Explication historique des fables/2e éd., 1715/Tome 1

Texte établi par Le Breton, Le Breton (1p. -2).
EXPLICATION


HISTORIQUE


DES FABLES.


OU


L’ON DECOUVRE LEUR ORIGINE
& leur conformité avec l’Histoire
ancienne.


SECONDE EDITION,
Augmentée d’un troisième Volume.


Par M. l’Abbé BANIER, de l’Académie
Royale des Inscriptions & des Médailles.


TOME PREMIER.




A PARIS,


Chez François Le Breton, au bout
du Pont-Neuf, proche la rue de Guenegaud,
à l’Aigle d’Or.
__________________________________________________________________
M. D C C XV.
AVEC PRIVILEGE DU ROY.
EXPLICATION


HISTORIQUE


DES FABLES.


OU


L’ON DECOUVRE LEUR ORIGINE
& leur conformité avec l’Histoire
ancienne.


SECONDE EDITION,
Augmentée d’un troisième Volume.


Par M. l’Abbé BANIER, de l’Académie
Royale des Inscriptions & des Médailles.


TOME PREMIER.




A PARIS,


Chez François Le Breton, au bout
du Pont-Neuf, proche la rue de Guenegaud,
à l’Aigle d’Or.
__________________________________________________________________
M. D C C XV.
AVEC PRIVILEGE DU ROY.


PREFACE.


L est aisé de s'appercevoir en lisant les Fables, qu'elles renferment plusieurs sens ; ce sont autant d'envelopes sous lesquelles les Anciens nous ont caché plusieurs véritez : ainsi ceux qui se sont appliquez à nous en donner des explications, se sont jettez dans differens partis ; chacun y a découvert ce que son génie particulier & le plan de ses études l'ont porté à y chercher : & comme les voiles dont les Poètes ont couvert les veritez qu'ils nous y enseignent, ont répandu sur leurs Fables une obscurité mysterieuse, on y a trouvé tout ce qu'on a voulu. Le Physicien y a apperçu les mysteres de la Nature ; le Politique les rafinemens de la sagesse ; le Philosophe la morale la plus pure ; le Chymiste les secrets les plus importans de son art : enfin chacun a regardé la Fable comme un Pays de conquête, où il a cru avoir droit de faire des irruptions conformes à ses intérêts.

Ce n’est pas-là le jugement qu'ont porté des Fables les anciens Peres de l’Eglise, Origene, Lactancc, Arnobe, saint Augustin ; ils ont prouvé aux Philosophes Païens qui avoient intérêt de donner à leurs Fables des sens allégoriques pour en diminuer les absurditez, qu'elles n'étoient dans leur origine que d'anciennes Histoires défigurées par la licence desPoetes ; que ceux-ci n'en avoient pas inventé le fond, qu'ils n'avoient fait que l'embellir. Les Savans du premier ordre, Bochart, Vossius, Heinsius, M. le Clerc, le Pere Tournemine, & tant d'autres, ont porté le même jugement des Fables, que les Peres de l’Eglise ; ils les ont regardées comme les dépositaires de la plûpart des grands evénemens arrivez dans ces temps obscurs qui suivirent le Déluge, & pendant les premiers établissemens que les enfans de Noé firent en differens pays. Le sublime & le surnaturcl qu'on rencontre dans les fictions agréables que les Poètes y ont mêlées, ne les a point éblouis ; ils ont emploié leur profonde érudition à percer ces ténebres mysterieuses, & à tirer de ce cahos quelques lumières pour se conduire dans la connoissance des temps les plus reculez.

Cependant quoiqu'on ne puisse point douter aujourd'hui que les Fables ne renferment une partie de l’Histoire ancienne, il ne faut pas croire que toutes leurs circonstances y fassent allusion ; & vouloir trouver quelque fait historique dans toutes leurs parties, seroit une extrémité aussi vicieuse, que de croire qu'elles ne renferment que quelques préceptes de Morale & de Physique. Voici, selon mon sentiments, leur véritable systême.

Les anciens événemens dont le souvenir s’étoit conservé faute de lettres par la seule tradition, ou dans des Cantiques qu'on retenoit par cœur, pafferent enfin dans les Ouvrages des Poètes qui ont été les premiers Historiens. Ceux-ci amateurs du sublime & du surnaturel, & donnant plus au caprice d’une imagination vive & brillante, qu'aux règles d'un esprit juste & modéré, embellirent leurs sujets, & mêlèrent la vérité avec les vains ornemens de la Fable. Tel est le premier état, & pour ainsi dire l’enfancc & le berceau des Fables. Ceux qui vinrent enfuite à traiter les mêmes sujets, & qui ne crurent pas les premiers Poètes assez simples pour n'avoir voulu renfermer sous tant d'agréables fictions, que quelques veritez souvent peu interessantes, s'imaginèrent qu'ils y avoient caché les sciences les plus sublimes ; & par le droit & la liberté que l'Art poétique leur donnoit, ils y mêlèrent en même temps plusieurs autres circonstances par rapport à leur Philosophie & à leur religion : ainsi les mêmes Fables qui n’étoient d'abord qu’Historiques, devinrent dans la suite Morales, Théologiques & Physiques ; Comme ces derniers sens sont plus aisez à developer que l'Histoire, les Mythologues s'y sont entièrement attachez : lorsqu'ils ont trouvé y par exemple, que Saturne dévoroit ses enfans, au lieu de dire que ce Prince Titan immoloit ses Sujets à sa superstition, ils ont dit que par cette Fable les Anciens nous avoient voulu apprendre que le temps dévoroit toutes choses. Ils n’ont regardé Phaéton foudroie, que comme l'emblême d'un téméraire ambitieux : ils n'ont apperçu dans le combat des Géans, que les aissauts que la volupté livre à la vertu, ainsi des Autres ; & ils ont ennuié le monde par d’éternelles allégories ; comme si l’on devoit supposer que des gens qui avoient le bon sens, aient emploié tant d’esprit à nous apprendre des véritez si communes.

Pour éviter le défaut de ces Allegoristes, l’on ne s’attachera dans cet Ouvrage qu’à découvrir ce que les Fables ont d’historique, pour les concilier avec l’Histoire ancienne : On sçait par exemple, que Jason, Hercule & Thesée, sujets éternels des Fables des Poètes, ne font pas des Héros supposez, que l’un est allé dans la Colchide enlever les trésors du Roi Eta ; que l’autre a purgé l’Attique des serpens, ou plûtôt des voleurs qui l’infectoient ; & que le troisiéme délivra par la victoire qu’il remporta sur Taurus, sa Patrie du sanglant tribut qu’elle paioit au Roi de Crète. Ces événemens, quelques grands qu’ils soient, n’ont pas paru assez glorieux pour ces Heros, aux Poëtes qui les ont chantez ; ils y ont mêlé mille fictions, ils les ont défigurez par des ornemens étrangers ; ils ont attribué au secours de leurs Dieux, ce qui n'étoit dû qu'à la valeur de ces illustres Grecs ; & ils ont ainsi enseveli les événement les plus remarquables de leur Histoire, sous un pompeux attirail de fictions : C'est à les séparer, à les démêler, à voir ce qui peut y avoir donné lieu, que l’on s’est uniquement attaché.

Mais comme ceux qui ont suivi les mêmes routes avant moy, ont rempli leurs Ouvrages de trop d'érudition, & ont rebuté le Public par les longs passagcs Grecs & Hébreux, qu'ils ne se sont pas même donné la peine d'expliquer, on tâchera d’éviter cet autre défaut. L'on sçait bien qu'il est difficile de plaire à tout le monde, si l’on présente les explications des Fables débarassées de l’Hébreu & du Syriaque, qui les doivent accompagner ; les Savants qui n'y seconnoissent point le caractere de ce qu'ils appellent la belle érudition, n'en font pas grand cas ; & si on les fait paroître avec ce bizarre cortege, la plupart des Lecteurs en sont effraiez. Pour tâcher de contenter tout le monde, on a pris un juste milieu ; le texte, quoiqu'il ne soit presqu'un tissu des Poètes & des Historiens, pourra se lire sans confusion, étant debarassé des passages de ces Auteurs ; & les marges ou on les cite exactement ; mettront les curieux en état de les consulter. Il m'auroit été plus facile de transcrire que d’abreger les Auteurs que je cite ; & j’espere que l’on me rendra assez de justice pour croire que dans ces sortes d'occasions, l'épargne coûte plus que la profusion & la dépense, puisqu'on regarde comme une perte, ce que l'on veut bien retrancher.

J'ai cru qu'on ne seroit pas fâché de trouver dans cet Ouvrage, ce qui est répandu dans plusieurs immenses Volumes ; peu de gens sont capables de lire des Livres hérissez de Grec & d'Hébreu ; la bigarure seule des caracteres les effraie ; on regarde ces Livres comme des mines fort riches, mais où les pierreries sont si difficiles à trouver, qu'on aime mieux s'en passer, que de se donner la peine de les en retirer, quoiqu’on soit ravi de les voir développées & mises en œuvre. J'ai mêlé mes conjectures à celles de ces grands hommes, & j'ai laissé au Public la liberté de la préférence ; je rapportée même souvent les différentes opinions sur une même Fable, sans en adopter aucune, pour mettre les Lecteurs en état de juger eux-mêmes, n’aiant pas entrepris de faire un sytême particulier, qui m'auroit jetté dans les inconveniens où sont tombez ceux qui ont travaillé sur ce sujet. Car c’est dans cette matiere sur tout, qu'il est tres-dangereux de s’entêter de quelque chimere, puisqu'au lieu d’expliquer les Fables, on ne fait souvent autre chose que d'en inventer de nouvelles ; & c'est là l’écueil où ont échoué nos meilleurs Auteurs. L’un entêté de ses Phéniciens, les trouve par tout, & cherche dans les équivoques fréquentes de leur Langue, le dénouement de toutes les Fables ; l'autre charmé de l'antiquité de ses Egyptiens, les regarde comme les pères de la Théologie & de la Religion des Grecs ; & croit trouver l'explication de leurs Fables dans les interprétations capricieuses de quelques Hveroglifes obscurs : d'autres appercevant dans la Bible quelques vestiges de l’ancien Heroïsme, cherchent l'origine des Fables dans l'abus prétendu que les Poètes firent des Livres de Moyse ou de la Tradition qui s'étoit conservée parmi eux ; & s'acharnant sur les moindres ressemblances, font à tout propos des parallèles forcez des Heros de la Fable & de ceux de l'Ecriture sainte. L'un va chercher toutes les Divinitez du Paganisme parmi lesSyriens ; l'autre parmi les Celtes ; & quelques uns jusques chez les Allemans & les Suédois ; comme si les Fables formoient dans les Poetes un systême suivi, fait par la même personne, & fondé sur quelque principe : au lieu qu'il est sûr qu’elles ont été inventées par différentes personnes, dans des temps & des pays fort éloignez.

Ainsi il est difficile d'éviter les extremitez, & l’on trouve peu de bons guides sur cette matière ; on ne voit dans les Poetes qu'un mélange confus de quelques véritez, avec un pompeux attirail d'ornemens & de fictions. Si l’on consulte les Historiens Grecs, outre le penchant qu'ils ont à débiter des Fables, ils n'ont travaillé que d'après les Poetes, & ils sont venus trop tard pour connoître la veritable Antiquité. Les Historiens Latins même ne se sont pas donné la peine de purger leurs Ouvrages des Fables les plus absurdes, & pour ne pas céder en Heroïsme aux anciens Grecs, ils ont adopté leurs rêveries. Les Philosophes nous renvoient à leurs allégories ; & les Savans d’aujourd’hui donnent à travers d’une érudition hébraïque, sans laquelle ils croient qu’il est impossible d’expliquer les Fables, tirant tous leurs dénouemens de quelquelques étymologies forcées & arbitraires. C’est au Public à juger si on a été assez heureux pour éviter ces écueils, & si en se servant des meilleurs Auteurs, on n’a point donné dans leurs chimeres.

Au reste, pour rendre moins ennuieuse la lecture d’un Livre qui traite d’une matière assez séche, on a préféré le stile de Dialogue à celui des Dissertations. La maison de campagne d’Eliante est le lieu où se passent les Scenes, l’abbé Theophile est comme le Docteur de la piece, qui parle presque toujours ; Alcidon son ami joint ses conjectures à celles de l'Abbé ; & Eliante y mêle quelques réflexions, telles qu'une femme d'esprit peut fournir. Qu'on ne me demande pas ici l'exacte observation des regles du Dialogue, j'aurois perdu trop de temps à les observer ; & j'ai voulu seulement par le caractere des trois personnes que je mets sur la Scene, faire voir que cet Ouvrage pouvoit être à la portée de tout le monde, & détruire le préjugé où l’on est, que les matières de discussion ne sont que pour les Sa vans ; heureux si je pouvois réveiller le goût du Public sur un sujet également nécessaire & interessant.

On a renfermé toute la matière en vingt-cinq Entretiens. Dans le premier on prouve que les Fable ne sont pas de pures allégories, & qu’elles renferment l’Histoire ancienne. Dans le second & le troiséme on recheche les sources des Fables ; on les divise & on donne des regles pour les expliquer. Dans le quatriéme, avant que d’entrer dans l’Histoire des Dieux, on recherche l’origine & les progrès de l’Idolâtrie, dont on fait un Traité assez complet. Les suivans renferment l’Histoire des Dieux. Au treiziémé commence l’Histoire des Demidieux & des Héros ; là on voit les plus célebres événemens de l'Histoire Grecque, le Déluge de Deucalion & celui d'Ogyges : l'enlevement d’Europe, les victoires de Bacchus, le voiage de Persée, ceux d'Hercule & de Thesée, la Conquête de la Toison d'or, le Siège de Troie, lesThébaïdes, &c. Enfin dans les deux derniers on explique les Métamorphoses d'Ovide & des autres Poètes, dont on n'a pas eu occasion de parler ; en sorte qu'il se trouve peu de Fables dont on n'ait dit quelque chose, si vous en exceptez celles dont on ne sauroit parler dans nôtre Langue, sans blesser les oreilles délicates.

On a rapporté la Chronologie des principaux événemens qui sont renfermez dans les Fables ; on a suivi les sentimens les plus ordinaires, sans entrer dans des Dissertarions souvent inutiles, & toujoura épineuses. C'est le parti le plus court ; car après tout, on a beau vouloir concilier les divers sentimens des Auteurs, il restera toujours des difficultez insurmontables sur la Chronologie d’un temps où l’en comptoit sans exactitude, & où les Poetes étoient les Historiens.

Il n’est pas nécessaire de s’étendre ici sur l’utilité du sujet qu’on traite ; il est impossible sans sçavoir la Fable, de faire un pas dans la lecture des Poètes, qui y font de continuelles allusions, toutes nos Pièces Dramatiques, ainsi que nos Peintures & nos Galleries, sont tirées des sujets fabuleux ; & l’on m’accordera aisement que la curiosité la plus vive, lorsqu’on sçait la Fable, est de vouloir en pénétrer les mysteres.


AVIS

AV LECTEVR.


ON ne manque jamais de mettre à la tête des secondes Editions, qu’elles sont révûes, corrigées & augmentées ; mais on impose rarement par là au Public, qui en les relisant n’y apperçoit le plus souvent aucun changement considerable. J’espere qu’il ne jugera pas ainsi de celle-ci, puisqu’outre cinq Entretiens qu’on y a nouvellement ajoutez, & dont les sujets ou n’avoient point été traitez dans la première, ou l’avoient été trop legerement, on peut assurer qu’il n’y a presque aucun article que l’on n’ait retouché, soit en y ajoutant de nouvelles conjectures, soit en appuiant par un plus grand nombre de preuves celles qui avoient déja paru ; ce qui a fait augmenter l’Ouvrage de près de moitié.

TABLE
DES ENTRETIENS
Contenus dans le premier
Volume.
______________________________________________________

Premier Entretien.


Où l’on prouve que les Fables des Poètes ne sont pas de simples allégories, & qu’elles renferment une partie de l’Histoire ancienne, pag. i

II. Entretien.

Où l’on découvre l’origine & les sources des fables. 16

III. Entretien.

Où l’on continue à découvrir les sources des Fables. 52

IV. Entretien.

Où l’on découvre l’origine & les progrès de l'idolatrie, ses diverses formes, & les excès où elle a été portée. 109

V. Entretien.

Où il est parlé des Dieux du Ciel, sur tout de la Famille de Jupiter troisième Roi de Crete 192

VI. Entretien.

Où l’on continue l’Histoire des Dieux du Ciel. 270

VIL Entretien.

Où l'on continue à parler des Dieux du Ciel, & où à l'occasion de Venus on traite de quelques Divinitez d'Egypte & de Phenicie 328

Suite du VII. Entretien.

Où il est parlé de quelques Divinitez des Peuples d’Orient. 404

__________________________

APPROBATION

De M. de Boze, Secrétaire perpétuel de l'Académie Roiale des Inscriptions.


J’Ay lu par ordre de Monseigneur le Chancelier, cette Explication Historique des Fables. L’empressement avec lequel le Public a reçu la première Edition de cet Ouvrage, annonce le succès de la seconde, où le Lecteur trouvera une infinité de recherches dignes de sa curiosité. Fait à Paris le seiziéme jour d’Avril 1714.


GROS DE BOZE.

EXPLICATION

HISTORIQUE

DES FABLES.

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PREMIER ENTRETIEN,

Où l’on prouve que les Fables des Poëtes ne sont pas de simples Allegories, & qu’elles renferment une partie de l’Histoire ancienne.


'Abbe' Théophile & Alcidon avaient accoûtumé d’aller passer tous les ans l’Automne à une Maison de Campagne, située sur les bords de la Seine, où Eliante les attiroit, autant par les charmes de son esprit, que par le soin qu’elle prenoit d’y rassembler tout ce qu’il y avoit d’honnêtes gens dans le voisinage. Comme elle avoit de l'esprit & qu’elle aimoit les sciences, elle faisoit ordinairement tomber la conversation sur quelques matières savantes. Un jour que la pluye avoit interrompu la promenade, & qu’on étoit demeuré dans un Sallon, on s’amusa à regarder les peintures du plafond qui étoient fort belles ; c’étoient des sujets de la Fable & de l’Histoire des Dieux. Le milieu représentoit le Jugement de Paris, là on voyoit les trois Déesses dans des habits magnifiques & galans, étaller leurs charmes devant ce jeune Berger, pour obtenir un jugement favorable à leur beauté. Paris paroissoit tout interdit, & on auroit crû qu’il n’auroit sçû en faveur de qui se déclarer, si on n’avoit vu dans ses yeux, quelque chose de plus tendre pour Venus que pour les autres Déesses. Alcidon qui savoit parfaitement la Fable, expliqua toutes les circonstances de celle-ci avec beaucoup de netteté, & tout le monde fut charmé de l’entendre. Je ne trouve rien de si beau, dit Eliante, que ces Fables magnifiques dont les Poëtes ont orné leurs Ouvrages ; le mal

est, qu’elles n’ont rien de vrai, & que ce ne sont que les fruits d’une imagination brillante. Comment l’entendez-vous Madame, dit Alcidon ? tout le