Essai de psychologie/Chapitre 24

(p. 60-61).


Chapitre 24

De la méchanique des idées de l’odorat.


Nous pouvons de même rendre raison de la diversité des odeurs sans recourir à une semblable supposition. Plus délicat que le goût, l’odorat sent l’action des atomes infiniment petits qui s’élevent des corps odoriférans. Ce que les sels fixes, les souffres & les huiles grossiers sont au goût, les sels volatils, les souffres & les huiles spiritualisés le sont à l’odorat. Les lames nerveuses qui tapissent les feuillets osseux placés à la partie supérieure du nez, retiennent dans leurs replis les corpuscules odoriférans et font passer leur impression jusques au siege de l’ame. L’action de ces corpuscules sur le tissu des lames, se modifie suivant la nature des corps dont ils émanent. Le mouvement plus ou moins grand dont ils sont doués rend leur impression plus ou moins vive. La même lame, la même fibre successivement secouée, tiraillée, picotée, comprimée, relâchée, desséchée, humectée, engourdie, &c, ne peut que transmettre à l’ame des sensations aussi différentes entr’elles que le sont entr’eux les mouvemens qui les occasionnent.