Enfances célèbres/Jean Bart

Librairie de L. Hachette et Cie (p. 175-191).



JEAN BART



JEAN BART

NOTICE SUR JEAN BART.

Jean Bart naquit à Dunkerque en 1651 : il était fils d’un pêcheur corsaire. Louis XIV se plut à l’honorer au milieu de sa cour et le nomma chef d’escadre. Jean Bart justifia la confiance du roi. Trente-deux vaisseaux de guerre anglais et hollandais bloquaient le port de Dunkerque en 1692. Jean Bart en sortit avec sept frégates, et dès le lendemain s’empara de quatre navires anglais richement armés qui faisaient voile vers la Russie. Dans le cours de la même campagne, il brûla plus de quatre-vingts bâtiments ennemis, fit une descente vers Newcastle, ravagea tout le pays des environs, et revint à Dunkerque avec plus de quinze cent mille francs de prise. La même année, il s’empara de treize navires hollandais chargés de grains. Jean Bart se trouva à la fameuse journée de Lagos, où quatre-vingt-sept navires de commerce et plusieurs vaisseaux de guerre anglais furent pris et brûlés ; la perte des vaincus en cette occasion fut évaluée à plus de vingt-cinq millions de livres. Il obtint des lettres de noblesse de Louis XIV. En 1696, il remporta de nouveaux triomphes contre les flottes réunies de l’Angleterre et de la Hollande. La paix seule interrompit ses travaux. Il passa les dernières années de sa vie à Dunkerque, où il mourut d’une pleurésie, le 27 avril 1702.

Il ne laissa pas de descendance directe, mais son nom glorieux s’est perpétué par la famille de Gaspard Bart, son frère. Le 16 février 1855, mourut à Wormhoudt, grand et joli bourg formé par de charmantes habitations et à quelque distance de Dunkerque, le dernier héritier du nom de Jean Bart, Henri-Ferdinand-Marie Bart, commis principal des subsistances de la marine en retraite, âgé de soixante-quatorze ans ; il était né à Dunkerque et fut adopté à l’âge de sept ans par sa ville natale qui se chargea de son éducation. Il était petit-fils du commandant de la Danaé, il eut pour fils un émule de ses illustres ancêtres, Jean-Pierre Bart, lieutenant de vaisseau, commandant de la gabare de l’État la Sarcelle, mort à l’île Bourbon à trente-six ans. Après la mort de ce fils, le père, représentant d’un nom si glorieux, vint habiter avec ses deux filles sa ville natale, où il assista à l’inauguration de la statue de Jean Bart, gloire de sa race ; puis il se retira à Wormhoudt, où il est mort.

JEAN BART.

Dunkerque était au pouvoir des Espagnols depuis 1652. Turenne, vainqueur de la Fronde sur tous les points de la France, fit le siége de cette ville en 1658. La flotte anglaise le secondait, car la politique avait décidé Louis XIV à se faire momentanément l’allié de Cromwell. Le prince de Condé et don Juan d’Autriche défendaient la place assiégée. Les habitants de Dunkerque faisaient des vœux pour le jeune roi de France, et souhaitaient que la ville fût prise par lui et pour lui ; mais en même temps toute cette population de marins, ennemie née des Anglais, s’indignait de les voir unir leurs armes à celles de la France ; dans cette alliance elle voyait de la part de l’Angleterre l’arrière-pensée de s’approprier Dunkerque.

C’était par une soirée du mois de juin, durant ce siége mémorable. Un groupe de marins s’était formé devant une petite maison de la rue de l’Église, ainsi nommée à cause de la cathédrale, alors si célèbre par son merveilleux carillon.

Le bruit des batteries anglaises et françaises ne paraissait pas en ce moment préoccuper les marins réunis ; ils s’informaient avec anxiété, à la porte de la maisonnette, de la santé de l’intrépide corsaire Cornille Bart, qui avait été blessé récemment en tentant d’enlever un navire anglais. Depuis un mois il ne pouvait quitter sa chambre, lui dont la mer était l’élément. Un vieux marin qui servait de domestique au corsaire assurait à ses compagnons assemblés sur la porte que leur maître allait mieux. Le médecin n’avait pu extraire la balle qui avait pénétré dans les chairs. » Mais enfin, répétait le matelot, on peut vivre avec une balle sous la peau, et j’espère que notre chef vivra ; il reprend des forces ; il s’est levé aujourd’hui. Bonsoir, mes amis, et bonne espérance. » Ayant parlé ainsi, le vieux marin attaché au service de Cornille Bart referma la porte de la maison et rentra dans la chambre de son maître.

C’était une pièce éclairée par une fenêtre en ogive. Les murs étaient tapissés de cuir bosselé d’or ; un grand lit de noyer massif, à colonnes torses, s’élevait au fond. Sur ce lit était assis un homme de haute taille, à cheveux blancs et à moustaches encore blondes. Une femme soutenait le blessé, et un robuste enfant à longs cheveux blonds, assis à ses pieds sur l’estrade du lit, tenait une de ses mains rudes qu’il baisait. Cet enfant pouvait avoir environ neuf ans ; il était d’une taille moyenne, mais forte ; son front était large, ses sourcils épais ; son œil vif et bleu exprimait une résolution au-dessus de son âge, son teint hâlé annonçait la vigueur et la santé.

» Chausse les mules de ton père, dit la femme sur qui le blessé s’appuyait, puis nous le soutiendrons ensemble, et il essayera de marcher un peu. »

L’enfant obéit ; ses petites mains se faisaient câlines et allaient doucement, pour ne pas heurter les jambes affaiblies du corsaire. » Oh ! ces maudits Anglais, que je les hais ! s’écria-t-il à un gémissement du blessé ; si je pouvais leur rendre la blessure qu’ils vous ont faite, mon père !

— Patience, patience ! ils sont en ce moment les alliés de notre jeune roi ; cela nous oblige à suspendre nos haines ; mais l’heure reviendra où nous pourrons leur courir sus. »

Le regard du vieux corsaire s’enflamma.

» Mon père, dit le petit Jean, vous me conduirez avec vous !

— Oui, et si je ne peux t’y conduire, tu iras tout seul ; car vois-tu, mon fils, c’est une guerre de race, et les Bart, de père en fils, ont pourchassé ces chiens d’outre-mer. »

Le blessé porta la main à son flanc droit. Il avait pâli.

» Vous souffrez beaucoup ? lui dit sa femme alarmée.

— Cette balle anglaise est là comme un affront, répliqua Cornille Bart. Ah ! si je pouvais l’arracher !

— Vous me la donneriez, mon père, reprit l’enfant, et je vous assure qu’elle tuerait un de ces Anglais.

— Quel enragé ! dit le vieux marin qui faisait le service de la famille et qui venait de rentrer dans la chambre ; vous n’avez pas besoin de balles, jeune maître, pour les houspiller ; et ce matin votre bâton et vos poings vous ont suffi pour mettre en sang le petit John Brish.

— Qui est John Brish ? dit le blessé.

— Le fils de cet ancien bosseman anglais, notre voisin, reprit le matelot.

— Pourquoi l’as-tu battu, petit ? dit le père.

— Parce qu’il disait d’un ton goguenard que vous ne monteriez plus sur votre vaisseau pour donner chasse aux siens.

— Toujours des querelles ! murmura la mère effrayée.

— Quoi ! mère, vous ne m’approuvez pas ? Je bats les Anglais parce que les Anglais ont blessé mon père.

— Laissez faire votre fils, maîtresse, reprit le vieux matelot ; c’est un brave enfant, dont on parle déjà sur toute la côte ! Voyez-vous, c’est fier ce qu’il a fait il y a un an, ce petit homme-là, lorsqu’avec ces deux mousses de Hollande il s’en est allé bravement à travers la haute mer sur le canot qu’il vous avait pris. Le temps était calme d’abord ; mais au retour, le vent était d’aval, la bourrasque éclate, notre petit capitaine dirige la barque, il rame, il rame ; les mousses hollandais avaient peur, il leur fait honte et rentre triomphant dans le port.

[Illustration : Jean Bart et les deux mousses en pleine mer]

— Vous oubliez mon inquiétude, et vous l’encouragez dans ces folies, objecta la mère ; mon ami, poursuivit-elle en se tournant vers le malade, il faudrait réprimander Jean et lui défendre d’être toujours sur le port dans les agrès ou dans les mâts des vaisseaux. Il serait cependant bien temps qu’il apprît à lire.

— Je ne veux pas en faire un clerc, répondit le père, qui semblait se ranimer en entendant parler de l’audace de son fils. Il sera brave comme son grand-père Antoine Bart, qui est mort avec gloire sous le canon de l’Anglais.

— Mon grand-père est mort blessé par les Anglais ! s’écria le petit Jean Bart, pourpre de colère.

— Oui, mon enfant, lui aussi tué par eux ; mais du moins mort dans le combat, répliqua le malade en gémissant.

— Vous ne mourrez point, vous, mon ami, et vous pourrez encore vous venger de ceux qui vous ont blessé, » ajouta sa femme.

Cornille Bart secoua tristement la tête. » Que Dieu t’entende ! murmura-t-il ; je voudrais seulement pouvoir mener notre Jean en mer une fois contre l’ennemi, puis je mourrais content.

— Ce sera ! ce sera ! mon père, dit le petit Jean en se pendant au cou du blessé. Mais racontez-moi la mort de mon grand-père ; il y a longtemps, bien longtemps que vous m’avez promis cette histoire.

— Entends-tu le canon qui gronde ? dit Cornille Bart. Cet accompagnement convient à mon histoire. Écoute et souviens-toi toute ta vie qu’ils ont tué ton grand-père et qu’ils m’ont blessé, moi, peut-être à mort.

— Ma vie sera vouée à les exterminer ! s’écria Jean, les deux poings serrés ; parlez, parlez, vos paroles se graveront en moi comme ces boulets qui trouent en ce moment les murs des remparts. »

Le père se leva et dit : » J’aurai plus de force en parlant debout. »

La mère l’épiait, anxieuse.

» Maître, puis-je rester pour vous entendre ? dit le serviteur.

— Oui, mon vieux, va chercher ton chantier et ta galère ; vous travaillerez tous les trois en m’écoutant. »

Le matelot sortit, et après quelques instants il revint, tenant dans ses bras une petite galère en bois des îles, qui était un chef-d’œuvre d’exécution ; aucun détail n’avait été oublié ; elle était armée en guerre avec de petits canons de fonte ; il ne restait plus à poser que les cordages, les voiles et la tente d’honneur qui se dresse à l’arrière du navire.

» Maître, dit le vieux marin, j’attends toujours un peu de toile de Hollande pour mes voiles et un morceau de lampas pour mon tandelet. »

[Illustration : Jean Bart travaillant à une petite galère.]

Cornille Bart regarda sa femme. La ménagère s’approcha d’un bahut sculpté et en tira, comme à regret, les fragments d’étoffe demandés. » Voilà, dit-elle, je vais les tailler et les coudre moi-même, afin que rien n’en soit perdu. »

Elle prit ses grands ciseaux de fer, son dé et ses aiguilles, se plaça sur une chaise basse à dossier élevé ; puis, agile, elle ajusta de ses doigts les bandes de toile blanche et un carré de lampas pourpre et or.

» Moi, dit Jean, saisissant du gros fil écru, je vais tendre les cordages ; » et il s’agenouilla devant le vieux matelot qui soutenait la petite galère sur ses genoux et qui, délicatement, y posait quelques vis oubliées.

Cornille Bart, sans songer à sa blessure, se promenait à grands pas dans sa chambre. Il jeta un regard sur son auditoire, et, satisfait de son air attentif, il commença son récit, tandis que le canon des assiégeants continuait à gronder : » Mon père, Antoine Bart, ton grand-père, mon petit Jean, avait pour ami le fameux capitaine de navire Michel Jacobsen, surnommé le Renard de mer : c’était un grand, fier, bel homme, dont le peintre des rois, Rubens, avait fait le portrait.

— Oh ! ce portrait, je l’ai vu une fois, s’écria Jean, quand j’étais tout petit, et je m’en souviens bien. C’était un homme brun à grand visage, cheveux et moustaches noirs ; sa poitrine était couverte d’un corset d’acier, sur lequel était jetée une écharpe rouge. Dans la main droite il tenait le bâton de commandant, et l’autre main était appuyée sur un beau casque luisant. Puis dans le fond c’était des navires, bataille et flots remués par la tempête comme le jour où je suis allé en haute mer en compagnie des deux petits mousses de Rotterdam.

— C’est bien cela, mon enfant, reprit Cornille Bart, et puisque tu te souviens de ce portrait du Renard de la mer, c’est comme si tu te souvenais de l’avoir vu vivant. Donc le Renard de la mer et ton grand-père étaient comme frères. Un soir d’hiver, nous étions réunis ici dans cette même chambre, bien chaudement près d’un bon feu, fumant du tabac de Hollande et buvant de l’ale d’Angleterre. Un corsaire, ami de mon père, nous racontait ses courses lointaines et ses combats ; je l’écoutais comme tu m’écoutes ; tout à coup la porte s’ouvre, et le Renard de mer apparaît, enveloppé d’un long manteau goudronné, tout ruisselant d’eau ; il pleuvait à torrents et la mer était grosse. Sous son manteau, le Renard était armé en guerre.

» Antoine, dit-il à mon père, j’ai besoin de toi, de ton fils, de ton équipage et de ton brigantin.

» — Quand cela ? dit mon père.

» — À l’heure même, répondit le Renard, et pour aller en haute mer.

» — Nous allons, mon fils et moi, nous armer pour te suivre, » dit simplement mon père. Ce fut bientôt fait. Nous sortîmes tous les trois et nous nous rendîmes au port. La nuit était sombre. Onze heures sonnaient au carillon. Nous trouvâmes notre brigantin, l’Arondelle-de-Mer, avec tout son équipage à bord. C’était le vouloir de mon père ; il fallait que l’on fût prêt au départ à toute heure.

» Le bosseman leva l’ancre.

» Quand nous fûmes en pleine mer, le Renard fit apporter sur le pont des piques, des coutelas, des espontons, des haches d’armes, et dit à chacun de s’armer pour être prêt au point du jour pour n’importe quelle chance. Une fois armé, tout l’équipage se mit en prière. Nous naviguâmes ainsi toute la nuit, sous très-petites voiles, à cause de la bourrasque ; quand le jour parut, un mousse qui était en vedette au haut du grand mât de hune cria : » Je vois deux gros vaisseaux et un autre plus petit. » Le visage du Renard de mer s’empourpra d’orgueil : » Enfin ! enfin ! les voici ! » s’écria-t-il joyeusement. Alors seulement il apprit à mon père qu’il avait ordre d’attirer les croiseurs anglais loin du port, afin d’en laisser l’entrée libre à un convoi considérable qui nous arrivait du Nord et qu’on avait signalé dès la veille. » Mon vaisseau était en radoub, ajouta le Renard de mer, voilà pourquoi je t’ai demandé le tien, Antoine.

» — Oh ! merci, répliqua mon père ; ils vont avoir une danse, les trois Anglais !

» — Un contre trois ! reprit le Renard, ce sera rude ; il faut mettre le feu au ventre de nos gens pour qu’ils ne reculent pas. » Mon père et le Renard haranguèrent l’équipage. Tous jurèrent de mourir pour Dieu et pour le roi, et que l’ennemi n’aurait d’eux ni os ni chair vive. On fit apporter un tonneau d’eau-de-vie et on le distribua. Les gens de l’artillerie se barbouillèrent le visage avec de la poudre : on aurait dit des Africains.

— Et les trois vaisseaux des Anglais ? demanda le petit Jean Bart avec impatience.

— Ils arrivaient toujours sur nous, leurs voiles déployées. Mon père et le Renard ordonnèrent au pilote de virer de bord sur le plus proche vaisseau de l’ennemi. C’était un petit navire moins fort que notre brigantin ; nous lui donnâmes deux bordées dans la quille, et il fut coulé. Alors les deux grosses frégates anglaises firent sur notre pauvre Arondelle-de-Mer un feu si formidable, que la moitié de notre monde resta tué ou blessé. Mais aussi, mon fils, quelle gloire ! quelle défense ! seuls contre trois vaisseaux ! seuls nous en avions détruit un, et les deux autres nous approchaient à peine, tant nous combattions avec rage et furie aux cris de Vive le roi ! Nous brandissions nos piques, nous appelions les Anglais à grands cris : Abordez ! abordez donc ! »

Ici le pâle visage de Cornille Bart se colora tout à coup, sa voix s’altéra, et il s’appuya contre le mur tout chancelant. » Seigneur Dieu ! s’écria sa femme accourant, vous vous faites du mal en vous animant ainsi.

— Laissez-moi, laissez-moi, et silence, écoutez ! répliqua brusquement le conteur, tout à l’action de son souvenir. Les Anglais, défiés par nous, abordent de chaque côté du brigantin : ce fut une joyeuse et sanglante mêlée. Hache en main, coutelas au poing, on s’attaqua homme à homme. Les deux frégates avaient de quoi remplacer ceux qui tombaient, tandis qu’il ne restait plus des nôtres qu’un petit nombre debout, et encore étaient-ils tout saignants. Mon père avait reçu trois coups de pique, le Renard une arquebusade dans le corps. Le pont se couvrait de morts et d’agonisants, le canon ennemi éventrait notre brigantin. Le Renard s’approcha de mon père et lui dit sourdement : » Allons, Antoine, le feu aux poudres, et à la grâce de Dieu ! Il ne faut pas que ces hérétiques nous aient vivants. »

— Oh ! que cela est beau ! que cela est beau ! s’écria le petit Jean transporté et en embrassant son père, dont le visage devenait de plus en plus livide.

— Je vois encore, poursuivit le corsaire, le Renard de la mer, debout sur le pont, cramponné de tout son poids au capitaine anglais, qui nous avait abordé avec plus de cent des siens : » Feu ! feu ! » criait le Renard à mon père. L’explosion se fit : tout fut englouti…

» J’avais senti une épouvantable secousse. Puis je perdis tout sentiment. La fraîcheur de l’eau me fit revenir à moi, et je me trouvai suspendu à un débris. Je vis des Anglais qui dans leurs chaloupes allaient çà et là recueillant des naufragés. Je fus ramassé comme les autres ; mon père était mort ! Le Renard de la mer était mort ! De notre équipage, il restait deux hommes ! de notre brigantin quelques, planches ! Mais aussi des deux frégates anglaises il n’en restait plus qu’une désemparée ; l’autre avait coulé par l’explosion de notre brigantin. Pendant ce temps, le grand convoi qui arrivait du Nord entrait à Dunkerque, et j’allai prisonnier en Angleterre avec les deux matelots qu’on avait sauvés.

» Voilà, mon fils, ce qu’a été ton grand-père ! ce que j’ai été ! sois digne de nous. »

À ce dernier mot, un flot de sang jaillit de la bouche de Cornille Bart : » J’étouffe, dit-il faiblement ; oh ! c’est la balle anglaise ! » et il s’affaissa sans vie dans les bras de sa femme et de son enfant. » Mon père ! mon père ! s’écriait Jean, les Anglais aussi t’ont tué ! » Puis, se tournant vers sa mère : » Oh ! les Anglais ! ajouta-t-il avec une expression terrible, je les exterminerai un jour et j’en délivrerai la France. »

Six ans, après, Jean Bart faisait sa première croisière comme capitaine en second.