Essai sur la légende du Buddha/Avant-propos

AVANT-PROPOS





La bienveillance avec laquelle le présent travail a été accueilli dans sa nouveauté m’a encouragé à en publier une édition nouvelle qui était devenue nécessaire depuis assez longtemps. Un intérêt très vif se porte aujourd’hui vers les recherches d’histoire religieuse, une curiosité particulièrement active s’attache au buddhisme et à ses destinées.

Je n’avais rien à changer aux points de vue principaux ni aux conclusions générales de mon livre. Plusieurs paraissent être entrées rapidement dans le courant des notions communes et réputées acquises. Quelques-unes cependant ont eu cet excès de fortune d’être vite exagérées, d’être poussées au delà de ce que je considère comme leurs limites légitimes ; d’autres n’ont pas reçu d’abord l’attention qu’elles me semblent encore mériter. J’ai donc saisi volontiers l’occasion qui s’offrait de marquer de nouveau mon sentiment exact, de ramener une fois de plus l’attention des indianistes sur des sujets qui me paraissent importants.

Pour y réussir, j’ai remanié particulièrement l’Introduction de ce travail et ses Conclusions, de manière à donner aux résultats où j’arrive et à la méthode par laquelle j’y arrive autant de rigueur qu’en comporte une étude de ce genre. Ma révision a porté d’ailleurs sur toutes les pages. Je ne désespère pas d’avoir désarmé quelques préjugés et coupé court à quelques malentendus. Mais aucun soin ne saurait suppléer à l’attention un peu soutenue que je suis forcé de demander au lecteur. J’ai cherché à l’aider autant qu’il était en moi. J’ai voulu aussi aider sa mémoire ; et je m’assure que dans l’Index des noms propres qui termine le volume, on trouvera un secours utile pour les recherches. Il sera précieux surtout aux travailleurs qui mettent une coquetterie louable à faire scrupuleusement la part de leurs devanciers.

Novembre 1881.




Mon travail était achevé quand j’ai eu connaissance des livres récents de MM. Rhys Davids et Oldenberg. Je n’ai pas besoin de dire que j’ai trouvé infiniment à apprendre dans ces belles recherches ; et je tiens beaucoup à ce qu’on ne se méprenne pas sur la cause du silence forcé que j’ai gardé à leur égard. J’ajoute pourtant que leurs objections directes ou indirectes n’ont pas ébranlé ma confiance dans les conclusions que je défends. J’espère avoir à l’avance répondu à la plupart de leurs scrupules. Il ne me reste qu’à laisser au temps le jugement définitif sur les questions qui peuvent nous diviser, et à attendre les enseignements qui ne manqueront pas de jaillir peu à peu d’explorations nouvelles.

25 décembre.