Eveline, Aventure et intrigues d’une miss du grand monde/Chapitre VII

Chez tous les Marchands de Nouveautés, Paris, 1907
◄   Chapitre VI. Chapitre VII. Notre arrivée en Angleterre — Départ pour Worcetshire — La cause de notre retour à Londres — La nouvelle route — Pimlico — Mon accouchement. Chapitre VIII.   ►


CHAPITRE VII

NOTRE ARRIVÉE EN ANGLETERRE — DÉPART POUR WORCETSHIRE — LA CAUSE DE NOTRE RETOUR À LONDRES — LA NOUVELLE ROUTE — PIMLICO — MON ACCOUCHEMENT


Nous arrivâmes à Londres le quatrième jour de notre départ, accompagnés de ma femme de chambre et d’un valet de chambre de mon mari, nommé Jeffreys.

Nous repartîmes immédiatement pour le Worcetshire, où mon mari avait un domaine ; mais en passant à Eton, j’eus la satisfaction d’embrasser mon cher Frédéric. Le premier mois de mon séjour fut complètement employé à rendre et à recevoir des visites ; j’étais donc tellement occupée et Sir Edward sacrifiait si souvent sur l’autel de sa petite femme, que de longtemps je ne souffris pas de ma fureur utérine ; mais la constitution de mon mari n’était pas capable de contenter une femme qui aurait pu facilement résister à trois mâles vigoureux ; aussi mes vertiges revinrent et avec eux de violents maux de tête. Mon mari s’aperçut facilement de la cause de ma souffrance, et s’épuisa en de tels efforts qu’il tomba dangereusement malade : je sus depuis qu’il avait usé d’aphrodisiaques pour s’exciter aux plaisirs charnels et me satisfaire.

J’eus bientôt la consolation de m’apercevoir que j’étais enceinte et je communiquai cette bonne nouvelle à mon mari qui devint presque fou de joie.

— Ah ! ma chérie, je vais donc enfin pouvoir vous soulager !

— Comment cela, mon bien-aimé ?

— En vous ramenant à Londres.

— Et vous pensez que l’air de Londres me fera du bien ?

— Non, pas l’air, ma chère, mais les docteurs qu’il faut pour votre maladie. Préparez-vous à partir demain pour Londres.

Nous partîmes le jour suivant, et arrivâmes trois jours après à notre maison de South Andby strette.

Mon mari allait beaucoup mieux ; le lendemain de notre arrivée, il me pria de l’accompagner dans une promenade. Nous nous dirigeâmes vers un quartier neuf où il y avait beaucoup de maisons à louer ; mon mari en loua une, et comme je lui demandai à quoi il la destinait, il me répondit :

— À faire une infirmerie pour ma bien-aimée, les docteurs que je veux pour vous ne peuvent venir vous soigner à la maison.

— Que voulez-vous dire ?

— Je veux dire que mon Éveline a besoin de ce que la santé de son mari ne permet pas de lui donner, la médecine qu’il lui faut, un homme robuste et sain peut seul la lui administrer.

— Comment ! vous permettriez que votre Éveline commette une pareille infidélité ?

— Je ne considère pas comme une infidélité où il n’y a pas d’amour et je sais que vous n’aimez que moi ; mais ces embrassements lascifs sont nécessaires à votre existence, et votre cœur n’est pour rien dans tout ceci. Si vous souffriez des poumons, je vous donnerais ce qu’il faut pour vous guérir ; vous souffrez de l’ardeur de votre tempérament et je vous donnerai les plaisirs voluptueux comme je vous donnerais des remèdes pour votre poitrine.

— Oh ! homme admirable ! comme je vous aime et vous admire !

Les deux jours suivants, mon mari sortit seul ; le troisième, il me pria d’aller avec lui ; j’avais une violente migraine et je voulus m’y refuser, mais il me persuada que l’air me ferait du bien et nous sortîmes.

— Où allons-nous ?

— À votre infirmerie, je veux vous montrer comment je l’ai meublée.

En entrant, mon mari s’informa près de la logeuse si la personne en question était arrivée ; sur la réponse affirmative, nous entrâmes dans le salon.

— Quelle est la personne dont vous parlez, mon chéri ?

— Votre médecin, mon amie.

— Grand Dieu, vous voulez réellement que cet étranger jouisse de votre femme ?

— C’est mon plus grand désir, car je sais que c’est là votre salut ; allons, ne soyez pas honteuse, il n’y a pas de quoi. Venez dans l’autre chambre.

Il me conduisit dans une petite chambre, luxueusement meublée, me fit asseoir sur le sofa, puis me quitta. La porte s’ouvrit de nouveau, et un joli jeune homme grand, robuste, propre et gentiment habillé parut. C’était un campagnard, il hésita un peu, ne sachant s’il devait avancer ; pour moi, je restai assise, les yeux baissés ; je le vis pourtant s’avancer et s’asseoir à côté de moi, je jetai un rapide coup d’œil sur lui : il semblait ardent à commencer le jeu amoureux, son ardeur m’échauffa, aussi quand il jeta son bras autour de ma taille, je tendis les lèvres, il y posa les siennes, je me renversai sur le sofa.

— Comme vos cuisses sont blanches ! s’écria mon amoureux, enthousiasmé à la vue de toutes mes beautés.

— mettez-le doucement, lui dis-je, car vous êtes très gros. Oh ! pousse maintenant, plus vite, plus vite, ah !… je me meurs !…

Le jeune paysan m’avait baisé trois fois, et était en train de fournir une quatrième carrière quand un léger coup frappé à la porte éveilla mon attention.

— Qui est là ?

— C’est moi, ma chérie, aurez-vous bientôt fini ?

— Tout de suite, mon amour.

— Bon, bon, ne vous pressez pas, je puis vous donner un quart d’heure de grâce.

— Merci, mon bien-aimé.

Lorsque je retrouvai mon incomparable mari, il s’informa de mon mal de tête qui avait entièrement disparu.

— Eh bien ! me dit-il, vous voyez bien que je suis un bon docteur !

Je continuai à voir mon jeune ami tout un mois ; pendant ce temps, mon mari se rétablissait tout à fait. Mes passions augmentaient de violence, et me sentant incapable d’y résister, je commençai à chercher par moi-même à les satisfaire en secret, car je devenais vraiment honteuse de leur puissance indomptable. Je pris la résolution, cependant, de n’avoir aucun domestique dans ma confidence, et encore moins de recevoir chez moi ; je pensai qu’il me faudrait encore plus de précaution et de prudence qu’en France, à cause du caractère anglais, beaucoup plus austère en apparence. Je louai ma petite maison à Primlico, que je meublai simplement, j’y établis une femme qui ne pouvait en aucune façon me connaître et je la payai largement avec l’ordre de me procurer de beaux hommes que je rencontrerais là.

Je lui dis de chercher parmi les ouvriers et de leur promettre une guinée chaque fois qu’ils viendraient.

Deux jours après, j’y allai pour voir si elle avait bien exécuté mes ordres, elle m’assura qu’elle avait trouvé deux jeunes gens magnifiques.

— Sont-ils ici ?

— Oui, madame, faut-il vous les envoyer ?

— Oui, et ne laissez entrer personne d’autre dans la maison, préparez le lunch et ne venez pas avant que je vous sonne.

La porte s’ouvrit et deux jeunes garçons de vingt ans, décemment habillés en ouvriers, entrèrent ; je leur tendis une main à chacun et je les fis asseoir à côté de moi.

— Avant de livrer ma personne à vos caresses, je dois vous avertir que je suis mariée, et de plus que je suis enceinte. Un contact impur non seulement me perdrait, mais encore serait la mort de mon enfant ; si vous vous conduisez bien, de façon à ne pas attraper aucune maladie que vous pourriez me communiquer, je vous donnerai trois guinées par semaine sans compter les cadeaux.

Mes deux jeunes gens m’assurèrent qu’ils étaient parfaitement sains, mais je voulus m’en assurer par moi-même, et, tenant leur membre dans chacune de mes mains, je les examinai, et les ayant reconnus sains, je les embrassai l’un après l’autre ; ils étaient admirables, gros, rouges, et d’une dureté incroyable ; mes amoureux, pendant ce temps-là, caressaient le siège du plaisir. Je priai celui de droite de commencer, il se mit aussitôt entre mes cuisses et introduisit son membre dans mon con, je ne lâchais pas pour cela son compagnon, branlant son vit pendant que je me pâmais de volupté sous les vigoureux coups de reins de son camarade. Puis je me livrai aux embrassements du second qui me fît jouir autant que l’autre. Je me fis baiser encore deux fois par chacun d’eux, puis nous prîmes une légère collation composée d’huîtres et de pâtisserie que je partageai avec eux, buvant dans le même verre, mordant dans le même morceau.

Je remerciai ma logeuse du bon choix qu’elle avait fait et je retournai chez moi, enchantée de ma matinée.

Un jour que je faisais quelques achats, je remarquai dans un magasin un très beau jeune homme. J’écrivis aussitôt au crayon sur un bout de papier : « Soyez demain, à midi, au 9 de la rue Charlotte, à Primlico », et le lui glissai sans être vue.

Le jeune homme fit un signe d’assentiment ; le lendemain il se trouvait au rendez-vous et je passai des heures délicieuses avec lui.

Cette expérience me conduisit à avoir toujours sur moi quelques petits billets tout préparés, afin de pouvoir les glisser immédiatement dans la main de l’homme qui me séduirait par son physique. Par ce moyen, je me procurai un grand nombre de jouissances ; en général, je ne passai pas un jour sans me livrer à un ou deux hommes.

À cette époque, mes parents revinrent de France, ramenant avec eux John et Robert parfaitement guéri. La première fois que nous nous trouvâmes seuls, mon père et moi, nous nous jetâmes dans les bras l’un de l’autre, et l’absence nous fit éprouver la douceur de nos embrassements.

Quelques jours après, étant allée dîner chez mon père et rencontrant Robert sur l’escalier, je lui murmurai :

— À sept heures, dans les water-closets.

À l’heure indiquée, tout le monde jouant aux cartes, je m’esquivai et trouvai Robert qui m’attendait et m’enveloppa dans ses bras. Je posai une de mes jambes sur le siège, et, dans cette position, le cher garçon déchargea trois fois sans déconner, puis, se mettant à genoux, il fourra sa tête entre mes cuisses, léchant ardemment mon con, je jouissais délicieusement, follement, car de tous les hommes que j’avais connus, Robert était celui qui me procurait le plus de plaisirs.

Je lui donnai un nouveau rendez-vous pour neuf heures, et je rentrai au salon ; je m’assis près du feu, et je tombai dans une profonde rêverie, me demandant pourquoi la nature avait refusé à cet homme intelligent et supérieur assis à côté de moi, ce qu’elle avait si libéralement octroyée à un être inférieur.

Le jour suivant, j’étais dans mon boudoir, à préparer le linge du petit enfant qui devait bientôt arriver, lorsque la porte s’ouvrit tout d’un coup et mon bien-aimé Frédéric se jeta dans mes bras.

— Comme ce petit ventre est devenu rond, je vous trouve aussi aimable qu’à Paris.

— Mais vous, mon cher Frédéric, vous avez presque l’air d’un homme.

— Où est Sir Edward ?

— Il est sorti.

— Et quand reviendra-t-il ?

— Qu’est-ce que cela peut vous faire, petit polisson ?

— Pour savoir combien de temps nous pouvons donner à ces plaisirs dont j’ai été sevré si longtemps.

— Ne savez-vous pas que maintenant je suis mariée ?

— Tant pis, mes droits sont antérieurs à ceux de Sir Edward, de plus ils sont beaucoup plus sacrés, étant ceux d’un amoureux, allons, Éveline ! ne perdons pas un temps si précieux.

— Et si mon mari venait à le savoir ?

— Qui est-ce qui le lui dirait ?

Je me laissai facilement persuader par mon cher frère, et me renversant sur le sofa, je l’attirai sur moi, le plaisir me parut doux et exquis, je crus m’évanouir.

— M’avez-vous été fidèle, Frédéric ?

— Et vous, ma chère Éveline ? alors vous voudriez que, pendant que vous jouissez dans les bras d’un époux, je mène la vie d’un Joseph.

— Et peut-on savoir le nom de l’heureuse personne ?

— Oui, si vous voulez me laisser recommencer.

— Non, vous me le direz d’abord.

— Eh bien, c’est une jeune fille de Windsor, que j’allai retrouver la nuit en m’échappant.

— Vous avez fait du chemin, mon cher élève.

— Comment ne pas en faire avec une pareille maîtresse ?

— Petit monstre, et est-elle jolie ?

— Presque aussi jolie que vous ; maintenant, payez-moi.

— Non, non, allez trouver mademoiselle Windsor.

— Vilaine sœur, nous allons voir qui sera le plus fort de nous deux !

— Comment ! vous auriez l’audace de me prendre de force ?

— Certainement, mon cher petit tyran, mais je suis sûr que pour ne pas faire mal au petit, sa maman va capituler gentiment.

— Je jure bien que non.

— Et moi je suis sûr que si.

— Eh bien alors, faites vite, car Sir Edward peut rentrer d’un moment à l’autre.

Et une fois de plus, je m’abandonnai aux caresses de mon frère qui me fit pâmer d’un amour exquis quoique incestueux.

Quand nous fûmes un peu remis, Frédéric me demanda si j’aimais réellement mon mari ; sur ma réponse que je l’adorais, il eut l’air étonné.

— Supposez qu’il apprenne ce que nous venons de faire.

— Il n’y a pas de probabilité, mais je suis sûre qu’il me pardonnerait.

— Eh bien alors, tout est pour le mieux, c’est le mari par excellence.

J’ajoutai que non seulement je l’adorais, mais que je l’estimais infiniment, et je fis un éloge complet de Sir Edward qui n’était ni jaloux, ni autoritaire, ni brusque.

En ce moment, Sir Edward rentra, je lui présentai mon cher frère à qui mon mari fit un accueil chaleureux, mettant la maison, les chevaux à sa disposition aussi longtemps qu’il voudrait bien rester avec nous. Frédéric, enchanté, fut aimable, aussi mon mari et mon frère se plurent tout de suite.

Pendant le mois que Frédéric resta avec moi, il fut si assidu dans son culte à Vénus, que je n’eus pas le loisir ni l’envie d’aller à Primlico ; au bout de ce temps, j’accouchai d’un magnifique garçon.