Encyclopédie méthodique/Arts et métiers mécaniques/Couvreur

Panckoucke (2p. 58-73).

COUVREUR EN BATIMENS.
( Art du )

COUVREUR ; Ouvrier qui s’applique à couvrir le dessus des bâtimens.

De tout temps l’homme s’est vu dans la nécessité de chercher un abri contre les injures de l’air. La vie errante que menèrent presque toutes les familles dans les premiers siècles, & le défaut d’outils, les réduisirent à n’avoir d’autres retraites que les antres & les cavernes. Les premiers logemens ont été proportionnés aux circonstances locales que présentoit chaque climat, & relatifs aux lumières & au génie des différens peuples. Les bois offroient tant de facilités à l’homme pour se construire un logement, que l’on en aura profité d’abord dans ces temps reculés. Les roseaux, les herbes, les branches, les feuilles & les écorces des arbres, ont été les premiers matériaux dont on a fait usage. On a commencé par entrelacer grossièrement les branches des arbres ; on les a soutenues sous quelques perches, & l’on a recouvert ces premières cabanes de feuilles ou de gazon. Leur forme étoit sans doute circulaire : un trou, pratiqué à la pointe du toit, donnoit issue à la fumée du foyer, placé dans le milieu de la cabane. Ces bâtimens n’exigeoient ni grands apprêts, ni grandes connoissances.

On voit encore de nos jours dans différentes contrées des deux .Indes, quantité de cabanes construites aussi grossièrement que dans les premiers âges du monde. On voit dans les pays les plus septentrionaux, & par conséquent les plus froids, des cabanes entièrement construites avec des peaux & des os de chien de mer ou d’autres grands poissons.

Dans le nord de la Suède, les toits des maisons sont presque à plat : on se contente d’étendre sur les solives du plancher supérieur, & qui tiennent lieu de chevrons, de l’écorce de bouleau, dont la substance est presque incorruptible ; & on recouvre ces écorces d’une épaisseur de terre suffisante pour y pouvoir semer du gazon.

Au Pérou, & sur-tout à Lima, où il ne pleut jamais, les maisons sont terminées en terrasses, qui ne consistent que dans une claie très-serrée, sur laquelle on répand à une certaine épaisseur du sable fin ; cela suffit pour recevoir & absorber les rosées qui y sont journalières & très-abondantes.

L’art de couvrir les toits exige plus d’attention qu’on ne pense : il est bien essentiel, pour la conservation d’un bâtiment, que la couverture soit faite avec intelligence & entretenue avec soin : un semblable travail, entrepris & exécuté par un ouvrier infidèle ou mal habile, occasionneroit la ruine du bâtiment le plus solide, après l’avoir rendu inhabitable par sa négligence ou sa friponnerie, dont les premiers effets seroient la pourriture des charpentes & la dégradation des murailles.

Pour qu’un toit soit exactement recouvert, on doit exiger du couvreur que l’eau n’y puisse jamais pénétrer, soit par les noues, soit par les faîtières, ni qu’elle puisse s’insinuer dans les murs par les égouts.

Quand on termine par une terrasse un bâtiment voûté, on la recouvre avec des chapes de ciment, ou avec du plomb, ou avec de larges tablettes de pierre dure, dont on réunit les joints avec des mastics de différente espèce.

On couvre certains grands édifices avec du plomb, ou des lames de cuivre, ou avec de la tôle de fer.

Comme ces sortes d’ouvrages ne sont pas du ressort des couvreurs ordinaires, & que les terrasses & les couvertures où l’on emploie des métaux s’exécutent par d’autres ouvriers, nous nous dispenserons d’en parler ici, ne voulant maintenant nous occuper que de ce que nous appellons l’Art du Couvreur.

Mais avant d’entrer dans les détails des procédés propres aux différentes manières usitées de couvrir les bâtimens, nous allons rapporter encore, d’après l’ancienne Encyclopédie, quelques observations générales & préliminaires.

La couverture est la partie extérieure d’un bâtiment la plus élevée, qui défend toutes les intérieures des injures de l’air, & qui est soutenue de tout côté sur des bois appuyés d’un bout sur les murs de la maison, & de l’autre aux arc-boutés ou assemblés, soit ensemble, soit avec d’autres bois qui font partie de la charpente. On couvre les maisons ou de plomb, ou d’ardoise, ou de tuile, ou de bardeau, ou de chaume. Plus la matière est pesante, plus le toit doit être bas ; pour l’ardoise, on peut donner au toit une hauteur égale, à sa largeur. Pour la tuile, la hauteur n’en peut être que les deux tiers, ou tout au plus les trois quarts de la largeur. S’il y a des croupes ou boites de toit qui ne soient point bâtis en pignon, mais couvertes en penchant comme le reste du comble, il faut tenir ces croupes plus droites que les autres couvertures. Autrefois on ne faisoit que des couvertures droites, hautes, & n’ayant de chaque côté qu’une pente terminée en pointe au comble. Ces toits avoient des avantages, mais ils occasionnoient trop de dépense en tuile, en ardoise, en charpente, & ils renfermoient trop peu d’espace : on les a donc abandonnés pour les mansardres.

Quand on couvre de tuile, on place les chevrons à deux pieds ou seize pouces au plus de distance. Le millier de tuiles du grand moule, fait sept toises de couvert. Ces tuiles ont treize pouces de long, huit de large, & quatre pouces trois lignes de pureau ; on appelle de ce nom, la portion de tuile qui reste découverte quand elle est en place. La grandeur des tuiles du petit moule est communément de neuf à dix pouces de long, sur six de large, & trois pouces & demi de pureau. Les tuiles rondes, ou creuses, ou en S couchée, demandent un toit extrêmement plat. Il y a de l’ardoise de onze pouces de long, sur six à sept de large, & deux lignes d’épais ; c’est la carrée forte. La carrée fine à douze à treize pouces de large, sur une ligne d’épais. Le millier fait quatre toises de couverture, en lui donnant trois pouces & demi de pureau ; en la ménageant bien, elle peut former jusqu’à quatre toises & demie. Le bardeau, ou ces petits ais qu’on substitue à la tuile, ne charge pas les maisons ; on les appelle aissis ou aissantes. On les emploie communément aux hangards. Il faut qu’ils soient sans aubier. Si on en fait des toits de maison, il ne sera pas nécessaire que la charpente soit forte. Il n’y faudra pas épargner le clou, non plus qu’à l’ardoise. Il durera plus long-temps si on le peint à l’huile. A la campagne, on couvre de chaume ou de paille de seigle non battue au fleau ; après que les faites & sous-faites sont posés, on y attache avec des gros osiers ou des baguettes de coudrier, de grandes perches de chêne, à trois pieds de distance ; on lie ces perches avec de plus petites qu’on met en travers, & l’on applique là-dessus le chaume, ou la paille, qu’on fixe avec de bons liens. Plus ces liens sont serrés & le chaume pressé & égal, mieux la couverture est faite, Il y a des couvertures de jonc & de roseaux. Quelquefois on gâche la paille avec de la terre & du mortier.

On accroche la tuile à la latte ; on y cloue l’ardoise après l’avoir percée d’un coup de marteau ; c’est pour cela qu’on remarque à la tuile une encrénure en dessous. Le pureau est plus grand ou plus petit, selon la distance des lattes. Voilà en quoi consiste tout l’ouvrage du couvreur, qui demande plus de hardiesse & de probité que d’adresse. La latte est attachée sur les chevrons.

Comme il est quelquefois difficile de vérifier l’ouvrage du couvreur, il n’a pas de peine à tromper ; il peut compter plus de tuile ou d’ardoise qu’il n’en emploie ; il peut employer de mauvaise latte & de la tuile mal façonnée ; il peut disposer la neuve de manière qu’elle soit mêlée avec la vielle, où qu’elle lui serve de cadre. Il n’y a que la stipulation avant que l’ouvrage commence, & un examen attentif après que l’ouvrage est achevé, qui puisse mettre à couvert de la tromperie.

Le toiser de la couverture n’a rien de difficile, les dimensions étant données ; mais il est quelquefois dangereux de les prendre sur le toit. Quand on les a, il faut supposer la couverture plane, & ajouter au produit pour le battellement un pied carré ; pour la pente, un pied carré ; pour le posement de goutière, un pied earré ; pour une vue de faîture, six pied ; pour un œil de bœuf commun, dix-huit pieds, pour les lucarnes, demi-toise ou une toise, selon leur forme.

Il n’est pas difficile de savoir ce qu’il doit entrer d’ardoises ou de tuiles dans une couverture, les dimensions de l’ardoise étant données, l’étendue, de la couverture, & la quantité de pureau ; ce qu’on a toujours.

On appelle couverture à la mi-voie, celle où l’on a tenu les tuiles moins serrées que dans la couverture ordinaire. Cette manière de couvrir convient à tous les ateliers où il faut ménager une issue à la fumée, ou à des vapeurs incommodes ou nuisibles.

On fait les couvertures des bâtimens comme on vient de le dire, avec différentes matières ; 1°, avec du chaume ou du roseau ; 2°. aveç du bardeau, qui est fait de merrain ou de douves de vieilles futailles ; 3°. avec de la tuile, qui est une terre cuite ; 4°. avec de l'ardoise, pierre feuilletée que l’on tire de quelques carrières particulières. ; 5°. avec certaines pierres plates qu’on appelle laves, & qui se trouvent dans certains cantons ; 6°, avec de la tourbe ; 7°. avec des planches ; 8°. avec des lames de métal ; 9°. enfin, avec de la terre, avec du ciment, avec toutes matières qui peuvent arrêter la pluie. Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T02.djvu/69 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T02.djvu/70 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T02.djvu/71 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T02.djvu/72 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T02.djvu/73 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T02.djvu/74 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T02.djvu/75 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T02.djvu/76 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T02.djvu/77 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T02.djvu/78

Fig. 26, couverture d’inégale largeur, dont les rangs d’ardoises sont pourtant parallèles au faîte.

Fig. 27, faîtage en ardoises.

Fig. 28, couvreur qui monte à la corde nouée. A, sellette sur laquelle il est assis. B, étrier dont il se sert pour monter.

Fig. 29, couvreur qui monte jusqu’à la pointe de la flèche d’un clocher. Il passe d’abord une grosse corde nouée par les lucarnes A, qui sont faites ausi haut que la charpente a pu le permettre. Parvenu sans difficulté à cette hauteur pour s’élever jusqu’à l’amortissement qui est à la pointe, il a une corde, nouée, légère, & de bon chanvre B, la tenant de la main droite comme on voit en C, & portant le bras droit en avant comme en D, il enveloppe la pointe de la flèche avec, cette corde le plus haut qu’il peut, comme vers E ; il attrappe le bout de cette corde avec une latte, & il lie la partie C avec la partie E, le plus serré qu’il lui est possible ; il se transporte ensuite sur cette petite corde, & il s’élève le plus qu’il peut ; il prend l’autre bout F de cette même corde, & la jettant plus haut, il gagne peu à peu l’amortissement ; alors il attache sa grosse corde nouée avec une anle de corde D A, fig. 30, & une cheville de bois dur B qu’il passe dedans ; quand il a fait ía réparation, il descend fur cette grosse corde jusqu’à la hauteur des lucarnes A, fig. 19, & quand il s’est établi sur la corde nouée qui passe par les lucarnes, il tire la ficelle, fig. 30, C, qui répond à la cheville B ; & ayant dégagé cette cheville de l’anse de corde où il l’avoit passée, la corde nouée tombe d’elle-même.

Fig. 31, chaise renversée & attachée au haut d’une échelle servant à réparer les égouts.

VOCABULAIRE des Termes usités dans l’Art du Couvreur.

Accoinçons ; parties de charpente qu’on ajoute à un toit quand il est plus large à un bout qu’à l’autre.

Aiguille ou Poinçon du toit ; c’est la partie qui s’élève de huit à neuf pouces au dessus du toit.

Aile de mouche ; sorte de clou pour attacher la latte.

Aissantes, aissis ou bardeaux ; c’est le nom que les couvreurs donnent à de très-petits ais faits de douves, ou d’autres bouts de planches minces dont on couvre les chaumières à la campagne. Cette couverture est légère. On s’en sert aussi pour les hangards, sur-tout quand la tuile est rare. Il faut que les aissantes soient sans aubier, sans quoi elles se pourriroíent, Elles demandent beaucoup de clous. Il ne seroit pas mal de les peindre. On regagne toutes ces petites dépenses sur la grosse charpente gui peut être moins forte.

Approches & contre-approches ; nom que les couvreurs donnent aux tuiles dont ils diminuent la largeur en s’approchant des bords ou arrêtiers du toit.

Ardoise ; sorte de pierre qui se divise par feuillets minces, dont on couvre les toits.

Arrêtiers ; ce sont les angles saillants qui bordent les coupes du toit par deux arrêtes.

Asseau, Assette ou Hachette ; outil de couvreur : c’est une sorte de marteau dont la tête courbée en portion de cercle, porte d’un côté un tranchant pour couper les lattes, de l’autre une surface plate pour frapper les clous ; on se sert de cet outil pour latter.

Auge ; espèce de caisse de bois qui sert à porter le mortier & à gâcher le plâtre. L’auge des couvreurs est à peu près comme celle des maçons, à l’exception qu’elle est beaucoup plus petite.

Bardeaux ; petits morceaux de merrain débité en lattes, de dix à douze pouces de long sur six à sept de large, dont on se sert pour couvrir des bâtimens peu considérables. Si ces lattes sont faites de douves de vieilles futailles, on les appelle aussi des bardeaux.

Bordure ; c’est dans les couvertures de chaume, les javelles garnies de leur lien de paille, ou liées avec des harts, qu’on met sur les bords du bâtiment.

Bouloir ou Rabot ; perche à l’extrémité de laquelle on met une tête ou morceau de bois rond, pour remuer & bouler la chaux avec le ciment.

Bouriquets ou Chats ; espèce de chevalets légers, sur lesquels le couvreur met l’ardoise pour l’avoir à portée de lui.

Brandir les chevrons ; c’est les affermir.

Brocher ; c’est mettre de la tuile en pile sur des lattes, entre le chevrons.

Cabanes ; petits bâtimens grossiers.

Chanlatte ; madrier refendu diagonalement d’une arrête à l’autre, qui sert à former les égouts pendants.

Chaperon ; petit toit qu’on met sur un mur pour empêcher que l’eau ne le pénètre.

Chats ou Bouriquets ; nom d’une sorte de petits chevalets à l’usage des couvreurs.

Chaume ; c’est le pied de la paille qui reste sur le champ après la moisson.

Chevaler les chevrons, c’est les croiser.

Chevalets ; espèces de consoles faites avec des planches légères, que les couvreurs attachent avec des cordes aux bois de la charpente, & sur lesquelles ils s’échaffaudent.

Les couvreurs donnent le même nom à des paquets de paille qu’ils mettent sous leurs échelles, en travaillant aux combles, & sur-tout à ceux en ardoise.

Claire-voie ; (couvrir à) c’est laisser d’une tuile a l’autre la distance du tiers de la largeur de la tuile.

Contre-Lattes ; ce sont des lattes quarrées, qu’on cloue sur la latte parallèlement aux chevrons.

Contre-Lattoir ; cet outil est de fer ; il est long d’un pied ou environ, sur quatre a cinq lignes en carré, terminé d’un bout par un crochet qui sert à tirer la latte, & traversé de l’autre par une cheville qui lui tient lieu de poignée.

Corde nouée ; grosse corde avec des nœuds qui arrêtent les crochets des étriers & de la sellette.

Coussinet ; rouleau de paille nattée, que les couvreurs attachent sous les pieds de leurs échelles, pour les empêcher de glisser ; ces échelles en sont appellées échelles à coussinet.

Couverture ; ce terme s’entend, soit de la matière, soit de la manière dont on couvre un bâtiment.

Couverture à la mi-voie ; celle où l’on laisse du jour entre les tuiles.

Couvreur ; ouvrier à qui il est permis de couvrir les maisons, en qualité de membre de la communauté de ce nom.

Coyaux ; petits bouts de chevrons qu’on cloue sur les chevrons qui posent sur l’entablement, pour porter le toit en dehors.

Crochets ou nez des tuiles ; petite éminence de terre cuite, qu’on ménage aux tuiles plates pour les accrocher à la latte.

Cuivre ; (lames de) avec lesquelles on couvre certains édifices publics.

Défense ; c’est une corde à laquelle les couvreurs s’attachent lorsqu’ils vont sur quelque toit où il y a du danger : il se dit aussi d’une corde au bout de laquelle ils suspendent une latte, & la laissent pendre de dessus les toits pour avertir les passans dans la rue qu’ils travaillent sur la maison.

Dépecées ; (tuiles) on appelle ainsi des tuiles échancrées.

Doublis ; rang de tuiles qui s’accrochent au cours de lattes immédiatement au dessus de la chanlatte.

Échaffauds des couvreurs ; ce sont des espèces de consoles ou des chevalets de pieds qu’ils attachent avec des cordages à la charpente du toit.

Échelle à coussinet. Voyez Coussinet.

Échandole ; petit ais de merraín dont on couvre les maisons en différens lieux de France.

Égout ; c’est le bord inférieur du toit où se rend l’eau de pluie. On fait des égouts en chaume, en tuile, en ardoise.

Enclume des couvreurs ; celle sur laquelle ils taillent l’ardoise, est faite en forme de T, dont la branche de dessous est un peu cintrée sur le champ, & pointue.

Enfaiteau ; tuile creuse plus large & plus évasée a un bout que par l’autre ; qu’on nomme aussi, à cause de sa forme, oreille de chat.

Esseau, petit ais qu’on emploie dans la couverture des toits.

Étriers & Jambiers ; l’êtrier est de cuir, & composé de deux jambiers, dont une partie passe sous la plante du pied, & que le couvreur attache à la jambe par deux jarretières ; les jambiers se réunissent à un crochet de fer qu’on arrête aux nœuds de la corde.

Faîte ; c’est l’arrête où se réunissent en haut les deux toits.

Faîtière ; c’est ainsi qu’on appelle des tuiles cintrées dont on fait le faîtage des combles : on les scelle en plâtre en forme de crête de coq. On s’en sert aussi sur les combles couverts en ardoises, lorsqu’on ne veut pas faire la dépense de faîtage de plomb.

Fenêtre ; ouverture qu’on fait dans le pignon d’un toit de chaume pour tenir lieu de lucarne.

Filet ; c’est le plâtre qui se met au haut du coftíble qui porte contre un mur, comme les appentis.

Fouet ; corde nouée légère, dont le couvreur se sert pour monter aux clochers.

Gironnées ; (tuiles) qui sont plus étroites par un bout que par l’autre.

Glaïeul ; plante marécageuse employée quelquefois au lieu de chaume à couvrir les toits.

Gouttières ; creux qui se forment sur un toit de chaume, causés par l’écoulement des eaux.

Hachotte ; outil pour tailler la lave dont on se fert en certains endroits pour faire des couvertures.

Hart ; jeune branche d’osier & d’arbre encore verte, qu’on tord sur elle-même, & qui sert à faire des liens assez forts & de bonne durée.

Jambiers. Voyez Étriers.

Javelle, botte de chaume faite avec des brins arrangés parallèlement les uns aux autres. Les javelles faîtières doivent être plus grandes que les autres.

Javeler ; ou couvrir de chaume.

Lastrico ; sorte de couverture connue à Naples, avec un ciment fait de chaux & de pouzzolane.

Lattes ; petites pièces de bois dont se servent les couvreurs pour mettre sous les tuiles, afin de les tenir sur la charpente des combles des maisons.

Latte carrée doit être de cœur de bois de chênes sans aubier ; les couvreurs s’en servent pour la tuile ; elle doit porter sur quatre chevrons & être attachée avec quatre clous : c’est ce qu’on appelle des quatre à la latte.

Contre-latte est une latte de même qu’on met au milieu de l’espace d’un chevron à un autre, & qui est attachée avec un clou de deux en deux aux lattes.

Laves ; pierres plates & minces, dont on se sert dans plusieurs provinces pour couvrir les bâtimens.

Liaisonner les lattes ; c’est les clouer de façon qu’elles n’aboutissent pas toutes sur le même chevron.

Lignolet ; (couvrir en) c’est couvrir les faîtes tout-à-fait en ardoise.

Manteau ; faire un manteau à un toit de chaume, c’est mettre sur toute la couverture une couche de chaume neuf.

Marteau à ardoise ; il sert à tailler l’ardoise, & à la percer ou piquer pour faire les trous des clous.

Martelet ; petit marteau avec un long manche de bois, qui sert aux couvreurs pour tailler la tuile.

Masse ; sorte de plante marécageuse employée dans certains pays, au lieu de chaume ou de roseaux, pour faire des couvertures ; mais elle n’est pas auffi bonne.

Merrain ; morceaux de bois de chêne fendu, & approprié en parties régulières.

Monter la tuile ; en terme de couvreur, c’est jetter trois tuiles couchées l’une sur l’autre à un compagnon monté sur une échelle, le dos appuyé contre les échelons, qui les reçoit & les donne à un troisième plus élevé de trois ou quatre échelons, & ce troisième à un quatrième ou au couvreur qui doit brocher la tuile sur le toit.

Nez ou Crochet de la tuile ; c’est la petite éminence qui sert à l’accrocher aux lattes.

Nicoteux ; morceaux d’une tuile fendue en quatre, dont les couvreurs se servent aux solins & vuilées.

Nolets ; tuiles creuses formant des canaux pour couvrir les lucarnes & égouter les eaux. Félibien dit que ces nolets sont aussi les noues ou enfoncemens de deux combles qui se rencontrent.

Noue ; c’est l’angle formé par la rencontre de deux toits qui se jettent l’un sur l’autre, & forment une goutièrre.

Nouette ; tuile bordée d’une arrête qu’on emploie dans plusieurs pays.

Noulet ; pièce de charpente qui forme le fond de la noue.

Oiseau ; petite auge dans laquelle on porte le mortier.

Orgnes ; javelles de chaume placées horinzontalement l’une à côté de l’autre.

Pannes ; pièces de bois qui soutiennent les chevrons d’une couverture.

Pointes ; tuiles hachées dont on a retranché plus du tiers dans leur longueur.

Pureau ; c’est la partie apparente d’une javelle, d’une tuile, d’une ardoise, qui n’est pas recouverte par les supérieures, & qui couvre le rang de dessous.

Recherche de couverture ; c’est la réparation d’une couverture où l’on met quelques tuiles ou ardoises à la place de celles qui manquent, & la réfection des tuilées, solins, arrêtiers fit autres plâtres.

Remaniement à bout ; cela s’entend de l’ouvrage qu’on fait sur une couverture, lorsqu’on la découvre entièrement, qu’on la latte de neuf, & qu’on la recouvre de la même tuile, ou au défaut de l’ancienne, de nouvelle. Le remaniement se paie ordinairement à la toise quarrée de 36 pieds de superficie par toise.

Remplir ; c’est ajouter entre les lattes du bâtis un nouveau cours de lattes.

Renvers ; manière de faire les faîtes dans les couverts d’ardoise.

Rigoteaux ; tuiles fendues en travers, qu’on emploie aux solins.

Rivets ; c’est le bord du toit qui se termine à un pignon.

Roseau ; plante marécageuse qu’on emploie en certains pays, au lieu de chaume, pour faire des couvertures de bâtiment.

Rouleaux ; ce sont des poignées de paille longue, ou de paille nattée, dont les couvreurs garnissent leurs échelles.

Ruellée ; c’est, quand un toit aboutit à un mur plus élevé, le tranchis qu’on recouvre d’un filet d plâtre.

Solin de plâtre, ou Solement ; espèce de ravalement qu’on fait pour soutenir l’égoût d’un toit.

Sous-doublis ; rang de tuiles qu’on pose à plat pour former un égoût de mortier.

Subgronde : les couvreurs donnent le nom de subgronde aux faillies qu’ils font au bas des couvertures, pour rejetter les eaux pluviales loin du mur, & empêcher qu’elles ne l’endommagent.

Terrasse de bâtiment ; c’est la couverture d’un bâtiment en plate-forme. On la fait de plomb ou de dalles de pierre. Telles sont les terrasses du péristile du Louvre & de l’Observatoire. Celle-ci est pavée de pierres à fusil, à bain de mortier de ciment & de chaux.

Terre grasse, terre argilleuse employée en certains pays, pour faire des couvertes de bâtiment.

Tiercine ; pièce de tuile ou morceau de tuile fendue en longueur, St employée au battellement.

Tire-clou ; c’est un outil de fer plat & dentelé de deux côtés, en forme de crémaillère, pour tirer les clous qui attachent les ardoises. Le manche de cet outil est coudé carrément en dessus. Les couvreurs s’en servent avec beaucpup d’utilité ; car en passant cet outil entre deux ardoises, ses dents prennent & accrochent les clous, & en frappant du marteau sur le manche du tire-clou, les couvreurs attirent les clous à eux.

Tour de l’échelle ; les couvreurs appellent ainsi un espace entre deux masures, assez large pour y placer leurs échelles, afin d’en réparer les toits.

Tourbe ; motte de terre bitumineuse ; on emploie la tourbe dans ceítains pays, pour faire des couvertures de bâtiment.

Tranchis ; rang de tuiles qui termine un toit, en aboutissant sur un pignon ou sur un arrêtier.

Triquet ; c’est un petit chevalet que le couvreur attache avec des cordes aux chevrons de la charpente du toit.

Travée ; c’est un certain espace (comme de six toises quarrées) sur lequel on estime un ouvrage de couverture, ou de maçonnerie.

Tricosines ; tuiles fendues dans leur longueur.

Truelle ; le couvreur se sert de trois espèces de truelles, savoir ; 1°. la truelle brétée qui est triangulaire, & dont le manche s’élève perpendiculairement au milieu : elle sert à gratter le plâtre ; 2°. la truelle du plâtrier, qui est de cuivre & arrondie par le bout ; 3°. la truelle pour le mortier, qui est de fer & qui se termine en pointe.

Tuile ; carreau de terre cuite dont on fait les couvertures : il y en a de plates, de creuses, de gironnées.

Typhu ou Masse ; plante marécageuse dont on se sert en certains pays pour faire des couvertures de bâtiment.

Virbouquet ; cheville qui sert à arrêter la corde nouée à l’amortissement d’une flèche de clocher.

Volige ; nom qu’on donne à la latte d’ardoise qui est deux fois plus large que la quarrée. La latte volige a la même longueur & épaisseur que la quarrée.

Vues de Faîtières ; ouverture qu’on pratique sur les toits.