Imprimerie de John Lovell (p. 21).

VIII.

LE SOLEIL ET LA BRUME.


Le soleil, quittant notre terre,
Allait porter plus loin ses feux
Et réveiller l’autre hémisphère ;
Quand tout à coup devant ses yeux
S’étendit un nuage intense
De nauséabondes vapeurs
Flétrissant les plus belles fleurs
Sous sa délétère influence :
« Misérable ! » dit le soleil,
« Maintenant que je pars, tu viens sur la nature
« Répandre tes poisons et flétrir sa parure
« De ton souffle pestilentiel !…
« Va ! ton triomphe est éphémère :
« Demain les flots de ma lumière
« T’anéantiront à jamais !… »

Il en est ainsi du Progrès.
En vain pour entraver sa marche inexorable,
Se dressent l’Ignorance à l’aspect indomptable,
Le Fanatisme au bras sanglant
Et la troupe des maux qui va l’accompagnant ;
Le char marche toujours en sa route assurée,
Rien ne peut l’arrêter ; tout cède devant lui.
Par son flambeau puissant l’ère régénérée
Verra luire le jour où la flamme sacrée
Chassera pour toujours les ombres d’aujourd’hui.