Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Local

Panckoucke (1p. 478-479).
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LO

LOCAL, (adj.). Ce mot n’appartient à la langue de l’art, que lorsqu’il est joint au mot couleur. On appelle ordinairement couleur locale, ce qu’on nomme aussi couleur propre. Ces synonymes n’enrichissent point la langue : il vaudroit mieux appeller couleur propre celle qui appartient à l’objet, & couleur locale celle que prend l’objet, suivant le plan sur lequel il est placé. Ainsi, le rouge sera la couleur propre d’un objet rouge ; mais ce rouge dégradé par l’interposition d’une plus ou moins grande quantité d’air, sera la couleur locale de ce même objet placé, par exemple, sur le troisième ou le quatrième plan.

Cette dégradation qu’on observe dans la nature, est ce qu’on nomme la perspective aërienne. Elle n’a pas des règles fixes comme la perspective linéale, parce que la dégradation est plus ou moins rapide, suivant que l’air est plus ou moins chargé de vapeurs. Elle dépend aussi de l’organe de la vue. Un objet se dégrade de ton, & s’enveloppe de vapeurs plus promptement pour un spectateur qui a la vue courte, que pour celui qui distingue aisément les objets éloignés. Cette dégradation est aussi différente suivant les différentes heures du jour. L’air, par exemple, est plus vaporeux le matin que le soir. Comme l’artiste peut supposer des accidens de lumières & d’ombres, il peut aussi supposer des accidens de vapeurs, qui influeront sur la couleur locale de son tableau. Il y a même des circonstances où l’on doit supposer qu’il s’élève dans l’air de la poussière qui enveloppe les objets médiocrement éloignés du premier plan. (L.)