Imprimerie de John Lovell (p. 46).

XXIV.

LA MOUCHE ET LE TAUREAU.


Un taureau roi d’une prairie
Fleurie,
Paissait silencieusement,
Lorsque du haut des cieux une mouche insolente,
Tombe, et va sur son front s’asseoir en bourdonnant :
« Monseigneur le taureau, si je suis trop pesante,
« Dit-elle d’un air important,
« Vous n’avez qu’à parler, je m’envole à l’instant. »
— « Qui me parle ?… répond le taureau mugissant.
— « Moi ! — Qui toi ? — Me voici ! — Tiens c’est vous ma mignonne ?
« Eh ! que m’importe à moi que vous soyez ou non
« Sur mon front !
Vous ne pesez pas une tonne ?
« Vous vous croyez pourtant bien lourde, n’est-ce pas ?
« Détrompez-vous ; votre présence
« Ne m’incommodera pas plus que votre absence. »

Tels sont avec plus de fracas
Et plus encor de suffisance,
Tous ces prétendus grands esprits,
Qui le front vers le ciel et la tête en arrière,
S’intitulent rivaux du Dieu de la lumière.
Mais voyez, s’il vous plait, ces géants sous l’équerre,
Vous les trouverez si petits
Qu’ils vous sembleront même indignes de mépris.