Imprimerie de John Lovell (p. 57).

XXX.

LE LION ET LA GRENOUILLE.


Un jour le roi des animaux
Passant auprès d’un marécage
Entendit l’infernal tapage
De la gent grenouillère au milieu des roseaux.
« Quel animal ose bruire
« À mon insu dans mon empire,
« S’écria le lion ; serait-ce par hasard
« Quelque ennemi perfide ? Un loup, un léopard !…
« Allons voir, je saurai le réduire au silence. »
Comme il disait ces mots, voilà que tout à coup
Dame grenouille à large panse
Saute en coassant de son trou.
— « Quoi ?… c’est donc toi, pécore vaine !
« Dit le lion en l’écrasant,
« Qui nous faisais ici ce vacarme effrayant ?…
« Tu ne troubleras plus désormais mon domaine
« De ton tapage affreux… Va crier chez Pluton !… »

Lecteur, je ne suis pas de l’avis du lion
Et ne veux, d’aucune façon,
Prêcher ici la violence,
Car elle a toujours tort. — Je m’en garderais bien. —
Mais disons qu’on entend parfois un bruit intense,
Et que voit-on, si l’on avance ?
Rien.