Essais et Notices - Un journaliste sous la Révolution

Essais et Notices - Un journaliste sous la Révolution
Revue des Deux Mondes5e période, tome 53 (p. 461-468).
ESSAIS ET NOTICES

UN JOURNALISTE SOUS LA RÉVOLUTION

L’historien soucieux d’étudier le rôle de la presse sous la Révolution trouvera d’utiles indications dans le récent ouvrage de M. Raoul Arnaud[1]. C’est un volume fort attachant, écrit avec vivacité, et où l’érudition ne fait pas défaut. M. G. Lenôtre reconnaîtra là sa manière adroite d’utiliser les documens pour mettre en pleine lumière un acteur du drame révolutionnaire.


I

Nous trouvons en 1771, au collège Louis-le-Grand, quelques-uns de ces futurs régénérateurs de la société. Un enfant de dix-sept ans aux traits fins et à l’apparence délicate vient d’y entrer. Ses camarades lui font bon accueil, car il porte le nom d’un critique fameux, écrivain courageux qui jouit de la faveur du public. Le nouveau venu est le fils d’Élie Fréron, le fondateur et le directeur de l’Année littéraire, l’ennemi de Voltaire et la victime des encyclopédistes[2]. Stanislas Fréron eut une enfance triste : à huit ans, il perdit sa mère qui succomba à des chagrins de toutes sortes, aux soucis matériels de l’existence. Son père s’était remarié avec une jeune personne de seize ans qui fut une belle-mère très dure. Stanislas quitta sans grand regret la maison paternelle pour passer sous la direction des abbés de Louis-le-Grand, les successeurs des Jésuites. Là, il eut pour condisciples Robespierre surnommé le Romain, Louvet, Desmarest, les deux frères Suleau, Camille Desmoulins. Un livre fort curieux, les Souvenirs de Bouillé, nous renseigne sur l’éducation qu’on recevait à cette époque : « l’on n’entretenait des sujets d’une monarchie absolue que des républiques grecque et romaine, des rivalités et des luttes de partis, et des héros d’un patriotisme excité par l’amour de la liberté[3]. » Plutarque était la pâture des âmes juvéniles. Cependant, il semble que Fréron ne rêvât pas dans sa jeunesse « de donner au monde la liberté, » et qu’il se tînt à l’écart des discussions politiques. S’il apprit par cœur Juvénal et Tacite, il ne négligea pas les sonnets de Pétrarque qu’il lisait dans le texte. « Il est devenu l’amant imaginaire de Laure de Sade, — écrit M. Arnaud. — A songer à son héroïne, il éprouve une joie prodigieuse qui le surmène jusqu’à la souffrance. Il vit dans un enchantement douloureux que la solitude augmente et qui cesse à peine les jours de congé. » Exalté et sentimental, tel fut Fréron dès son jeune âge et tel nous le verrons jusqu’à la fin de ses jours.

Ce fut du reste une exécrable destinée. L’Année littéraire, dont la vogue avait diminué, ne rapportait plus que deux ou trois mille francs par an à son directeur, décompte fait des cinq mille livres dont le journal était grevé. Élie Fréron se trouva dans l’impossibilité de subvenir aux divers frais de la publication. Le garde des Sceaux, Miromesnil, sollicité par les créanciers et les ennemis de l’écrivain, supprima le privilège des feuilles. Le directeur de l’Année littéraire ne résista pas à ce coup qui le ruinait. Traqué par ses créanciers, il mourut, le 10 mars 1776, à Fantaisie, sa maison de Montrouge. Voltaire, Marmontel et La Harpe s’acharnèrent sur les héritiers du pauvre Fréron. Mais les tantes du Roi, Madame Adélaïde principalement, défendirent Stanislas, qui était le filleul du roi de Pologne, et qui, tout enfant, avait joué sur leurs genoux. Le privilège fut accordé à Stanislas « seulement pour terminer l’année courante. » Ce fut là son unique héritage.

Il fit ses débuts de journaliste à vingt-deux ans en défendant la mémoire de son père et en déclarant lui aussi la guerre aux encyclopédistes. A la suite d’une querelle qu’il eut avec l’acteur Desessarts, comédien du Roi, qu’il s’était permis d’appeler « gros ventriloque, » le privilège de l’Année littéraire fut de nouveau supprimé, puis rétabli en faveur de Mme Fréron, en 1779. La belle-mère de Stanislas promettait « de ne jamais écrire, ni contre feu Voltaire, ni contre les Diderot, les Dalembert et autres membres essentiaux de l’Académie française. » Mme Fréron octroya sur les bénéfices du journal une très petite rente à Stanislas, qui aurait connu la misère, s’il n’avait trouvé un protecteur dans le financier Bertin. Parasite et débauché, « il descend jusque dans la fange du ruisseau, » accompagnant partout l’homme dont il flatte les vices. En 1784, il est perdu de réputation. Il apprend alors, par sa sœur Thérèse, que l’Année littéraire est maintenant d’un bon revenu pour sa belle-mère, et décide Mme Fréron à signer un contrat plus avantageux pour lui. Il collabore même quelque peu au journal, y donne une critique du Mariage de Figaro, puis se met du parti des mécontens et tourne sa plume contre un régime dont il avait été le défenseur zélé.


II

Le 14 juillet 1789, il monte « l’un des premiers » à l’assaut de la Bastille avec Hérault de Séchelles, Desmoulins et Target, et y arbore le pavillon des gardes-françaises, aidé de son beau-frère, le marquis de La Poype. Bientôt, il se signale par sa violence déclamatoire, profère des injures contre la religion, les prêtres, la monarchie. Ses diatribes, où il citait Juvénal et Tacite, lui valurent une certaine popularité, et il fut délégué, par son district, à la Commune de Paris.

L’année 1789 donna naissance à une véritable éclosion de feuilles politiques : les Révolutions de France et de Brabant que dirigeait Desmoulins, l’Ami du peuple où Marat vomissait ses injures, les Actes des Apôtres où Rivarol, Peltier et Suleau raillaient les démagogues avec infiniment d’esprit, le Courrier de Provence dont Mirabeau était l’inspirateur. Fréron écrivait dans l’Ami des Citoyens, « feuille assez terne, » des articles relativement modérés qu’il ne signait pas au début. Sous la rubrique Mélanges, il critiquait les dépenses du gouvernement, les mandemens des évêques, mais il n’attaquait pas la famille royale et respectait le clergé. Son ambition ne pouvait se contenter de cet organe qui s’adressait surtout à une clientèle de province et ne donnait que de très faibles bénéfices. Le 23 mai 1790, après des vicissitudes diverses, il parvenait à faire distribuer le premier numéro de l’Orateur du peuple. Il voulait atteindre la renommée, comme Marat et Desmoulins dont on discutait les articles au Palais-Royal. L’ancien rédacteur de l’Année littéraire écrira désormais pour la rue, ne reculera devant aucune diffamation pour répandre son journal. Dès le premier numéro, il dénoncera Mirabeau, Bailly et La Fayette, la Cour, les ministres, l’Assemblée.

L’espace nous manque pour retracer les destinées de l’Orateur du peuple, ainsi que l’histoire de la collaboration de Fréron aux Révolutions de France et de Bradant. M. Arnaud nous dit que le publiciste ne manquait pas de talent et connaissait à fond son métier. Au jugement de M. Frédéric Masson, Fréron n’était qu’une doublure de Marat ; « mais il n’avait ni les délires de Marat, ni l’esprit de Camille[4]. »

Fréron et Desmoulins étaient unis par la plus vive amitié. Ils se voyaient au journal qu’ils rédigeaient en commun[5], se retrouvaient le soir au club des Cordeliers. Ils fréquentaient tous deux chez M. Duplessis, premier commis du contrôle des finances, qui avait deux filles fort agréables. Lucile Duplessis, l’aînée, était « une adorable petite blonde, tour à tour triste et gaie, romanesque et gamine, contente et dépitée. » Elle plut à Camille qui l’épousa le 29 décembre 1790. Le dimanche, Fréron et Camille oubliaient la lutte révolutionnaire, les séances orageuses des Cordeliers et de l’Assemblée, et se rendaient à Bourg-la-Reine, dans la propriété des Duplessis. Fréron devint vite amoureux de Lucile ; il regretta sans doute de ne pas l’avoir demandée en mariage, mais il vivait déjà avec une femme dont l’historien n’a pu retrouver le nom : peut-être était-ce la demoiselle Masson, actrice des Italiens ? Quoi qu’il en soit, Stanislas récitait à Lucile des vers de Pétrarque qui la faisaient tressaillir. Camille, qui n’était pas inquiet, laissait les deux amis s’éloigner et échanger de doux propos. Nous renvoyons le lecteur à ces pages délicates, ne doutant pas qu’il n’apprécie cette paisible idylle, à la veille de terribles tragédies.

Le ménage Desmoulins habitait la même maison que Fréron, 1, rue du Théâtre-Français, — aujourd’hui 28, rue de l’Odéon. M. Arnaud nous décrit un dîner qui eut lieu chez Desmoulins, le 9 août 1792. Fréron, Brune et Barbaroux y prirent part. Sous les fenêtres de Camille, on entendait résonner « les paroles lugubres » du Ça ira. Le lendemain devait éclater l’émeute préparée par les Cordeliers. L’inquiétude de Lucile était telle qu’elle demanda, après le départ de ses hôtes, à Camille et à Stanislas de la mener chez Danton. Ils trouvèrent Mme Danton en larmes :

« Fréron cherchait dans les fumées du vin une résolution qui le fuyait. Il regardait Lucile, prenait la main de Brune, s’approchait de Danton, communiquait sa fièvre aux autres qui descendirent dans la rue pour respirer l’air. Quelques sans-culottes passant une chanson aux lèvres, ils eurent peur et remontèrent. Lucile faisait trembler tout le monde : « Voilà le tocsin qui va sonner, » disait-elle à tout instant, et, comme son mari était allé chercher un fusil dans la pièce voisine, elle s’enfuit dans l’alcôve et se mit à pleurer, puis, se jetant dans les bras de Camille, elle le supplia de ne pas la quitter, de rester avec elle. Fréron la regardait avec fixité et répétait en hochant la tête : « Je suis las de la vie, je ne cherche qu’à mourir. »

Le 10 août, Fréron et Desmoulins virent assassiner leur camarade de collège Suleau. Le peuple de Paris ayant pris la dictature, un Conseil municipal provisoire fut constitué, composé de Tallien, Fréron, Collot d’Herbois, Desmoulins, Fabre d’Églantine, etc. L’Assemblée tremblait devant Danton, le ministre de la Justice. A la fin du mois d’août, Fréron fut envoyé dans le département de la Moselle ainsi que Joseph Paris. Les deux commissaires empêchèrent la reddition de Thionville et s’occupèrent surtout de l’alimentation et de l’habillement des troupes.


III

Élu le 14 septembre, par 454 voix, député de la nouvelle Assemblée, Fréron siégea sur les bancs de la Montagne, « auprès de Marat, d’Hébert et de Danton. » Il vota la mort du Roi, en demandant que l’exécution eût lieu dans les vingt-quatre heures. Le 9 mars 1793, il partit en mission dans les Hautes et les Basses-Alpes. « De concert avec Barras, écrit M. Frédéric Masson, il exerça une dictature redoutable dans le Midi. » Les représentans du peuple menaient joyeuse vie à Nice lorsqu’ils apprirent, au cours d’une tournée à Hyères, que le Comité général de Toulon avait livré, le 26 août, la ville aux Anglais.

L’histoire du siège de Toulon est un des plus intéressans chapitres qu’ait écrits M. Arnaud. On y voit se révéler le génie « du seul capitaine d’artillerie qui fût en état de diriger les opérations, » le jeune Bonaparte. Le 18 décembre, Fréron fit preuve de courage en menant la colonne ‘assaut jusqu’aux abatis de la Redoute anglaise. Ensuite, il fut saisi d’une démence sanguinaire dans le châtiment qu’il infligea à la ville rebelle. Les chefs du mouvement insurrectionnel s’étant enfuis, on fusilla des innocens. Huit cents victimes furent exécutées sans jugement. Un décret de la Convention débaptisa Toulon et l’appela Port-de-la-Montagne. A Marseille, une Commission militaire remplaça le tribunal populaire qui mettait trop de lenteur à rendre ses arrêts.

Fréron et Barras, accusés de pillages, furent désavoués par le Comité de Salut public et rappelés à Paris. Le 10 germinal, Fréron vota par lâcheté le décret « qui ordonnait la comparution de Camille Desmoulins et de Danton devant le Tribunal révolutionnaire. » « Le décret d’accusation, — lit-on dans le Moniteur du 12 germinal, — fut adopté à l’unanimité et au milieu des plus vifs applaudissemens. » Lucile Desmoulins fut exécutée le 24 germinal. Fréron jura à Mme Duplessis de venger les chères victimes. Le 8 thermidor, il demanda la tête de Robespierre, de Couthon, de Lebas et de Saint-Just. Après le 9 thermidor, Tallien, Barras et Fréron formèrent « un tout-puissant triumvirat. » Fréron, qui avait repris la direction de l’Orateur du peuple, attaqua les anciens montagnards, ceux qui avaient soutenu Robespierre contre Camille Desmoulins. Devenu le chef de la Jeunesse dorée de l’an III, il réussit à fermer le club des Jacobins, mais ne fut pas réélu à la nouvelle législature, à la fin de l’an III.

Barras l’envoya en mission dans le midi de la France comme pacificateur. Fréron arriva le 9 brumaire à Marseille. C’est alors qu’il rencontra chez les Clary les sœurs de Bonaparte. La famille Bonaparte, exilée de Corse, avait traversé de dures épreuves à Toulon pendant le siège, puis à Marseille où, pendant quelque temps, elle avait vécu grâce au bureau de bienfaisance. Mme Laetitia avait été blanchisseuse. Quant à Élisa et à Paulette, elles « s’étaient déjà fait remarquer à Marseille par leur coquetterie, plus peut-être que par leur beauté. » Paulette, qui a seize ans, sait qu’elle est jolie et ne tarde point à trouver en Fréron un admirateur passionné. « C’était un homme de quarante ans passés, qui n’avait rien de séduisant dans le visage ou la tournure : un front fuyant, un nez gros et flaireur, des yeux à fleur de tête, une bouche aux lèvres minces ; dans l’aspect général, malgré la différence des traits, quelque ressemblance avec Robespierre aîné, son ancien camarade à Louis-le-Grand ; des cheveux soigneusement poudrés, une toilette recherchée, rien, dans la tenue, du maratiste[6]. » Très épris de Paulette, le commissaire du gouvernement la promène dans sa voiture, la compromet aux yeux de tous. La jolie fille ne résiste pas à ce roué qui l’attire dans sa maison. Les deux amans jurent de ne plus se quitter, de s’épouser à bref délai. Cependant les pouvoirs de Fréron expirent en pluviôse, et, le 30 ventôse, Jourdan, député des Bouches-du-Rhône, demande le rappel immédiat du commissaire. L’éloquence d’Isnard vient appuyer celle de Jourdan ; Stanislas est obligé de quitter Marseille. Avant de le faire, il écrit au général en chef de l’armée d’Italie pour qu’il décide Mme Bonaparte à consentir sur-le-champ au mariage. Bonaparte différa sa réponse. Arrivé à Paris, — le 6 floréal, — Fréron fut chargé de tous les crimes. Paillette lui écrivait : « Je voudrais être avec toi, je te consolerais de toutes les injustices qu’on à pour toi, » — et en post-scriptum : Ah ! caro mio, cara mia spera, idole mio,... li amo sempre et passionatissimamente, per sempre ti omo, ti amo, sbell’ idol mio, sei cuore mio, tenero amico, ti amo, amo, amo, si amatissimo amante. » Mais Bonaparte, sachant à quoi s’en tenir sur le citoyen Fréron, signifia à Paulette de renoncer à lui. Elle pleura beaucoup, puis s’éprit de Junot.

La fin de Fréron fut lamentable. Les Cinq-Cents refusèrent de valider sa nomination de député de la Guyane sous prétexte que les électeurs n’avaient pas été régulièrement convoqués. Repoussé par ses anciens amis, Fréron quémande en vain un emploi. Il est la proie des huissiers qui menacent de saisir son mobilier. Lorsqu’il se glisse dans une salle de spectacles, c’est pour apercevoir encore une fois Paillette qui est maintenant la femme du général Leclerc. Après le 18 Brumaire, le ministre de l’Intérieur, Lucien Bonaparte, qui seul lui témoignait de l’intérêt, lui donna l’administration des Hospices de Paris. Fréron accepta cette situation « pour ne pas mourir de faim. » Il ne remplit ces fonctions que durant trois mois, pendant lesquels il rédigea un ouvrage sur l’organisation des hôpitaux de Paris et des Monts-de-piété.

Lucien obtint du Premier Consul qu’il nommât Fréron sous-préfet des Cayes à Saint-Domingue, aux appointemens de dix-huit mille francs par an. Cette nomination coïncidait avec l’expédition organisée contre les nègres de Toussaint-Louverture. Fréron n’eut pas le courage de monter sur le même vaisseau que Leclerc et Paulette. Il prétendit n’avoir pas trouvé de place à bord de l’escadre et ne quitta Brest qu’à la fin de ventôse. A peine eut-il rejoint son poste, — après une traversée de deux mois et demi, — qu’il succomba, le 26 messidor an X, à une épidémie de dysenterie. Il était âgé de quarante-huit ans. Aucun journal ne mentionna en France le décès de l’ancien publiciste.

L’auteur ne peut se défendre en terminant de quelque pitié pour ce triste personnage. C’est un sentiment qu’il est difficile de partager si l’on songe aux atrocités commises par le tyran de Marseille et le proscripteur de Toulon. Ce sans-culotte n’eut même pas l’excuse d’être un jacobin convaincu. Le fils de Fréron déshonora le nom qu’il portait, il se fit révolutionnaire pour vendre sa copie et parce qu’il avait de grands besoins d’argent. Ce fut un faible et un extravagant, au jugement de son historien, mais ce fut surtout un lâche dont la politique consista à fuir la guillotine. Un fait cependant, raconté par le trop indulgent biographe, peut être mis à l’actif de Fréron. Après la mort de Camille et de Lucile, il avait promis de protéger toujours le petit Horace Desmoulins. En l’an VIII, lorsqu’il était lui-même en butte à toutes les persécutions, il n’hésita pas à exécuter ses engagemens. Il alla solliciter Bonaparte, « l’homme qui avait brisé sa vie et broyé son cœur, » et obtint qu’Horace entrât au Prytanée, suivant le désir de Mme Duplessis. En remplissant ce devoir, Fréron réparait, dans la mesure où il le pouvait, sa trahison du 10 germinal. Ce trait montre que toutes les sources d’émotion n’étaient point taries chez l’ancien soupirant de Lucile. Ce qui le fait ressortir davantage, c’est la dureté qu’exercèrent contre lui le Premier Consul qui, malgré les instances de Lucien, ne permit pas à la maîtresse de Fréron de partir pour Saint-Domingue, et l’ingrate Paulette qui se livrait dans l’île « aux pires débordemens, » alors que le don Juan auquel elle avait promis un amour éternel mourait dans la solitude et l’oubli.


RAYMOND DE VOGÜÉ.

  1. Le fils de Fréron (1754-1802), par M. Raoul Arnaud, 1 vol. in-8 ; Perrin.
  2. Voyez à ce sujet, dans la Revue du 1er mars 1877, un très pénétrant article de M. Jules Soury : Un critique au XVIIIe siècle, Fréron.
  3. Souvenirs et Fragmens pour servir aux Mémoires de ma vie et de mon temps, par le marquis de Bouillé, publiés pour la Société d’Histoire contemporaine par M. P.-L. de Kermaingant, t. I, p. 17, 1 vol. in-8 ; A. Picard.
  4. Napoléon et sa famille, t. I, p. 151, 1 vol. in-8 ; Ollendorff.
  5. Le journal fut élaboré, à partir du n° 73, dans la demeure de Desmoulins. « J’invite les souscripteurs, — lit-on dans ce numéro, — à ne plus renouveler au bureau, rue de Seine, 115, chez M. Caillot, mais chez moi, rue du Théâtre-Français, où je continuerai de cultiver une branche de commerce inconnue jusqu’à nos jours, une manufacture de révolutions. » Cf. Jules Claretie, Camille Desmoulins, p. 112, 1 vol. in-8 ; Plon.
  6. Ce portrait, dû à la plume de M. Frédéric Masson, correspond bien au dessin dont M. Arnaud a orné son volume.