Esprits ardants coureurs qui animez le foudre

Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 237).


SONNET.

 
Esprits ardãts coureurs qui animez le foudre,
Et vous Anges legers qui agitez les ers,
Ames qui ébranſlez les flots du monde pers,
Et vous démons peſans qui rampez sur la pouldre :
 Pourriez-vous chers eſprits, doctement me reſouldre,
De quoi ſont ces beaux yeux pour leſquels ie me pers ?
Sont-ils d’er ou de feu, de terre ou bien des mers,
Qu’ils puiſſent m’animer & ſoudain me diſſoudre ?
 Fuiez pauures démons si vous ne le ſçauez,
Autrement vous ſerez comme moi entrauez,
Et perdrez par le feu le plus ſain de voz formes.
 Mais c’eſt par trop reſué, vous ne le ſçauez pas :
Car ſi vous le ſçauiez, vous tendriez des appas,
Qui vous rendroient ſeigneurs & des dieux & des hommes.


A. D. V.