Imprimerie de John Lovell (p. 19).

VI.

LE LOUP, L’ÂNE ET L’ÂNON.


Un âne, chargé d’ans, se mourait en son trou.
Aussitôt qu’il apprend la chose,
Accourt au trot messire loup,
S’imaginant faire un bon coup.
Mais il trouve la porte close.
Il frappe doucement. L’ânon,
Dernier enfant du moribond,
Quittant le chevet de son père,
Va regarder par le guichet
Pour reconnaître qui c’était :
— « Eh bien ! mon cher enfant, d’une voix familière
« Lui dit le loup, comment va la pauvre santé
« De l’auteur de vos jours ?… Quelle est sa maladie ?…
« Serait-il assez bas qu’on craindrait pour sa vie ?…
« Mais ouvrez donc, mon fils, je me suis tant hâté
« Que j’en sens un point de côté… »
— « Merci de votre politesse,
« Répond le jeune ânon en lui riant au nez ;
« Mon père est beaucoup mieux que vous ne souhaitez
« Et s’occupe si peu des gens de votre espèce
« Qu’il vous exhorte de son lit
« À tirer vos grègues de suite !… »

Aujourd’hui que de gens de pareil acabit
Font aux mourants même visite !…