Essai d’armorial des Grands-Maîtres de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem


|[ 5 ]Les armes des Grands-Maîtres de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem ont été déjà réunies en recueil par quelques auteurs : mais ces documents éparts dans différentes bibliothèques sont non seulement difficiles à se procurer et à consulter, mais présentent encore entre eux de très grandes divergences qui rendent assez embarrassantes les recherches que l’on peut avoir à y faire.

Aussi avons-nous pensé qu’il pourrait être intéressant de grouper les études de ces différents documents dans un travail auquel nous donnons le nom d’Essai d’Armorial, à cause de certaines questions, présentées différemment dans les ouvrages mentionné, pour lesquelles nous n’avons pu adopter de solution qui paraisse irréfutable.

Dans certains recueils, bon nombre de Grands-Maîtres ont reçu des armoiries qu’ils n’ont certainement jamais portées et dues simplement à l’imagination des héraldistes, ennuyés de voir des places vides dans leur collection. Sans vouloir avancer que ces héraldistes des XVIIe et XVIIIe siècles n’étaient pas consciencieux, nous estimons qu’ils n’étaient pas très regardants. Leur première faute fut d’écarteler les armes de tous les premiers Maîtres de l’Ordre avec celles de la religion, tandis que cette coutume ne s’établit d’une manière définitive, qu’à la fin de XVe siècle avec le grand-Maître Pierre d’Aubusson comme nous le prouvent des monuments authentiques.

Le musée de Cluny, à Paris, possède les tombes de Dieudonné de Gozon, de Pierre de Cornilhan, de Robert de Julhiac |[ 6 ]et de J. B. Orsini ; ces tombes, provenant de l’église Saint-Jean de Rhodes, sont toutes décorées des armes personnelles du Grand-Maître, placées à coté de celle de la Religion et non pas écartelées avec elles, et, c’est seulement sur le tombeau de Pierre d’Aubusson, conservé au palais de Versailles, que nous trouvons l’écu écartelé aux premier et quatrième quartiers, de l’Ordre de Saint Jean. Emery d’Amboise, successeur de d’Aubusson, continua l’usage de l’écu écartelé qui s’est perpétué jusqu’à nos jours.

La liste des Grands-Maîtres est donnée dans le Ruolo generale del sov. mil. ordine di S. Giovanni di Gerusalemme, in-8°, Roma, 1910. L’Histoire des Chevaliers Hospitaliers de S.t Jean de J.m par l’abbé Aubert de Vertot, ouvrage bien connu dont-il y eut de nombreuses éditions; la première en quatre volumes in-4°, publiée à Paris en 1726, contient les portraits des Grands-Maîtres, très finement gravés, avec leurs armes. Ces portraits, que l’on ne retrouve pas dans les éditions en sept volumes in-8°, se rencontrent souvent dans le commerce, détachés de l’ouvrage. Mais si l’histoire de l’abbé de Vertot contient en appendice une liste de noms de chevaliers français, avec leurs armes, qui est excellente, les armoiries qui accompagnent les portraits sont médiocres.

La grande planche d’armoiries, gravée par Chevillard, vers 1719 et contenant les armes de tous les Grands-Maîtres jusqu’à Raymond de Perellos, est une source beaucoup plus sérieuse que l’ouvrage précédent et l’on peut la considérer comme ayant été la base des travaux postérieurs imprimés sur ce sujet. Une autre édition de cette planche, augmentée par Dubuisson et gravée par Trousseau, ne diffère de la précédente que par quatre armoiries nouvelles se terminant par celles d’Emmanuel Pinto. Un bon travail, où l’on trouve aussi les armes gravées des Grands-Maîtres, est : L’ordre de Malte, ses Grands-Maîtres et ses Chevaliers, par M. de Saint-Allais, Paris, 1839, in-8°. Elles sont aussi dans : Monuments des Grands-Maîtres de l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem, accompagnés de notes historiques par le Vic.te L. F. de Villeneuve-bargemeont, Paris, 1829, 2 vol. gr. in.-8° Le Martyrologe des chevaliers de S.t Jean de Jéru|[ 7 ]salem contenant leurs éloges, armes, blasons, preuves de chevalerie, etc., par F. Mathieu de Goussancourt, Paris, 1643, contient la description des armes de quelques Grands-Maîtres, mais il faut s’en défier comme de tout ce qui est contenu dans les œuvres de Goussancourt.

Parmi les manuscrits que nous avons consultés, nous citerons en premier lieu un in-folio de la Bibliothèque de l’Arsenal, paraissant digne de foi par son titre même : Noms, surnoms et armes de tous les grands M.es de Malthe, depuis l’an 1100 jusques à présent, avec le temps de leur nomination et règne, tirés d’un livre manuscrit envoyé de Malthe à Monsieur le Grand-Prieur de France frère Guillaume de Meanx Boisboudran, par Pierre le Blanc, peintre ord.re des Ordres du Roy et l’un des Héraultz de sa Maj.té en cet an 1639. Il est bien évident qu’à Malte, l’Ordre devait posséder des documents sur les Grands-Maîtres, mais cela ne veut pas dire qu’une partie des blasons des XIIe et XIIIe siècles, contenus dans le recueil de le Blanc, ne soient pas fantaisistes. L’auteur a eu cependant la prudence de ne pas attribuer d’armoiries à : Gilbert d’Assalit, Garnier de Naples, Ermengard Daps, Bertrand de Texis et Pierre de Villebride, ce que n’a point fait Chevillard.

Ce recueil de blasons finement peints se termine par les grandes armes de Jean Paul de Lascaris.

Nous avons aussi consulté deux manuscrits français de la Bibliothèque Nationale, l’un portant la cote 17256, contenant diverses armoiries en couleur et en particulier celles des Grands-Maîtres, depuis Guillaume de Villaret jusqu’à Aloph de Wignacourt ; l’autre la cote 32400 et donnant les armes de tous les Grands-Maîtres, jusqu’à Antoine Zondodari exclusivement, avec pour chacun une courte notice historique, les blasons contenus dans ce dernier ouvrage sont pour la plupart copiés sur la planche gravée de Chevillard.

Il nous reste à signaler les armoiries de quelques Grands-Maîtres peinte dans les Salles des Croisades au Palais de Versailles, mais à un bon nombre d’entre eux on a simplement attribué l’écu de gueules à la croix d’argent. Enfin, l'Armorial Universel de Rietstap donne aussi leurs armes, mais elles ont |[ 8 ]visiblement été copiées dans la travail de S.t Allais. Il subsiste encore à Rhodes beaucoup de monuments décorés d’armoiries sculptées ou peintes lors du séjour des Chevaliers.

Le Colonel Rottiers a fait dessiner ces blasons dans un atlas in 1°, accompagné d’un texte in 4°, sous le titre de : Description des monuments de Rhodes, Bruxelles, 1830. Nous y avons vérifié les armes de quelques Grands-Maîtres.

On trouvera toutes sortes de renseignements bibliographiques, sur les ouvrages que nous citons, dans la Bibliographie méthodique de l’Ordre, souv. de S.t Jean de Jérusalem, par Ferd. de Hellwald, gr. in-8°, Rome, 1885.

Comme on le voit, les documents ne manquent point, on pourrait même dire qu’il y en a trop, car notre embarras a souvent été grand, lorsqu’il nous a fallu choisir un blason entre plusieurs pouvant être aussi exacts les uns que les autres, c’est la raison qui nous a fait prendre pour le présent travail le simple titre d’Essai.

Nous n’avons dessiné les blasons des Maîtres, vivants aux XIIe et XIIIe siècles, qu’à titre de curiosité et pour la bonne présentation des planches ; mais ils n’ont que peu de valeur au point de vue archéologique, les documents originaux de ces périodes n’existant pas.

Les historiens n’étaient pas d’accord sur l’époque à laquelle les Maîtres de l’Ordre ajoutèrent à leur titre celui de Grand. Les uns prétendaient que c’était Jean de Lastic qui le premier se para de ce titre, Vertot avance que ce fut Hugues de Revel, d’autres enfin Roger de Moulins. Il n’en est rien. On sait qu’après 1489 le Maître de l’Hôpital de S.t Jean de Jérusalem qui était alors Pierre d’Aubusson, devint Grand-Maître du S.t Sépulcre, [1] on remarquer, que c’est justement lui qui écartela, le premier, ses armes de famille avec celles de la religion.

Un monument vient encore confirmer cette date ; c’est l’épitaphe du sarcophage de J. B. Orsini † 1476, où ce personnage est simplement appelé Magister. (Hic reverendus erat |[ 9 ]Rhodi paterque magister). Quoiqu’il en soit la plupart des auteurs qualifient du titre de Grand même Raimond du Puy parce que cette dénomination est plus claire et plus générale ; mais on pourrait objecter à ces auteurs que lorsqu’un évêché est érigé en archevêché on ne donne point aux premiers évêques le nom d’archevêques sous prétexte d’uniformiser leur titre. Cependant le Père Paoli appelle Roger de Moulins Maestro grande (1181) et le Cardinal de Vitry appelle Magister Summus le chef des Hospitaliers.

Nous avons donné les dates d’avénement et de mort des Grands-Maîtres, telles qu’on les trouve dans les meilleurs ouvrages qui ne sont malheureusement pas toujours d’accord entre eux. L’histoire de Chevaliers de St Jean est encore à faire, les sources sont excessivement nombreuses et très disséminées. Elle est à faire non point pour apprendre beaucoup de faits nouveaux, mais pour réfuter toutes les erreurs et les légendes qui traînent ça et là dans une quantité de vieux livres aujourd’hui encore consultés.

Il va sans dire que lorsque nous n’indiquons pas les sources d’un blason, c’est que tous les auteurs ont donné le même. Nous avons, sur les planches d’armoiries qui accompagnent ce texte, employé pour les premiers Grands-Maîtres la forme de l’écu à l’antique, sans cependant passer par toutes les formes intermédiaires qui arrivèrent à la forme en accolade moderne, beaucoup plus pratique pour loger les écartelures.

Pour les ornements extérieurs de l’écu, les Grands-Maîtres plaçaient au-dessus une couronne à fleurons. Le premier à l’employer fut Pierre d’Aubusson, cependant les fleurons de sa couronne ressemblent à des fleurs de lis, particularité que nous ne retrouverons pas chez ses successeurs. Hugues de Loubens de Verdale portait une couronne ornée de cinq groupes de perles disposées en trèfle alternant avec des perles solitaires. Avec Jean-Paul de Lascaris nous voyons une couronne analogue à celle des marquis fran4ais, trois fleurons et deux groupes de trois perles, l’écu est entouré d’un chapelet ou patenôtre d’or, à cinq dizaines, à l’extrémité duquel pend une croix à huit pointes. Dans le dessin de Villeneuve-Bargemont |[ 10 ]nous voyons l’écu d’Adrien de Wignacourt aussi sommé de la couronne à perles et fleurons. Nicolas Cotoner et Raimond Perellos, d’après le même ouvrage, portaient une couronne à l’antique, à pointes terminées par une petite perle. Manoël de Vilhena portait une couronne ducale, Raymond Despuig, Emmanuel Pinto et ses successeurs, avaient une couronne fermée, analogue aux couronnes royales.

De nos jours, comme autrefois, le Grand-Maître écartèle ses armes de famille avec celles de l’Ordre ; l’écu est posé sur une grande croix de Malte entourée d’un chapelet, entrelacé dans les pointes et lui même terminé par une petite croix de l’Ordre. Le tout sous un manteau de velours noir doublé d’hermine, sommé d’une couronne semblable à ce celle des Souverains, mais doublée de velours noir et surmontée d’une petite croix de Malte.

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GRANDS MAÎTRES
(1113-1815).

1. Gérard ou Géraud. ─ D’azur à lion d’argent.

Telles sont les armes que les héraldistes lui attribuent, elles sont certainement fantaisistes. (La maison de Saint-Didier en Bretagne portait cet écu qu’elle brisa plus tard d’une bordure de gueules chargée de huit fleurs de lis d’or). Originaire croit-on de l’île de Martigues, en Provence, Gérard s’était dévoué au service des malades dans l’Hôpital que des marchands d’Amalfi avaient construit auprès du St. Sépulcre de Jérusalem en l’an 1050. Son ardente charité se communiqua aux autres serviteurs des malades de l’Hôpital qui prirent l’habit religieux et en 1113 le pape Pascal II adressa à Gérard une bulle qui le nommait fondateur et chef des Hospitaliers et conférait aux seuls frères, après sa mort, le droit de lui élire un successeur. Il mourut en 1120 et ses vertus l’on fait ranger parmi les bienheureux. Quelques écrivains l’appellent à tort Tunc, (Gérard Tunc) faisant d’un adverbe un nom propre. Chevillard le nomme Gérard de Saint-Didier, ce qui justifierait les armoiries, et lui donne comme successeur un certain Breyand Roger qui aurait porté : d’azur à trois roses d’or, s’accordant en cela avec Goussancourt, mais les historiens sérieux ne le mentionnent point.

|[ 11 ]2. Raimond du Puy. ─ D’or à un lion de gueules armé et lampassé d’azur.

Ce sont les armes de la maison du Puy-Montbrun en Dauphiné (de Podio en latin, del Puech en roman), à laquelle appartenait Raimond du Puy qu en 1120 succéda à Gérard. Il prit le titre de Maître et Père de l’Hôpital de St. Jean de Jérusalem et comme c’était un homme de guerre il donna à l’Ordre naissant un caractère militaire en lui établissant ses premiers statuts.

3. Auger ou Otteger de Balben. ─ De sable à une bande d’argent, chargée de trois merlettes de gueules et cotoyée de deux cotices ondées d’argent.

Originalre du Dauphiné il succéda à Raimond du Puy en 1160 et gouverna l’Ordre deux ans à peine.

4. Arnaud de Comps. ─ De gueules à une aigle échiquetée d’argent et de sable, le vol abaissé.

Ce sont les armes de la maison de Comps en Dauphiné et Provence. Le Blanc a représenté à tort dans son manuscrit l’aigle échiquetée de gueules et d’argent. Le nom d’Arnaud de Comps ne figure que sur certaines listes des Maîtres de l’Hôpital, avec les dates 1163 et 1167.

5. Gilbert ou Gerbert d’Assalyt ou d’Assalhy. ─ D’azur semé d’étoiles d’argent, à un lion d’or brochant sur le tout.

Ce sont les armes données apr St-Allais et Villeneuve-Bargemont. Le manuscrit 32406 indique les étoiles comme étant d’or.

Ce Maître est quelquefois appelé Gilbert de Tyr, sa ville natale, dans les textes où il figure à partir de 1163, date sur laquelle s’appuyent les auteurs, qui prétendent qu’Arnaud de Comps ne fût jamais Maître de l’Hôpital de St. Jean. On le trouve aussi appelé de Sailly et même d’Assilan. Chevillard lui donne le nom de Sully avec les armes de cette maison, qui ne diffèrent d’ailleurs du blason ci-dessus énoncé que par un semé de molettes d’éperon d’or au lieu d’étoiles. Chevillard aurait-il été copié avec quelques petites modifications (changement des molettes en étoiles) par les héraldistes qui vinrent après lui ? et qui se sont du reste bien gardés d’indiquer leurs sources. Dans ce cas la valeur archéologique de ces armoiries serait nulle. La gravure de l’histoire de Vertot donne l’écu d’argent à un lion de gueules couronné de.....

Le colonel Rottiers a dessiné, à Rhodes, dans les ruines d’une chapelle, des armoiries qu’il a cru celles de ce Maître ou de ses descendants. L’écu est chargé d’un lion contourné, le champ semé d’étoiles, une devise haussée broche sur le tout, a sénestre sont les armes de l’Ordre, ce qui joint à la position du lion ferait croire que l’image a été retournée. Mais que viendraient faire dans Rhodes les armes de Gilbert d’Assalyt ?

|[ 12 ]Gilbert se démit en 1170 et mourut le 19 septembre 1183 en se rendant en Angleterre, ce qui a fait dire qu’il était de ce pays ; mais on doit bien plutôt le considérer comme originaire de l’ancienne province de Langnedoc ou l’on trouve plusieurs anciennes familles portant le même nom que lui. Un Robert d’Assalhit fut capitoul de Toulouse en 1424 et portait, selon les annales manuscrites de la ville : D’azur à un chevron d’or, l’écu bordé d’argent.

6. Gastus ou Castus. ─ De gueules à une croix retranchée de vair (ms. de Le Blanc).

Il régna peu de temps vers 1170. Chevillard ne lui attribue pas une croix retranchée, mais alaisée et le manuscrit 32400 de la Bibl. Nat. la fait alaisée et au pied fiché. St. allais enfin appelle ce Maître N... de Gaste et lui fait porter de gueules à une croix vairée de sable et d’argent.

7. Joubert. ─ D’or à une croix de sable chargée de cinq coquilles d’argent.

Ce Maître des Hospitaliers remplit la première dignité de l’Ordre de 1173 à 1177. Il était dit-on syrien et tous les auteurs s’accordent à lui donner le blason ci-dessus, bien digne d’un chevalier croisé.

8. Roger de Moulins. ─ D’argent à une croix ancrée de sable, chargée en cœur d’une coquille d’or.

Elu en octobre 1177, il fut tué dans un combat le 1er mai 1187. Il appartenant à une famille de Normandie qui a donné au XVe siècle deux archevêques de Toulouse dont l’un fut patriarche de Jérusalem.

9. Garnier. ─ de sable à une croix potencée d’or.

St. Allais donne la croix ancrée d’argent et Villeneuve Bargemont une croix plaine aussi d’argent. Le manuscrit 32400, déjà cité, le qualifie : « Garnier de Naples en Syrie, autrefois appelée Sichem de Cananée, seigneur de la ville de Carac en Arabie », et fixe en 1187 son élection. La liste dressée par de Mas-Latrie, le mentionne sous le nom de Garnier de Naplouse, sa ville natale, et donne pour date de sa mort le 31 août 1192. Vertot dit qu’il mourut des blessures qu’il avait reçues à la bataille de Tibériade en 1191.

10. Ermengard ou Hermenger Daps ou d’Aps. ─ D’argent à une tour d’azur maçonnée de sable (St. Allais).

Cette description nous parait préférable à l’étrange blason : d’argent à une tour doujonnée et renversée de gueules, donné par Chevillard. ─ Ermengard, élu en 1191, fut le dernier Maître de l’Hôpital de St. Jean qui résida à Jérusalem ; cette ville ayant été prise par Saladin, soudan d’Egypte, le couvent fut transporté à Margat en Phénicie.

11. Geoffroy de Duisson, ou de Donion, ou encore du Donjon. ─ De gueules à une bande d’argent (St. Allais). D’azur à une bande d’hermine (Chevillard).

|[ 13 ]Il existait en Picardie une maison de Duisson qui aurait porté le premier blason énoncé ; de Villeneuve-Bargemont s’est tenu dans l’intermédiaire en lui attribuant un écu d’azur à une bande d’argent. Ce Maître des Hospitaliers élu vers 1192 mourut en 1201.

12. Alphonse de Portugal. ─ D’argent à cinq écussons d’azur posés en croix, chargés chacun de cinq besants d’argent, marqués d’un point de sable, posés en sautoir ; à une bordure de gueules chargée de sept châteaux d’or.

Issu de la maison des rois de Portugal, il est mentionné pour la première fois en 1204 ; il renonça au magistère la même année, pour s’en retourner en son pays où il espérait être déclaré roi, ce qui ne lui arriva point et il mourut dans une guerre civile le 1er mars 1207.

13. Geoffroy le Rat ou Le Rath. ─ D’azur à une licorne rampante d’argent.

Ce Maître était français et fut élu vers 1204. Les auteurs lui attribuent tous le même blason, quelquefois cependant on trouve la licorne passante au lieu de rampante. Vertot nous dit à son sujet : « Les historiens de ces tems-là ne nous ont point instruit de son origine ; mais on trouve dans la Touraine une noble et très ancienne maison qui porte le nom de Rat et dont apparemment le Grand-Maître était sorti ».

14. Guérin de Montaigu. ─ De gueules à une tour d’argent, sommée de deux tourelles du même, l’une sur l’autre, le tout ouvert et maçonné de sable.

C’est à la maison de Montaigu ou Montagu en Auvergne qu’appartenait ce Maître des Hospitaliers ; il était suivant la généalogie de cette famille (Bibl. Nat. Pièces originales 2004) frère de Pierre de Montaigu maître des Templiers, de Bernard de M. évêque du Puy, d’Astorg évêque de Nicosie et de Fouques évêque d’Elide. Elu en 1207 il mourut à la fin de l’année 1227, d’autres disent seulement eu 1230. Il portait le blason décrit ci-dessus, que l’on rencontre souvent avec quelques petites variantes, quelquefois la tour n’est donjonnée que d’une seule tourelle, d’autres fois elle est mouvante de la pointe ou enfin posée sur un tertre comme dans les armes de Joachim de Montagu, Grand-Prieur de Toulouse de 1622 à 1630, là augmentées d’un chef chargé de la croix et accompagnées de la devise : « Prospera jam virtus sub monte relucet acuto ». (Gravue de M. Lasne, 1627, in-4°).

Malgré que l’on connaisse bien l’origine de Guérin de Montaigu et les armes de sa famille, beaucoup d’héraldistes ont gravement modifié son écu. Ainsi Chevillard le dit : de gueules à une tour donjonnée d’or et le ms. 32400 : de gueules à une tour d’or appuyée sur une montagne de sinople, mouvant de la pointe. Nous trouvons bien ce blason dans la Méthode |[ 14 ]du Ménétrier, mais pour les Montaigu en Dauphiné. Enfin dans les salles des Croisades au Palais de Versailles on s’est contenté de peindre sur son écu une simple tour d’or et cela, sans doute, d’après St Allais et Villeneuve-Bargemont. Le Blanc donne un blason franchement différent de tous les précédents et qui se justifie encore moins : D’or à un fer de moulin de gueules.

15. Bertrand de texis. ─ D’or à une fasce de gueules.

Il fut Maître de Hospitaliers, peu de temps en 1230. Quelquefois son écu a été blasonné . de gueules à une fasce d’or ce qui nous parait inexact.

16. Guérin. ─ D’argent à une aigle à deux têtes de sable.

Il est cité comme Maître de l’Ordre de 1231 à 1236 ; sa nationalité est inconnue et ses armes probablement fantaisistes quoique données par tous les héraldistes.

17. Bertrand de Comps. ─ De gueules à une aigle, au vol abaissé, échiquetée d’argent et de sable.

Il était de la même maison qu’Arnaud de Comps, dont nous avons parlé ci-dessus. Elu en 1236 il mourut en mai 1239, mais on trouve aussi la date de 1241 et même 1242.

18. Pierre de Villebride. ─ Echiqueté d’argent et de gueules à un chef d’hermine. (Chevillard).

St Allais n’indique pas le chef d’hermine. Elu en 1241, il mourut le 18 octobre 1244. Les historiens ne disent rien de sa nationalité, mais il était probablement français si l’on se fie à la forme de son nom. Dans le Trésor de Chronologie par de Mas-Latrie il est appelé de Vieille-Brioude.

19. Guillaume de Châteauneuf. ─ De gueules à trois tours (ou châteaux) d’or, maçonnées de sable, posées en 2 et 1.

Chevillard, Vertot et le manuscrit 32400 indiquent les châteaux d’argent. Le Blanc donne un blason bien différent : D’argent à trois taus de sable, posés 2 et 1, et un chef de gueules. ─ Guillaume de Châteauneuf, français de nation let Maréchal de l’Ordre fut élu au mois d’octobre 1244, il resta dix huit mois prisonnier chez les sarrasins et mourut le 24 octobre 1259.

20. Hugues de Revel. ─ D’or à un demi vol d’azur ; alias : de sable.

Il était du Dauphiné où nous trouvons une famille de même nom porter : D’or à un demi vol de sable (Bibl. Nat. Pièces originales 2467) ; mais Chorier attribue à cette maison : D’azur à un demi vol d’argent et une étoile d’or en pointe. On trouve aussi : d’or à un demi vol de sable accompagné d’une étoile d’azur au canton dextre du chef. Elu en 1260 il

|[ H.T. ]

|[ 15 ]mourut en 1279. C’est durant son magistère que l’Ordre perdit la fameuse forteresse du Krak.

21. Nicolas Lorgue. ─ D’argent à une fasce de gueules.

Originaire de Provence il est mentionné dès le 18 septembre 1278. Il mourut en 1289. La forteresse de Margat ayant été assiégée et prise, en l’année 1285, les Hospitaliers durent se réfugier à St Jean d’Acre.

22. Jean de Villiers ou de Villers. ─ D’or à trois chevrons d’azur.

Issu d’une famille distinguée du Beauvaisis, ce Maître des Hospitaliers fut élu en 1289 à St Jean d’Acre, mais cette ville, dernier refuge de la chrétienté en Palestine, ayant été prise en 1291 par le soudan d’Egypte, il établit sa résidence à Limisso ou Limassol, ville de l’île de Chypre, où il mourut en 1295.

23. Odon de Pins. ─ De gueules à trois pommes de pin d’or, posées 2 et 1.

Tous les auteurs lui attribuent ce blason, sauf cependant Le Blanc qui lui donne pour armes : D’or à un pin arraché de sinople, et Rietstap : D’or à un pin de sinople, terrassé du même, chargé de trois pommes de pin du champ, posées 2 et 1, description tirée du Nobiliaire Toulousain de Bremond, ouvrage qui ne doit être consulté qu’avec beaucoup de circonspection.

Odon de Pins, de langue de Provence, fut élu à Limisso en 1295 et mourut peu de temps après.

Les de Pins (anciennement de Pinibus ou de Piis) en Languedoc prétendent descendre des barons de Pinos en Espagne parce que ces derniers ont aussi trois pommes de pin dans leurs armes (d’or à trois pommes de pin de sinople). On croit, quoique cela n’ait jamais pu être prouvé d’une manière certaine, qu’Odon de Pins et Roger de Pins, tous deux Maîtres des Hospitaliers, appartenaient à cette famille, en se basant sur ce qu’on nombre de ses ancêtres se trouvent deux Odon et un Roger contemporains des deux Maîtres de St jean (Bibl. nat. Chérin 157). Mais, la maison de Pins, portait-elle au XIIIe siècle, les mêmes armes que de nos jours ?

Barthelemy et Guillaume-Raymond de Pins en 1369 avaient un sceau à écu parti d’un lion et de quatre bandes (Pièces originales 2286). Nous retrouvons, il est vrai, le lion et les bandes, (avec la croix à huit pointes, en mémoire des deux Maîtres), sur l’écu de Jean de Pins, seigneur de Pessoulens, enrégistré dans l’Armorial général de d’Hozier : Ecartelé au 1 d’azur (sic) à trois pommes de pin d’argent 2 et 1, au 2 d’argent à un lion de gueules, au 3 de sable à trois bandes d’argent, au 4 d’azur à une croix de Malte d’argent. Sicard de Pins, capitoul de Toulouse en 1411, portait écartelé aux 1 et 4 de gueules à trois pommes de pin d’or, aux |[ 16 ]2 et 3 de gueules à un arbre symbolique à sept branches aussi d’or (Annales manuscrites de Toulouse). Une maison de Piis en Guyenne a porté d’azur à trois pommes de pin d’or. A partir du XIVe siècle il est bien certain que la maison de Pins porta : de gueules à trois pommes de pin d’or et c’est une exception si au XVIIIe, Jean de Pins, seigneur de Césan porte de sinople à une croix de Malte d’argent accompagnée de trois pommes de pin d’or, sans queue.

Les membres de cette maison de Pins, étaient tellement persuadés de leur parenté avec les deux Maîtres des Hospitaliers, qu’Antoine de pins, avocat général au Parlement de Toulouse en 1652, portait écartelé aux 1 et 4 de gueules à une croix d’argent, qui est de l’Ordre de St Jean ; aux 2 et 3 de gueules à trois pommes de pin d’or ; sur le tout, de [sable] à un lion [couronné d’argent] et que François, marquis de Pins, au XVIIIe siècle, demanda au Grand-Maître de Malte, l’autorisation pour les aînés de la famille de porter la croix de l’Ordre, en considération des services rendus par les Chevaliers en Grands-Maîtres du nom de Pins. Cette demande semble être restée sans résultat.

24. Guillaume de Villaret. ─ D’or à une montagne de trois coupeaux de gueules, mouvant de la pointe, chaque coupeau sommé d’une corneille de sable.

Etant Prieur de St Gilles, il fut élu Maître en 1296 ou 1300. Il mourut en 1307.

25. Foulques de Villaret. ─ D’or à une montagne de trois coupeaux de gueules, mouvant de la pointe, chaque coupeau sommé d’une corneille de sable.

Frère du précédent il fut élu en 1308 ; conquit l’île de Rhodes et soutint avec succès le siège de sa capitale par l’armée d’Othman (1310). L’Ordre s’enrichit à cette époque d’une partie des biens des Templiers. Des chevaliers mécontents déposèrent Foulques et nommèrent à sa place Maurice de Pagnac, français aussi, mais ce dernier mourut peu de temps après (1318) ; Villaret abdiqua enfin et se retira en France où il mourut en 1327. Pendant ce schisme le pape donna le gouvernement de l’Ordre à Gérard de Pins, lieutenant-général, de la même famille que le Maître Odon de Pins.

Maurice de Pagnac portait : D’or à chevron renversé d’axur et un chef de gueules chargé de trois étoiles (ou roses) d’argent.

26. Hélion de Villeneuve. ─ De gueules fretté de six lances d’or, les intervalles semés d’écussons du même.

St Allais est dans l’erreur en ajoutant sur le tout un écusson d’azur chargé d’une fleur de lis d’or. Cette concession fut faite à la maison de Villeneuve seulement par Louis XII en 1505. D’abord Prieur de St Gilles, Hélion de Villeneuve fut élu Maître en 1319 et mourut en 1346.

|[ 17 ]27. Dieudonné de Gozon. ─ De gueules à une bande d’azur bordée d’argent, et une bordure denticulée du même.

Il se rendit célèbre pour avoir tué un dragon qui causait de grands ravages dans l’île de Rhodes ; ce dragon n’était autre qu’un gros crocodile. Etant G. Commandeur de la langue de Provence, il fut élevé à la dignité suprême de l’Ordre en 1346 et mourut le 7 septembre 1353.

Certains armoriaux blasonnent à tort la bordure componée ; c’est une bordure denticulée qui est représentée sur l’écusson sculpté sur la dalle tumulaire de Dieudonné au musée de Cluny. cette bordure se rencontre sur un grand nombre d’écus languedociens du XIVe siècle.

28. Pierre de Cornilhan[2] ou de Corneillan. ─ De gueules à une bande d’argent, chargée de trois corneilles de sable, [becquées et membrées de gueules].

De la langue de Provence et Prieur de St Gilles, il fut élu Maître en décembre 1353 et mourut vers le milieu de 1355, après un règne de 18 mois seulement. Sa pierre tombale est aussi conservée au musée de Cluny, il est représenté couché, revêtu d’un long manteau, chargé sur le flanc gauche d’une croix à huit pointes ; de chaque côté de sa tête est gravé un écusson, celui à dextre aux armes de l’Ordre et celui à sénestre chargé d’une bande et de trois croneilles.

29. Roger de Pins. ─ De gueules à trois pommes de pin d’or, posées 2 et 1.

Elu en 1355, il mourut le 28 mai 1365. Il était de la langue de Provence et parent probablement d’Odon de Pins dout nous avons parlé ci-dessus. Nous ne pouvons avoir aucun doute sur ses armoiries, elles sont sculptées, à côté de l’écu de l’Ordre, dans la rue des Chevaliers à Rhodes, et le colonel Rottiers en a donné le dessin, dans son Atlas, à la pl. 36.

30. Raimond Bérenger. ─ Gironné d’or et de gueules de huit pièces (Chevillard, Vertot et le ms. 32400). ─ De gueules à une bande d’or (Le Blanc et le ms. 17256). ─ De gueules à une cotice d’or (Goussancourt). ─ De gueules à un sautoir alaisé d’or (Villeneuve-Bargement et St Allais).

Ce Maître des Hospitaliers fut élu en 1365 ; originaire du Dauphiné il appartenait à la langue de Provence et avait été Commandeur de Castelsarrasin ; il mourut en novembre 1374. Il est bien difficile de connaître son véritable blason, parmi les quatre énoncés ci-desus ; sur notre planche |[ 18 ]d’armoiries nous en avons représenté deux seulement, le premier fut porté par la maison de Béranger-Sassenage en Dauphiné, et quelques héraldistes prétendent qu’il doit se blasonner : de gueules à quatre girons d’or en sautoir.

31. Robert de Julhiac ou de Juilly. ─ D’argent à une croix fleurdelisée de gueules et un lambel de cinq pendants d’azur, brochant en chef, chaque pendant chargé de trois besants de...

C’est ainsi que sont figurées ses armes sur son sarcophage rapporté de Rhodes et dont nous donnons un dessin (fig. 1). Les armoriaux ne

mentionnent point les besants et font indifféremment le lambe là trois, quatre ou cinq pendants.

Elu en 1374, après avoir été G. Prieur de France, il mourut le 29 juillet 1377, date donnée par son épitaphe. D’après les galeries historiques du Palais de Versailles (Paris 1844, tome VI, 2e partie, page 483), dans une charte en langue française il est est nommé Robert de Juilly ; son sceau porte la légende : S. Roberti de Julliaco.

32. Jean-Fernandez de Hérédia. ─ De gueules à sept tours d’or, ou d’argent, posées en trois pals.

Châtelain d’Emposte et G. Prieur d’Aragon, il fut élu Maître de l’Ordre en 1377. Ayant pris le parti de l’antipape Clément VII, le pape nomma à sa place Richard Carccioli, napolitain, prieur de Capoue, qui ne fut cependant pas reconnu par le couvent de Rhodes. Il mourut à Avignon au mois de mars 1396, après être resté trois ans prisonnier des turcs.

33. Philibert de Nalhac ou de Naillac. ─ D’azur à deux lions léopardés d’argent [armés et lampassés de gueules].

On trouve aussi les lions léopardés d’or et quelquefois même des léopards. G. Prieur d’Aquitaine il fut élu Maître en 1396 et mourut en 1421.

|[ H.T. ]

|[ 19 ]34. Antoine Fluvian. ─ D’or à une fasce de gueules.

St Allais ajoute à tort que cette fasce est ondée. Espagnol du Grand-Prieuré de Catalogne, drapier de l’Ordre et G. Prieur de Chypre, élu Maître en juillet 1421 il mourut le 26 octobre 1437.

35. Jean de Lastic. ─ De gueules à une fasce d’argent.

Ce sont les armes de la maison de Lastic en Auvergne. Chevillard et le ms. 32400 lui attribuent un blason de sable à une fasce d’argent et une bordure de gueules, qui ne semble pas exact, quoiqu’il ait été peint à Versailles. Goussancourt blasonne : de gueules à une fasce d’argent et une bordure de sable ce qui est plus vraisemblable ; mais à Rhodes on ne voit point de bordure.

G. Prieur d’Auvergne, il fut élu en 1437 et mourut le 19 mai 1454.

36. Jacques de Milhy ou de Milly. ─ De gueules à un chef emmanché de trois pièces d’argent.

Le Blanc et le ms. 17256 intervertissent les émaux du champ et du chef. Grand Prieur d’Auvergne, élu Maître le 1 juin 1454, il mourut le 17 août 1461.

37. Pierre-Raimond Zacosta. ─ D’or à trois fasces vivrées de gueules et une bordure de sable chargée de huit besants d’argent.

Cette description est tirée du ms. de Le Blanc, d’autres réduisent à deux le nombre des fasces et font les besants d’or ; St Allais donne les fasces ondées au lieu de vivrées sur la tour S.t Nicolas à Rhodes on voit deux fasces vivrées. Castillan de naissance et châtelain d’Emposte, élevé à la dignité de Maître le 24 août 1461 il mourut à Rome le 21 février 1467 et fut enterré dans l’église St-Pierre au Vatican.

38. Jean-Baptiste Orsini. ─ Bandé d’argent et de gueules de six pièces, au chef d’argent chargé d’une rose de gueules et soutenu d’une fasce d’or.

Sur son sarcophage, conservé au Musée de Cluny, ses armes sont placées à côté de celles de la Religion. La fasce n’est point chargée d’une anguille d’azur ou d’une vivre, comme on l’a peint à Versailles et de plus elle divise l’écu en deux parties, c’est-à-dire que le chef a la proportion d’un coupé, comme nous l’avons dessiné sur notre planche d’armoiries. D’après Rottiers la fasce serait chargée d’une couleuvre de sable.

Etant G. Prieur de Rome, J. B. Orsini fut élu Maître le 4 mars 1467 et mourut le 8 juin 1476.

39. Pierre d’Aubusson. ─ Ecartelé, aux 1 et 4 de la Religion, c’est-à-dire de gueules à croix d’argent ; aux 2 et 3 d’or à une croix ancrée de gueules.

|[ 20 ]dans le Musée du Palais de Versailles, on conserve son tombeau, d’un style très élégant. Pour la première fois croyons-nous, l’écu du Grand Maître y est écartelé avec celui de l’Ordre, coutume qui sera suivie par tous ces successeurs. Il est surmonté d’une couronne à fleurs de lis et d’un chapeau de cardinal (fig. 2).

D’abord Grand-Prieur d’Auvergne, Pierre d’Aubusson, d’une très ancienne famille issue des vicomtes de la Marche, fut élevé à la dignité

suprême de l’Ordre le 17 juin 1476 ; il eut à soutenir un terrible siège de l’armée turque et fut même grièvement blessé sur la brêche (1480). Le pape Innocent VIII réunit au chapitre de Rhodes ceux du St Sépulcre et de St Lazare ; d’Aubusson reçu le chapeau de cardinal et prit le titre de Grand-Maître du St Sépulcre. Il mourut le 3 juillet 1503.

40. Emery d’Amboise. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 palé d’or et de gueules de six pièces.

D’abord Grand-Prieur de France, il fut élu Grand-Maître le 10 juillet 1503 et mourut le 8 ou le 13 novembre 1512. Il était frère du cardinal d’Amboise, archevêque de Rouen, de l’évêque de Langres et de l’évêque de Poitiers. Ses armes se voient sur un canon de bronze conservé au Musée de l’Armée à Paris.

41. Gui de Blanchefort. ─ Ecartelé de la Religion et d’or à deux lions léopardés de gueules.

Appartenant à une famille du Limousin et neveu de Pierre d’Aubusson, il fut G. Prieur d’Auvergne avant d’être élu Grand-Maître le 22 novembre 1512, il mourut le 24 novembre 1513.

|[ 21 ]42. Fabrice Caretto. ─ Ecartelé de la Religion et d’or à cinq cotices de gueules, ou de gueules à cinq cotices d’or, ou encore coticé d’or et de gueules de douze pièces.

Amiral et chef de langue d’Italie, il fut proclamé Grand-Maître le 15 décembre 1513 et mourut le 10 janvier 1521. Ses armes se voyaient sur son tombeau, en l’église St-Jean de Rhodes, l’ecu posé sur une aigle au vol abaissé, les cotices au nombre de trois ; mais, en un autre monument de cette ville, elles étaient au nombre de quatre. (V. Rottiers, pl. 41 et 73).

43. Philippe de Villiers de l’Isle-Adam. ─ Ecartelé aux 1 et 4 de la Religion ; aux 2 et 3 contrécartelé d’or à un chef d’azur, chargé d’un dextrochère vêtu d’hermines, avec un manipule du même, brochant sur l’or, et de gueules à deux bars adossés d’or, le champ semé de trèfle du même, qui est de Néelle (fig. 3).

Cet écu se voit au Musée du Louvre, sculpté sur un médaillon en albâtre provenant du tombeau de ce Grand Maître, dans l’église du Temple à Paris. L’écartelure de Néelle n’est point mentionnée dans les armoriaux ; elle rappelle la mère de Philippe de Villiers, Jeanne de Néelle, fille du seigneur de Mello.

D’abord G. Hospitalier et chef de la langue de France, il fut élu Grand-Maître le 22 janvier 1521, mais il fut le dernier qui résida à Rhodes, cette ville dut capituler devant l’armée du sultan Soliman le 22 décembre 1522. L’Ordre chercha un refuge en Italie jusqu’à ce que Charles-Quint lui offrit l’île de Malte où il s’établit le 26 octobre 1530. Philippe de Villiers mourut le 22 août 1534.

44. Didier de Tholon Sainte-Jaille. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, d’argent à un sautoir de gueules.

De la langue d’Italie, bailli de Ste Euphémie, il fut élu en août 1534 et mourut en novembre 1535.

45. Didier de Tholon Sainte-Jaille. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 de sinople à un jars d’argent, becqué et membré d’or (fig. 4).

|[ 22 ]D’une famille du Dauphiné, bailli de Manosque puis G. Prieur de Toulouse, il fut élu Grand-Maître en novembre 1535 et mourut le 26 septembre1536 (Voir la Rivista Araldica de janvier 1910 p. 35).

46. Jean d’Omèdes. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 parti d’or à un pin arraché de sinople et de gueules à trois tours d’argent, ouvertes et ajourées du champ, posées en 2 et 1.

De la langue d’Aragon, bailli de Caspe, élu Grand-Maître le 11 octobre 1536 il mourut le 6 septembre 1553. Vertot et Villeneuve Bargemont intervertissent les quartiers ; Le Blanc et le ms. 17256 posent les tours 1 et 2, c’est-à-dire mal ordonnées.

47. Claude de la Sangle. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, d’or à un sautoir de sable chargé de cinq coquilles d’argent.

|[ 23 ]De la langue de France, Grand-Hospitalier élu Grand-Maître le 11 septembre 1553, il mourut le 17 août 1557.

48. Jean de la Valette-Parisot. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 parti de gueules à un gerfaut d’argent, qui est de la Valette, et de gueules à un lion d’or, qui est de Morlhon.

Il appartenait à une famille du Quercy, qu’il ne faut pas confondre avec celle de la Valette dans le pays toulousain, dont le nom patronimique est Nogaret. Lorsqu’il fut élu Grand-Maître le 21 août 1557, il occupait la charge de G. Prieur de Saint Gilles et c’est pendant son magistère que Malte soutint contre les turcs un siège resté célèbre (1565). Il mourut le 21 août 1568.

49. Pierre del Monte. ─ Ecartelé, aux 1 et 4 de la Religion ; aux 2 et 3 d’azur à une bande de gueules, bordée d’or, chargée de trois monts à trois coupeaux du même, et accompagnée de deux branches de laurier posées en couronne aussi d’or.

Le manuscrit 32400 décrit ses armes un peu différemment : D’azur à une bande d’or chargée de trois montagnes de sinople et accompagnée de deux couronnes de laurier d’or, ce qui ne nous paraît pas exact. St Allais et Villeneuve-Bargemont ajoutent que trois montagnes sont de gueules.

Son nom était Guidalotti, mais comme du côté des femmes il était petit-neveu du Pape Jules III, de la maison del Monte, il en prit le nom et les armes. Il était G. Prieur de Capoue lorsqu’il fut élu Grand-Maître le 23 août 1568. Il mourut le 26 janvier 1572.

50. Jean l’Evêque de la Cassière. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 d’argent à un lion de gueules.

De la langue d’Auvergne et Maréchal de l’Ordre, fut élu Grand-Maître le 27 janvier 1572 et mourut le 21 décembre 1581.

51. Hugues de Loubens de Verdale. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 de gueules à un loup ravissant d’or.

Ces armes, timbrées d’une couronne à perles, se voient à la première page d’une édition des Statuts de l’Ordre publiée à Rome en 1588. (fig. 5).

De la langue de Provence et G. Commandeur, il fut élu le 12 janvier 1582 Grand-Maître de Malte, puis créé cardinal diacre du titre de Ste Marie in Porticu en 1587. Il mourut le 4 mai 1595.

|[ 24 ]52. Martin de Garzes ou Garcès. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, d’azur à un cygne (ou aigrette) d’argent, surmonté de trois étoiles d’or, rangées en chef.

De la langue d’Aragon, châtelain d’Emposte, élu le 7 février 1596 il mourut le 7 février 1601.

53. Aloph de Wignacourt. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, d’argent à trois fleur de lis, au pied

nourri, de gueules et un lambel de trois pendants de sable, posé en chef.

|[ 25 ]Le manuscrit 17356 indique le lambel de gueules, tandis qu’il n’y en a point sur l’écu gravé par Chevillard, ce qui est une faute, le lambel étant particulier à la branche à laquelle appartenaient les deux Grands-Maîtres, Aloph et Adrien de Wignacourt.

Voici d’ailleurs l’extrait d’un certificat d’armoiries, fait en 1604, qui nous apprend que le père et le grand-père d’Aloph faisaient usage de ce lambel : « ... Pierre de Wignacourt et jean de Wignacourt son fils aussi seigneur en partie dudit village de la Rue St Pierre, portant les armoiries dudit seigneur défunt son père, lequel pareillement aurait été enterré dans ladite chapelle et en ladite église dudit village de la Rue St Pierre, après le décès duquel aurait aussi été fait une ceinture de deuil à l’entour et par dedans ladite église, portant aussi les mêmes armoiries de trois fleurs de lis rouge, avec ledit lambeau noir, sur ledit écusson en champ d’argent empreint en plusieurs lieux et endroits de ladite peinture de deuil, etc... »

La généalogie ci-après, tirée comme ce qui précède de la Bibliothèque Nationale, pièces originales 2993, montre les liens de parenté qui réunissent Aloph et Adrien de Wignacourt.

Aloph de Wignacourt appartenait à la langue de France, sa famille étant de la Picardie. Il avait été Grand-Croix et Hospitalier de l’Ordre lorsqu’il fut élu Grand-Maître le 10 février 1601. Il mourut le 14 septembre 1622.

54. Louis Mendes de Vasconcellos. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 d’argent à trois fasces vivrées de gueules.

Le manuscrit 32400 nous donne un blason très obscur, qu’il serait bien difficile de représenter : De sable fascé nébulé d’argent et de gueules l’écu brisé à dextre vers le chef d’une étoile d’or ! Le-Blanc blasonne : vairé de sable et d’argent. Les armoiries des Vasconcellos étaient : de sable à trois fasces vairées d’argent et de gueules, comme les décrit Juan Salgado de Aranjo dans le Summario de la familia ilustrissima de Vasconcelos, etc., Madrid, 1638, p. 18 : (Tres faxas de veros blacos. y negros, en campo colodado); mais le Grand-Maître portait bien les trois fasces vivrées et non vairées.

Portugais de nation, bailli d’Acre, il avait été Ambassadeur de l’Ordre à Rome et en France. Elu Grand-Maître le 17 septembre 1622, il mourut le 6 mars 1623.

55. Antoine de Paule. - Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 d’azur à un paon rouant d’or, sur une gerbe du même, et un chef cousu de gueules chargé de trois étoiles d’or.

|[ 26 ]Le Blanc indique le chef d’argent à trois étoiles de gueules ce qui n’est pas exact. Né à Toulouse en 1554, Antoine de Paule, d’abord Grand-Prieur de St Gilles, fut élu Grand-Maître le 10 mars 1623 ; il mourut le 7 juin 1636. Il était l’un des onze enfants d’un président au Parlement de Toulouse, aux descendants duquel il fut accordé par le chapitre général de Malte tenu en 1635, en reconnaissance du zèle du Grand-Maître pour les intérêts de l’Ordre, outre l’exemption du droit de passage lors de leur entrée dans l’Ordre, l’autorisation pour les aînés mâles d’augmenter leur écu d’un chef aux armes de la Religion et des attributs de l’Ordre.

56. Jean Paul de Lascaris du Castellar. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion, aux 2 et 3 de gueules à une aigle à deux têtes d’or.

Le Blanc a terminé son manuscrit par ce blason qu’il a dessiné en grand, timbré d’une couronne à fleurons et à perles, comme celle des marquis, entouré d’un chapelet d’or auquel pend la croix de l’Ordre. Chevillard, St Allais et Villeneuve-Bargemont semblent être dans l’erreur en lui donnant pour armes : D’or à une aigle à deux têtes de sable, becquée, membrée et diadémée de gueules, qui sont celles de l’Empire d’Occident, tandis que les Lascaris ont toujours porté les armes de l’Empire d’Orient, l’aigle d’or sur un champ de gueules.

Ce Grand-Maître élu le 13 juin 1636 appartenait à la langue de Provence, il avait été bailli de Manosque et descendait des anciens Empereurs de Constantinople. Il mourut le 14 août 1657.

57. Martin de Redin. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 d’azur à une croix écartelée d’or et de gueules.

St Allais est le seul à blasonner : d’azur à une croix d’argent remplie d’or. Espagnol de nation, Grand-Prieur de Navarre et Vice-Roi de Sicile il fut élu Grand-Maître le 17 août 1657 et mourut le 6 février 1660.

58. Annet de Clermont de Chattes Gessan. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion, aux 2 et 3, de gueules à deux clefs passées en sautoir d’argent.

St Allais et Vertot les accompagnent en chef d’un croissant d’argent et Chevillard ajoute que ces clefs sont surmontées d’un écusson d’azur chargé d’une fleur de lis d’or. Bailli de Lyon élu Grand-Maître le 9 février 1660, Annet de Clermont mourut le 20 octobre 1663.

59. Raphaël Cotoner. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, d’or à un cotonier, arraché, de cinq rameaux de sinople, chaque rameau fleuri d’argent à son extrêmité.

Bailli de Mayorque, élu Grand-Maître le 6 juin 1660, il mourut le 20 octobre 1663.

|[ H.T. ]

|[ 27 ]60. Nicolas Cotoner. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 d’or à un cotonier, arraché de cinq rameaux de sinople, chaque rameau fleuri d’argent à son extrémité.

Il fut aussi bailli de Mayorque comme son frère Raphaël, auquel il succéda dans la gdignité de Grand-Maître le 23 octobre 1663. Il mourut le 29 avril 1680.

61. Grégoire Carafa. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, de gueules à trois fasces d’argent et une bande épineuse de sinople brochant sur le tout.

De la langue d’Italie, napolitain de naissance, élu Grand-Maître le 2 mai 1680, il mourut le 21 juillet 1690.

62. Adrien de Wignacourt. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, d’argent à trous fleurs de lis au pied nourri de gueules et un lambel de trois pendants de sable posé en chef.

Grand-Trésorier de l’Ordre et petit-neveu du grand-Maitre Aloph de Wignacourt. il fut élu le 24 juillet 1690 et mourut le 4 février 1697. (Voir ci-devant à l’article consacré à Aloph de Wignacourt).

63. Raimond de Perellos de Rocafull. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, d’or à trois poires de sinople posées en 2 et 1.

Sur la gravure de l’histoire de Vertot, les trois poires sont posées 1 et 2, ce qui n’est point exact. St Allais et Villeneuve-Bargemont indiquent les trois poires comme devant être de sable, mais sur le dessin de Villeneuve-Bargemont elles sont marquées de hachures diagonales. De la langue d’Aragon, bailli de Négrepont, Raimond de Perellos fut élu Grand-Maître le 7 février 1697 et mourut le 10 janvier 1720.

64. Marc-Antoine Zondodari. ─ Ecartelé, aux 1 et 4 de la Religion ; aux 2 et 3, d’azur à trois roses d’or posées en bande entre deux cotices du même.

Né à Sienne, il fut Grand-Ecuyer, Grand-Croix et Ambassadeur de l’Ordre auprès du Pape Clément XI ; élu Grand-Maître en janvier 1720 il mourut le 16 juin 1722. Le blason ci-dessus est donné par Vertot, Villeneuve-Bargemont et Dubuisson ; mais St Allais blasonne : d’azur à une bande d’or chargée de trois roses de gueules.

65. Antoine Manoël de Vilhena. ─ Ecartelé, aux 1 et 4; de la Religion ; au 2 d’argent à un lion de gueules ; au 3 de gueules à une main ailée d’or tenant une épée d’argent garnie d’or, posée en pal.

|[ 28 ]Sur la gravure de l’histoire de Vertot le lion apparaît de gueules avec la tête d’or et sur celled e l’ouvrage de Villeneuve-Bargemont il est mi-parti d’or et de gueules. Portugais de nation, appartenant à la langue de Castille, Grand-Croix puis Grand-Chancelier, Bailli d’Acre et Procureur du Trésor il fut élu Grand-Maître le 19 juillet 1722 et mourut le 12 décembre 1736.

66. Raimond Despuig Montanègre. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, de gueules à une montagne d’or, mouvant de la pointe, sommée d’une fleur de lis du même et chargée d’une étoile d’azur.

Villeneuve-Bargemont blasonne l’étoile de gueules et donne aussi une seconde version : D’argent à un rocher d’azur surmonté d’une fleur de lis. Dubuisson a gravé l’écu : de gueules à une montagne d’argent sommée d’une fleur de lis d’or. D’une des familles les plus illustres de l’île de Mayorque, il fut élu Grand-Maître le 16 décembre 1736 et mourut le 15 janvier 1741.

67. Emmanuel Pinto de Fonseca. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 d’argent à cinq croissants de gueules, posés en sautoir.

Portugais de nation, né à Lamego en 1681, bailli d’Acre, il fut élu Grand-Maître le 18 janvier 1741 et mourut le 25 janvier 1773. Villeneuve-Bagremont nous dit que c’est à partir de son magistère que les membres de l’Ordre et les Ambassadeurs étrangers donnèrent au Grand-Maître le titre d’Altesse Eminentissime. Il nous dit aussi qu’Emmanuel Pinto fut la premier qui timbra ses armoiries d’une couronne fermée ; mais, ce même auteur, dans le dessin du tombeau de Raimond Despuig, nous a déjà fait voir les armes de ce Grand-Maître surmontées de la couronne fermée.

68. François Ximénès de Texada. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; au 2 de gueules à un lion couronné d’or ; au 3 de sinople à une tour d’or pavilonnée d’argent.

C’est la description qu’en donne Villeneuve-Bargemont. St Allais place aux 2 et 3 un parti d’un lion et d’une tour, disposition des meubles plus compliquée et qui n’a d’ailleurs aucune importance.

Aragonais de naissance, d’une famille illustre remontant, dit-on, à Garcie Ximénès, roi de Sobrarbe et comte d’Aragon au XIIIe siècle. Grand-Prieur de Navarre et Sénéchal du Grand-Maître Pinto, il fut lui-même élevé à la première dignité de l’Ordre le 28 janvier 1773 et mourut le 9 novembre 1775.

69. François Emmanuel de Rohan-Polduc. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, de gueules à neuf macles d’or, posées 3, 3 et 3.

|[ 29 ]Né en Espagne (1725) où son père avait été obligé de se réfugier, afin d’échapper à l’imputation de crime de lèse-majesté, il vint à Paris et parvint à faire réhabiliter la mémoire de son père condamné à la peine de mort par contumace. Reçu aussitôt après Chevalier de la langue de France il devint Bailli et Capitaine-général des galères de l’Ordre et fut enfin élu Grand-Maître le 12 novembre 1775. Il mourut le 13 juillet 1797.

70. Ferdinand de Hompesch. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, de gueules à un sautoir dentelé[3] d’argent.

Né en 1744 au château de Bolheim près de Düsseldorf, Grand-Croix, ministre de l’Ordre à la cour de Vienne, Grand-Bailli de Brandebourg et chef de la langue de Bavière, élu Grand-Maître le 17 juillet 1797, il fut le dernier prince souverain de Malte, la capitale de cette île ayant été prise par le général Bonaparte, après un siège de quelques jours, le 12 juin 1798. Il dut abdiquer le 9 juillet 1799 et se retira à Trieste puis à Montpellier où il ne tarda pas à mourir (12 mai 1805).

La perte de Malte pour l’Ordre était sa ruine, toutes les circonstances s’étaient prêtées à cette chute fatale. Les Chevaliers offrirent la Grande-Maîtrise au tsar de Russie Paul I, qui s’était déjà déclaré leur protecteur. Il fut d’ailleurs impuissant à recouvrer pour eux l’île de Malte que les anglais occupèrent en septembre 1800. Paul I mourut l’année suivante.

71. Jean Tommasi. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 fascé de gueules d’or.

Né à Cortone en 1731, Bailli de Ruspoli et ancien général des galères, il fut choisi pour Grand-Maître, par le pape Pie VII, le 19 janvier 1802. Il résida à Catane en Sicile. Après sa mort, arrivée le 13 juillet 1805, l’Ordre s’étant réuni en Assemblée Générale nomma un Lieutenant du magistère, qui fut confirmé par le St-Siège.

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LIEUTENANTS DU MAGISTÈRE
(1805-1879).

Voici la liste des sept Lieutenants du magistère qui se succedèrent de 1805 à 1879, avec leurs armes, d’après l’ouvrage de St Allais pour les quatre premiers.

A. ─ Innigo Maria Guevara Suardo, napolitain, ancien capitaine des galères de l’Ordre, résida à Catane du 15 juin 1805 |[ 30 ]au 25 avril 1814 : Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion, aux 2 et 3 d’or, à trois bandes de gueules chargées chacune d’une cotice d’argent surchargée de trois mouchetures d’hermine de sable.

B. ─ André de Giovanni y Cenellés, de Messine, Bailli et Lieutenant du Grand prieur de Messine, résida à Catane du 26 avril 1814 au 10 juin 1821 : Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 d’azur à un chêne de sinople accosté de deux lions affrontés d’or rampant contre le fût.

C ─ Antoine Busca, de Milan, bailli d’Arménie, résida à Catane et Ferrare du 11 juin 1821 au 19 mai 1834 : Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 parti : a) d’argent à une guivre de sinople, tortillée en pal, au chef échiqueté d’or et d’azur ; b) d’argent à un pin de sinople et un chef d’or chargé d’une aigle éployée de sable.

D ─ Charles Candida, de Lucera, résida à Rome du 23 mai 1834 au 12 juillet 1845 : Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3 d’argent à une sirène à deux queues de carnation, couronnée d’or, nageant sur une mer de sinople, tenant dans chaque main une de ses queues. L’écu couvert du manteau ducal et sommé d’une couronne ducale.

E ─ Philippe de Colloredo-Mels-Walsée, de la branche de Ste-Sophie, né à Udine le 28 novembre 1779, résida à Rome du 15 septembre 1845 au 9 octobre 1864 : Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, contrécartelé : a et d) de sable à une fasce d’argent, b et c) d’argent à une bande vivrée chargée d’une aigle à deux têtes du champ, becquée et membrée d’or.

E ─ Alexandre Borgia, de Velletri, résida à Rome du 26 février 1865 au 13 janvier 1872 : Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, d’or à un bœuf de gueules, passant sur une terrasse herbée de sinople, au chef cousu du champ chargé de trois roses de gueules.

G ─ Jean-Baptiste Ceschi a Santa Croce, né à Trente le 25 mars 1827, résida à Rome comme Lieutenant du Magistère, du 14 février 1872 au 28 mars 1879 date de son élévation à la dignité de Grand-Maître.

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GRANDS MAÎTRES
(1879-1910).

72. Jean-Baptiste Ceschi a Santa Croce. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, contrécartelé : a et d) d’azur à un griffon couronné d’or ; b et c) coupé de gueules et d’argent à une croix pattée et alaisée de l’un en l’autre , sur le tout, coupé au 1 de sable à un lion couronné d’or, issant de la partition, au 2 de sable à trois fasces d’or.

D’abord Lieutenant du Magistère, comme nous venons de la voir, il fut élevé à la dignité de Grand-Maître par bref du pape Léon XIII, charge qu’il occupa jusqu’à sa mort arrivée le 24 janvier 1905.

73. Galéas-Marie de Thun-Hohenstein. ─ Ecartelé, aux 1 et 4, de la Religion ; aux 2 et 3, contrécartelé : a et d) d’azur à une bande d’or, qui est de Thun : b et c) parti d’argent à une demi aigle de gueule, mouvant de la partition et de sable à une fasce d’argent ; sur le tout de gueules à une fasce d’argent, qui est de Caldes. (Rietstap. Armorial universel, II, 910).

Son Altesse Eminentissime M.gr de Thun-Hohenstein occupe l’importante dignité de Grand-Maître depuis le 6 mars 1905. Il est né à Trente le 24 septembre 1850 et est entré dans l’Ordre le 8 juin 1875.

EUGÈNE HAROT.
REMARQUES.

Au N° 12. Alphonse de Portugal. ─ Tous les héraldistes lui ont attribué les armes de la maison royale de Portugal, telles qu’on les connaît aujourd’hui, mais il est probable que s’il porta jamais des armoiries, ces dernières ne comportaient pas la bordure chargée des sept châteaux, bordure qui à en croire les anciens auteurs (le père Anselme Chevillard, etc.) aurait seulement été ajoutée par le roi Alphonse III (1246 † 1279) à cause du royaume des Algarves, qui lui fut apporté par Béatrix de Castille son épouse, ce qui se justifie d’autant mieux que, sur les plus anciens monuments, ces châteaux à trois donjons d’or, ouverts et ajourés d’azur, sont semblables à celui qui figure sur les armes de Castille. (De nos jours on les remplace, souvent à tort, par de simples tours). Or, à l’époque où cette addition fut faite, Alphonse de Portugal était mort. La légende rapporte que les cinq écussons d’azur posés en croix, chargés chacun de cinq besants furent pris après la bataille d’Orique par le roi Alphonse I (1139 † 1185) en l’honneur des cinq rois maures qu’il avait vaincus. D’autres y voient les cinq plaies du Christ.

Au N° 36. Jacques de Milhy. ─ C’est bien un chef emmanché de trois pièces qu’il portait, nous n’avons pu rectifier à temps notre dessin qui réprésente par erreur un chef denché. Le chef emmanché doit se composer de trois triangles isocèles, touchant par leur base la ligne délimitant la partie supérieure de l’écu.

E. H.
  1. Voir l’article de M. M. ANTONINI in Rivista Araldica, 1910, p. 495. (Note de l’auteur.)
  2. Dans les noms propres anciens, particulièrement dans le Midi de la France, lh se prononce comme deux l mouillées, de même que nh se prononce comme gn et équivaut au ñ espagnol.
  3. Le Münchener Kalender pour 1911 donne les armes de la maison de Hompesch avec le sautoir engrelé, au lieu de dentelé.