Fables d’Ésope (trad. Chambry, 1927)/L’Âne, le Coq et le Lion

Pour les autres éditions de ce texte, voir L’Âne, le Coq et le Lion.

Traduction par Émile Chambry.
FablesSociété d’édition « Les Belles Lettres » (p. 119r).

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L’ÂNE, LE COQ ET LE LION


Un coq paissait un jour en compagnie d’un âne. Comme un lion marchait sur l’âne, le coq poussa un cri, et le lion (on dit en effet qu’il a peur de la voix du coq) prit la fuite. L’âne, s’imaginant que, si le lion fuyait, c’était à cause de lui, n’hésita pas à lui courir sus. Quand il l’eut poursuivi jusqu’à une distance où la voix du coq n’arrivait plus, le lion se retourna et le dévora. Et lui disait en mourant : « Malheureux et insensé que je suis ! n’étant pas né de parents guerriers, pourquoi suis-je parti en guerre ? »

Cette fable montre que souvent on attaque un ennemi qui se fait petit à dessein et qu’on se fait ainsi tuer par lui.