Encyclopédie méthodique/Physique/ÂGE DE LA LUNE

ÂGE DE LA LUNE. Par cette expreſſion on entend ordinairement, non le temps qui s’eſt écoulé depuis la formation de la lune, & qui ſeroit de ſix mille ans avant l’ère chrétienne, ainſi que pour les autres aſtres ; mais le nombre de jours écoulés depuis la dernière nouvelle lune. Trouver l’âge de la lune, c’eſt donc connoître le nombre de jours qui ont eu lieu depuis que la lune étoit nouvelle.

Pluſieurs auteurs donnent la méthode ſuivante qui eſt très-défectueuſe. « Pour trouver ce nombre de jours, dit-on, il faut ajouter enſemble trois choſes : 1o. l’épacte. (Voyez Épacte.) : 2o. le quantième du mois où l’on eſt : 3o. le nombre des mois écoulés depuis mars incluſivement, juſqu’au mois propoſé auſſi incluſivement. Si la ſomme de ces trois nombres n’excède pas 29, elle déſigne l’âge de la lune. Si elle excède ce nombre, on retranche de cette ſomme 29 jours pour les mois qui n’ont que 30 jours ; parce qu’alors le mois de la lune eſt de 29 jours ; mais on retranche 30 jours dans les mois qui ont 31 jours, le mois lunaire étant alors de 30 jours. Le reſte de cette ſouſtraction déſigne l’âge de la lune. »

Une des erreurs de cette méthode conſiſte à compter le mois de mars ; il ne faut compter, pour le troiſième nombre, que celui des mois écoulés depuis mars excluſivement juſqu’au mois propoſé. Une autre erreur eſt de ne pas dire qu’il ne faut point compter le mois de janvier, lorſqu’on veut ſavoir l’âge de la lune dans ce mois ; il ne faut pas non plus avoir égard au mois de mars, lorſqu’on cherche l’âge de la lune dans ce mois. Ainſi, pendant ces deux mois de l’année, il ſuffira d’ajouter enſemble deux des trois nombres précédens, ſavoir : l’épacte & le nombre de jours écoulés depuis le premier jour du mois courant, juſqu’au jour propoſé incluſivement. Lorſqu’on eſt en février, il faut ajouter ſeulement 1 à l’épacte & au quantième du mois : on ajoute cette unité en février, à cauſe des 31 jours de janvier.

La raiſon de ces opérations eſt que l’épacte d’une année marque l’âge de la lune avant le commencement de l’année, & que les mois de janvier & de février, pris enſemble, étant égaux à deux lunaiſons, l’âge de la lune ſera le même, ſoit le dernier jour de février, ſoit le dernier jour de l’année précédente. Si tous les mois lunaires étoient égaux aux mois ſolaires, il ſuffiroit, pour avoir l’âge de la lune, d’ajouter enſemble l’épacte & les jours du mois ; mais comme depuis le mois de mars, les mois ſolaires ſurpaſſent d’un jour les lunaires, il faut ajouter encore à ces deux nombres, autant d’unités qu’il y a de mois écoulés depuis le mois de mars.

On peut perfectionner cette méthode, ſelon M. Brivard ; 1o. en ne retranchant de la ſomme des trois nombres déſignés ci-deſſus, quand elle monte au moins juſqu’à 30, en ne ſouſtraiſant que 29 au lieu de 30, pour les mois pairs de la lune ; ces mois pairs ſont février, avril, juin, août, octobre & décembre, qui ne contiennent chacun que 29 jours lunaires, & qui répondent aux nombre pairs, 2, 4, 6, 8, 10 & 12 ; tandis que janvier, mars, mai, &c., ſont impairs, correſpondant aux chiffres 1, 3, 5, &c.

2o. En prenant plus exactement le nombre qui répond à celui des mois écoulés depuis le mois de mars ; & de la manière ſuivante :

0 1 0 1 2 3
janvier, février, mars, avril, mai, juin,
4 5 7 7 9 9
juil., août, ſeptemb., octob., novemb., décemb.

Si les nombres, qui ſont au-deſſus des mois de ſeptembre & de novembre, excèdent ceux des mois d’août & d’octobre de deux unités, c’eſt que ces deux derniers mois ſont chacun de deux jours plus longs que les mois lunaires qui leur ſont correſpondans ; au contraire, les nombres marqués ſur les mois d’octobre & de décembre ſont les mêmes que ceux de ſeptembre & de novembre, parce que ces deux derniers mois ſolaires n’excèdent pas les mois lunaires qui s’y terminent. Voyez le mot Calendrier.