Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Réunion

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RÉUNION, (subst. fem.) Le beau de reunion est le beau compose des plus belles parties qui se trouvent dans différens modèles choisis La nature ne rassemble jamais routes ses perfections dans un seul individu ; il faut donc que l’artiste les cherche dans plusieurs, & c’est par un tel choix que les Grecs se sont élevés à ce haut dégré de beauté qu’on admire dans leurs ouvrages & qui fait le désespoir des modernes. Zeuxis, pour faire une Hélene, choisit les plus belles filles de Cortone, & un entretien de Socrate avec le sculpteur Parrhasius, qui nous a été conservé par Xénophon, prouve que c’étoit la pratique générale des anciens.

De la réunion ou du choix doit résulter le beau, non-seulement dans chaque figure, mais dans toute la composition. L’article peut l’enrichir d’objets qu’il n’a pas vus ensemble, mais qu’il réunit pour décorer sa scêne.

Ce qu’on appelle une vue est la copie fidèle d’un paysage tel que le peintre l’a vu dans la nature : le paysage composé admet la beauté de ré mion ; l’auteur y rassemble des objets qu’il a vus séparément & dont il compose un tout.

Le beau de réunion n’oit pas encore le beau idéal. Pour s’élever à celui-ci il fauz ajouter aux belles parties choisies dans la nature un caractére plus grand encore ; il faut aggrandir les grandes formes en supprimant les petits détails qu’offrent les plus beaux modéles. C’est ce que Mengs entendoit, quand il a dit que « l’artifice de ce style consiste à favoir former une unité, en joignant dans un même objet les idées du possible & de l’impossible. »

Il faut que l’on trouve dans une figure idéale toutes les formes qui sont nécessaires au mouvement & à l’expression, afin que cette figure paroisse possible, c’est à dire capable de remplir remplir les fonctions auxquelles elle est destinée : mais il faut er. même temps qu’on n’y trouve pas les petites formes qu’on nomme les pauvretès de la nature, & dans ce sens, elle est impossible, puisqu’on ne peut en trouver de modèle. Si l’idéal s’éleve jusqu’à l’expression de la nature divine, privée des vaisseaux sanguins, la figure devient plus impossible encore ; mais elle doit toujours conserver les grandes parties nécessaires, ensorte qu’elle semble possible quoiqu’elle ne le soit pas en effet. (L)