Imprimerie de John Lovell (p. 96-97).


LII.

L’ÉCHO ET LE MALHEUREUX.


Un pauvre malheureux qui se plaignait du sort,
Pleurant, gesticulant, criait après la mort.
Mais la Mort ne vint pas. L’écho seul du bocage
Répondait à ses pleurs, à son propre langage :
« Dois-je vivre ou mourir, écho, dis ton avis ?… »
                Vis…
« Mais le malheur, Hélas ! me poursuit sans relâche ?. »
                Lâche !…
« Je ne puis plus longtemps traîner ma vie ainsi ?…
                Si !…
« Si !… que faire pour voir le destin me sourire !…
                Rire !…
« Mais comment rire, Écho ! lorsqu’on est aux abois ?…
                Bois……
Buvons, se dit notre homme et le voilà tout autre.
Gaîment, d’un pas léger, il retourne au logis,
Et du matin au soir il observe l’avis
De l’écho. Dans la boue on le voit qui se vautre
Ivre-mort, chaque jour. Mais bientôt il perdit
      Tout : jusqu’à son dernier habit.
La raison qu’il laissait toujours au fond du verre
Semblait avoir quitté le misérable hère ;
Mais quand il se vit nu, cette folle revint
                Enfin.
« Voyons, sans plus tarder, se dit-il, courons vite

« Retrouver, si je puis, l’écho malicieux,
       « Qui m’a rendu si malheureux. »
Il y court, l’aperçoit et l’appelle de suite :
« Voyez mon triste état, perfide et vil Écho !…
            « Oh !…
« Que faire ?… qui blâmer de vous ou ma cervelle ?…
             Elle !…
« Elle et toi… je fus sot de t’avoir obéi !…
             O… u… i ! !…