Extrait d’un mémoire sur l’analogie qui existe entre tous les os et les muscles du tronc dans les animaux

Extrait d’un mémoire sur l’analogie qui existe entre tous les os et les muscles du tronc dans les animaux
Nouveau Bulletin des SciencesTome 1 (p. 133-135).
ANATOMIE.

Extrait d’un mémoire sur l’analogie qui existe entre tous les os et les muscles du tronc dans les animaux ; par M. C. Duméril.

Instit. nat.
15 et 22 Fév. 1808.
L’auteur, dans la première partie de ce Mémoire, démontre par des détails descriptifs, dont il nous est impossible de présenter ici l’extrait, la grande analogie qui existe entre toutes les pièces de la colonne vertébrale, sous le rapport des usages, des formes et du mouvement. Il examine ainsi successivement les espèces de chaque classe d’animaux, en essayant d’apprécier à leur juste valeur le résultat des légères différences que leur échine laisse observer.

M. Duméril discute ensuite si, sous le seul point de vue du mouvement, la tête ne pourroit pas être considérée comme une vertèbre très-développée, et conséquemment si les muscles qui la meuvent en totalité ne seroient pas les analogues de ceux de l’épine.

Nous allons présenter ici le résumé de ce travail, en commençant par la comparaison des os, et en citant ensuite les muscles qui sont regardés généralement comme propres à la tête, et que l’auteur considère comme les analogues de ceux de l’échine.

Le trou occipital correspond au canal vertébral ; les condyles occipitaux, aux apophyses articulaires ; l’éminence sphéno-basilaire, au corps de la vertèbre ; la protubérance occipitale, à l’apophyse épineuse ; les tubérosités mastoïdes, aux apophyses transverses. M. Duméril trouve les preuves de ces analogies dans l’ostéologie comparée. Ainsi chez les poissons osseux, dont les vertèbres n’ont pas d’apophyses articulaires, il n’y a pas de condyles, et l’apophyse basilaire de l’occipital s’articule avec l’atlas par un fibro-cartilage reçu dans une cavité conique, comme on l’observe sur toutes les autres vertèbres. Cette disposition est encore plus évidente dans les oiseaux chez lesquels la facette postérieure du corps des vertèbres cervicales offre également une surface convexe. La différence principale que présente le crâne des mammifères, tient essentiellement aux modifications des deux premières vertèbres, qui sont disposées de manière à permettre la rotation.

C’est encore ce mouvement de relation qui semble avoir modifié la forme primitive des muscles insérés à la tête ; car dans les poissons, il n’y a pas de différences entre les muscles qui se terminent au crâne et ceux qui s’insèrent aux autres parties de l’échine, et on voit successivement leurs formes s’altérer ou se modifier dans les reptiles et les oiseaux.

Le muscle trapèze s’attache sur la protubérance occipitale externe comme sur les autres apophyses-épineuses de la colonne vertébrale. Les splenius de la tête et du cou, ainsi que le petit complexus, montrent aussi par leur insertion l’analogie des apophyses mastoïdes avec les transverses. Le grand complexus est semblable aux transversaires épineux du dos et des lombes. Les droits postérieurs (grand et petit) correspondent aux intercervicaux et aux interépineux, avec cette particularité, que le mouvement de ginglyme latéral, exercé par la première vertèbre sur la seconde, semble avoir transporté le second muscle intercervical de la seconde vertèbre sur l’occiput, et non sur l’épine de l’atlas qui n’existe pas, et qui auroit gêné d’ailleurs les mouvemens de rotation. Cette disposition est sur-tout remarquable dans les oiseaux. Les deux petits obliques postérieurs de la tête correspondent également aux transversaires postérieurs ; mais ils ont éprouvé à-peu-près les mêmes modifications, et pour les mêmes causes. Enfin M. Duméril regarde le petit droit latéral comme l’analogue du faisceau antérieur de la première paire de muscles intertransversaires ; et le grand ainsi que le petit droit antérieurs, comme les analogues du long du cou.

Dans la troisième partie du Mémoire que nous analysons, l’auteur compare les côtes et les os du bassin, également sous le point de vue général des mouvemens, à des prolongemens vertébraux analogues aux apophyses transverses. Il rappelle d’abord que les côtes ne se lient très nécessairement à l’acte de la respiration, que dans les animaux doués d’un diaphragme, et en particulier que chez les mammifères. Les côtes, lorsqu’elles commencent à se manifester dans les animaux, ne sont réellement que des apophyses transverses prolongées, destinées uniquement aux attaches des muscles vertébraux, comme ou l’observe dans les poissons cartilagineux, les batraciens, les cécilies. Chez les poissons osseux, ces côtes sont souvent soudées aux vertèbres ; et dans les serpens en général, elles ne sont jamais fixées en devant. Chez les crocodiles et les oiseaux, les vertèbres du cou offrent déjà des rudiments de côtes articulées sur leurs apophyses transverses.

Les muscles intercostaux sont analogues aux intercervicaux : comme ceux-ci, ils sont formés de deux plans ; leur volume seul, qui les rend si différens, est en rapport avec leurs usages. Les surcostaux, ainsi que les scalènes, le triangulaire des lombes, sont analogues au petit complexus et aux splenius. Les deux petits dentelés postérieurs sont semblables, sous quelque rapport, au trapèze.

M. Duméril croit pouvoir conclure, des faits et des observations contenus dans son Mémoire, que la tête dans les quatre premières classes d’animaux est une vertèbre très-développée ; que les côtes et les os du bassin correspondent aux apophyses transverses des vertèbres, et que par conséquent on peut étudier d’une manière générale et simplifier par là beaucoup la myologie du tronc dans les animaux à vertèbres, puisque les muscles propres à la tête, aux côtes et au bassin, n’offrent réellement que des variétés de forme et de longueur, lorsqu’on les compare avec ceux qui s’insèrent aux autres parties de l’échine.

C. D.