Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Hirondelle et le Dragon

Pour les autres éditions de ce texte, voir L’Hirondelle et le Dragon.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 150r-151r).

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L’HIRONDELLE ET LE DRAGON

Une hirondelle qui avait fait son nid dans un tribunal était sortie, quand un dragon vint en rampant dévorer ses petits. À son retour, trouvant le nid vide, elle gémit, outrée de douleur. Une autre hirondelle, pour la consoler, lui dit qu’elle n’était pas la seule qui eût eu le malheur de perdre ses petits. « Ah ! répondit-elle, je me désole moins d’avoir perdu mes enfants que parce que je suis victime d’un crime en un lieu où les victimes de la violence trouvent assistance. »

Cette fable montre que souvent les malheurs sont plus pénibles à supporter, quand ils viennent de ceux dont on les attendait le moins.