας καὶ ἄλση γίνεται, ὅτῳ ἄρα φίλον δρέπεσθαι ἀνθέων καὶ κρίνων, ἢ καὶ ῥόδον τι περιαγαγεῖν τε τοῖς ἑαυτοῦ ὄμμασιν, καὶ παραθέσθαι [ἢ] παρὰ τὴν κόμην· ὁ δὲ ἐπιϐὰς νεὼς καὶ διαϐαίνων πέλαγος, ἂν τύχῃ, παρ’ ἄλλους ἤδη ἀνθρώπους ἔρχεται· καὶ ὅτι ἅπαντες ἀνέμων ἢ πολλοῦ ἐξ ὄμϐρων ὕδατος ἔχουσι φροντίδα οὐκέτι. « Ἐγώ, ἔφη, ἄρχοντι καὶ αὐτοδεσπότῃ ἔοικα, καὶ οὐδὲ εἰς οὐρανόν, ἀλλὰ κάτω που καὶ εἰς τὴν γῆν ἐπιτάττω βλέπειν καὶ δεδιέναι καὶ τρέμειν καὶ ἀγαπητῶς διημερεύειν ἔστιν ὅτε οἴκοι ἠνάγκασα. – Τοιγαροῦν, ἔφη τὸ ἔαρ, σοῦ μὲν κἂν ἀπαλλαγεῖεν ἄνθρωποι ἀσμένως· ἐμοῦ δὲ αὐτοῖς καλὸν καὶ αὐτὸ εἶναι δοκεῖ τοὔνομα, καὶ νὴ μὰ Δία γε ὀνομάτων κάλλιστον, ὥστε καὶ ἀπόντος μέμνηνται καὶ φανέντος ἐπαγάλλονται. »