Examen chymique des pommes de terre/Avertissement

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AVERTISSEMENT.


L’Examen Chymique des Pommes de terre que je publie aujourd’hui eſt fait depuis environ deux ans ; mon deſſein, en m’y livrant, fut de ſavoir ſi réellement ces tubercules contenoient quelque principe particulier capable de produire les effets nuiſibles dont on les accuſoit dans pluſieurs de nos Provinces, où leur uſage est répandu plus que jamais. Le rapport que la Faculté de Médecine donna à ce ſujet, étoit tellement conforme à mes expériences, que je crus devoir les multiplier pour en former un Mémoire & le préſenter à M. le Contrôleur-Général. Ce Miniſtre, ſachant que c’étoit l’objet deſiré de la Faculté, accueillit mon travail avec bonté, & s’empreſſa de le faire examiner : M. Vachier fut d’abord conſulté ſeul. Ce Médecin, auſſi honnête qu’il eſt éclairé, après avoir rendu le compte le plus ſatisfaiſant de mon manuſcrit, conclut que la Faculté ayant déjà donné ſon avis ſur l’uſage des Pommes de terre ; c’étoit à elle à décider ſi ce nouvel ouvrage rempliſſoit entierement ſes vues & méritoit l’adoption du Gouvernement. En conſéquence, M. le Contrôleur-Général écrivit à la Faculté pour la prier de l’examiner avec ſon attention ordinaire. Cette ſavante Compagnie en fit un rapport très-avantageux. Il eſt bien étonnant qu’un Membre de cette même Compagnie, conſulté enſuite, je ne ſai par quel motif, n’ait pas reſpecté un pareil jugement : il eſt bien plus étonnant encore, que pour avoir cenſuré mon Mémoire ſur les végétaux nourriſſans, dans le Journal d’Agriculture, il l’ait confondu avec celui des Pommes de terre, en aſſurant que cet ouvrage étoit dans les Journaux, & que d’ailleurs il ne valoit pas la peine de l’impreſſion. Je l’aurois peut-être cru ſi des Savans, dont il doit reſpecter comme moi les connoiſſances profondes, euſſent été de ſon ſentiment ; mais comme il s’en faut de beaucoup, il me permettra de penſer qu’il s’eſt trompé ; & qu’en me fruſtrant de l’indemnité que j’avois lieu d’attendre d’un travail toujours couteux pour le particulier qui n’eſt pas riche, le ſuffrage de mes lecteurs me ſervira de dédommagement, en confirmant celui qu’en avoient porté avant lui des Médecins de la plus grande réputation.

On ne trouvera pas dans cet Ouvrage l’explication de ces grands phénomenes ni aucune de ces découvertes brillantes qui font de la Chymie, une partie eſſentielle de la Phyſique, auſſi curieuſe qu’elle eſt utile ; c’eſt le ſimple Examen d’une racine long-tems mépriſée, & ſur laquelle il reſte encore des préjugés, que je préſente. J’aurai rempli mon but ſi je puis contribuer à les détruire.

Je dois prévenir que pendant une année que mon manuſcrit a été entre les mains de tous ceux dont je viens de parler, j’ai eu l’occaſion de répéter quelques expériences, & d’en faire de nouvelles ; mais mon premier travail eſt toujours dans ſon entier, augmenté ſeulement d’autres faits propres à confirmer de plus en plus la ſalubrité de l’aliment que j’examine, & à rendre le Rapport de la Faculté plus concluant. Cette Compagnie m’ayant permis d’en faire uſage, je me fais une gloire de l’inſerer dans le préſent Avertiſſement.

Je dois prévenir encore que mes occupations étant incompatibles avec celles de l’Agriculture, proprement dit, je n’aurois pu rien donner ſur la culture des Pommes de terre ſi M. le Baron de S. Hilaire ne m’eut fourni des inſtructions auſſi lumineuſes que préciſes. J’ai inſéré dans ſon entier la méthode de cultiver nos racines qu’il a communiqué à la Société Royale d’Agriculture de Limoges, dont il eſt Membre, ſans prétendre cependant que cette méthode nouvelle doive exclure celles qui ſont déjà connues.