Fête de la circoncision

ALEXANDRIE. — Fête de la circoncision d’un fils d’Ibrahim. — Des réjouissances publiques qui viennent d’avoir lieu dans cette ville, à l’occasion de la circoncision de trois jeunes princes, dont deux enfans du pacha et un autre de son fils Ibrahim. Les fêtes se sont prolongées pendant sept jours, et chacun d’eux a été marqué par de brillantes illuminations. Un dîner splendide a été donné par M. Boghos à tous les grands du pays ; deux personnes étrangères ont seules été mêlées aux convives musulmans : M. le consul-général de Suède et M. Briggs, négociant anglais. Les Francs ont pris part aux réjouissances et ont fait les frais de quelques feux d’artifice ; il y en a eu de très bien exécutés par les Turcs devant le palais du vice-roi, et vis-à-vis le sérail où étaient les jeunes princes. En l’absence de S. A., c’est Ibrahim pacha qui a présidé à cette cérémonie. L’affluence au palais était considérable ; tout le monde y avait accès, jusqu’aux dames européennes, la plupart déguisées sous des vêtemens d’hommes.

Chaque jour, il a été fait une distribution de vivres à tous les pauvres. Le septième, celui où la cérémonie devait avoir lieu, les trois princes ont été promenés en grande pompe depuis la maison du gouverneur, hors de la ville, jusqu’au palais, en traversant le quartier franc. Ce cortège dont toutes les autorités faisaient partie, était précédé des régimens formant la garnison de la ville. Le même jour, au moment où venait de se terminer la circoncision, un courrier arrive du Delta et présente à Ibrahim, de la part de son père, l’ordre de mettre en liberté tous les condamnés. Le prince a voulu aller lui-même annoncer aux malheureux graciés cette nouvelle inattendue et peut-être inouïe dans l’empire ottoman. Et qu’on ne pense pas que ces détenus sont, comme ceux des bagnes d’Europe, des misérables couverts de crimes et repoussés par la société ; ce sont, pour la plupart, des hommes qui n’ont pas pu acquitter leurs impositions ou qui ont manqué à quelque règle de police. Tous les moyens sont bons pour la réglementation d’un peuple : mais la liberté est le premier bien d’où découlent tous les autres, et ce premier acte d’humanité, qui annonce la direction nouvelle des pensées du vice-roi, conduira sans doute à d’autres plus importans.

Pendant toute la durée des fêtes, le meilleur ordre et une tranquillité parfaite ont régné ; ils sont dus à l’excellente police du gouvernement.

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