Encyclopédie méthodique/Beaux-Arts/Défaut

Panckoucke (1p. 182).

DÉFAUT. (subst. masc.) Cet article n’est pas consacré à l’énumération de tous les défauts qui peuvent souiller les ouvrages de l’art : il seroit trop long, & il sera court.

Si le jeune artiste se pique d’excuser les défauts qu’on reprendra dans ses ouvrages, il lui sera facile de trouver des autorités. Il n’y a eu aucun maître, quelque grand qu’il ait été, il n’y a même eu aucun ouvrage de l’art, en particulier, qui n’ait eu des défauts ; & il n’y a aucun défaut qui ne se puisse trouver dans quelqu’ouvrage de l’art, qui d’ailleurs mérite de l’estime. Mais si le jeune artiste veut autoriser en lui la sécheresse du pinceau par l’exemple d’un grand maître, la froideur de l’expression par celui d’un autre, l’incorrection du dessin par celui d’un troisième, on pourra lui accorder qu’il possède en effet les parties repréhensibles de ces grands maîtres ; mais on pourra lui prédire qu’il n’aura jamais les grandes qualités sur lesquelles est fondée leur réputation.

Mais quand un ouvrage a de grandes beautés on pourra dire à l’artiste jaloux, à l’amateur orgueilleux qui tentent de le dégrader, parce qu’ils y découvrent des défauts, que leurs observations marquent bien moins la sagacité de leur goût que la malignité de leur cœur, puisqu’ils admirent des ouvrages d’artistes qui ne sont plus, quoiqu’ils offrent les mêmes défauts, & quelquefois des défauts plus grands encore.

Une dernière réflexion, c’est que les artistes modernes s’appliquent à-peu-près également aux différentes parties de l’art, que leur plus grand mal est peut-être de partager ainsi leurs facultés entre un trop grand nombre de qualités différentes, & qu’ils pêchent bien moins par la présence des grands défauts, que par l’absence des grandes beautés.

Il est un conseil, dit Reynolds en s’adressant aux artistes, que je voudrois vous donner. Tournez votre attention du côté des parties les plus sublimes de l’art. Si vous y parvenez, quoique vous ne puissiez les posséder toutes,


vous aurez du moins un rang parmi ceux qui occupent les premières places. Consolez-vous de ne pas posséder peut-être cent beautés inférieures, & de n’être pas des artistes parfaits. (Article de M. Levesque.)