Essai sur l’inégalité des races humaines/Livre premier/Chapitre VI


CHAPITRE VI.

Dans le progrès ou la stagnation, les peuples sont indépendants des lieux qu’ils habitent.

Il est impossible de ne pas tenir quelque compte de l’influence accordée par plusieurs savants aux climats, à la nature du soi, à la disposition topographique sur le développement des peuples ; et, bien qu’à propos de la doctrine des milieux[1], j’y aie touché en passant, ce serait laisser une véritable lacune que de ne pas en parler à fond.

On est généralement porté à croire qu’une nation établie sous un ciel tempéré, non pas assez brûlant pour énerver les hommes, non pas assez froid pour rendre le sol improductif, au bord de grands fleuves, routes larges et mobiles, dans des plaines et des vallées propres à plusieurs genres de culture, au pied de montagnes dont le sein opulent est gorgé de métaux, que cette nation, ainsi aidée par la nature, sera bien promptement amenée à quitter la barbarie, et, sans faute, se civilisera (2)[2]. D’autre part, et par une conséquence de ce raisonnement, on admet sans peine que des tribus brûlées par le soleil ou engourdies sur les glaces éternelles, n’ayant d’autre territoire que des rochers stériles, seront beaucoup plus exposées à rester dans l’état de barbarie. Alors il va sans dire que, dans cette hypothèse, l’humanité ne serait perfectible qu’à l’aide du secours de la nature matérielle, et que toute sa valeur et sa grandeur existeraient en germe hors d’elle-même. Pour assez spécieuse, au premier aspect, que semble cette opinion, elle ne concorde sur aucun point avec les réalités nombreuses que l’observation procure.

Nuls pays certainement ne sont plus fertiles, nuls climats plus doux que ceux des différentes contrées de l’Amérique. Les grands fleuves y abondent, les golfes, les baies, les havres y sont vastes, profonds, magnifiques, multipliés ; les métaux précieux s’y trouvent à fleur de terre ; la nature végétale y prodigue presque spontanément les moyens d’existence les plus abondants et les plus variés, tandis que la faune, riche en espèces alimentaires, présente des ressources plus substantielles encore. Et pourtant la plus grande partie de ces heureuses contrées est parcourue, depuis des séries de siècles, par des peuplades restées étrangères à la plus médiocre exploitation de tant de trésors.

Plusieurs ont été sur la voie de mieux faire. Une maigre culture, un travail barbare du minerai, sont des faits qu’on observe dans plus d’un endroit. Quelques arts utiles, exercés avec une sorte de talent, surprennent encore le voyageur. Mais tout cela, en définitive, est très humble et ne forme pas un ensemble, un faisceau dont une civilisation quelconque soit jamais sortie. Certainement il a existé, à des époques fort lointaines, dans la contrée étendue entre le lac Érié et le golfe du Mexique, depuis le Missouri jusqu’aux Montagnes Rocheuses (1)[3], une nation qui a laissé des traces remarquables de sa présence. Les restes de constructions, les inscriptions gravées sur des rochers, les tumulus (1)[4], les momies indiquent une culture intellectuelle avancée. Mais rien ne prouve qu’entre cette mystérieuse nation et les peuplades errant aujourd’hui sur ses tombes, il y ait une parenté bien proche. Dans tous les cas, si, par suite d’un lien naturel quelconque, ou d’une initiation d’esclaves, les aborigènes actuels tiennent des anciens maîtres du pays la première notion de ces arts qu’ils pratiquent à l’état élémentaire, on ne pourrait qu’être frappé davantage de l’impossibilité où ils se sont trouvés de perfectionner ce qu’on leur avait appris, et je verrais là un motif de plus pour rester persuadé que le premier peuple venu, placé dans les circonstances géographiques les plus favorables, n’est pas destiné par cela même à se civiliser.

Au contraire, il y a, entre l’aptitude d’un climat et d’un pays à servir les besoins de l’homme et le fait même de la civilisation, une indépendance complète. L’Inde est une contrée qu’il a fallu fertiliser, l’Égypte de même (1)[5]. Voilà deux centres bien célèbres de la culture et du perfectionnement humains. La Chine, à côté de la fécondité de certaines de ses parties, a présenté, dans d’autres, des difficultés très laborieuses à vaincre. Les premiers événements y sont des combats contre les fleuves ; les premiers bienfaits des antiques empereurs consistent en ouvertures de canaux, en dessèchements de marais. Dans la contrée mésopotamique de l’Euphrate et du Tigre, théâtre de la splendeur des premiers États assyriens, territoire sanctifié par la majesté des plus sacrés souvenirs, dans ces régions où le froment, dit-on, croît spontanément (2)[6], le sol est cependant si peu productif par lui-même, que de vastes et courageux travaux d’irrigation ont pu seuls le rendre propre à nourrit les hommes. Maintenant que les canaux sont détruits, comblés ou encombrés, la stérilité a repris ses droits. Je suis donc très porté à croire que la nature n’avait pas autant favorisé ces régions qu’on le pense d’ordinaire. Toutefois je ne discuterai pas sur ce point. J’admets que la Chine, l’Égypte, l’Inde et l’Assyrie aient été des lieux complètement appropriés à l’établissement de grands empires et au développement de puissantes civilisations ; j’accorde que ces lieux aient réuni les meilleures conditions de prospérité. On l’avouera aussi ces conditions étaient de telle nature, que, pour en profiter, il était indispensable d’avoir atteint préalablement, par d’autres voies, un haut degré de perfectionnement social. Ainsi, pour que le commerce pût s’emparer des grands cours d’eau, il fallait que l’industrie, ou pour le moins l’agriculture, existassent déjà, et l’attrait sur les peuples voisins n’aurait pas eu lieu avant que des villes et des marchés ne fussent bâtis et enrichis de longue main. Les grands avantages départis à la Chine, à l’Inde et à l’Assyrie supposent donc, chez les peuples qui en ont tiré bon parti, une véritable vocation intellectuelle et même une civilisation antérieure au jour où l’exploitation de ces avantages put commencer. Mais quittons les régions spécialement favorisées, et regardons ailleurs.

Lorsque les Phéniciens, dans leur migration, vinrent de Tylos, ou de quelque autre endroit du sud-est que l’on voudra, que trouvèrent-ils dans le canton de Syrie où ils se fixèrent ? Une côte aride, rocailleuse, serrée étroitement entre la mer et des chaînes de rochers qui semblaient devoir rester à tout jamais stériles. Un territoire si misérable contraignait la nation à ne jamais s’étendre, car, de tous côtés, elle se trouvait enserrée dans une ceinture de montagnes. Et cependant ce lieu, qui devait être une prison, devint, grâce au génie industrieux du peuple qui l’habita, un nid de temples et de palais. Les Phéniciens, condamnés pour toujours à n’être que de grossiers ichtyophages, ou tout au plus de misérables pirates, furent pirates à la vérité, mais grandement, et, de plus, marchands hardis et habiles, spéculateurs audacieux et heureux. Bon ! dira quelque contradicteur, nécessité est mère d’invention ; si les fondateurs de Tyr et de Sidon avaient habité les plaines de Damas, contents des produits de l’agriculture, ils n’auraient peut-être jamais été un peuple illustre. La misère les a aiguillonnés, la misère a éveillé leur génie.

Et pourquoi donc n’éveille-t-elle pas celui de tant de tribus africaines, américaines, océaniennes, placées dans des circonstances analogues ? Pourquoi voyons-nous les Kabyles du Maroc, race ancienne et qui a eu, bien certainement, tout le temps nécessaire pour la réflexion, et, chose plus surprenante encore, toutes les incitations possibles à la simple imitation, n’avoir jamais conçu une idée plus féconde, pour adoucir son sort malheureux, que le pur et simple brigandage maritime ? Pourquoi, dans cet archipel des Indes, qui semble créé pour le commerce, dans ces îles océaniennes, qui peuvent si aisément communiquer l’une avec l’autre, les relations pacifiquement fructueuses sont-elles presque absolument dans les mains des races étrangères, chinoise, malaise et arabe ? et là où des peuples à demi indigènes, où des nations métisses ont pu s’en emparer, pourquoi l’activité diminue-t-elle ? Pourquoi la circulation n’a-t-elle lieu que d’après des données de plus en plus élémentaires ? C’est qu’en vérité, pour qu’un État commercial s’établisse sur une côte ou sur une île quelconque, il faut quelque chose de plus que la mer ouverte, que les excitations nées de la stérilité du sol, que même les leçons de l’expérience d’autrui : il faut, dans l’esprit du naturel de cette côte ou de cette île, l’aptitude spéciale qui seule l’amènera à profiter des instruments de travail et de succès placés à sa portée.

Mais je ne me bornerai pas à montrer qu’une situation géographique, déclarée convenable parce qu’elle est fertile, ou, précisément encore, parce qu’elle ne l’est pas, ne donne pas aux nations leur valeur sociale : il faut encore bien établir que cette valeur sociale est tout à fait indépendante des circonstances matérielles environnantes. Je citerai les Arméniens, renfermés dans leurs montagnes, dans ces mêmes montagnes où tant d’autres peuples vivent et meurent barbares de génération en génération, parvenant, dès une antiquité très reculée, à une civilisation assez haute. Ces régions pourtant étaient presque closes, sans fertilité remarquable, sans communication avec la mer.

Les Juifs se trouvaient dans une position analogue, entourés de tribus parlant des dialectes d’une langue parente de la leur, et dont la plupart leur tenaient d’assez près par le sang ; ils devancèrent pourtant tous ces groupes. On les vit guerriers, agriculteurs, commerçants ; on les vit, sous ce gouvernement singulièrement compliqué, où la monarchie, la théocratie, le pouvoir patriarcal des chefs de famille et la puissance démocratique du peuple, représentée par les assemblées et les prophètes, s’équilibraient d’une manière bien bizarre, traverser de longs siècles de prospérité et de gloire, et vaincre, par un système d’émigration des plus intelligents, les difficultés qu’opposaient à leur expansion les limites étroites de leur domaine. Et qu’était-ce encore que ce domaine ? Les voyageurs modernes savent au prix de quels efforts savants les agronomes israélites en entretenaient la factice fécondité. Depuis que cette race choisie n’habite plus ses montagnes et ses plaines, le puits où buvaient les troupeaux de Jacob est comblé par les sables, la vigne de Naboth a été envahie par le désert, tout comme l’emplacement du palais d’Achab par les ronces. Et dans ce misérable coin du monde, que furent les Juifs ? Je le répète, un peuple habile en tout ce qu’il entreprit, un peuple libre, un peuple fort, un peuple intelligent, et qui, avant de perdre bravement, les armes à la main, le titre de nation indépendante, avait fourni au monde presque autant de docteurs que de marchands (1)[7].

Les Grecs, les Grecs eux-mêmes, étaient loin d’avoir à se louer en tout des circonstances géographiques. Leur pays n’était, en bien des parties, qu’une terre misérable. Si l’Arcadie fut un pays aimé des pasteurs, si la Béotie se déclara chère à Cérès et à Triptolème, l’Arcadie et la Béotie jouent un rôle bien mince dans l’histoire hellénique. La riche Corinthe elle-même, la ville favorite de Plutus et de Vénus Mélanis, ne brille ici qu’au second rang. À qui revient la gloire ? à Athènes, dont une poussière blanchâtre couvrait la campagne et les maigres oliviers ; à Athènes, qui, pour commerce principal, vendait des statues et des livres ; puis à Sparte, enterrée dans une vallée étroite, au fond des entassements de rocs où la victoire allait la chercher.

Et Rome, dans le pauvre canton du Latium où la mirent ses fondateurs, au bord de ce petit Tibre, qui venait déboucher sur une côte presque inconnue, que jamais vaisseau phénicien ou grec ne touchait que par hasard, est-ce par sa disposition topographique qu’elle est devenue la maîtresse du monde ? Mais, aussitôt que le monde obéit aux enseignes romaines, la politique trouva sa métropole mal placée, et la ville éternelle commença la longue série de ses affronts. Les premiers empereurs, ayant surtout les yeux tournés vers la Grèce, y résidèrent presque toujours. Tibère, en Italie, se tenait à Captée, entre les deux moitiés de son univers. Ses successeurs allaient à Antioche. Quelques-uns, préoccupés des affaires gauloises, montèrent jusqu’à Trèves. Enfin un décret final enleva à Rome le titre même de capitale pour le donner à Milan. Que si les Romains ont fait parler d’eux dans le monde, c’est bien certainement malgré la position du district d’où sortaient leurs premières armées, et non pas à cause de cette position.

En descendant aux temps modernes, la multitude des faits dont je puis m’étayer m’embarrasse. Je vois la prospérité quitter tout à fait les côtes méditerranéennes, preuve sans réplique qu’elle ne leur était pas attachée. Les grandes cités commerçantes du moyen âge naissent là où nul théoricien des époques précédentes n’auraient été les bâtir. Novogorod s’élève dans un pays glacé ; Brême sur une côte presque aussi froide. Les villes hanséatiques du centre de l’Allemagne se fondent au milieu de pays qui s’éveillent à peine ; Venise apparaît au fond d’un golfe profond. La prépondérance politique brille dans des lieux à peine aperçus jadis. En France, c’est au nord de la Loire et presque au delà de la Seine que réside la force. Lyon, Toulouse, Narbonne, Marseille, Bordeaux, tombent du haut rang où les avait portées le choix des Romains. C’est Paris qui devient la cité importante, Paris, une bourgade trop éloignée de la mer quand il s’agit du commerce, et qui en sera trop près quand viendront les barques normandes. En Italie, des villes, jadis du dernier ordre, priment la cité des papes ; Ravenne s’éveille au fond de ses marais, Amalfi est longtemps puissante. Je note, en passant, que le hasard n’a eu aucune part à tous ces revirements, que tous s’expliquent par la présence sur le point donné d’une race victorieuse ou prépondérante. Je veux dire que ce n’était pas le lieu qui faisait la valeur de la nation, qui jamais l’a faite, qui la fera jamais : au contraire, c’était la nation qui donnait, a donné et donnera au territoire sa valeur économique, morale et politique.

Afin d’être aussi clair que possible, j’ajouterai cependant que ma pensée n’est pas de nier l’importance de la situation pour certaines villes, soit entrepôts, soit ports de mer, soit capitales. Les observations que l’on a faites, au sujet de Constantinople et d’Alexandrie notamment, sont incontestables (1)[8]. Il est certain qu’il existe sur le globe différents points qu’on peut appeler les clefs du monde, et ainsi l’on conçoit que, dans le cas du percement de l’isthme de Panama, la puissance qui posséderait la ville encore à construire sur ce canal hypothétique aurait un grand rôle à jouer dans les affaires de l’univers. Mais ce rôle, une nation le joue bien, le joue mal, ou même ne le joue pas du tout, suivant ce qu’elle vaut. Agrandissez Chagres, et faites que les deux mers s’unissent sous ses murs ; puis soyez libre de peupler la ville d’une colonie à votre gré : le choix auquel vous vous arrêterez déterminera l’avenir de la cité nouvelle. Que la race soit vraiment digne de la haute fortune à laquelle elle aura été appelée, si l’emplacement de Chagres n’est pas précisément le plus propre à développer tous les avantages de l’union des deux Océans, cette population le quittera et ira ailleurs déployer en toute liberté les splendeurs de son sort (1)[9].



  1. Voir plus haut, p. 61.
  2. (2) Consulter, entre autres, Carus : Ueber ungleiche Befaehigung der verschiedenen Menschheitstaemme für hoehere geistige Entwickelung, in-8o ; Leipzig, 1849, p. 96 et passim.
  3. (1) Prichard, Histoire naturelle de l'homme, t. II, p. 80 et pass. Voir surtout les recherches de E. G. Squier, consignées dans ses Observations on the aboriginal monuments of the Mississipi Valley, New York, 1847, et dans plusieurs publications, revues et journaux qui ont récemment paru en Amérique.
  4. (1) La construction très particulière de ces tumulus, et les nombreux ustensiles et instruments qu'ils recèlent, occupent beaucoup, en ce moment, la perspicacité et le talent des antiquaires américains. J'aurai occasion, dans le quatrième volume de cet ouvrage, d'exprimer une opinion sur la valeur de ces reliques, au point de vue de la civilisation ; pour le moment, je me bornerai à en dire que leur excessive antiquité est impossible à révoquer en doute. M. Squier est parfaitement fondé à en trouver une preuve dans ce fait seul, que les squelettes découverts dans les tumulus tombent en poussière au moindre contact de l'air, bien que les conditions, quant à la qualité du sol, soient des meilleures, tandis que les corps enterrés sous les cromlechs bretons, et qui ont au moins 1 800 ans de sépulture, sont parfaitement solides. On peut donc concevoir aisément qu'entre ces très anciens possesseurs du sol de l'Amérique et les tribus Lenni-Lénapés et autres, il n'y ait pas de rapports. Avant de clore cette note, je ne puis me dispenser de louer l'industrieuse habileté que déploient les savants américains dans l'étude des antiquités de leur grand continent. Fort embarrassés par l'excessive fragilité des crânes exhumés, ils ont imaginé, après plusieurs autres essais infructueux, de couler dans les cadavres, avec des précautions inouïes, une préparation bitumineuse qui, en se solidifiant aussitôt, préserve les ossements de la dissolution. Il paraît que ce procédé, fort délicat à employer et qui demande autant d'adresse que de promptitude, obtient généralement un entier succès.
  5. (1) L'Inde antique a nécessité, de la part des premiers colons de race blanche, de très grands travaux de défrichement. Voir Lassen, Indische Alterthumskunde, t. I. Pour l'Egypte, voir ce que dit M. de Bunsen, Aegyptens Stelle in der Weltgeschichte, de la fertilisation du Fayoum, oeuvre gigantesque des premiers souverains.
  6. (2) Suncellus. Pherein de auton purous agrious ai krithas, ai ôxron, kai synsamon, kai tas en tois elesi phuomenas ridzas esthiesthai.
  7. Salvador, Histoire des Juifs. In-8°. Paris.
  8. (1) M. Saint-Marc Girardin, Revue des Deux Mondes.
  9. Voici, sur le sujet débattu dans ce chapitre, l'opinion, un peu durement exprimée, d'un savant historien et philologue : « Un assez grand nombre d'écrivains s'est laissé persuader que le pays faisait le peuple ; que les Bavarois ou les Saxons avaient été prédestinés par la nature de leur sol à devenir ce qu'ils sont aujourd'hui ; que le christianisme protestant ne convenait pas aux régions du sud ; que le catholicisme n'allait pas à celles du nord, et autres choses semblables. Des hommes qui interprètent l'histoire d'après leurs maigres connaissances, ou même leurs cœurs étroits et leurs esprits myopes, voudraient bien aussi établir que la nation qui fait l'objet de nos récits (les Juifs) a possédé telle ou telle qualité, bien ou mal comprise, pour avoir habité la Palestine et non pas l'Inde ou la Grèce. Mais si ces grands docteurs, habiles à tout prouver, voulaient réfléchir que le sol de la terre sainte a porté dans son espace resserré les religions et les idées des peuples les plus différents, et qu'entre ces peuples si variés et leurs héritiers actuels, il existe encore des nuances à l'infini, bien que la contrée soit restée la même, ils verraient alors combien peu le territoire matériel a d'influence sur le caractère et la civilisation d'un peuple. »
    (Ewald, Geschichte des Volkes Israël, t. I, p. 259)