Examen critique et complément des dictionnaires historiques/Index Tome 1

EXAMEN CRITIQUE

ET

COMPLÉMENT

DES

DICTIONNAIRES

HISTORIQUES

LES PLUS RÉPANDUS.
Cet ouvrage se trouve aussi chez les principaux libraires des départemens, et à :

Londres. —Dullau et ce, n° 37, Soho Square.

Lisbonne.—Pierre et George Rey.

Madrid.— Alfonso Perès.

Naples

B. Borel.

Société du Cabinet littér.

Amsterdam. — G. Dufour.

Genève. — Paschoud.

Milan. — Giegler.

Florence.— Piatti.

Livourne. — Glaucus-Mazi.

Rome. — De Romanis.

Bruxelles. — Lecharlier.

Turin.— Pic.

Manheim. — Artaria et Fontaine.



Le second et dernier volume paraîtra dans les trois mois qui suivront la publication de la dernière livraison de la Biographie universelle.
EXAMEN CRITIQUE

DES

DICTIONNAIRES HISTORIQUES

LES PLUS RÉPANDUS,

DEPUIS LE DICTIONNAIRE DE MORÉRI, JUSQU’A LA BIOGRAPHIE

UNIVERSELLE INCLUSIVEMENT.

TOME Ier, (A—J)

CONTENANT ENVIRON 240 ARTICLES NOUVEAUX, 50 REFAITS, ET 560 CORRIGÉS

OU AUGMENTÉS.

Par l’Auteur du Dictionnaire des Ouvrages anonymes

et pseudonymes.

370598

EXAMEN CRITIQUE

ET

COMPLÉMENT

PARIS :

CHEZ REY ET GRAVIER, LIBRAIRES,

QUAI DES AUGUSTINS, N° 55.

BAUDOUIN FRÈRES, IMPRIMEURS-LIBRAIRES,

RUE DE VAUGIRARD, le 36.

1820.

INTRODUCTION ([1]).

L’UTILITÉ des dictionnaires n’est plus contestée aujourd’hui ; le dix-huitième siècle s’est distingué par la publication de l’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers ; le dix-neuvième sera remarquable par la composition de plusieurs grands dictionnaires, et particulièrement par celle d’une Biographie universelle, ancienne et moderne, ou Histoire par ordre alphabétique de la vie publique et privée de tous les hommes qui se sont distingués par leurs écrits, leurs actions, leurs talens, leurs vertus et leurs crimes.

Des essais plus ou moins heureux en ce genre avaient paru, dans le dix-septième et dans le dix-huitième siècle. Un des plus renommés, le Dictionnaire de Moréri, qui n’a, pour ainsi dire, conservé de son état primitif que le nom de son auteur, et que, pour cette raison, Voltaire comparait ingénieusement à une ville nouvelle bâtie sur le plan ancien ; le dictionnaire de Moréri, dis-je ; présente encore les plus grandes imperfections, dans la vingtième et dernière édition qui en a été publiée, en 1759, dix volumes in-folio. Cependant, ce dictionnaire occupe toujours une place dans les bibliothèques bien composées. Le célèbre Bayle n’avait d’autre vue, dans l’origine, que de corriger les nombreuses méprises qui avaient échappé à Moréri. Mais, cette critique est bientôt devenue, sous la plume de ce grand écrivain, un ouvrage du premier rang dans ce genre, quoiqu’il ait donné lieu, soixante ans après sa publication, aux remarques, généralement justes de l’abbé Joly, chanoine de Dijon, qui forment, pour ainsi dire, le cinquième volume de cette production.

On a senti, dans le dix-huitième siècle, la nécessité de mettre ces grands ouvrages à la portée de tout le monde.

Telle est l’origine des dictionnaires historiques publiés en Allemagne, en France, en Italie et en Angleterre.

En 1750, Chrétien-Théophile Jocher, bibliothécaire de l’université de Leipsick, publia en allemand un Dictionnaire. universel des savans, en 4 volumes in-4o. Il ne suivit point la méthode des continuateurs de Moréri, et se contenta d’exposer les principales époques de l’histoire des savans, avec l’indication sommaire, mais très-imparfaite, de leurs ouvrages dans les langues où ils ont été composés. Il a été publié plusieurs supplémens à cet utile ouvrage, pour en réparer les principales omissions ; le plus remarquable est celui de Jean-Christophe Adelung, bibliothécaire de l’électeur de Saxe, dont il parut un premier volume en 1784, et un second en 1787. Celui-ci finit avec la lettre J inclusivement. On doit regretter que l’auteur n’ait pas terminé ce supplément. Aucun biographe n’avait encore poussé aussi loin l’attention et l’exactitude. L’auteur suit le plan de Jocher ; mais il a le mérite de l’avoir perfectionné. Ces deux volumes sont encore consultés avec fruit. Le troisième volume, qui renferme les lettres K—L inclusivement, publié à Delmenhorst, en 1810, par M. Rotermund, est rédigé avec soin. On doit désirer que ce laborieux bibliographe complète cette continuation.

L’abbé Ladvocat, bibliothécaire de Sorbonne, possédait les connaissances nécessaires pour donner à un Dictionnaire historique portatif l’intérêt, et l’exactitude qu’on pouvait y désirer ; mais, le premier essai qu’il publia, en 1755, fut exécuté avec une telle précipitation, que son objet ne fut point rempli. Les augmentations que l’auteur a faites à cet ouvrage, en 1760, de même que les supplémens publiés, en 1777 et en 1789, par le libraire Leclerc, laissaient encore beaucoup à désirer au public.

Feu M. l’abbé Chaudon mérite les plus grands éloges pour les recherches auxquelles il s’est livré pendant cinquante ans, dans la vue d’enrichir la république des lettres d’un Dictionnaire historique, rédigé d’après un plan uniforme et dans des principes de modération qui honoreront toujours son nom aux yeux des personnes impartiales. Aussi reçut-il du public les plus nobles encouragemens, puisque son dictionnaire, composé seulement de quatre volumes dans l’origine, c’est-à-dire, en 1766, a été porté à treize volumes, dans la dernière édition qu’il en donna, en 1804, conjointement avec M. Delandine, bibliothécaire de la ville de Lyon.

La modération dont s’honorait l’abbé Chaudon, déplut à un fougueux ex-jésuite des Pays-Bas, nommé Feller : il s’empara de l’ouvrage pour le défigurer par un grand nombre d’articles qui respirent la haine aveugle que cet auteur semblait avoir conçue pour les principes du dix-huitième siècle, et même pour ceux que l’Église gallicane s’est toujours honorée de professer. S’il a amélioré quelques articles de théologiens ou de littérateurs, il a substitué presque partout les préjugés aux principes, le mensonge à la vérité ; d’ailleurs, il a fréquemment reproduit les méprises de son modèle. Un tel ouvrage ne devait pas avoir de partisans en France ; il en a trouvé dans une portion du clergé, que la révolution française a rendu ennemi ouvert ou déguisé de la puissance civile : les imprudens éloges prodigués à cette compilation passionnée ont occasionné l’édition qui a été imprimée à Paris, en 1818, et qui doit être suivie d’un supplément en quatre volumes. Il est du devoir d’un bon Français de signaler aujourd’hui les avantages et les défauts de cet ouvrage.

Les mauvais procédés de l’abbé de Feller n’empêchèrent pas les étrangers de rendre justice au. Dictionnaire de l’abbé Chaudon. Une société de gens de lettres italiens en publia, en 1796, à Bassano, une traduction très-augmentée. Si l’on retrouve trop souvent dans le cours de l’ouvrage les méprises échappées à l’auteur français, on en est dédommagé par les articles additionnels qui se font remarquer par une grande exactitude et par des développemens convenables.

C’est un ouvrage très-estimable que le Nouveau et général Dictionnaire biographique, publié à Londres vers 1762, en onze volumes in-8o, et dont on a donné une édition très-augmentée, en 1798, quinze volumes in-8o ; mais, le principal avantage de ce livre est de donner de grands détails sur les hommes célèbres d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande : la partie bibliographique n’y est pas traitée avec le même soin que dans les dictionnaires français. Il est essentiel d’ailleurs de faire observer que beaucoup d’articles de ce Dictionnaire sont traduits ou abrégés de l’ouvi•age français de M. Chaudon.

En 1800, Jean Watkins fit paraltre à Londres, en un seul volume in-8o, un Dictionnaire biographique et historique universel, tiré des meilleurs auteurs. Ce travail a été favorablement accueilli, puisqu’il en a été publié une troisième édition, en 1807. M. Watkins est en général un abréviateur judicieux ; il est plus exact que la plupart des auteurs biographes anglais, dans l’indication des ouvrages.

Tel était, au commencement de ce siècle, l’état des dictionnaires historiques les plus usuels. Aucun d’eux ne satisfaisait pleinement les hommes instruits.

« Un bon dictionnaire historique, dit le savant Chardon de la Rochette, est un livre plus essentiel qu’on ne le croit ordinairement, parce qu’il’est l’extrait d’une infinité d’ouvrages, dont quelques-uns sont rares, même dans les grandes communes. Nous avions projeté, l’abbé de St.-Léger et moi, d’en donner un. Les fonds pour l’impression étaient trouvés ; mais, la compagnie financière qui les fournissait, ne donnait que six mois pour préparer l’édition, et nous demandions quatre ans. Je m’étais chargé de la rédaction, parce qu’ennuyé du patelinage et des inutilités de ceux qui existent, je voulais que mon dictionnaire contint seulement les principales circonstances de la vie de chaque personnage, la liste de ses écrits, avec des dates sûres, l’indication des éditions rares et somptueuses, et de celles qui sont recommandables par leur bonté et leur utilité. J’avais exigé qu’on supprimât les réflexions ; c’est au lecteur à les faire : d’ailleurs, un dictionnaire historique doit ménager l’amour-propre des nations, et les opinions religieuses, politiques et littéraires de chacune. Notre dictionnaire, exécuté sur ce plan, aurait été moins volumineux que celui de Chaudon, et aurait renfermé plusieurs milliers d’articles de plus ([2]). »

Il est à regretter que deux hommes, doués d’une aussi vaste érudition, n’aient pu exécuter leur plan de dictionnaire historique. Pour moi, je bornais mes voeux à l’amélioration d’un. de nos dictionnaires les plus répandus, tels que celui de Ladvocat ou de M. Chaudon. Ces deux ouvrages avaient été ma lecture favorite, dans le cours de mes études, et j’avais toujours recueilli des matériaux pour les perfectionner et les compléter. Dès 1807, M. Chardon de la Rochette a eu la bonté d’annoncer aux lecteurs du. Magasin encyclopédique, que je m’occupais de ce travail ([3]).

En 1810, un des éditeurs de la Biographie universelle vint me proposer de diriger l’édition qu’il voulait donner d’un Dictionnaire historique. Je lui demandai six mois pour préparer la première livraison, et deux ans pour arriver à la dernière. Ces délais parurent trop longs. Le libraire ne voulait accorder que dix -huit mois pour la totalité de ce travail ; je ne pus donc accepter ses offres. Depuis, il a fort étendu son plan et très-alongé le temps convenable pour son exécution, puisque la Biographie universelle, dont la première livraison parut en 1811, n’en est encore qu’aux lettres LON, quoique déjà composée de vingt-quatre volumes.

Dans le même temps, des propositions du même genre m’ont été faites par un entrepreneur de livres. La manière dont il a violé ses engagemens envers moi, me mit dans la nécessité de renoncer à toute coopération au dictionnaire qu’il a publié en vingt volumes in-8o. Son intention était de donner une nouvelle édition du dictionnaire de MM. Chaudon et Delandine. Mais le peu de soin qui a été mis, soit aux retranchemens, soit aux additions, fera toujours considérer cette édition comme le propre ouvrage de l’éditeur. La plupart des articles doivent être lus tivec précaution ; cependant, parmi ceux qui ont été fournis à l’éditeur, il s’en trouve plusieurs dans lesquels il y a peu à reprendre.

Ces contrariétés ne m’ont pas empêché de continuer mes recherches. Tout en applaudissant aux livraisons successives de la Biographie universelle, et en regardant cet ouvrage comme le meilleur de ceux que nous possédons en ce genre, je ne puis m’empêcher de dire qu’on y trouve des omissions très-remarquables et des méprises assez nombreuses ; beaucoup d’articles ont trop d’étendue ; d’autres sont trop courts. Il est d’autant plus essentiel de relever les omissions et les fautes de cet ouvrage, qu’il doit être à l’avenir d’une grande autorité pour les lecteurs.

J’ai cru le moment actuel favorable pour présenter les avantages et les inconvéniens des dictionnaires que je viens de passer en revue, à commencer seulement par le Dictionnaire de Moréri, édition de 1759 ; pour celui-là, les remarques seront moins de moi que d’un homme qui a passé trente ans d’une vie laborieuse à l’examiner dans tous ses points, et qui est cité à l’article Moréri pour les articles qu’il avait fournis précédemment à l’abbé Goujet : cet homme est l’abbé du Masbaret, ancien curé de Saint-Léonard en Limousin, mort en 1782 ; ses remarques manuscrites forment six gros volumes in-4o, d’où j’extrairai seulement quelques passages relatifs à des hommes célèbres.

Je ferai remarquer les meilleurs articles de ces différens dictionnaires, de sorte que j’aurai peut-être autant à louer qu’à blâmer, dans la revue que je me propose d’en faire. Mon travail tend donc à établir une espèce de concordance entre des ouvrages qui sont dans beaucoup de mains. Je mettrai le lecteur de bonne foi en état de choisir, relativement à l’objet de ses recherches, ce qui aura été écrit de plus exact, et je l’empêcherai d’adopter, comme vérités constantes, des méprises qui se reproduisent depuis long-temps, et qui ont même passé dans la Biographie universelle. Mon travail pourra devenir utile à tous ceux qui possèdent l’un ou l’autre des dictionnaires que je viens d’indiquer.



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  1. Cette introduction a paru au mois de janvier 1819, dans le premier numéro de la Revue encyclopédique, journal rédigé par M. M. A. Jullien (de Paris), pour lequel on s’abonne chez Baudouin frères, rue de Vaugirard, n° 36.
  2. Voyez la Notice sur la vie et les écrits de l’abbé de St.-Léger, dans le Magasin encyclopédique du mois d’avril 1799, ou dans le tome II des Mélanges de l’auteur. — Paris, 1812, 3 vol. in-8o.
  3. Voyez dans le Mag. encycl., avril 1807 et juillet 1808, ou dans les Mélanges de l’auteur, tome III, l’analyse de mon Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes, dont la seconde édition très-augmentée est sous presse depuis quelques mois.