Estat de l’Empire de Russie/Privilège du Roy

PRIVILEGE DU ROY.


LOvis par la grace de Dieu Roy de France et de Nauarre, à nos amez et feaux Conseillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maistres des Requestes ordinaires de Nostre Hostel, Preuost de Paris, Baillifs, Seneschaux, leurs Lieutenans Ciuils, et autres nos Justiciers et Officiers qu’il appartiendra, Salut. Nostre bien amé Jacqves Langlois Imprimeur en nostre bonne ville de Paris, nous a fait remonstrer que sous la permission de Henry IV. de glorieuse memoire nostre tres-honoré Seigneur et Ayeul, ayant esté imprimé par Mathiev Gvillemot en l’année 1607. vn Liure intitulé, Estat de l’Empire de Russie et Grand Duché de Moscouie, composé par le Capitaine Margeret, de si bon debit, qu’il ne s’en est point trouué chez les heritiers du dit Gvillemot, ny chez aucuns Libraires, quelque recherche qu’en ayt fait l’Exposant, et plusieurs autres personnes curieuses de connoistre ledit Grand Duché de Moscouie, par ce qui en est rapporté dans le second Volume du Mercure François, et dit par les Ambassadeurs qui sont presentement en nostre Cour pour demander nostre alliance, et lier commerce entre Nos Subjets et les habitans du dit Grand Duché : ledit Exposant auroit obtenu du Sieur Margeret, Conseiller en nos Conseils et Grand Audiencier de France, petit nepueu dudit Capitaine Margeret, le seul Exemplaire qui reste dans sa Famille, dudit Liure pour le reimprimer, à condition de n’y rien changer. Ce que ne voulant entreprendre sans nos Lettres de Priuilege particulier, pour empescher que quelqu’autre ne le priue de son labeur. À ces causes, voulant fauorablement traitter l’Exposant, Nous luy auons permis et accordé, permettons et accordons par ces Presentes, de reimprimer ou faire reimprimer ledit Liure en tel volume, marge, caractere, et autant de fois que bon luy semblera, sans y rien changer, pendant le temps de douze années consecutiues, à commencer du jour qu’il sera acheué de reimprimer, iceluy vendre, faire vendre et debiter par tout Nostre Royaume. Faisons deffenses à tous Imprimeurs, Libraires et autres, d’imprimer, faire imprimer, vendre et distribuer ledit Liure, sous pretexte d’augmentation, correction, changement de titre, d’impression estrangere sur les anciennes copies, ny autrement, en quelque maniere que ce soit prejudiciable à l’Exposant, sans son consentement ou de ses ayans cause, sur peine de confiscation des Exemplaires contrefaits, mil liures d’amende, despens, dommages et interests, à la charge d’en mettre deux Exemplaires en nostre Bibliotheque publique, vn en nostre Cabinet des Liures en nostre Chasteau du Louure, et vn en celle de Nostre tres-cher et feal Cheualier, Chancelier de France le Sieur Seguier, et de faire enregistrer ces Presentes és Registres de la Communauté des Marchands Libraires de Paris, à peine de nullité du contenu : desquels vous mandons et enjoignons faire jouyr l’Exposant et ses ayans cause, pleinement et paisiblement, cessant et faisant cesser tous troubles et empeschemens au contraire : Voulons qu’en mettant au commencement ou à la fin dudit Liure copie des Presentes, elles soient tenuës pour deuëment signifiées, et qu’aux copies collationnées par l’vn de nos amez et feaux Conseillers Secretaires, foy soit adjoûtée comme à l’Original. Mandons au premier nostre Huissier ou Sergent, faire pour l’execution des Presentes toutes significations, defenses, saisies et autres actes requis et necessaires, sans demander autre permission ; Car tel est Nostre plaisir. Donné à Saint Germain en Laye le vingt-troisieme jour de Septembre, l’an de grace mil six cens soixante-huict, et de nostre Regne le vingt-sixieme. Signé, par le Roy en son Conseil, La Borie, auec grille et paraphe, et scellé du grand Sceau de sa Majesté à simple queuë, en cire jaune.

Acheué d’imprimer pour la premiere fois le 8. Octobre 1668.

Les Exemplaires ont esté fournis.

Registré sur le Liure de la Communauté des Imprimeurs et Libraires de Paris, suiuant et conformement à l’Arrest de la Cour de Parlement du 8. Auril 1653. et celuy du Conseil Priué du Roy, du 5. Feurier 1665.

André Sovbron, syndic.