Encyclopédie méthodique/Arts et métiers mécaniques/Aiguillier

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AIGUILLIER

ou
fabrique de toutes les espèces d’aiguilles.

Aiguille, petit instrument d’acier trempé, délié, poli, & ordinairement pointu par un bout, & percé d’une ouverture longitudinale par l’autre bout.

Nous avons dit ordinairement, parce que l’aiguille ïïCeR pas toujours percée & pointue. En effet, entre les intrumens qui portent le nom d’aiguille, & ainsi appellés à cause de l’usage qu’on en fait, il y en a qui font pointus & non percés, d’autres qui font percés & non pointus, d'autres encore qui ne sont ni pointus, ni percés.

De toutes les manières d’attacher l’un à l’autre deux corps flexibles, celle qui se pratique avec l’aiguille est une des plus universellement répandues : aussi distingue-t-on un grand nombre d’aiguilles différentes. On a les aiguilles à coudre, ou de tailleur ; les aiguilles de chirurgie, d’artillerie, de bonnetier ou faiseur de bas au métier, d’horloger, de cirier, de drapier, de gainier, de perruquier, de coiffeuse, de faiseur de coiffe à perruques, de piqueur d’étuis, tabatières, & autres semblables ouvrages ; de sellier, d’ouvrier en foie, de brodeur, de tapissier, de chandellier, d’emballeur ; à matelas, à empointer, à tricoter, à enfiler, à presser, à brocher, à relier, à natter, à boussole ou aimantée, &c. &c.

Avant l’invention des aiguilles d’acier, on a dû se servir, à leur défaut, d'épines, ou d’arêtes de poissons, ou d’os d’animaux ; mais depuis l’établissement des sociétés, ce petit outil est devenu d’un usage indispensable dans une infinité d'arts & d’occasions.

Nous allons passer en revue les aiguilles de différentes espèces, & en donner un apperçu général. Nous décrirons, avec quelque détail, la fabrique des aiguilles ordinaires ; & nous renverrons la description des aiguilles propres à la chirurgie fic àcer «  tains arts, à leur article particulier. Aiguille de tailleur ou a coudre. Cette

  • aiguille s qui femble avoir donné fon nom à toutes

les autres fortes, fe fabrique de la manière fuivante. Ayez du bon acier ; faites pafler cet acier, réduit en fil, foit au charbon de terre, foit au charbon de bois, fuivant Fendroit de la fabrique. Mettez — le chaud fous le martinet pour lui oter fes angles j l’étirer y ou retendre ôc Tarrondir. Lorfqu’il fera fort étiré, & qu’il ne pourra plus foutenir le coup du martinet, continuez de Yctirer 5c de l’arrondir au niarteau. Ayez une filière à différens trpus ; faites pafTer ce fil par un des grands trous de la filière, & tr^^^le pour Fétendre 6( l’amincir* Ce premier tréfilage s’appelle déffojfi. Arts 6 » Métiers. Jbme / » Partie /.

Après le prenûer tréfilage ou dégrojpy donnez un fécond tréfilaee par un plus petit trou de la filière » après avoir uit chauffer le fil ; puis un troifième tréfilage par un troifième trou plus petit que la fécond.

Continuez ainfi jufqu’à ce que votre fil foit réduit, par ces tréfilages fucceffin, au degré de fineffa qu’exige la forte d aiguille que vous voulez fabriquer.

Il y a deux remarques à faire ; c’eft qu’il femble que la facilité du tréfilage demande un acier duâile & doux, & que Fufage de l’aigu’dle femble demander un acier fin, & par conféquent très-caflant. C’efl à l’ouvrier a choifir entre tous les aciers i celui oii ces deux qualités font combinées de manière que fon fil fe tire bien, & que les aiguilles puifTent avoir la pointe très* fine fans être caffante. Mais, comme il y a peu d’ouvriers en général qui entendent afTez bien leurs intérêts pour ne rien épargner quand il s’agit de rendre leur ouvrage —excellent, il n’y a guère d’aiguilliers qui ne difent que plus on cafTera d’aieuilles, plus ils en vendront ; & qui ne les fafifent de Facier le plus fin, d’autant plus qu’ils «  ont répandu le préjugé que les bonnes aiguilles dévoient caffer. Les bonnes aiguilles, cependant, ne doivent être ni molles, ni caSantes. On graiffe de lard le fil d’acier à chaque tréfilage, afin de le rendre moij^s revêche, & plus dQcile à pafTer par les trous de la filière. Lorfque Facier eft fuffifamment tréfilé ou dégroffi » on le coupe par brins à peu près d’égale longueur. Un ouvrier prend de ces brins autant qu’il en peut tenir les uns contre les autres, étendus & parallèles dans la main gauche.

Voyez planche I, cet ouvrier atguillier, nommé. le coupeur y fig » i, J). U eft aflls devant un banc. Ce banc eft armé d’un anneau fii^e à fon extrémité f c). Il eft échancré circulairement à fon extrén^ité M. L’anne » u de l’extrémité (c) reçoit le bout long de la branche d’une cifaille ou force~(i). A l’échancrure circulaire {b), eft ajufté un feau rond ; l’ouvrier tient l’autre branche de la cifaille de la main droite {a) «  & CQupe les brins de fil d’acier qui tombent dans le feau. Cet établi, ou banc du coMp^ur, eft repréfenté à part &ç plus en grand, même planche, fig, 14* ADC, la cifaille ; Ë, taffeau oui la fupporte. C, anneau qui retient la branche dormante DC. Et eft le feau.

Ces bouts de fil d’acier coupés, pafTent entre let mains d’un fécond ouvrier qui les palme, Palmer 1^ atfftUks, ç’eft les prendre quatre) Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T01.djvu/23 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T01.djvu/24 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T01.djvu/25 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T01.djvu/26 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T01.djvu/27 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T01.djvu/28 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T01.djvu/29 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T01.djvu/30 Page:Encyclopédie méthodique - Arts et métiers mécaniques, T01.djvu/31