Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Equitation/Position de l'homme à cheval

Panckoucke (1p. 239-271).

Position ut l’homme a cheval.

(La Guériniire).

Lagrace eft un fi grand ornement pour un cavalier, dit la Gttérinière’, &en même temps un (i grand acheminement ^la fcience, que touts ceux qui veulent devenir hommes de cheval, doivent avant toutes chofes, employer le temps néceilaire pour acquérir cette qualité. J’entends par grâce, un aipd’aifaiyce & de^liberté qu’il faut conferver dans une poftnre droite* & libre, foit pour fe tenir & s’affermir à cheval qiiand il le faut, foit pour fe relâcher à. propos, en gardant autant qu^on le peut, ’dans touts les mouvements que fait un cheval, ce jufie équilibre qui dépend du centre-poids du corps 140 P O 5 bien obfervé ; 8e que les mouTements du cavalier ibient fi fubtils » au’ils fervent plus à embellir fon aiSette qu’à paroitre aider (on cheval. Cette belle partie ayant été négligée, & la nonchalance jointe à un certain air de moUefle, ayant Aiccédé à l’at* tention qu^on avoit autrefois pour acquérir & pour conferver cette belle affiette, qui charme les yeux des fpeâateurs, & relève infiniment le mérite d*un beau cheval » il n*efi point étonnant que la cavalerie ait tant perdu de ion ancien luftre* Avant que de monter un cheval » il faut vifiter d^un coup-dœil tout fon équipage : cette attention ^ qui efi l’affaire d*un moment » eft abfolument néceffaire pour éviter les inconvénients qui peuvent arriver k ceux qui négligent ce petit loin. Il faut d*abord voir fi la fougorge n’efi point trop ferrée » ce oui empêcheroit b refpimtîon du cheval ; fi la muterole n*eft point trop lâche ; car il faut, au contraire, qu*elle ibit un peu ferrée, tant pour la propreté que pour empêcher certains chevaux d’ouvrir la bouche, & pour prévenir dans d’autres le défaut au*ils ont de mordre à la botte. Il faut enfuire voir n le mors n*eft point trop haut, ce qui feroit froncer les lèvres, ou trop bas, ce oui le feroit porter fur les crochets ; fi la felle n*eft point trop avant ; car outre le danger d’eftropier un cheval fur le garot, on lui empêcheroit le mouvement des épaules ; fi les fangles ne font point trop lâches, ce qui feroit tourner la felle ; ou fi elles ne font point tendues » d*oii il arrive fouvent de fâcheux accidents. Il y a, par exemple » certains chevaux qui s’enflent tellement le ventre par malice > en retenant leur haleine lorfqu*on veut les fangler » qu’à grande peine les fangles peuvent approcher des contre-fanglots ; il y en a d’autres qui, fi on. les monte dès qu’ils font fangles • ont la dangereufe habitude d*eflayer, en fautant, de caffer leurs fangles % & quelquefois même de fe reaverfer » Peur corriger ces défauts » on les tient fangles dans Técurie quelque temps avant de les monter, & on les &ic trotter en main quelques pas. Il faut « auffi voir fi le poitrail eft au*deflus de la)etature des épaules ; car s’il étoit trop bas, il en empêcheroit le mouvement ; & enfin fi la < ; rou|)ière efl d’une fufte mefure ; ni trop lâche, ce qui feroit tomber la felle en avant ; ni trop courte, ce qui écorcheroit le cheval fous la queue, & lui feroit faire des fauts & des ruades très-incommodes.

Après avoir fait ce petit examen, il faut’s’appro* cher^près de l’épaule gauche du cheval « non-feulement pour être à portée de monter facilement défais, mais pour éviter de recevoir un coup de Sied, foit avec la jambe de devant, fi on étoit visvis de i’encolure, foit avec celle de derrière, fi •n étoit placé vis-à-vis du ventre. Il faut enfuite « rendre le bout des rênes avec la main droite, pour voir fi elles ne font point à Tenven ni dé-Surnées ; & en ce eas, il faudroit les remettre fur leur plat, en tournant le touret du bas de la branche. U faut tenir la gauleb pointe ea^bas dan » POS

lamaingauche^Scdela même fllaln pfendre lel rênes un peu longues de peur d’accident, avec une poignée de crin prèsdu garot, & bien ferrer ces trois chofes. 11 faut enfuite avec la main droite prendre le bas de l’étrivière près de l’étricr, tourner rétrivièrc du côté du plat du cuir, enfuite on met le pied gauche à l’étrier, on porte la main droite fur l’arçon de derrière, on s’élève au-deffus de la felle, en paffant la jambe dtoite étendue jufqu’a la pointe du pied ; & enfin on entre dans la ielle en fe tenant le corps droit. Toute cette fuite d’aâion, qui eft plus longue à décrire qu’à exécuter, doit fe faire avec beaucoup de grâce, de prompritude & de légèreté, afin de ne pas tomber dans le cas de certains cavaliers, qui affeflent un air de fufiifance dans la pratique de cbofes qui, quand on les fait faire une fois, font très-faciles & très-fimples, mais néceffaîres.

Lorfqu’on eft en felle, il faut paffer la gaule dans la main droite/, la pointe en haut ; avec la même main, prendre le bout des rênes pour les tenir égales, enfuite les ajufter dans la main gauche, en les féparant avec le petit doigt de la même main, renfermer le bout des doigts dans le creux de la main, & étendre le pouce par-deffus les rênes, afin de les affurer & de les empêcher de couler de la main.

La main de la bride gouverne rayant-main. Elle doit être placée au-deffus du col du cheval, ni en dedans ni en dehors, à la hauteur du coude, deux doigts au-deffus, & plus avant que le pommeau de la (elle, afin qu’il n’empêche pas Teffet des rênes ; elle doit être par conlequent détachée du corps & éloignée de l’eftomac, avec les ongles un peu tournés en deffus, vis-à-vis du ventre, & le poignet un peu arrondi. Nous parlerons dans Farticle fuivant des effets de la main de la bride, laquelle mérite une explication particulière. La main droite doit être placée à la hauteur & près de la main gauche, quand on mène un cheval les rênes égales ; mais lorfau’on fe fert de la rêne droite pour le plier avec la main droite, il faut qu’elle foit plus baffe que la main gauche, & plus près de la bâte de la felle.

Immédiatement après avoir placé la main de la bride, il faut s’affeoir jufte dans le milieu de la felle, la ceinture & les feffès avancées, afin de n’être point aifis près de l’arçon de derrière ; il faut tenir fes reins plies & fermes, pour réfiftcr au mouvement du chevaL

M. le duc de Nevcaftle dit qu’un cavalier doit avoir deux parties mobiles & une immobile. Les premières font le corps jufqu’au défaut de la ceinture, & les jambes, depuis les genoux jnfqu’aux pieds ; l’autre eft depuis la ceinture jufqu’aux genoux. Suivant ce principe, les parties mobiles d’en-baut font la tête, les épaules oc les bras. La tête doit être placée droite & libre au-deffus des épaules, en regardant entre les oreilles du cheval ; les épaules doivent être aufli fort libres & un peu renverfées

PO s renverfées en arriére ; car fi la tète & les épaules étolent en avant ^ le derrière fottiroit du fond de la fcUe, ce qui, outre la. mauvaife grâce, ferôit aller un cheval fur les épaules, & lui donneroit occafion de ruer par le moindre mouvement. Les kras doivent être plies au coude, & joints au ^rps fans coatrainte, en tombant naturellement fiir les hanches.

A regard des jambes, ifui font les parties mo «  biles d*en-bas, elles fenrent à conduire & à tenir ea refpeâ le corps & rarrière-main du cheval ; leur vraie pofition eft d’être droites & libres du genou en bas, près du cheval fans le toucher, les cuiffiss & les îarrets tournés en dedans, afin que le plat de la cuifie foit pout ainfi dire collé le long ^uquartier de la feUe ; 11 fasir pourtant que les jam^hes foient afltirées, quotqne. libres, car fi elles ètoient iocenaînes, elles toucfaeroienc iace/Tamment le ventre ; ce qui tiendroit le cheval dans un continuel défordre ; fi elles, étoient trop éloignées, on ne feroitplusà temps d’aider ou de. châtier un cheval k propos, c*efl-à-dire, dans lé temps ^ull commet la faute ; fi elles éioient trop avan^ cées, on ne pourroît pas s*en’fervir pour le ventre, dont les aides font les jambes ; ii au contraire elles étoient trop en arriére, les aides viendroient dans les flancs, qui font une partie trop chatouille ufe & trop fenfible pour y appliquer les éperons^ & fi enfin les jambes étoient trop raccourcies, lorfqu’on peferoit fur les érriers, on ftroît hors de la felle. Le talon doit être un peu plus bas que la pointe do pied, mais pas^trop » parce que cela tiendroit la jambe rotde ; il— doit être tourné tant foit peu plus en dedans qu’en dehors, afin de pouvoir conduire l’éperon facilement & fans contrainte à la I partie du ventre, qui eft à quatre doigts derrière es fangles. La pointe du pied doit déborder i’étrier d’un pouce ou deux feulement, fuivant la largeur de la grille ; fi elle étoit trop en dehors, le talon le trouverolt trop près du ventre, & Téperon chalouilleroit cominuellement le poil ; fi au contraire 0ie étoit trop en dedans ^ alors le talon étant’trop M dehors, la jambe feroit eftropiée. A proprement parler, ce ne font point les jambes qu*il faut tourser à cheval, mais le haut de la cuifle ; c’efi-à-dire, la hanche, & alors les jambes ne font point trop tournées, & le font autant qu’elles le doivent être « uffi bien oiie le pied.

Il ne fuffic pas de favoir préciiement comme il faut fe placer à cheval, fuivanr les règles que nous Tenons de donner ; le plus difficile eft de conferver cette pofture lorfque le cheval eft en mouvesneilt ; c*eft pour cela qu*un habile maître a coUlume de faire beaucoup trotter les commençans, afin de Leur faire prendre le fond de la felle. Rien 9* « ftau-deflusdu trot pour donner de la fermeté à lin cavalier. On fe trouve à fon aife après cet’ oxeitice dans les autres allures, qui font moins nides. La méthode de trotter cinq ou fix mois ^ns étriQr& eft encore excellente ^^ par-là aéçeffàrrement les jambes tombent près du cheval, & un cavalier prend de l’afliettc & de l’équilibre. Une erreur dans laquelle on tombe trop ordinairement, c’eft de donner des fauteurs aux commençans, avant qu’ils aient attrappé au trot cet équilibre, qui eft.au-deflus de la force des jarrets, pour febien tenir à cheval. Ceux qui ont l’ambition de monter trop tôt des fauteurs, prennent la mauvaife habitude de fe tenir avec les’tâloiis ; & au fortir de l’académie, ils ne laiflent pas, avec leur prétendue fermeté, de fe trouver très-embarrafles fur de jeunes chevaux. Ceft en allant par degrés ^u’on acquiert cette fermeté, qui doit venir de 1 équilibre, & non de ces jarrets de fer, qu’il faut laiâer aux cafTecous des maquignons. Il faut pourtant dsina de certaines occafions, fe fervir de fes jarrets,’& même vigoureufemem, fur-tout dan$’ des contre-temps qui font fi rudes & fi fubits, qu’on ne peut s’empêcher de perdre fon affiette ; mais il faut fe remettre en felle, & fe relâcher d’abord’ après, la, bourafque, autrement le cheval recom* menceroit à fé défendre de plus belle. Dans lirtc école bien réglée, on devroît, après le trot, mettre, un cavalier au piaffer dans les piliers ; il apprendroit dans cette occafion, qui eft très-aifée, a fe tenir de bonne grâce. Après le piaf* fer, il faudroit un cheval qui allât à demi-courbette ; enfuite un à courbette ; un autreàballotade ou à croupade ; & enfin un à cabriole. Infenfihiement & fans s’en appercevoir, un cavalier prendroit avec le temps l’habitude de fe tenir terme & droit, fans être roide ni gêné ; il deviendroit libre & aifé fans mollefte ni nonchalance ; & fur tout ne feroit jamais penché ; ce qui eft le plus grand de touts les défauts ; parce que les chevaux fenfibles vont bien ou mal, fuivant que le contre-poids du corps eft régulièrement obfervéou non.

T H i O R I K. ( DUPATY).

Le but de réouitation eft l’ufage du cheval. Cet ufaee, qui doit être auffi facile à l’homme que celui de les propres membres, s’ils font fains & bien conformés 9 ne p<ïut exifter fans l’aâion & la réaâioa réciproques des deux individus l’un fur l’autre ; autrement il feroit iiÂpoffible qu’il y cm communica-. tio.n de mouvement.

L’homme, par le moyen de fes membres, com «  me par autant d’inftruments, agit fur le cheval, 1 ebhinle & le dirige. Le cheval, en déployant fes membres pour obéir, réagit fur l’homme, l’ébranlé & le met ep mouvement par l’eflet du tran(port. Le changement dans la pofture de l’homme eft fentt par Je cheval, & les mouvements du cheval font refientis par.l’homme. Cette réciprocité de feofatioo eft le réfultat de ï.zRïon & de la réaflion. , L’aâion de l’homme fur le cheval, & la réac^ tion du cheval fur l’homme, font fubordonnées à cenains principes, à certaines caufes qui fe trou-i . yoAt dans Tun 6c dum l’autre » mais qu’on ne doî ; HU pas laisser développer par le hasard, si on desire exécuter avec justesse. La première loi de cette justesse est l’union intime des deux individus ; union qui exige, de la part du cavalier, une position & des actions convenables, & de la part de l’animal, une subordination sans bornes, une obéissance prompte & aveugle, du moins autant que les loix de sa construction ne sont pas violées.

Comme la construction d’une machine quelconque doit être déterminée sur l’usage qu’on veut en faire, de même la position de l’homme se réglera sur l’emploi de ses membres à cheval. Le corps humain est destiné à donner un mouvement au cheval, en composant les forces de différents membres de manière qu’il s’ensuive, de la part de l’homme, une direction fixe, & de la part du cheval, une vitesse connue ; car l’équitation résulte d’une quantité de puissances composées ensemble. Ce sera donc relativement à ce but, que nous poserons le corps de l’homme sur le cheval.

Principes de la bonne position de l’homme sur le cheval.

En consultant les propriétés des deux individus relativement à leurs mouvements & à leurs facultés méchaniques, nous voyons que l’homme ne peut communiquer au cheval un mouvement dont il soit le principe jusqu’à un certain point, s’il ne se prête à la combinaison naturelle des mouvements du cheval ; car il doit exister dans l’équitation un ordre général qui subordonne toutes les parties de l’homme & du cheval à une détermination commune.

L’action de l’homme sur le cheval passe de la circonférence au centre du cheval.

La réaction du cheval sur l’homme part du centre du cheval, & se communique à l’homme à proportion que ses membres sont plus près du cheval ; car plus on est près, & plus la réaction se fait sentir.

La réaction de l’animal commence aussitôt que le mouvement lui est donné, & dans un degré proportionnel à ce mouvement.

L’animal en réagissant cherche à reprendre sa disposition première, puisqu’il est élastique ; si l’homme n’exerce pas une action continue, l’animai ne lui sera subordonné qu’un instant, & ensuite il se livrera à touts ses caprices.

Il faut donc que le corps humain soit disposé & agisse de telle sorte, que la réaction du cheval ne le dérange pas, & même tende à le disposer à agir dans un sens déterminé, ou du moins ne détruise pas le principe de la position ; & que le mouvement étant une fois donné, se perpétue tant que l’homme le veut, & que les forces de l’animal le permettent ; par là il y aura une quantité de mouvements que l’homme & le cheval se renverront l’un à l’autre tant que subsistera le principe de ce mouvement.

La portion de mouvement que l’homme commihique au cheval, est proportionnelle à la quantité de forces que l’homme emploie : bien entendu que ces forces sont relatives à l’état de l’animal.

La quantité de mouvements rendue par le cheval, est proportionnelle à la cause première & à l’élasticite de l’homme : observant que la roideur de l’homme est plus susceptible de réaction que le liant & la souplesse.

Tout mouvement qui ne rencontre pas Je corps de l’homme n’est point répercuté ; & la répercussion ne se fait que dans la direction de la force motrice.

L’homme & le cheval seroient bientôt séparés, si les deux individus ne se fixoient à un degré commun de mouvement, la quantité & la qualité de leurs actions faisant contre-poids l’une à l’autre.

Si le degré de mouvement ne devenoit pas commun, le corps le plus en mouvement s’écarteroit de l’autre, & le système n’auroit plus lieu.

L’homme agit sur l’appui qu’il a sur le cheval, en raison de sa pesanteur propre ; mais cette sorte d’action peut être augmentée par la direction de cette force.

L’animal doit toujours être en état de recevoir sans peine & sans inconvénient le résultat des forces de l’homme ; & il doit obéir sans être contraint par la violence. C’est ce qu’on doit desirer.

Ce petit nombre de propositions nous fait voir les conditions que doit avoir la position de l’homme à cheval pour être bonne. Elle doit porter le mouvement primitif au point central du cheval ; elle ne doit point être dérangée par la réaction, soit que le cheval rue, soit qu’il se cabre, ou se jette de côté ; elle doit être, pour ainsi dire, le foyer d’une action continue, & capable de fournir le plus grand principe de mouvement ; maintenir sans cesse l’homme en état de résister à l’ébranlement du cheval, & donner à touts les membres de l’homme la plus grande facilité d’agir.

L’homme ne peut porter tout le mouvement possible au point central du cheval, s’il n’est posé sur ce point central ; & il ne peut être dit posé dessus, si la direction de la puissance de son corps n’est un axe d’équilibre du point central de l’animal ; il ne peut résister à la réaction du cheval, si la ligne de direction de son centre de gravité ne rencontre la ligne de direction du centre de gravité du cheval ; enfin ils ne peuvent avoir une direction commune, si leurs forces ne se composent de manière que leur résultante soit dirigée vers le but desiré.

Expliquons ceci, & détaillons nos principes.

Des centres de gravité de l’homme & du cheval, & de leur position l’un sur l’autre.

Le cheval mis en équilibre selon les principes que nous exposerons dans la suite, a un centre de gravité où toute sa pesanteur & toutes ses forces sont supposées réunies. Ce point, invariablement le même, tend à décrire une verticale. C’est sur ce point que l’homme doit se placer ; c’est à ce point que toutes les actions de l’homme doivent aboutir, par la raison bien claire que s’il les appliquoit à un autre point, il ne remueroit qu’une partie du cheval, toutes les forces de l’animal n’étant pas indifféremment dans touts les points de son corps.

Comme touts les corps ont un centre de gravité, l’homme aussi a le sien qui, de même que celui du cheval, décrit ou tend a décrire une ligne perpendiculaire.

Ce sont ces deux lignes qu’il s’agit de poser l’une sur l’autre, mais de manière qu’on ne confonde pas la direction du centre de gravité de l’homme, avec la puissance de son corps ; car le corps humain n’agit pas seulement par son poids bien disposé, mais encore par le travail de les muscles qui excitent des sensations dans le cheval. D’un même point on peut tirer plusieurs rayons ; il n’y a que la seule perpendiculaire à l’horison qui soit la direction du centre de gravité. Cette direction doit être invariable dans touts les mouvements de l’homme tant qu’il est uni au cheval ; mais la puissance du corps de l’homme peut varier.

De la puissance du corps de l’homme sur le cheval & de sa direction.

La puissance de l’homme est cette propriété de son corps par laquelle il détermine le cheval, dont l’action est le résultat des forces de l’homme. Afin de faire connoitre plus particulièrement cette puissance, cherchons à la composer avec la direction du centre de gravité du cheval, pour en former une résultante.

Deux puissances différentes ne peuvent se composer si elles ne forment un angle, en sorte qu’elles soient obliques l’une à l’autre : si elles étoient perpendiculaires l’une sur l’autre, elles ne seroient plus deux puissances ; ce n’en seroit qu’une qui auroit la valeur des deux réunies. Ainsi si l’action de l’homme étoit dirigée perpendiculairement sur le centre dé gravité du cheval, celui-ci en recevroit une pesanteur & une inertie plus grande, & on manqueroit le but, qui est de donner de la mobilité au cheval. Pour cela il faut que la puissance de l’homme décrive une ligne oblique, & forme un angle avec la ligne de direction du centre de gravité du cheval. Quelque oblique que soit cette puissance de l’homme, la partie inférieure doit rencontrer exactement le centre de gravité du cheval, & cette disposition étant bien observée, donne les deux côtés contigus d’un parallélogramme. En construisant la figure, & en tirant la diagonale des deux angles obtus, on aura la direction du cheval, & on verra qu’elle ne sauroit être parallèle à l’horison, si la figure est bien construite : alors l’animal n’est pas sur les épaules.

Quantité de la puissance du corps de l’homme.

La quantité de la puissance du corps de l’homme ne peut être la même sur touts les chevaux, ni sur le même cheval dans toutes les circonstances ; car la pesanteur des parties du cheval à enlever devient moindre, à proportion que son équilibre est bien formé.

Pour avoir une idée précise de la force de notre corps sur le cheval, il est à propos d’approcher le flambeau de la méchanique ; on connoitra par-là les détails de cette composition de forces.

J’ai comparé le corps humain à un levier du second genre. Le haut du corps ou le tronc, forme un des bras de ce levier ; les cuisses & les jambes forment l’autre. Le bras supérieur de ce levier est la puissance qui doit agir ; l’appui se trouve aux trois points qui servent de base ; les cuisses & les genoux, qui sont liés très-intimement au cheval, forment la résistance. J’ai donné ailleurs le détail de ces parties & tout ce qui les concerne.

Plus un bras de levier est long, plus il a de forces ; plus ses points sont éloignés du point d’appui, plus aussi ils ont de force. Nous prouverons bientôt que l’homme peut augmenter la longueur du bras supérieur de son levier : il suffit de dire à présent que plus il l’augmente, plus la ligne oblique dont je viens de parler s’éloigne, à son extrémité supérieure, de la ligne verticale du centre de gravité de l’homme, à laquelle on auroit ajouté une sublimité. Lorsque cela arrive, l’impulsion donnée au cheval est bien plus considérable ; & on doit bien examiner s’il est en état d’y répondre sans déranger son équilibre, & sans forcer les membres dont les ressorts sont le plus comprimés. Moins cet équilibre artificiel coûte a l’animal, moins l’homme a besoin d’augmenter sa puissance. Mais si l’animal éprouve de grands obstacles à combiner son équilibre avec l’homme, il ne faut pas pour cela que le cavalier redouble son action ; car l’animal, trop contraint, réagiroit avec trop de forces, & même les ressorts pourroient se détruire, de quelque manière que ce soit. On voit donc qu’il est essentiel de modérer la puissance du levier & de la proportionner aux forces du cheval ; cependant on ne doit pas cesser de la faire agir. L’expérience apprendra le degré convenable, qu’on ne peut indiquer par écrit, non plus que tout ce qui est soumis au tact.

Du Contre-poids.

Plus le centre de gravité de l’homme sera constamment dirigé sur celui du cheval, plus aussi la puissance du cavalier sera continue, & plus l’action sera suivie. Mais il seroit impossible que cela f&t, si l’homme ne devoit son maintien qu’à l’espèce d’équilibre que son tronc conserve. Je dit espèce d’équilibre, parce qu’il n’existe que sur un cheval si souple & si bien mis, que les plus petits avertissements suffisent pour le déterminer ; car pour faire agir tout autre cheval, l’homme emploie une partie de ses forces plus que l’autre, ce qui détruit l’équilibre ; en outre l’idée d’équilibre annihileroit l’action qu’on donne à l’homme sur le cheval. Cependant je crois qu’à la rigueur on peut

244 P O S admettre le terme d’équilibre quant au poids, mais non quant aux forces » parcq quele poids du tronc doit être toujours lé même « lorfqu^une fois il eft bien placé fur le centre de gravité du cheval ;, mais les forces varient de quantité : ainfi l’équilibre n’efl que momentané, & jtes moments f^nt fixés par la confervation de l’équilibre de l’animal. Cependant comme la réaâion & la direâion du cheval peuvent varier malgré les foins de Thomme, fi le cheval eft encore ignorant, ou s’il a des caprices f il faut chercher un contre-poids qui, comme un balancier, maintienne la fureté de Thomme, & le mette à l’abri des chûtes. Les cuiffes nous offrent ce fecours : elles ont un poids & une force 4)ropre, qu’oa peut augmenter en variant leur preflion. L’habitude donne à Thomme la faculté de les feire agir & de les faire contribuer à fa fureté. Elles fervent donc de contre-poids ; & la liaifon qui provient de l’application de leurs mufcles fur le, che-> val, maintient l’homme contre les fecouffes trop violentes. L’emploi raifonné & bien approprié de f es deux membres, fixe la bafe du corps humain. Etudions aduellement fon méchanifœe ; difpoibns fes membres conformément à ces principes ; Ik n’oublions jamais les différentes lignes que nous avons indiquées y comme les règles qui doivent nous faire^uger dé la bonté & de la valeur de notre pofition à cheval.

De la pofition des parties foUdes de f homme. Cette théorie une fois bien connue » doit être appliquée le plus exaâemeat poffible à la pofition du corps humain.

Tout corps animal eil compofé de parties folides & de parties molles. Les parties folides font les os ; &les parties molles font les mufcles, les ligaments 9 &c. Je fuppofe mon leâeur affez inflruit de l’anatomîe pour n’avoir pas befoin qu’on lui donne ici les premiers détails.

Les os font fans doute la partie la plus effentielle à bien placer, puifque s’ils le font une fois, les parties molles dui les accompagnent ne fau-Toient manquer de l’être. Leurs mouvements naturels doivent certainement être employés dans l’équitation, mais avec choix, & relativement à l’exécution la plus conformt à fa méchanique. JLes tfiufcles qui les font agir » font auffi a/lreints aux loix de la nature atnfi qu’à celles de l’art qui exige un mélange d*aâions convenables à un effet fixe & connu.

Nous divifons le corps exaâement comme les anatomiftes, afin de conferver le plus de rapport poffible avec les fciences dont nous nous aidons^ Le fquelette doit être bien connu de l’écuyer, & plutôt par l’étude de la nature que par les livres » qui fouvent développent mal des idées que l’inf^âion des objets rend três-fenfibles. Pofitîon du Tronc. ( Fig. 8)•

létfiM du i » %f dans fon attitude « atiirçUe^ ne POS

peut être tellement placée, que chaque vertèbre ait pour bafe toute la furface de la venèbre qui x eft unie inférieurcment. Comme le total forme une double S, il eft impoffible que la ligne de gravité, cette verticale dont nous avens parlé, pafte par les mêmes points de chaque vertèbre, & même toutes ne feront pas touchées par cette ligne. Cependant on doit chercher à en approcher les vertèbres lombaires le plus qu’il eft poffible. L’extrémité inférieure de cette ligne doit aboutir au cocclx ; fon extrémité fuperieure doit toucher au ne^ de Thomme. Si on applique une ligne oblique à l’occiput, & qu’on l’amène jufqu’au coccix, on aura la direction

  • de la puiffance. Le poids de la tète eft contre- »

balancé par celui des inteftins & du ventre. La bafe la plus large, eft celle qui rend le plus fixe & le plus fiable le corps qui s’appuie deffus » Trois os dans le fquelene, le coccix oc les deux tubérofités de l’ifchium, font les points d’appui du corps humain. La néceftité de diriger obliquement la puiffance du corps » nous détermine à pefer un peu plus fur le coccix ; mais il fe trouve un obfta* çle » que l’art & l’habitude doivent furmonter : ces trois points d’appui ne font pas dans le même plan ;, le coccix eft plus haut » & pour certains fuiets il feroit trés-dimcile d’appuyer deffus. Cependant la nature nous offre un moyen sûr de remédier à cet inconvénient » & à celui de pofer fur une partie fi délicate : les mufcles feffiers doivent lui fervir de couffm. La vraie place de ces mufcles eft dans l’iti" tervalle vuide qui fe trouveroit entte la felle & le coccix, fi on pofoit fur les tubérofités ; & comme ces parties pourroient varier par le mouvement mufculaire, on eft obligé, pour les affurer, de faire enforte que l’appui porte un peu plus fur les feffes que fur les tubérofités. Cela même foulage les parties inférieures du bas-ventre, fi effentielles à ménager. D’ailleurs, comme la réaâion des han^ ches pourroit porter le poids vers les oreilles du cheval, cette difpefuion favorife le maintien du corps dans l’attitude la plus propre à conftruire les forces qui doivent agir fur le cheval. Par cet ex^ pédientauffi l’épine du dos n’aura qu’une obliquité convenable. La réfuUante de ces trois points d’appui, fera donc elle-même oblique » & le corps hi^ main fera renfermé dans un parallélogramme dont la diagonale fera la verticale du centre de gravité du corps humain. ( V. fig. 9)*

Pofition de la Tête & des Epautéil

La tête ne devroit pas avoir d’autre pofition qner d’être bien droite fur fes deux épaules, portant bien également fur l’atlas, enforte qu’elle f^ en état, ea fe redreffant & en s’enlevant un peu, d’augmenter la puiffance du levier formé par la colonn^19)lstfcbrale. Ceux qui exécutent bien fe permettent quelque négligence là-deftiis. Mais il me femble qu’il vaut mieux obferver la grande règle fans affeâar tion.

h^ épaules font fufpendues derrière la poitrin »

p o s umqiiemeot ^ar des mufcies, enforte ^e leur pofition naturelle eft d’être baffes & bien égales. L^ur poids ne contribue pas peu à déterminer Tobliquité du haut du corps, & à maintenir les îeScs dans leur vérirable pofitiçn. Leur incUnafion même donne i la ceinture la facilité de fe poufler en avant.

Pojition des Cuiffis »

La cuiffe de Thomme efl compofée d*un feul os nommé fémur, fufpendu à la cavité cotiloïde par un ligament court & fort, appelle ligament rond » & par fes capfules. Cet os donne attache à un nombre confidérable de mufcles qui le font agir. Le propre poids de Tos devroit le’placer ; mais cela ne peut s*exécuter qu*aprés un temps confidérable de pratique, lorfque les aâlons convenables à Tart ne coûtent plus aucune peine. La grofleur & la forme de plufieurs mufcles s*oppofent à la pofition des cuiues, ainfi que l’emploi fouvent mal ordonné de ces mufcles.

Les 4leux fémurs font placés obliquement l’un vers Tautre, enforte qu’ils font plus écartés par en haut que par en bas, & forment ainfi une efpéce de trapèze. Ce font ces deux os qui embrafTent le cheval.

Si la natvre feule dirîgeoit la pofition des cuifies, il arriveroit qu’elles tendroient a fe ferrer ou à s’ouvrir exceffivement. Ces deux inconvénients font également à éviter. Dans le premier cas l’extrémité inférieure des cuifies feroit feule unie au cheval, & le mouvement qu’elle en recevroit la feroit remonter Se déplaceroit fans cefie la ceinture : il en réfulteroit l’effet d’un corps rond & gli/Tant, prefle obliquement par deux autres ; le cheval s’échapperoit 9 & les deux individus feroient défunis. Dans le fécond cas, l’ouverture dans laquelle le clieyal doit fe placer, deviendroit trop grande : alors Textrémité inférieure des cuifles ne toucheroit que très-peu ; le cheval ne recevroit plus d’aâion fuivie, parce que le corps de l’homme feroit incertain, & comme fur un pivot. Il faut donc, pour tirer parti de ces membres, augmenter l’efpace qui fe trouve entre les genoux, en les tournant en dedans & en ne forçant pas le mouvement d’adulte des cuifles : par-là, le grand trocanter revienffiRn peu plus eo devant ; le cheval pourra fe loger aifément ; & fï on abandonne à leur propre poids les cuifles ainfi tournées, * on les aura lurement à la pofition la plus convenable à l’art.

Quelquefois les deux cuifles n*ont pas là même facilité à fe tourner ; il faudra quelle travail fupplée à ce que la nature refufe ; & on parviendra enfin à appliquer fur la felle la partie de la cuifle qui préfente le plus de mufcles : c’eft ce qu’on appelle cuijfe tournée fur fon plat. L’habitude bien dirigée procure une forte de diflocation, qui efi nêceflaire, mm ï laquelle 00 sc doit arriver que Jfncement.

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Dtt Œnoux, des Jambes ù des Pieds. • Les genoux feront étendus, enforte que les muf «  des employés à l’articulation aient le moins d’action pomble. Si on étpit fans cefle obligé à les faire agir, cela occafionneroit une variété d’opérations & de forces qui brouilleroient le cheval, & rendroient l’exécution confufe. Le gen6Ù étant trop plié, ôteroit à l’aâion de l’homme la faculté de s’étendre le plus loin pofliblefur le corps du cheval, & de trouver ainfi le plus grand n’ombre de points de con* taâ, ce qui contrediroir un des premiers principes de pofition. De plus, il feroit à craindre que lacontraâlon de ces mufcles ne donnât de la dureté à la cuifle, & ne la rendit plus fufceptible de réaction : car devenant plus élaflique, elle feroit plus portée à fe détacher du corps de Tanimal par le mouvement. On efl au contraire obligé, par le relâchement raifonnable des mufcles, de rompre l’aâion du cheval r oppofez un corps n^ou à l’action d’un corps dur, le mouvement de ce dernier fe perdra pour lui.

La jambe doit fuivre la pofition que lui indique la cuifle, en tournant avec elle & en fe laiflant tomber par fon propre poids. Si la cuifle efl habituée à conferver la meilleure pofition poflible, U fambe le fera aufli ; car fes mufcles formant prefque toute la euiflTe, auront acquis le degré de con< trafUon néceflaire pour cela, *

Les mufcles qui compofent la jambe » font mou » voir les pieds : ils doivent être fort relâchés, enforte que ceux-ci n’aient d’autre pofition que celle que la nature leur donne, en obfervant cependant qu’ils foient aflurés & ne remuent pas fans cefle » Le travail bien dirigé donne une pofition fymctrique aux membres : fi on travaille fans étriers, la pointe du pied baifle un peu ; mais avec des étriers. le talon doit être un peu plus bas, & les doigt^ pofer fur les grilles.

Propriétés de la pofition des Cuijfes : L’homne qui a acquis une pofition telle quç nous venons de la décrire, a fans doute de la te «  nue » de la liaifon, de l’étendue > & de l’enveloppe, car il tient fur l’animal autant qu’il le peut ; & il y eft lié par le plus de peints de contaâ poflibles : fes membres font dans un beau, déploiement ; & il femble qu’il efl maître’de toutes les parties de fon cheval. C’eft-là l’objet qu’on fe pro «  pofe dansja pofition des cuifles.. Lorfque l’homme aura tiré parti de fon corps 8c de fa taille, au point d’avoir acquis ces propriétés ^ fans doute il aura difpofé fes membres d’une ma* nière convenable pour exécuter ; & il fera bien près d’opérer, & de pénétrer dans les finefles d^ cet art : mais c’eft le fruit d’un grand nombre d’années.

Pofition du Bras S^ de la Main ;

La ouin eft defiinée à faire agir les rênes, £t 145 PO S comme le premier effet des rênes eA de donner la pofition à la tête du cheval & de Vy maintenir > on eu obligé de la placer dans l’endroit oii elle éA à portée oe tout contenir.

Lorfqu’on connoirra bien le m^hanîfme du mors & fes opérations, ainti que la bonne attitude du cheval, on choiflra aifément la place qui coaviem à la main. La réfultante des opérations du mors eft formée par les deux rênes, & les deux rênes réunies donnent un angle donc le fommet doit néceflairement partager le cheval. H eft donc vifible que pour difpofer ainfi cet angle, la main doit être placée, dans la direâion’qu*aura le fommet de l’angle des deux rênes. CeA la pofition la plus certaine, parce que l’animal variant d’attitudes, & fon corps s*arrangeant différemment autour de fon centre de gravité » on ne peut fixer toutes les variations que la main doit éprouver. Je conviens que fî le cheval eA bien droit & bien ajuAé, & qu’il travaille fur le droit, je conviens, dis-je, (ju’alors la main doit être bien vis-à-vis du point milieu de l’intervalle des oreilles, du col & des épaules du cheval ; 8c que ce point doit répondre à la ligne blanchie du nombril de l’homme. Sa main ferapl^cée ainfi devant lui ; plus haute, fi ranimai baifle la téic ; & plus baffe, fi l’animal eA relevé dans fon encolure^^

Les doigts de la main feront placés fur une ligne perpendiculaire, par la raifon que, dans cette attitude, moihs de mufcles feront employés, & qu*il y aura moines de forces en aâion.]On ne peut néanmoins donner ceci comme une règle inviolable ; il eA des occafions où on fait agir plus fonement la rêne de dehors ; alors on tourne un peu le poignet, enforte que les ongles foienten haut : dans d’autres inAants on porte un peu^ la main en dehors pour élargir le cheval Si on fe fouvient toujours oue la dire^^ion des épaules & du col du cheval fuit la réf ^ltante des rênes, on pourra ne jamais donner à la main une fauÀe pofition.

L’àvant-bras doit être plié fur le bras, & foiltenir la main de manière que celle-ci ne foit jamais tombante. Le poignet ne doit pas s’arrondir ; car pour cet effet il faut faire agir des mufcles, & cela eA inutile pour la pofition de la main. Le bras, fuf<pendu dans Ip, cavité glenoïde de Tôméplate, tombera de foo propre poids d^os l’endroit où ce poids même le placera.

Tels font les principes les plus vrais de la pof*tion. Plus on connoitra l’utilité, l’ufage, la conftruâîon 8e les mouvements des membres de l’homîtie. plus on fera convaincu que c*eA d’après la nature bien connue, que nous fommes obligés de nous conduire. Le principal but au’on fe propofe, eA de mettre chaque membre oails l’attitude la moins pénible, & d’où il foit facile de le porter te p)us promptemeat où le beCbin lexige. Les membres étant placés, il faut les faire agir. 1 p o s

I Da Mouvtmtnts, tn ^inirJU

Xe mouvement d’un membre fain & bien cbnft ! tué, eA, fans aucun doute » fournis i la volonté de Thomme’: mais ce mouvement ne peut être bien réglé & bien appliqué, s’il n’eA bien connu. Il s enfuit que l’homme a befoin d*étudier la nature de fes aâions, afin de ne pas les confondre. % Dans le corps humain, certainesr parties reçaivent le mouvement, d’autres le donnent : les os font mus par les mufcles. Ce n’eA que par l’union de ces deux parties, que le mouvement exîAe. Dans une machine bien compofée, fi les pièces ne font d’accord, on ne peut s’affurer d’un non effet. Il eA donc important de connoitre les os, relativement à leurs mouvements, & les mufcles relati » vemcnt à leur propriété de mouvoir les os. Du Os, relativement à leurs mouvementSm La forme, la conAruâion & Tattadie de chaque os font telles, qu’ils peuvent aifément & fans aucun inconvénient fe mouvoir dans certains fens, & qu’ils ont une répugnance à fe prêter aus^ aâions contraires, répugnance qu’on nt fauroit vaincre fans détruire leur organifation.

Le changement de pofition des os, cet état par lequel ils lortent du repos, fe fait par flexion ou par révolution. La flexion convient aux panies cornpofées d’un nombre d’os reunis, comme la colonne vertébrale. La révolution eA le mouvement propre d’un os long, obligé pour fe mouvoir ^e prendre un appui fixe^

Les os qui font deAinés à fe mouvoir les uns fur les autres, font unis de deux manières. La première eA telle qu’une extrémité fphérique a fon attache au fond d’une cavité par le moyen d’un fort ligament » Dans la féconde aniculation, les deux os fe collent l’un fur l’autre, de manière qu’ils fe fervent mutuellement de bafe « 

On obfervera avec attention le centre du mouvement de l’oS) & la ligne que décrit ce mouvement. Le centre du mouvement des os de la première aniculation, eA fans doute un point fixe qui permet k l’os mobile toutes fortes de mouvements circulaires ou dejrotation. Dans le fécond genre au contraire, 4HI^ les deux os fe touchent dans une très^-grande quantité de points, il eA difficile de fixer celui qui eA le centre & conune l’appui de la révolution.

Nous devons divifér les révolutions des os ea fimples & compofées, eh particulières & en corn* munes. Les fimples ou les particulières font celles où un os feul, où bien une partie du membre, agit indépendamment de l’autre : les doigts de la main » * le poignet vont des mouvements fimples & parti* culiers. L’avant-bras a un mo^uvement compofé & commun, parce qull entraine avec lui la main. Les os feuls dont l’attache eft au fond d’une cavité, ont tous leurs mouvements propres, tandis Que les autres peuvent avoir un jnouvèmeiit com^ p os mn j’fans qu’ils faiTenc auire chofe que’de fuivre le mouveflienc propre de i’o » iupérieun Dans le premier cas le mouvement peut décrire des cercles dans tonts les fens. Dans le fécond, ce ne font que. des portions de cercles, & cela dans un feul fens. Il eft vrai que par la difpofition du mouvement de Vos fupérieur, les os inférieurs œuvent décrire auffi toutes fones de figures. C’e^ ce mélange & admirable oui produit tous les arts & toutes les aâions qui les compofent.

Plus il y a d*os employés dans le fens du mon-Tement de l’os fupérieur, plus le mouvement eft grand, & plus fa direâion s éloigne du point d’api >ui. La force motrice eft grancfe à proportion de rétendue du mouvement’, te l’os fupérieur, avec un très-petit mouvement, peut décrire ^ne grande figure fi tous les os inférieurs fuivent fon mouvement. Lorfque touts levos » outre leurs mouve-> jaents communs, peuvent en prendre de paniculiers 9 c*eA alors que la révolution eft trés*compofée, & elle eft fouvent nècefiàire pour opérer. Par le mouvement commua on tranfporte lextrémité du membre dans l’endroit où il doit agir, & alors cette eitrémité fait fon aâion particulière. Quoi qu’il en fott » on doit confidérer les os comme de vrais leviers qu’il s’agit de fiiire mouvoir ; ils ont leur appui, leur puiifance & leur réfiftance. Leur appui eft le point fur lequel ils font leur mouvement » la puifiance eft le mufcle qui les fait agir ; & la réfi^lance eft le poids de l’os auquel on a ajouté un autre poids à foulever. . Ceft daprès cette aftertîon qu’il faudra par la fiitte examiner avec foin toutes les forces motrices qui font agir les os « & leur font faire cette^révolu^ tion dont nous parlons ici.

Dfs Mufclts, relativenunt â Imr propriété de mouvoir Us os.

Le mufcle eft l’organe par le moyen duquel Tame communique le mouvement aux différents os à mouvoir. Il n eft que le moyen & non le principe 9 puifque fans les nerfs il leroit înfenfible. Le mufcle eft compoft de fibres charnues qui forment fon milieu, & de fibres tendineufes qui forment les extrémiiés. Il y a des mafçles de toutes fortes de formes & de toutes fortes de longueurs & d’épaîiTturs. Ils font claftiques » parce que y comprimés une fols, ils rendent à reprendre leur place ; fufceptibles de contraâion, parce que le raccour* ciftemenr eft Vaâion volontaire de la parrie charnue ; ils ont auffi l’a^on tonique qui paniclpe aux deux nyu vements, & qui eft produite par des eaufes étrangères aux mufcles.

On confidérera le mufcle comme un levier : il a un appui, une pùiftance & une réfiftance ; & chacun des b’a ; de ce levier eft fort, proportionnellement à la diftance de Ton extrémité au point d’appui. La force du raufcle eft en raifon de lagrofleur & de la quantité de fcsïibres.

La direâion de la puiffance des mufcles dépend • P O S 247

de la pofition du mufcle & de la direâion de fet fibres ; enforte que fi elles fe trouvoient dirigées en fens différents, la réfulunte de leur direâion ftf. foit la fomme totale de leur puiffance. Les mufcles droits ont leurs fibres parallèles, ainfi que leur 1*fultante. Les mufcles rhomboïdaux, dont les fibres font obliquement difpofées, font leur effort obli— " Quempnt. U^ mufcles penniformcs, dont lés fibres font obliques & forment un angle à leur réunion. ont pour réfulcante la diagonale qu’on pourroît conftrnire fur cet angle.

Le mufcle peut fecontraâcr en tout ou en partie avec dIus ou moins de vitefte. Pour faire agir quelque partie, ou la maintenir dans une fituation déterminée, touts les mufcles qui peuvent bt mouvoir font employés ; e’eft ce qui les fait difliogucr en moteurs principaujt modéfateurs ou antagonifles, & direèeurs. Selon que CCS mufcles agiffent plus ou moins, ils contribuent plus ou moins à la qualité de laâion:dans les mouvements compofés, ils agiffent ou dominait les uns après les autres.

Plus il y a de mufcles qui. meuvent une partie-’ 8e plus ces mufcles font-comraôés avec force, plu5 le mouvement eft violent. L’homme peut le varier à l’infini, foit en relâchant ceux qui font bandés foit en bahdant ceux qui font relâchés. ^ Lorfque le membre eft porté à une place, on dans une attitude, il y rcfte, fi les amagoniftes refpeâifs fe maintiennent au même degré de contraction ; il eft déplacé, fi le degré de contraâion varie Le mufcle, avec peu d effort, fait fonvent uiî grand effet; 8c fouvent avec un grand effort il ne produit ricp. En fe contraâanr, le mufcle fe durcit & il eft capable pour lors de communiquer beau’ coup de mouvements.

Si l’attache d’un mufcle étoît au centre du mouvement d’un os, jamais cet os ne sourroit être mu Si la dreâionde la puiffance d’un mufcle étoit parallèle à l’osa mouvoir, jamais los neferoit mu parce qu’il feroit tiré contre fon appui:mais com^ me elle eft oblique for le centre, il y a du mouvement.

Quand les fléchiffenrs agiffent, ils font lâches quoique contraâés,. parce qu’ils font fitués dans li. partie interne de l’angle de la flexion. Les extenfeurs au contraire font étendu ». Les fléchiffeurs tirent l’os contre fon appui ; rtiaîs la puiffance du mufcle eft bien fupérieoreà la réfiftance.

Lorfqu une anicnlatîon eft fléchie, les os ont un poids réel, 8c ce poids à foulever oblige les mufcles fléchiffeurs i un grand emploi de forces. Le mufcle fléchiffeur a moins de force à proportion que l’anele de l’articulation eft obtus. Ceux qui feront jaloux d’opérer en équîtatîon avèt connoiffance de caufe, /cront obligés de fo fouvenir de toutes ces généralités fur les mufcles » pour les apoliquer au befoin; 8c même on fera bien deyiôflruire plus à fond de l’anatomte » 6e 148 P O S d’y joindre la mëchanîque. Sans ces’fecours ; Texpenence efi tardive ; avec eux, on découvre touts les jours de nouvelles applications à faire, & on acquiert une plus grande judefle d’opération. Ves mouvements en particulier, relativement à Féquitation.

Nous appelions mouvements généraux, ceux ioue les membres exécutent pour toutes fortes d’ulages ; & mouvements particuliers à Téc^uîtation, ceux qui conviennent à notre art, & qui doivent ^cre clioîTis & étudiés.

Mouvements de la têtem

La tète fait un mouvement particulier ! En arriére fur la première vertèbre, par le ^oyen des mufcles grands & petits droits poflérieurs, & obliques (upérieurs.

En devant iur la première vertèbre, par les grands & petits droits antérieurs, &les deuxtranfverfaiix antérieurs*

De rotation avec la première venèbre,. par le inoyen des obliques inférieurs.

Le premier, mouvement ^ lieu en.équîtatton, lorfquc le corps étant d’ailleurs bien placé, la tête efl un peu baffe » & qu’on la relève. Le fécond » lorfque par négligence ou inattention on la laifle aller en avant. Enfin le troifième, lorfqu*on fait un petit mouvement pour regarder de droite & de gauche.

Pour que la tête foit bien difpofée & conftamment en place, on doit faire agir toûts les mufcles, mais dans un degré peu confidérable, & feulement pour que la tcte ne vacille point » ce qui eft très-sléfagréable à voir.

Mouvements du cou »

L’attitude naturelle des vertèbres du cou eft fort oblique en devant, & courbée de manière que la convexité efl en devant.

Le cou atnfi difpofé, fe baiffe en devant par le « noyen du fcalène, des longs du cou & des maftoïdiens.

Le cou fe redrefle par les deux épineux, les deux tranfverfaux, le complexus & le fplenius. Obfervez que le fplenius & le complexus font antagonifles avec les maftoïdiens ; qu’ils font congénères pour le foutien de la tète » oc que dans les rotations ils agirent en raifon inverfe. Le cou fe porte de côté par les îoter,.épineux & les demi-épineux.

Obfervez que touts les mufcles fe réunifient pour tenir le cou drpit ; que dans un degré convenable » le cou n’eft pas roide, mais que c eft leur contraction forcée qui le roidit ; fi les mufcles d’un fepl c&té ^giiTent, le cou fe porte de côté. Dans réqMirntion, on doit autant qu’on peut, faire agir touts les mufcles du cou ; mais les extenfeurs agiflent le pluslorfqu’on fe grandit du haut du corps » & qu*oa veut augmcater fa puifl^ncç POS

fur le cheval, & fixer fa pofition. En portant le cou un peu en arrière, on allonge tout le dos, & on enlève toutes les vertèbres inférieures. Ainfi cette aâion eft très-imponante.

On doit, autant qu’il eft poflible, adopter l’attitude du cou & de la tète dans laquelle les mufcles agifTent également, fur-tout fur le droit, parce que la réfultante de leurs efforts peut alors être dans la direâion —du centre de gravité du cheval. Mouvement des vertèbres du dos ^ & de celles de$ lombes »

L’épine du dos peut aifément fe courber en et* vaiit, parce que les venèbres n’ont en dedans aucune apophvfe qui puifle arrêter leur flexion ; les côtes & le fternum modèrent cette flexion dans le haut. L’épine du dos fe fléchit auffi à droite & à gauche parle côté. Elle fe redreflfe & fe norte un peu en arrière, mais ce mouvement eft modéré par les apophyfes épineufes »

Le mouvement de rotation a lieu feulement dans les lombes.

Ces aâions font exécutées par les lombaires & lones dorfaux. S’ils fe relâchent, la colonne vertébrale fe courbe en devant ; s’ils fe bandent, elle fe foutient. Le plus ou le moins d^aSion de ces mufcles occaiionne la roideur d^ns le rein. Les épineux, les tranfverfaux, maintiennent, modèrent, aident les mouvements d’extenfion & d inflexion latérale ; les demi-épineux fortifient, aident l’ac-^ tion àt% autres mufcles. Ce oue nous avons dit du. fplenius, du complexus & ot^ maftoidiens, a lieu ici pour le petit mouvement de rotation des vertèbres lombaires. Le qurré des lombes & le petit, pfoas, ont les mêmes fondions, & de plus ils emr pèchent un trop grand renverfement en arrière. On obfervera que les mufcles droits du ventre facilitent la flexion en devant, & que les obliques facilitent celle de côté.

Si Thomme connoiflbit aflez les propriétés d*" fon corps à cheval, & fi ce corps étoit aflez foupie, on n^auroit pas befoin de la prem ère flexion en devant ; mais on peut s’en iervir avec fruit lorfque Télève a le défaut de trop creufer les reins, ou quHl les a roides. Comme il eft obligé de relâ-^ cher les mufcles qui font faire cette a6^ion, tnfen& blement il perd l’habitude de les mettre dans une forte contraction alors on procède à d’autres opérations.

L*homme au contraire qui a de la mollefte dans les reins, eft obligé d’être dans une extenfion étu «  diée poyr fortifier ces mufcles & leur donner du ton. Ce mouvement même eft nécefli^ah’e torfque rhomme eft obligé de fe grandir:par-là il augmente de beaucoup la loneueur du levier, & il a une puiflTance plus grande iur le cheval. Le renverfement en arrière eft auelquefois utile s’il eft modéré; il facilite le grandiftement. Il eft eiïentiel à ceux dont les feflTes font très-charnues ^ jufqu^à ce qu’ils toiwi parvenus 4 Ici loger à leur (UC9

p o s pl^ce & à les enfoncer. On obfervera que ce rehverfement doit partir du bas des lombes, & que les vertèbres Aipérieures doivent accompagner cet aâe progrefiîvement.

Uinâexion latérale a aufli (on utilité » Lorfque Thomme travaille un cheval de côté, il ne doit pas quitter le centre de gravité du cheval ; & comme ce centre va un peu en dehors, fi Hiomme-fe tenoit droit, il feroit difficile qu’il ne fuivît pas la réaâtop duxheval, qui eftdans une direâion un peu oblique. Pour maintenir l’équilibre dans ce fyftéme de force, Thomme, en jettant fon afTiette fur le point central, c*eft-à-dire, alors ui#peu en dehors, porte le haut du corps en dedans, par le moyen de Tinflexion de côté de la colonne vertçbraîe.

J’ai obfervé que nous avons plus de facilité à faire cette inflexion à droite qu’à gauche. J’ai penfé longtemps que l’éducation en étoit la f</ule caufe : mais l’étude de l’anatomie m’a fait obferver qu’elle pourrait dépendre auffi de l’oreanifation particulière des mufclcs qui font plus forts de ce côté, à raifon de ce que les vaifleaux qui s’y portent ont manifeftement plus de calibre.

La rotation eft également d’une grande utilité, parce que lanimal étant toujours fur de’s portions de cercle, il efl néceiTairement un peu arrondi ; & afifl que l’homme & le cheval foient d’accord, ils doivent éi^rtlifpofés fur le même rayon de cercle. Ce mouvement doit fe faire à partir du bas des reins ; & il fe trouve alors que la réfultante de J’effort des mufcles oui le produifent, eft dans la lîiéme direâion que le centre de gravité du cheval. Objirvations fur Us mouvements des vertèbres. La direôîon du cheval, comme on le fait, étant le réfultat de nos aâions fur lui, on conçoit qu’il doit y. avoir un grand accord entre la direftion de nos forces & la difpofition où l’animal fe trouve alors ; fans cela tout iroit4 contre fens, & la réaction feroit confidérable.

Ce n’eft que par la tendance au même but qu’on réuffira à maintenir l’harmonie. Si le cheval fuit la mênle direâion, la peine fera moins grande ; iiiais i elle change continuellement, on fera dans la néccflîté de varier la réfultante de fa puiflànce, afin d’accorder le cheval, & de ne pas fe féparer de lui. C’eft à quoi fervent ces mouvements obliques » dans lefquels il n’y a que les mufcles d’un côté qui a^iffeoc. ^

Mouvements des cuijfes.

Les mouvements propres des cuîfles, font la flexion, l’extenfion, l’adduâion, Tabduâion & la rotation.

La flexion fe fait par le pfoas, le peâinée, l’iliaque, & quelquefois par le couturier. L’extenfion eft produire par le grand feflîer, la longue portion du biceps, le demi-nerveux & le demi-tendineux.

Equitation, Efîrimt & Danfcn

M9

PO S

L’adduâion s’opère par les trois triceps. L’abduâion fc fait par une pariie du grand feffier, du moyen fclfier & du pttit feflîer. La rotation eft opérée par les jumeaux, les obturateurs interne & externe, le fafcialata & le couturier.

Les mufcles addufleurs & abduâeurs contribuent auflî àla rotation, de manière que ce mouvement eft produit par laâion confécutive de toiits ces mufcles. On remarquera que le fafcialata n’a d’autre fonâion que de tourner la cuifle de devan » en dedans, tandis que les jumeaux, l’obturateur interne & Texterne font Taâlon contraire, & que. le couturier leur eft congénère.

Touis ces mouvements. font d’une grande néceffité dans l’équiiation.

La flexion alieujufqu’à un certain degré, puifque le genou eft plus en avant que dans ia ûtuation de l’homme qui eft debout.

L’extenfion fe fait lorfque Thomme bien aflîs & bien placé étend (es cuifles & fes jambes de manière à donner de la chafle au cheval, ce qui arrive infailliblement (i l’extenfion fe fait par degrél., moëlleufement & fans abforber l’aâion des autre » mufcles des cuifles. Par cette extenfion touts les mufcles longs de la cuifle prennent une dureté un peu plus grande, & font en état de communique^ au cheval un plus grand degré de vitefl ! e. Cette aâion eft très favante ; mais il eft à crain-’ dre qu’en la faifant on ne déplace la cuiiTe : alors elle eft plus nuifible qu’utile les triceps n’agififant plus > la communication du mouvement de Thoaime au cheval eft interrompue.

L’adduâion eft proprement l’afiion des cuifles la plus convenable à l’équitation ; mais elle fera modérée, afin de donner l’intervalle néceflaire àla partie du cheval qui doit être logée entre les cuifles du cavalier. Cet eipace feroit diminué, fi l’aâioa étoit tellement forte, qu’il n’y eût que rexirémiié inférieure des cuîfles qui portât ; ce qui arriveroit infailliblement fi on les laiflbitdans leur direâioanaturelle, puifque, comme on l’a déjà dit, les os des cuifles font placés obliquement l’un vers l’au^ tre, & que leur diflance eft plus petite en bas qu’en haut* Le degré convenable de l’adduâion eft donc celui où toutes les parties poflîbles du périnée &, des cuifles touchent le cheval > S( lui font ften’ unies*

Le mouvement d’abdoâion, néceflaire dans Tinftant où on enfourche le cheval, peut modérer l’âdion précédent^ ; mais il eft vicieux lorf^u’il eft aflez confidérable pour éloigner les deux cuifiês du corps du cheval : on fent aSez touts les inconvénients qui peuvent en réfulter. On l’emploie quelquefois pour faire voir la jufteffe d’un cheval ^ mais cela ne aoit durer que quelques inflants. Le mouvement de rotation de devant en dedans’ eft bien plus cffentiel ; c’eft celui qui tourne Ja cuifle & qui, en termes de manège, la met fur fon plat, en firte que les triceps foient placés & 250

p o s appliqués dans toius leurs points fur le corps de î^animal. Ceft une des aâions les plus propres à bien placer la cu’ifle, mais elle eft fatigante, fi rattache & la dirpofition des cuifTes ne lui lont pas favorables. Ce mouvement doit auffi être fort étudié, & on ne doit jamais faire agir les parties baffes du corps 9 fans faire précéder Talion par cette demi-rotation. Celle de devant en dehors eft au contraire pernicieufe y parce qu^elle éloiene une partie de la en i fie » & qu’elle rétrécit Teipace ou doit fe placer le cheval, en obligeant les deux grands trocanters à fe poner en arrière. Autant la première eft bonne à pratiquer, autant celle-ci doit elle être évitée avec foin. Il s’enfuit que les mufcles qui la forment doivent être relâches : les principaux font les moyens & petits feffiers. La raiîbn d^ la réaâion, qui feroit trop grande & trop fenfible s*ils étoient durs, oblige de les mollir en faifaut cefier leur aâian.

Mouvements des jambes.

La jambe a trois mouvements paniculiers, Textenfioa, la flexion & la rotation. S’il en eft quelaue autre plus pttit & plus caché, comme le penfent de célèbres anatomiftes, ils ne font d*aucune utilité pour nous.

L’extenfion eft produite par leH vafies interne & externe y le crural & le droit antérieur. La flexioii s*opère par le couturier, le grêle interne, le demi-membraneux, le demi-nerveux, le biceps. On doit obferver que ces mufcles, qui font âéchifleurs de la jambe, font extenfeurs de la cuiiTe fur le baftn, excepté le couturier, parce qu’ils embraflent deux articulations » Tune extérieurement & lautre intérieurement. Il n*e(l donc pas contre nature de poner la cuifle en arrière^ Mais cela a àt% bornes » comme nous le prouve* rons par la fuite.

La rotation ne peut fe faire ^*aprés que la jambe eft fléchie, oc point du tout dans ion état d’extenfioa. Le biceps, par fa portion<ourte, produit la rotation de devant en dehors, & le poplitée la tourne de devant en dedans. La flexion de la jambe eft le mouvement le pins ofdtfaîre qu’elle ait dans Téquitation. Mt qu’on en aide le cheval, foit qu’on la laifle tomber naturellement, la jambe a toujours un degré d’inflexion plus ou moins marqué ; mais elle n’a jamais dans un état d’extenfjon.

L’cxtenfion fert cependant quelquefois pCHir s’allonger & fe raffermir ; mais cette aiftion n’eft que momentanée ; elle n’auroit ni grâce ni utilité fi elle éioit habituelle.

La rotation de devant en dehors eft très-con » traire à la grâce 8c à l’exécution, parce qu’elle maintient la jambe dans une flexion qui ôte Penveloppe & retendue des parties baffes du cavalier, & qu’elle laifle touts les mufcles ^mme repliés fur eux-mêmes & fans aucune aâion, C’efi anéanp o s

tir le travail des jambes, que de fe permettre ce mouv’émenr.

La rotation de devant en dedans (eroîr plus pardonnable ; mais comme elle ne peut fe faire tans une véritable flexion de la jambe*, on doir également Téviter. Cependant il eft des conflruc* tions où la rotation de devaiK en dehors eft fi grande & fi habituelle, qu’on eft obligé d’y remédier par l’aâe oppofé. IVlaîs, excepté ce cas, otx doit relâcher les mufcles rotateurs de la jambe £C anéantir leur puiflance.

La jainbe, pour fe bien placer, fuivra les rotations de4ii cuifle 6c y participera. Mouvement^ du pied.

Le pied a un mouvement de flexion fur la jambe, d excenfion & de flexion latérale de dehors en dedans, ainfi que du dedans en dehors. Le jambier antérieur & le péronier, font la flexion fur l’os de la jambe. L’extenfion eft produite par les grands jumeaux, le foléairè, le plan* taire, le jambier poftérieur, & |e péronier poftérieur. Le jambier poftérieur opçre le mouvement oblique du pied étendu en dedans, comme le pe «  ronier poftérieur occafionne par fon aâion la flexion oblique de dedans en dehors.

Pour l’ordinaire on n’a pas befoîn de ces moutc* menrs dans l’équitation ; le pied n’y a que peu d’influence. Cependant il eft. des cas oiUla font. utiles : quelquefois oh donne une tenfiOQ ipfle aux mufcles qui meuvent le pied ; le talon baifle un peu «  & le bout du pied fe relève ; cela facilita la preffion de la jambe & donne de la chafle. Les mouvements de rotation ne font pas en ufage de de* dans en dehors ^ quelquefois de dehors en dedans, pour placer la pointe du pied ; mais ceci n’a lieu Îuepour reâiner la conftxuâion de cette panie «  , e mieux eft, fi la conformation le permet, de laifler le pied dans la pofition qui gêne le « oins* . Nous ne parlons point ici des mouvements fourds des petits os du xzrk & du métatarfe : ils n’ont aucune fonâion à remplir dans l’équitadon. Mouvements dttipauh.

L*épau1e fe meut en devant, en arriére, en haut & en bas. Le trapêfe fait haufler la fommité de répaule, aufli-bien que Tangulaire ; le dentelé Té* lève & la porte en devanr ; le rhomboïde la tire en arrière ; le petit peâoral la baîffe. * Il faut obferver dans tonts ces mouvements ; qu’on ne peut porter l’épaule en devant fans élever l’acromion, ni la porter en arriére fans le baiffer. Ainfkon doit en conclure que le premier de ces mouvements eft comraire aux régies de l’équitation & inutile ; contraire, parce qu il emploie des mufcles mal-à-propos, & qu’il gêne les mouve* ments du bras ; inutile, parce que Taâion de ces mufcles o’a qu’une influence indireâe fur Tanîmal. Les motifs qui me font défapprouver cette aâion » me font admettre celle qui lui eft oppofée, par la jaifon des contraires. U y a cependant des excep- p o s t ! onf ï U’règle : quelqa^ perfonûts ont les bm fi courts, que leur main ne peut parvenir an point oii oile doit être* placée pour opérer jnâe » Dans ce casoo pourra /riolfr la lot générale. Remarquez que Tomoplare donnant Tappui an bra< y le moindre mouvement auquel elle parttcU pera, peut donner bien de retendue à celui de tout ce membre. Il « A quelquefois expédient de remployer.

M9MVfmenis du krs*.

Le bras s^&lève, s’abaiiTe, fe porte en avant, en arrière » fe rapproche du corps, & a un mouvement de circonduâion.

Le bras fe lève par le deltoïde & le fus-épineux, il s’abaîiTe par le^rand dorfal & le grand rond. Il efi porté en avant par le coracobraçhial, b grand peaoral & le fous.-fcapulaire ; & en arriére » par le fous épineux & le petit rond. II fe rapproche par le grand peâoral. L*aâion fucceffive de touts ces mufcles produit la circonduâion. On doit obferver que touts ces mufcles ont des £baâions très-multipliées, & félon que le bras eA placé &dirpofé : car alors ils agiflent de concert, & Tattitude les fait agir avec plus ou moins de liberté.

Le bras s’abaKTe par fon propre poids » ù les mufcles relcveurs iont relâchés. Mais comme le’ levier qu*il forme avec les autres os qui lui font attachés eft très-long, il faut un grand effort pour le lever* Auâi le deuoïde eft-tl très-puiflânt. Nous n’entreprenons pas de détailler toiKes les aâions poflibles de ces mufcles, il fuffit poiu nous de connoitre leur principale fonAion. Touts les mouvements décrits plus haut fe pra* tiquent dans Téquitation. L’élévation du bras efl celui qui eft le plus borné. L’abaiflement a fouvent lieu, par exemple, lorfque le cheval eft bien mis, & que la main e(i placée, le bras tombe de lui-même » Le port en avant s’emploie dans le reporter de maiiu Le port en arrière fe pratique en petit toutes les fois que Tliomme pone les épaules en arrière, & qft*il élargit la rêne de dedans ou celle de dehors »

Ces mouvements font très-bons ; & par la fuirc^ oSt aura lieu de voir combien il eft à propos de s*en ièrvir poBr uaafporter lea forces agiiuntes de la main*

M^uvcmtnt d* VavMU-has,

L’avmt-bm fe ilécfak & s’étend. Le biceps & le brachial pn^oufMt ter premier ttkimvtmetit : les ^ati’e uncoaès pfOdiitlem Taotre. On ne peut pas ignorer que ce » deux afii^ns^ font friquentesdafts Feqnitation. L*avtnt-brai dont 1 » maîtt ttem la bîride efl ! tottfouM #échi ; Tautre e’étdmib pour tfrafvatHer fa féite {lè’dediÉM. — Odtte ces nioûwmefitf comnllfnm^v Tataiitbf^^ étant compta de deux o » dfffèk « eiftAe « rt tÉrtieulè^, il a ehtore la ph)matt(Hi, la fupinadôn, & une atti-’ làde dt aoyemie emre ctr dethr » datas laquelle P O S 2^1

I les doigta foAt {Jaoés bieti perpeadlculi ; rement it$ ’uns fur les autres.*

La pronation efi l’attitude dans laquelle la paume de la main eft tournée en dedans, & regarde la terre. La fupination eft Taâion oppofée : pour l’exécuter f la paume de la main eft tournée vers le ciel & en dehors*.

Le pronateur rond & le pronateur quarré, font congénères pour efTeâuer la pronation* ; comme les fupinateurs longs n& courts font congénères pour la fupination.

On a tres-fonveut befoin de la pronation pour écarter une rêne. Ce mouvement éloigne un peu la rêne du cou du cheval, & donne une direâioa plus oblique à la puifTance de la rêne. La iiupînation ne s’opère guère en toul ; mais on s’en fect en partie pour fentir un peu plus la rêne de dehors & la reporter en dedens. Ce rtt font que des ac «  tions momentanées ; car fi cela étoit habituel, l’avant-bras feroit dans une attitude qui emploieroic des mufcles inutilement.

MQurtmtnis dufoignét »

Le poignet fe fléchit, ^’étedd, s’élève & fe baifle.

Il fe fléchit ou s*arroodit p^ le radial interne & le cubital interne. Il s’étend par le cubital externe & par les radiaux externes, il s’élève par les ra «  diaux externes & par le radial interne ; il s’abaiflè par le cubital interne & par l’externe. Dansfa fituation naturelle » le poignet tient un)ufte milieu en*^ tre tout$ ces mouvements.

Le premier de ces mouvements efl très-inutile en équitatîon, par la ralfon qu’il emploie des muf «  cles.mal-à-propas. Le fécond eft aâez d^fagrèable » Le troifième* s’emprote quelquefois pour enlever un peu les rênes (ans déplacer le bras. Le dernier eft très-fort à éviter ; car il ne fert à rien » & donne un air de nonchalai^ce qui choque la vue.

  • Les mouvements de la’main dépendent prefque

totîjours, en cavalerie, des adions de l’avant-bras : ils en om plus de grâce, & l’exécution en eft plut facile.

Les doigts ée^la main n’ont que l’extenfion & la flexion qui foienf d’ufage en équitation. Le^fléchiffeurS &iesextenfeursfomles mufcles qui y fervent. •

Dis forces mufcuUlrts de thomme, & de tftût oS dûivetu eue les mufiks pour opérer eonvenablt^^ menu

Tours ksfflnfclês du corps humaîn ont unedU reâion & un effet différent, ou au moins qui variç feloii certaines circoinftances. Comment accorder cette tfmltiplîctté d’adîMs différentes avec cette iinpreflioft que chaque meffibr^ doit faire i com-^ tsitm Concilier le i*iôityeffieftt unique & déci* fif d’un « eiVibt^e avec Tadioit combUîée de toutf ces mirfcles, doht c^ efforts font oppofés ? C’eft fans doute uftplroblèflàe pour ceux qui n’ont auenne 1 ii

aji P O S teinture dcméchatllque ni— d’auatomte. Ceux (fiiî font initiés dans ces iciences, voient que touts les mufcles qui meuvent un membre, quoiqu*avec des aâions difFèrentes, ont cependant une réfultante générale à laquelle ils contribuent à proportion de leur effort ; & que le mnfcle qui en emploie le plus, donne la qualification au mouvement. Si touts les mufcles lutioient également les un5 contre les antres", le membre feroit dans un état indécis ficroide, & par conféquent lefiet ne feroit pas net & précis. Rien de C dangereux que la roideur ; lorfqu’elle eft générale, l’homme fe fatigue beaucoup & n’opère rien ; lorfqu’elle n’eft que locale, elle occafionne beaucoup de défordre. On ne peut remédier à ce mal qu’en divii^mt les forces, & en obligeant les parties de fe fléchir beaucoup. Quelques avions font prodHÎtes par la feule pefanteur, f>ar l’abandon d’un membre, fans que les mufcles agilTent ; mais cela ne peut erre de durée, car la cemmunicaiion du mouvement a bientôt déplacé un membre mobile en tout fens’, & qui ne fauroit oppofer nulle réfifiance. D’autres avions font opérées par le tcÇort, par le choc ou impuU fion externe d’une partie mobile : quelle que foit cette aâioa, elle doix toujours avoir une direâion fil terminée.

Lor(qum membre fait un mouvement pour fe porter à un endroit quelconque afin d’y opérer, il ùiit un emploi de forces de la part des mufcles : il ne peut reder dans cet état n la même force ne continue pour Fy maintenir ; & cette force n’eft comptée pour rien dans la puiflanceque le membre ainfi placé emploie fur le cheval. Par exçmple, je porte en avant mon bras droit étendu pour faire agir la rêne droite ; fi j’ai mi& 6 livras de forces pour porter mon bras en avant, & que’fe n*en mette que 2 pour l’appliquer au cheval, de ces 8 Mvres il n’y en a réellement que a pour le cheval. Lorfque plufîeurs articulatiens contribuenr pour faire une opération fur le cheval, la force réfultante eil bien plus confidérable que s’il n’y en a qu’une, parce qu’alors un grand nombre de mufcles entrent en contraâlon, & qu « le cheval dreiïé & fenfible diAingue & obéit à toutes les pulflances , ^ui font deflinées à les déterminer. Le trop grand emploi de^ forces motrices.efi prefaue toujours le défaut de ceux qui travaillent des ciievaux. L’aniifial ©flfett en raifon de U quantité d’adion qui lut cft commufliqiiée. Si elle cfl trop forte, on fe plaint de fon obéifiance gui contredit quelquefois notre idée, , & on fe plaint à tort : on i)at le cheval ; on a foi-n^me commis la faute.

Les mufcles font des cordes d’une force étonnante : mais, malgré l’attention la plus grande pour connoître leur valeur réelle 8c efFe61ive, o# ne peut ; y parvenir. BoreUi a donné ^iies. idées très— boqne& i^r cette matière, mais il n’a pas cave au plus fort dans fes calculs ; car il n’a examiné les mufcles ^’iodépendaniiiien^ lç$)xû^ de » autiçi, 6c o’a pas p o s

calculé Taugmentation de leur force ; oecafionnée par leur réunion.

Cette réunion même n’efi pas fe (eul furcroit de nos forces efTeâives : la fermeté de^l’appui que les os prennent les uns fur les autres > augmente de beaucoifp la force mufculaire. Un homme dont le rein eft mou » n’emploie certainement pas autant de forces que celui dont le rein eA foutenu : cependant fi ce dernier n’eft difpofé méchaniquement fur le cheval, il fera. bien moins en force, & il aura fur l’animal beaucoup moins de puinfacce, que celui dont le rein eft mou, mais dont la pofition feroit parfaite. Ceft ce qui fait dire que l’affietie eft le moyen le plus déterminant qiron emploie à chevaf. Efie^livement, dans la véritable affiette, tout eft en place, & touts les mufcles font difpofés le plus convenablement polfible pour agir à propos. L’affiette même la plus belle, efi bien plus aôive fur un cheval bien drefle, par la raifon que la difpofition de l’animal influe beaucoup fur les forces de l’homme : le cheval bien difpofé eft remué avec des forces moindres. On ne peut donc fixer la quantité des forces mufculaires dont l’homme fait l’emploi : on ne peut que connoitre leur rapport avec la difpofi^ tion aâuelle du cheval.

On connoit cependant l’état confiant oh doivent fe trouver les mufcles pour être à ponée d’opérer & de contenir les parties en fituatron fans donner un ébranlement fenfible à l’animal, & le point oif ils doivent être pour qu’on puifte raifonnablemenc agir. Ce point eft celut oùitouts les mufcles font étendus K fe comrebalancent de manière^ue le membre foit difpofé à touts les mouvements, fans en avoir aucun. Tonts les antagoniftes réciproquement doivent agir fans qu’aucun d’eux l’emporte : ç’eft-là le vrai foutien ; car fi l’un veut déterminer le mouvement malgré les aiures, il y a de la roideur ; s’ils font touts relâchés, les membres font mous & fans fnuation. L’état que j’indique eft donc mitoyen : le peu de force que les mufcles emploient pour fe contrebalancer n’eft pas pénible, & n’a fur le cheval d’autre puiftance que celle que peut avoir la bonne* pofition de Thomme auquel cet état contribue. Les membres & les mufcles » « infi drfpofés, paiTent fucceftîvement & infenfiblement de cet état à cehii de la force cenvenable pour opérer, enforte que l’homme ne^oitavoif aucune vîteffe de mouvement : fans cela iU’cxpo** feroit à une r^aâion à laquelle il ne réfiftçroit peut-être pas. Comme il 1-ui eft aifé d’augmenter progreftivement le degré de fes/forces, îl.reiicoptre celui qui a le plus de rapport avec la vkefte qu’il defire imprimer au cheval.

Une grande attention à avobr fera de n’eisplpyer quejles membres indifpenfablcs— à ropèEation..Sî^ les môùveflients du p9ijpvK fuffife^at, pourquoi,

employer cpiix de l’avant— bras ^ C^ défaut Je réflexion

caufe encore de grands défordres— Comme, . on^ doit partir de ce point d’étendue dès mufcles, pour agir, de même ç^eft a lui qu’oa revient » e|^.

PO s forte ^^il èft une bafe & un principe dont il eft dangereux de s’écarter.

Avec ces obfervations » la pofitlon fera conftaiîte & fixe : fans elles, les vrais moyens d*cpérer )uûc feront difEcilement connus, & on n’y pourra p’arvenir que par une longue étude que la réflexion . abrégeroit. •

Pratique »

Un homme jut’il touts les principes que nous venons d’expofer, eût-il lu touts les livres de cavalerie, & connût-il les penfées des excellents écuyers, il prétendroit envain exécuter, fi on ne lui a montré à le fair^ & fi on ne lui a enfeigné les procédés les plus propres â mettre en pratique les meilleures inAruâions.

Nos corps font tellement conftruîts, que malgré la poffibflité phyfique de touts nos mouvements «  sous ne. les exécutons à propos que par habitude & par des études particulières : nos membres, pour ci ; qQérir.la.roiiple(re convenablement befoio dêtre exercés ; & un bon maître doit nous diriger, même dans des travaux, fur lefquels nous avens des cûnjioi ^Tances. Le coup-d*œil S^l’epcpérience du maître lui foiit choifir le procédé le plus prompt ; il remé* diè à des défauts dont nous ne nous doutons pas : un feul mot de— fa bouche nous abrège des journées de peine. •

• Xies articulations de nos membres font renfer* mées dans les ligaments capfulaires qui bornent leurs mouvements : la répétition fréquente de ces mouvements, qui conilitule vraiemént l’habitude, les rend feuls aifés & libres : Thomme fubit donc une efpéce de diilocatibn avant que de pouvoir être bien placé & opérer convenablement. Lés fibres de nos mufcles fe tiennent ferrés & en fatfceaux c « mipaâs & inhabiles à recevoir les efprits vitaux, fi notre volonté, fouvent agiiTante, ne porte ces efprits.dans nos mufcles » & n’accoutume : ceux-ci a les reôevoir fans peine & dans la quantité qu*il lui plait de les y envoyer. L’homme a donc befoin d’acquérir cette liberté ; &. ce n’eft .que par la piadque même qu’il’peut y parvenir. Kous fommes mal fervis d’abord par nos membres ; 1^ fujétion dans. laquelle nous la tenons » les rend plus fouples & pkis dociles.. :

. l… : Pnmers. Pfîfjsîful

tJn’jeunelhoiniâe b’îei ? fait, d’une bonne conJMtutiôn, d’un âge où les epîphyfes font à peine devenues apophylèi, bien élevé’, ayant de la pénétration, & joignant à cela des idées furies difiérentes fciences qiii peuvent être àvantageufes au Cavalier, feroit apurement l’éfèvè qufe je choîfirois dô "préférèrice. Je me plairoi ? à* HtiAriiire en lui faifant comprendre les raifons des principes qne je lui donnerois, leur ufa^é, leur étendue ; je règle^ois fj^s mouvements ; je lui ferpis connoûre leurs fflets 8c la maniàrç d^ Ui<^xmr ieïi^m<>x {% travaîUeroîs ioti intelligence au moins autant que fon corps.

Cette méthode feroit, ^ ce que je crois, la plus courte. Mais, pour la mettre en ufage, il ne faudroit qu’un petit nombre d’élèves. Elle ne peut donc convenir aux écoles publiques, oii le grand nombre de fiijets empêche qu’on ne les fuive avec cette exaÔiiude. On fe borne à leur faire exécute^ fimplement des principes que le temps leur déve* loppe ; & on attend que le raifoiinement naîfle dei fenfations qu’ils ont éprouvées : on exige d’eux une obéiffance entière. Heureux ceux que le fort fait tomber en bonne main, & qui ne s’égarent pas avant que d’avoir fu marcher.

On trouve dans la Guérinière la manière de s*y prendre pour monter à cheval : elle efl bien décrite. Dans prefque toutes les écoles on donne cette première leçon aux élèves ; on la leur fait répéter affcz pour qu’ils la fâchent bien. Elle n’eA pas à négliger : dan% beaucoup d’occafions la sûreté en dépend. Ceia fait, on les impofe 2fftz ordinairement fur l’animal fans leur rien dire ; puis on les fait trotter à la longe, en les reprenant fur lés fautes qu’ils commetteiit cpntre des prijicipes qu’on ne leur a pas expliqués. Tantôt on les fait trotter fur des chevaux très-durs, tantôt on empU>ie des chevaux bien doux & très-fages.

Je ne faurois blâmer la longe ; c’efl une bonne leçon affurément : mais il y a bien des obfervations à faire. Le travail fur des cercles eft très-difiîcile pour l’homme & pour le cheval ; l’^iccord entre les deux individus n’exifte qu’avec peine : cependant c’efV par-là qu’on commence. Le cheval cherche toujours à fuivre la ligne droite, que fuit tout corps en mouvement ; on veut néanmoins le maintenir fans^efle fur le cercle : l’homme n’efl pas a/Tez habite pour l’y remettre ; le cheval efl donc de travers, & l’homme auflî par conféouent. AinC on donne une leçon faufle, pour parvenir à mettre rhomme de travers. Si le cheval va Vîte, l’homme roide & fans aucune teinture de. l’art, craint de tomber, fe roidit encore pjlus, & querquefois tom » be" réellement, parce ofiie la réàftion cficonfidéra^ ble dans deux corps élaftiques. Lorfque Télève eft roide, il fe roidit davantage ; s’il eft mou il ne fauroii réfifter à la quantité de mouvements qu’il reçoit. On hii crie en vain, relâchez vous. foUtehez-vjus. Ce font des termes inconnus pour lui * il craint^ & il cherche fa fureté comme il peur ! On a « rtême’pouflè cette leçon plus loin ; on a fait trotter des demi-heures entières à toutes jambes ; Quelles douleurs n’occaConne-t-on pas à Hromme ! quelle incommodité t La foiblefle, înféparable de la tatigue, l’oblige i fe roidir ; la dureté du trot le fait fauter continuellement fur la fellc ; les infeflins même font fecoués avec violence ; les poumons font en fouflrance ; l’homme éprouve de grands maux de tête ; il gagne quelquefois des defcetites.

y « xp^rifflçç malbeurçufe i% çe$ accidents ne.

154 POS éoh elle pas feîfc choHîr de préfétei^ce la leçon de lojige donnée.fur un cheval.tré$-fage, tr^-bien dreué, & à une allnre des plus tranquilles. On ne caufe aucune inquiétude à l’élève, i>Q lui parle, on rin(truît ; il comprend. Qn lui fair exécuter les opérations primitives : il peut l’entreprendre avec fuccés. La (aeeiTe & Tobéiflànce du cheval le fatîsfont ; il prend goût ; il voit qu’il réuffit ; il acquiert de rémfUlaiion. On Continueroit cette leçon tréslone-temps fi on vouloit avancer un élève. Après lui avoir appris fur le premier cheval (^ opérations, lorfqu’il commenceroit à les comprendre on lui donneroit un cheval un peu plus difficile, & par degrés on le mettroit en état d’aller fans longe 9 après l’avoir mis furies chevaux « iont le liant & la fagefTe font proportionnés k fa rondeur & à fon inexpérience. On feroit bien encore de lie mettre fur des piaffeurs entre les piliers ^ là on cherclieroit à accorder (^ poCtion^ à le redre^Ter, à l]ui faire femir quand fon cheval M liroit. Infenfiblement on le condniroit à des mouvements un

  • peu plus vifs ; il s’y feroit, Çc s’accoutqmeroit à fe

cenîr d’aifance, & non de force : le corps animal ft^aiToupJit plutdt Sf. plus nifçmpnt $n k moUlfi^nt, qu’en fe roidifTanc.

PlufieurjT écuyers très-habiles pratiquent cette piéthode : elle avance recoller ; &, à temps égal, celui qui a été travaillé ainfi à la longe eft plus Avancé que celui qpi a été fur le droit & en liberté. Les élèves mis ainfi à la long/9 pendant trois mois^ font e|i état de fuivre une reprife au trot fag$ la déranger. r.eB ai vu rcxpérienoe afle^ fouvent pour jiffirmer les bons pS$x% qui en réfultefit. On doit re.atr longtemps l’écolier à la leçon de la pofition avant que de l’indruire fiir les autres parfies de l’art. La pofirion eA bien difficile k acquéyr. Si le plaifir de travailler l’emporte fyix la patience •Déceflaire pour parvenir à bien faire, on fe gâte, & on s’éloigne du vrai travail. Que Télève foit donc patieni, & n’ambitioni ? e pas des progrés incertains 8*ils font ^op rapides. On oiï))lie aîfément ce qu’on apprend aifement : il faut ^e la pej^ & î^ temps pour bien faypir^

Dt la Fofidan^

le tnfi garderois bfen d*attaquer en jnème temps toiacs les défauts de QU>n élève. Qutre que fon attention ne pourroit fufiir^ à tout » fon corps iie fau^ rolt exécuter à U fois tout ce q « *U (êroitâ ^defirer qu’il pût faire.

Après avoir étudié la conArudion Se les ({ualîtéfi au corps, de Fécotier, ]a mè conduirois félon ce" aue j’y appercevrois, ea cherchant ayant tout à l affbuplir & à le iiCfoUx k recevoir une borvne uefuion. 9il efl roide » je Tavertirai de & mollir ; s’il ed mou, je rengagerai àPs ibîitenîr. Pour qu’tf fe mollifTe, je lui tcr^i plier le^ articulations, S/^ pour qu’il fe foutîenne, ce fera le contraire, révi’ terai fur-tout que Tenvie d’avancer ne lui rende fo^me 9b fin des îjp$ leçons pontrad(£toîres qu’il POS

flecèVf^.diaqjDe jour. Un fjijet » bâfeln d’une 1^ çon qui eft dangereufe à ua » unr «:fi la ngoie de l’imitation prend un él^ve » U fe gâte & fe dégoûte.

£n fui vaut chacun deies membres 9 oa fe fervîra de termes convenables » & qui expriment vraimenb l’aâion que l’homme doitjaire. Il eft dangereux ^ de fervir de termes faux > il en réfulte toujours * des doutes & de réqaivoque. I4ous allons indiquer les termes les plus « fnés fr les pliis coaycMbles aux différentes aâionsh »

Termes rtlaiîfs à U fofitiojju

Lat tète des élèves eft ot^intireaunit l » fllè; ils tendent le menton « & penchent Utè(ce de côté ou d’autre. On leur dit donc { Ltvei ^ Uu:U tëu àrviie, Renue^ U memon^ Ne ptndke^ p^ U tite, ^u’çUc foit portât égaUmait fur hs deust ^auUs » tfi premier coounandement s^eaècute par nne fle^ xioo fin arrière ; le fécond, en (è rengorgeant ; le troifième » par 4^ mouvement de U téïe vers le c&|é oppofé à celui qii’elle pendbe-^ Si le çoQ eft roide^ oa dit, rfUehe^vùtn cou ; point d/ roidiur déytsjfi cou.

Si les épaules font hautes, oa dir, hîJfi^Ut épaules^ rdâcli^^ Us épaules, molUflh^ Us épaules. Tout élève cMiprend & peut exécuter ces pré^* ceptes, Aîetitr vos épauUs sn arrière, applatiffe^ Us épauks, ftgniàe qu’elles fopt trop rondes, & vieq* nent trop ea devant, qu ainfi il faut faire le c^n^ traire* Si l’être ne eoocevok pas y il &roit bon de lui placer foi même les épaules. £t on f^ivra cette méthode ayeip fmi pour toutes les antres pofitions*

Souvent Técoitef toiéût fen bras & le ferte con » tre le corps ; m bii dit afors ; Lâchei U bras ; moUiJJer U bras ; ne metu^ poixp do durgté dans h bras ; déiaçj^ U bras du corps; nefarre^ pas Isa brask A t-ilTavant^^ras obliquement par rapport an bras » on lui dk : fouHnssç^ Pavant^bras i la hantoar du sou* de. A-t-U l’ardcHbiion étendue » f ^ / « / bm$ eft le termecaulage.

Si le poignet fe fléehtr, oa kâ dîp » fiarrandifii, pas le poignet : s’il s^iieiié tiop ^ posu fft^s^ U Pagnes j ymuê^ vmto moin far la ligno dm bnu : sjil le batâe » fiuiene^-U ;.sÛ reotàve trep ^ fwsre poi’* gnet efl trop haut.

Rarement la miaîa eoirferve fa pofition. Les doigt$Ls ; eftrxiipleuUi.font à meMéouvorts ; Lepoifce eft r^icroché ;, les rioes gll/Teoides ni^ias ; w dii( alors, plaee^ lambin dsvant vûju. fermc^ iifuts Us, doiffiSr f^tuti voe rfnes ; albngi U POft^e dejfus^ Quand h nuin eft in^cectaiae » « n dit.’ajfurei la main | votre main fn pense : fi elle eft trop dure, ^ "^^L k ppigpft, la nkfin. ; poinP de dore té dans Ijt Le rein eft-il tiop. mou y le ^os coïK&è » U poi^i^ trine courbée, ditjeià Tèléve:foujienf^ votre rtin i SrandiJ^^’VOut du. haut du. cùrps ; foutenti^ vqui, Eft «  . ai^); oatriirp roide^ le re^n prjsux^i les fçflTcsdé- p os boftfant la (elle » pn ravenit par ces mots : Moliiffil vous ; ppaffei vos fiffesfius vous ; poujfti la c$sn* iun en avant ; ne crmfei pas Us reins » Si les fefles s’élèvent, & que le corps s’en aille ^avaot, on hit dit : affiyn^oms ; laijèi’vous porter également fiir iesfeffes ; meste^ le haut du corps en arriïr^^ On le corrige de fou incertlnideen kiidirant : Haffure^^vous ; employé^ plus de nerfi Lorfque la cuiffe eft trop en avant ^ qu’elle n’eft pas étendue le plus qo’il eft pofible, l*ecelier doit être averti par ces mots : Etende : ^ vous » laiffu tom^r* vos cwjfies. Si elles font dans un état de trop grande adduâion, reldchei vos euîjjis y molUffii^les, Ibnt les termes uGtés.

Les genoux trop pUés/trop ouverts j^ta pimbe en avant trop roide ^ tr opjècanèe dn cheval 9 font des défauts dont on fait appercevoir Téléve, en lui Afant : Etende^ vos geuouK ; tourne^ vos cuijes ; lache^ vos famées ^ laifft^’-les tomber nasurelUmeat ^ iie^^les ^firve^’VOUS’Sn,

Les pieds font^îls mal placés, roides, & ta pointe kauce, 00 peut dke, pl^e^ vas pieds, lâche f4es : fent-ils trop mous, on avertit de les raflurer.

; L*affiette n’cft*-elle pas fur le centre » on dif^ 

jfettei votre affiette en dehors ou en dedans. Si le corps eft mal tourné » an dit, avance^ le cM, à partir du bas des reins.

Portez le poids du corps endedans, avertit Féléve qu’il ait à contrebalancer lafiioft qu> le porte en flehors pa A poids de fon corps en-dedans.

Tels font à-peu-prés touts les termes de la leçoir ilonnée confi^uemment » az principes que nous tvons adaptés k la conftru^n du corps humain. Ils foni bientôt expofét ; W eft aifé de les concevoir* Mais rexécntion de touts ces précepte » eft longue » & relève travaille plufieurs sonnées avant que fa pofition foit prife & IMen formée. Lorfqu^nfin il aura* acquis la facilité de fe placer & d accorder fes fliembresiufipi’à un ccnaîn point » on commencera k les faire agir » Si à lui £iire connoitreies opérasioas » toujours fur de% chevaux mis. Des Opérations de Fhomme dans C Equitatïon.^ Prefque toutes les opérations de l’homme dans Féquitation » font compofées ou mélangées do m6u> vement de plufieUr^ membres. Les principales font celles des bras & des cniffc », & de toutes les paf^ lie » qui les compofent*

Opérations des bras & des maîns*

Je fuppofe ici que Ton coonoît les effets du mors & les propriétés de ce doubfe levier. U s’agit ici des mouvements du bras qui é fait agir. La main de dedans plie le cheval » elle s’écarte du cou du ckeval ; s’élève pour enlever le pli ; fe baifle pour le fixer » s’il eft difEcife à conferver. Ce font-tà les aâions les plus ordinaires de la maiiï de dedans. Celle de dehors^s’eillève, fe reporte far le cou du cheval en dedans » élargit la rèiie de dehors dans quelques occafioos. Tel eft Turfage dés mains P O S 15$

lorfque tes rênes font fépat ées. Si elles font réunie^, dans une main » b main qui les tient fe porte ea dedans » quelquefois en dehors, s’enlève : on rené la main » on i’afture, on fent une rêne plus cpm Tantre. Entrons dans je détail.

La main de dedans plie le cheval 8e écarte la rêne du cou. Pour exécuter cette aâion, l’épaule fo baifle parce qu’elle Va un peu en arrière ; le bras i s’écarte du corps > Particulatioix du bras & d.e i’a-^ vant-bfas eft tendh ; ie, ou du^nM>ins dans un état mixte » l’avaat bras » ainfi que la main, dans une act’uude moyenne entre la pronation & la fupination. La main » j^Ortée par ce mouvement de cir-Gonduâîon au peint oii elle eft néceffitée d’agir pour s*éloi^ner du cou du cheval & faire agir la rêne de dedaos » failit cette rêne, 6c par b lenfion & le relâchement alternaxif (|u*eUe lui occafioaoe ^ elle opère & produit le pli..

Quelquefois la main & le poignet fuftfent ; d’au-’ i très fois auffi il y a de petits mouvements de Tavantbras ; ce foiu alors de petits mouvements de ftexien & d’extenfion. L’aâioa eft très-douce fi le poignet feul agit : fi l’avant-bras travaille » elle fera plus forte » de roémte lorfque le bras fe mêle de cette aâion » elle a une puiflance feuvent trop grande. Mais otf doit fe méfier dt9 fecouts qu » l’épaule pourvoie— donner jf fon » uiHaue fonâiôn eft d*appuyer Tos^ du bras : ainfi routesles fois qlie fe » mufcles entrent en contraâion pour les mouve-> ments de ce membre, il y a de la roideur $•& cetttf roideur augmente à proportion de là concmâloa des mufcles qui, tenant i tout le haut du corps ^ lui coflsnminiquent feur force.

L’opération toute (impie que nom venons de dé «  crire » n’eft pas toujours bien conçue par Técoliery Ce qui kii coXite le plus eft de détacher le haut dit bras des côtés* Il fe pkffe chea lui un* débat entro cette aélion^ & celle qui éloigne k main i en forto Iue le haut de fon bras ie tient collé au torps » tan «  is qu’il veut détacher la partie inférieure. Ondoie I veiller avec foin à ce qu’il cMécute ces mouve* ments fans gène » (ant reîdetir^ St en employane le moins de force pcflible La partie du dtembr » qui en exige le plus » eft cdle par laquelle le bra » eft fixé dans fon éloignemem du corps ; la partio fupérieure & Textérieure du deltcMe fuffifenr. Sou* vent l’homme emploie touts les autres mufcles ; éc alors il n’eft pas nre que le cheval défobéifle k une puiffance qui hû occafionnc de la douleur : car il eft utile de n’oublier jamais que plus l’animal fouf* fre, moins il fc prête au defîr de Phemme. U met en ufage » pour éviter îa douleur » le refte de fea forces » dont une partie eft détruite par i’eaceffivo puiflance de l’homme.

La main agit elle pour enlever le pli d*utf cheval qui s’atterre & s’appuie fur le mors » elle donn^ de petites fecouftes légères à hi^ rêne de dedans, en la prenant en deuous « Voici le mélange des mouvensems néceftàires à certe opération. Apres avoir pratiqué ce qui eft dit ci-defliii » le pouce 8( îç6 P O s le doîgt index faififfent la rêne fans forte, & le poignet s’élève & fe baiffe alternativement, fans que le réfte dû bras agiffe. Alors le mouvement eft opéré par une puiffance petite. Sicile ne fuffifoit pas, Thomme feroit agir Tavant-bras en le ilédîiffant & l’étendant alternativement, & répétant plufieurs fois cette aâion avec une vivacité plus ou moins grande. On agit ainfi par une tftâion qui certainement détermine le pli è la lengue. On" obfervera ici que le bras doit fe détacher du corps dans les petites fec^uiTes données à la rêne par Tavant-bras, afin de favorifer la direâion que doit avoir cette puiffance de trafHon ; car on doit fe rappelier un axiome inconteftable en cavalerie, qui e(l que le cheval obéit à une puiffance de traaion félon la direâion de cette puiffance. Le cheval fe plie quelquefois aifément, mais fon nez eft au vent. Alors on fe trouve obligé de baiffer tout le bras étendu, de le fixer en place, & de proportionner fa force & la tenfion de fes mufcles a la réfifiance de Tanimal & à fa difficulté à obéir. Dans cette opération, le bras étant difpofé tronvenablement, Taffurance du poignet fuffira pour vaincre les efforts de Tanîmal.

Dans les occafions où k rêne de dehors eft enlevée, on exécute les mê/nes actions qu’on em «  ploie lorfqu*on enlève le pli ; avec cette différence que le bras ne fera pas détaché du corpsi Après s^etre porté à la hauteur convenable, il s’y maintient ; mais le poignet ou Tavant-bras ^ agit pour retenir & rendre, par de petites flexions & de petites extenfions alternatives. Pour reporter la rêne, il eft néceffaire que Tépaule vienne un peu en avant > &que le btias fe porte vers le milieu du corps ; pour Télargir ^ au corftràire y on exécute lesaâions oppofées.

Lorfque lar même thain Aént les deux rênes, cette main doit conferver fa pofition moyenne, ainfi que Tavambras ; & dans le cas où Taâion des deux rênes eA égale, elle fe tient dans la pofition que nous avons indiquée. Mais s’il faut reporter les rênes en dedans, l’épaula vient en devant, le bras s^ pone auffi —, &’lavait-bras n’a point d’aâion particulière. Le bras n’éprpuvera pas d’oppofition à cette aâion par la contraâîon des mufcles antagoniftes ; car fi cela arrivoit, il y aurott de la gêne, & on doit Téviter fur-tout en ceci. Quelquefois on fait le mouvement contraire, & on pone les deux rênes en dehoré ; on fe contente de détacher le bras du corps & de e porter à lendroit convenable, fans changer rien à la difpofition de ravant^3ras & du poignet. Cette aâion qui, en apparence, paroît contraire aux vrais principes, ne Veft réellement que relativement aux circonfiances. S*il s’agit de fentir un peu plus la rêne de dehors, Tavant-bras ( le bras & la main étant dans leur pofition primitive) (e mettra dans l’attitude de fupination proportionnellement au degré de puiffance qu^on veut employer, fans que le poignet ^i a^cun mouvement propre. On pe refr p o s

fent guère la rêne de dedans lorfque la tnain feule tient les deux rênes. On fuppofe, lorfqu’on en eft venu là, que le cheval fe plie pour l’accord des mains & des^ambes. Si cependant il étoit néceffaire de la fentir, il faudroit fe fervir de la main de dedans. •■

Dans toutes les aâions du bras » une légère flexion dans fon articulation avec Tavant-bras i^ donne du moelleux.& de l’aifance à l’aâion. Dts mouvements & des opérations infenfibles font d’accord avec la fenfation du cheval:des aâions brufques y font oppofées. Souvent le relâchement ^ la contraâion fucceffive des mufcles eft un moyen fufHfant pour opérer fur le cheval, fans déplacer ni faire agir aucune partie du bras. On s’en convaincra aifement lorfqu’on aura monté des. chevaux, bien mis…

Quels que foient les moyens employés pour, riulfir, n’oublions pas que la réfultante des mufcles mis en œuvre, eft la figne dans laquelle le cheval obéit; & que le degré de force que ces mufcles acquièrent, eft celui de l’obéiflànce de l’animal.

Toutes cesaâiojJs fi compofées ne font comprî&s aifement d’un élève que par l’explication claire 6c précife, &fur— : rout par l’exécution que le maîcre en fait devant lui. L*efprlt prévenu s’appliquera, plus aifémenrà difcerner ce que le maître exécute, 6c l’écolier faifira plus promptement. Sans cela on. tâtonne longtemps, & la tardive expl^ôQce fait trouver fous la main ce qui ne s’en étoit jamais écarté, mats qu’on croyoit bien éloigné : tant il eft vrai que les chofes les plus faciles font fouvçnt celles dont on fe. doute îe âloins. Opération des cuîffes & des jambes : Les cuiffes une fois bien placées n’ont,. ou da moins ne doivent avoir, aucun mouvement à clie-. val pour opérer,’puifqu’on exige d’elles une grande, immobilité. Tout leur effet eft produit par la ten— ; fion & la dureté plus ou moini ; grande de leurs mufcles. On ne peut fixer le point convenable à chaque opération ; letaâfeul peut l’apprendre par le moyen d’un long ufage & d’effais réitérés. On doit coufultcr pour cela tout ce qui concerne ley fenfations du cheval, & le rcfultat des effet$ d^ l’attouchement fur les différentes parties de fou corps.

La jambe étant placée, n’a d’autre aâion que celle de fe porter un peu en arrière, pour exciter par ioncootaâles mouvements des mufcles qu elle va toucher, Ceft par une Cmple flexion du jarret i qu’elle agit alors. Opération unique qui n’a toute fa valeur que lorfqu’elle eft employée à propos & dans les jnftants juftes, comme on le verra dans 1% fuite, v^

Le pied ne doit point avoir de mouvement qui,’ par lui « mème & tour fenl, influe fur l’animal : ce ? pendant il concourt avec l$s jambes & les cuiftès à former l’aide fuivante »

p o s De taide formii par P accord des cuïjjes^ du jambes & des pieds.

Il e(l un accord de touts les mouvements des cuifles, des jambes & des pieds, qui produit la ; plus belle, la plus favaote, & la plus aâlve des aides : elle fe donne ainfi.

Après avoir perfeâion né fon afliette & tome fa ’pofition, on lie moëlieuremenr les cuifles en les tournant ; on étend le jarret fans trop éloigner la jambe du corps du cheval ; on baine infenfiblement le talon en pefant fur Tétrier, & on fe grandit un peu du haut du corps. Alors on fent que le cheval redouble de vigueur, & que le poids de fon cavalier lui efi moins pénible. Cette aide favante ne peut être employée que par un homme bien exercé : ceux qui ne le font pas fuffifamment y fe roidifTent très-aifément en voulant la donner ; & par-là ils produifent un effet très-faux.

D’après ce qui vient d’être dit, on concevra fans peine qu’il eft facile de définir les aâions des tnains, & de les faire comprendre, mais que celles des cuifles & des jambes s’apprennent feulement par la pratique.

Des premiers iLiMEKTs de l’équitation. ( Thiroux).

Je vais expofer les proportions & les qualités indifpenfables pour tout homme ambitieux du titre d’écuyer. Mais avant que d’entrer en matière, je’ crois devoir inviter ceux qui trouveront le mot indifpenfable un peu févère, d’obferver que « de touts les exercices du corps, Téquitation exige peut-être le concours le plus abfolu des qualités phyfique) & morales. En effet » la pratique de notre art ayant toujours lieu fur des individus dont la volonté contre-carre quelquefois celle du cavalier, ce feroit inutilement que ce dernier épuiferoit les reflburces de la olus exaûe théorie, fi la nature avare Tavoit fruitré des moyens phyfiques qui feuls donnent la pui/Tance de rcfiAer aux impulfions inattendues d’un cheval rebelle. Or, ces moyens dépendent uniquement dine égalité parfaite entre les deux longueurs du haut & du bas du corps ; c’eft-à-dire que, fans aucun égard pour la taille d’un élève » on a raifon d augurer avantageufement de celui qui fe préfente avec le rein ablolument placé au milieu du corps, pt^faue, d*après cette proportion « chaque extrémité forme un levier, dont les forces, arrivant en ménie raifon au centre commun, fe balancent néceffairement par leur propre poids.

O vous l <]u’un amour effréné tyrannife pour réquitation, jeunes amateurs, réfiflezau penchant malheureux qui vous entraîne » pour peu que votre conformation s’écarte des dimenfions que je viens de vous donner. Soyez d’une taille avantageufe ou non 9 fi la partie fupérieure de votre corps excède £quitdtiQn„ Efcrim 6 » Danfe.

P O S

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en longueur l’étendue de vos cuiflcs & de vos jambes, renoncez au cheval qu’il vous eft alors phyfiquement impofiible d’embrafTer afTez, & poui* affurer laffiette du milieu du corps, & pour s’op* pofer aufouettement involontaire du haut du corps. N’allez pas non plus prendre une confiance aveugle dans" la longueur exceffive du bas de votre >corps ; car jamais Tenveloppe outrée qui réfulte des jambes trop longues » nç peut dédommager de ja perte irréparable d’une main moëlleufe, inévit^blement roidie par cette dernière imperfeâion » & nonobflant touts les efforts du cavalier dont le centre, écrafé plutôt qu’aifis fur celui du cheval,:« a fuit violemment jujfqu’aux moindres vibrationfi4CVi peut donc établir, comme le premier principe ijicontefiable » que la ftriâe proportion du rein.efi le f^age affuré dune entière réuffite en équitatiott*, ur-tout lorfqu’à cette heureufe divifion du corps, on joint une douceur à toute épreuve, une patience inaltérable, une attention férieufe ; qu’on efl doué du plus erand fang-froid ^ qu’on a de Tintelligence, de la mémoire, & qu’on poffède une certaine fineffe de fentiment dans te taâ; fineffe qu’aucun maître ne peu# communiquer, mats que des leçons réitérées & prifes avec fruic confirment ou perfe6Honnent ( A^. B, L’arrêt du maître qui vient de parler n’efl-il pas trop févère ? 11 efl bon de confidérer dans touts les arts le dernier terme de la perfeâion:mais il ne faut pas oublier que ce ternie eft toujours idéal, qu’aucun artifte ne l’atteint, & que le plus parfait efl cellit qui en approche davantage. Les auxres le fuiventà différents intervalles, fuivant le talent & les qualités qu’ils ont reçus de la nature ; on ne peut pas raifonnablement leur dire, renoncez à l’art, parce que vous n’atteindrez jamais l^remier degré de la perfeâion. Faut-il que touts len^anfeurs renoncent à leur art, parce qu’ils ne font pas faits comme Veflris, & n’exécutent pas coonne lui ? Faut-il qu’il n’y ait point de géomètre, parce qu’ils oc peuvent pas être des Euler ? Et ne peut-il pas arriver dans un compofé phyfique & moral td que rhomme, une compenfation de défauts & de qualités ? Celui dont le corps aura la proportion rigoureufe qu’on exige ici, peut manquer de la ftneffe du taâ, & être inférieur à l’homme, qui, proporttonnémoins parfaitement », aura cette fineffe a un degré fupérieur. N’outrons rien ; effayons nos forces; & fi elles ne peuvent nous élever au premier rang, foyons contents de celui oii nous pouvons arriver).

Avant que de permettre aux élèves de monter fur un cheval, il efl, je crois, à propos non-feulement de leur faire examiner avec attention la firu^ure de l’animal qu’ils défirent enfourcher «  mais encore qu’ils jettent un coup-d’œil rapide fur la leur. En conféquence, voilà les détails préKminaires à l’exécution de la pFemière leçon dea élénients.

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P O S Notions an ucmicues dt Vhomnu & du ehex’aU Ultomme offre un corps perpendiculaireRient élevé.

La totalité duxhèval préfente une fnperficie circulaife horiibntaletnent appuyée firr quatre i » fes. Tons deux ie dfvîfent en trois psrrties qoîfont, pour rhoninie, le haut y le milieu » le.’bss du’• tofrps ; pour le cheval, Tavant-inain, lecoi|>s, •yamère-main.

—.Le haut du corps commence à la tête, & finit -fliux banches. Les hanchss, la ceinture, le haut des « ’Wi(&s, le fern, le coccix cofflpofent le milieu tIu le^rps. Le Telle de la cuifle, la jambe « nttére, le ’{ » teU donnent le bas du ccjrps.

A régafrd dti cbcyal, 1 aTant’main comprend •depuis le bout du nez jufqu au g^rot. Xe —corps e(l entièrement couvert par la felie. Le furplus ibrtne rarriére-nïain.

Chacune de ces trois pantes de Thonnne & du ; cheval a bien la faculté de fe mouvoir indépendamment l’une de Tautre ; mais la nature aftreinti •autant Thomnie que le clieval a ne jouir du mou— ; vement avec fufbté, qu’au moyen du fcrupuleux entretien de leurs perpendiculaires. Or, Thomme ; a deifx perpendiculaires qui fe tirent de Ces dayi-* cules aux chevilles du dedans de fes pieds.— Celles ’du cheval, quadruples eii raifon de fes quatre jambes,’partent 9 dans lavant-main, de la pointe • des émules pour arriver au milieu des pieds de ; ’" devant, tandis^.qu’à rarriére-main, elles s’attachent | à l’extrémité des feiTes, & viennent tomber entre les talons des’pieds de derri^. La jui^efle de ces ligrfes fidlives dépend entièrement de la direâion -du centre, d’où réfulte l’aplomb. La poitrine eft le centre de l’hoqyne ; aufli vovons-nous le porre-’faix avancer Jppachinalement le haut du corps, tandis que la femme enceinte recule le fien, tous deux avec rrnrentton de maintenir leurs perpendiculaires eintre le poids qu’ils portent & leur centre -de gravité, ^ vce, dans la vue de conferver leur aplomb. La nanire a placé le centre du cheval, vu fa pofition h^rtfontale, dans la divifion que nous nommons le corps, enforte que cette portion du cheval fert de foyer commun aux forces combi-’ nées de l’avant & de rarrière-main. Cédons aâuellement à f impatience du nonvel • académide : plaçons Thomme perpendiculaire fur le cheval horifontal : donnons enuiite au cavalier les moyens de réfiiler à la vibration fucceffive des mouvements de l’animal fournis aux loixde Péquitatiop ; & traçons là méthode propre à gouverner ces mêmes mouvements.

Façon rfr monter fur un cfrevaL

On aborde le cheval fans s’expofer au danger d*en être frappé, lorfqu’on évite de paffer derrière

Iui pour approcherde fpn épaule gauche, nommée

vulgairement l épaule ou le côté du monioir. Pref— 1 que en face de cette épaule » le pied gauche entre i vos

la troifième & la quatrième pundon > tenant dans la main gauche, la gaule dont la pointe eA en bas, on prend, avec la matn droite ^ le bouton des ré «  nés de la bride. On élève ce bouton perpendiculairement à l’encolure du cheval, afin de rendre égales les rênes qu’on paKTe enfuite de la main droite dans la main gauche « en les féparant avec le petit doigt, mais de telle forte que la rené droite pofe defliis, & que la rêne gauche foit deffous. On n’aifuiettic définitivement les rênes mifes dans la mam gauche, qu’après avoir éprotrvé fi le cheval les fent ; puis on en rejette le bout fur l’épauledroite du cheval.

De kl main droite, devenpe vacante par Ta* bandon du bout.^es rênes, on prend une poignée decrins, ni trop liaut y ni trop bas de l’encolure. On niet ces crins dans la main gauche, & on finit par en entourer le doigt appelle l’index, dont on fe fait un point d’appui. Énfulte, » avec la même main droite, on prend Tétriviêre qui foutient Té’ trier dans* lequel on apporte la pointe du pied gauche, en obfervant de lever la jambe fans baiffer le corps. A la précaution de tenir la poinre du pied perpendiculaire au genou, quoique dtreâc au ven* tre du cheval, il faut ajouter le plus grand foin d’éviter qu’elle ne le touche, de peur que le cheval ne fe porte du Coté oppofé.

Dans cette fituation, on allonge le bras droit fur le derrière de la felle, dont on empoigne l’arçon avec la main droite autant avancée qu’il eft —pofitbte. On s’élance enfuite, foutenant toujours le corps droit ; s’étayant de la main gauche ^ qui a pour appui la poignée de crins ; s’attirant avec ia main droite qui efl cramponnée à l’arçon de derrière de la felle ; & s’enlevant fur le pied gauche, dont la pointe abfolument defibus le genou du ca «  valier, & droite au ventre du cheval, fait refibrt, & conféquemment prête beaucoup à l’élafiicité. Elevé à là hauteur de la felle, après avoir lâché Tarçon de derrière tenu avec la main droite, on étend la jambe droite de façon que, fans être trop haute » elle puifle pafler au-demis delà croupe, & c : pendant ne touche point au cheval. Ce paflage de la jambe droite fe fait avec grâce, aifance & fureté, toutes les fois qu’on a Tattentîon de maintenir Je corps droit, de porter les hanches en avant, de creufer le rein, & de tendre la pointe du pied. Cette dernière précaution regarde ceux 3ui portent des éperons, parce qu*alors, niché ans le creux du talon, Téperon droit ne peut pas inauiéter le cheval. Enfin on s’af&ed en ielle. Pour n^y pas tomber lourdement, on pofe la main droite, qui a quitté l’arçon de derrière, fur la batte droite de l’arçon de devant ; & afin de rendre plus folide le nouveau^ point d’appui qu’elle forme, on réunit tesforces de i’avanr-bras, du poignet » de la main’& des doigts, en fcrrant le coude contre labanche, en bombant le dedans du poiçnet, & en inférant les doigts entre la batte & la cuifie, de manière que te p « uce Ce montre feul en dehors* p o s "’Pojb’wn du haut du XCffs*

Lorfqv’oo eft affis en felle, la main droite re-YTtnà y par-deflbus la gauche, & la gaule qu’elle paâe deflus l’encolure du cheval, & le bout des rênes de la bride qui flotte fur fon épaule droite. Prefque du même temps on remet les rênes dans le plat de la main gauche « qui s’en eft deflaiûe, & qui laifle aller le crin pour les recevoir une féconde fois. Quand elleslfont fëparées par le petit doigt, on appuie le pouce direaemenr defltis » afin d’empêcher qu’elles n’échappent. Il faut obfcrver 5|ue les rênes, fans être flafques ni trop tendues, ont à leur vrai degré lorfque le cheval marque qu’il les fent. Quant à leur excédent, on s’en débarrafle en le laiflant retomber fur i’épaule droite du cheval, ainfi qu’on a fait pendant qu’on fe préparoit à le monter. Le cavalier place enfuite fa nain gauche » faifie des rênes comme il vient d*êrre dit, à la hauteur & vis-à-vis du nombril, éloignée du ventre ainfi que de la felle, d’environ quatre doigts •les jointures » qui lient la troiiîème phalange des doigts à la main, perpendiculaires àiar* çon de la felle, & parallèles à Pencolure du che* vaL Par ce moyen » le pouce » diagonalement pofé (kr la féconde jointure qui partage l’index, fe trouve abfolument au-deilus du petit doigt & au niveau du pli du coude, les quatre ongles regardent le ventre, & chaque rêne » également diftante de Tencoiure, correfpond en ligne direâe à chaque branche du mors, dont les talons repofent imiiiédiatemem fur les barres du cheval ; endroits fenfibies qui fervent à le diriger. Les comii }ençants ont le plus grand iitérét de vérifier fouvent (I leur main garoe la pofition q*.*’dle a reçue: auili confeille-t-on aux éléfces de la rappro< ; her fréquemment de leur ventre, afin des’auurer que tes quatre doigts s’y plaquent à-la-fois. Le pouce arrive « t-il le premier, la main eft dite couchée; & renverfée, û le petit doigt commence à toucher le ventre. Dans l’un ou l’autre cas, la main déplacie entraîne viftblemem Tinégaliré des rênes » fource ordinaire de la réfiftance du cheval inquiet des ienfations inverfes qui lui parviennent. Au lieu que toutes les difficultés s’évanouifilent devant une main dont les doiets, abfolument au-deflus les uns des antres^ enlèvent les jrênes avec la même égalité qu’un fléau de balance auire les plateaux qu il foutient.

Après avoir ftatué fur la. pofition de h main gauche, il eft jufte de fixer celle que doit prendre u droite. On n’a furement pas oublié k^ auffitôt qu’oueftaffisen felle, la main droite s’e A empa* rèe de 1 » gaule qu’elle tiem encore h pointe en bas Os 9 comme oa emploie : ceite main à tenir le bridoa, nosobflaat la gaule nui l’occupe » il faut néceffairemeiMufer d’un peu dadrefle.pour Taider a s’acqmner des deux foiîûions dont elle eft chargée « fans : qu’elles fe nuiient réciproquement. En coiiieqiieiic « , ont élève i’avam-bras droit qu’on P O S *î9

étend’jufqu’à ce que la main droite outre-palfe là gauche, afin que la première puifle prendre le bridon par-deflTus les renés de la bride affujetties dan » la féconde, & feulement avec les premiers doigts les ongles en deflbus, le deflus du poignet haut & bombé, & le coude médiocrement éloigné de la hanche. Il eft propos de faire remarquer que Textenfion de l’avant-bras n’eft régulière qu’au* tant qu’elle ne caufe aucun dérangement dans le haut du corps, ni même dans la fituation de la gaule qui, lorfqu’elle ne fèrt pas, doit conftamment demeurer entre Tépaule au cheval & la cuifle du cavalier. Le confeil que je donne ici, de tenir le bridon avec la main droite, paroitra fans doute au moins inutile à ceux qui favent apprécier foii ufage en équitation. Mais, avant que de me juger, je les prie d’obferver que, fi j’engage mes élères i s’en emparer dès la première leçon, c’èft feulement afin^ que les deux mains occupées entretiennent les épaules du ca valicr égales emr’el les, & para^ lèles à celles du cheval, & aufiî pour avoir la cec* titude que le haut du corps pofe intimement fur lé milieu du corps.

La pofitîoij de l’avant — bras droit met fur I4 voie pour arriver à celle de l’avant-bras gauche • c’ert-à-dire, qu il faut égialemcnt que le coude foità une modique diflance de la hanche, mais le poignet, fcrupuleufement au bout de l’avant-bras doit un peu creufer en deffus, afin de laifl*er la main au niveau du coude. Quant ai refte du hau( du corps, la tête haute Se placée droite invite 1^ cavalier à regarder, fans affeÛation entre lès oreilf les du cheval, lapifte qMi, en terme de manégjsl eft le chemin où oh veut le mener. D ailleurs, il ftui avoir les épaules BafTcs & égales ; que les bra^ tombants foient affujetiis contre le corps depuis i «  pointe de l’épaule jufqu’au coude, & détachés du corps à partir de cette dernière jointure jufqu’au bout des do gts. £nfin la poitrine doit être. ouverte^ le ventre goi ? i2 i, & la ceinture en avant. ^ Pofition du milieu du corps.

’Si on conCdère que les préceptes analogues i la pofition du milieu dit corps doivent indirpen fable ? ment dériver de la forme que le cheval a rtça^ de la nature, on ne regardera pas comme fuperfiuc les réflexions qu’on va lire. La feule infpe£Gon dtt clieval apprend que fon corps eft un cercle fur lequel le cavalier cherche à fe placer. Perfonne n’iV Jnore quun cercle eft compofé d’une continuité e points acrangés de manière que » de qudque côte qii^on les envifage, il s’en trouve toujours un fupérieur aux autres ; vérité. mathématique qui r£ duit à un feul point la bafe que préfente ua cercle quelconque. Comme il eft démomié qu*on ne peut occuper la fuperficie d’un point, à moins quç d’être porté par trots étales demnécs en équerre «  il eft très-eftemiel que la méthode qui conduit à la recherche de ces trois points d’appui précède ccU^ qui focîtite l’ufage qu’oa en doit faire. ^ Kki]

x6o P O S P O S En conféquence, le cavalier trouve les deux i confervateurs àa haut des cuiâes & du croupioai premiers points d’appui parallèles dans le haut de les cuiflcs, & c’eft le croqpion oui lui procure le iroifième avec lequel il achève de tracer Féquerre. Pour établir aifément ce triangle falutaire, il faut avancer la ceinture jufqu’à ce qu’elle touche à Tarpon de devant ; il faut que les hanches, portées en avant, mettent le haut des cuiffcs fi près des barres, qu elles y femblcnt collées ; il faut tourner en dedans les cuifTes étendues y aén que leur plus grande fuperficie s*applique à ta felle > ce qu’on défigne, en équitation, par avoir la cuiffe pofée fur fon plat ; il faut reculer les genoux & les fermer, ou ce qui revient au même, qu*ils foient fixés furies quartiers de la felle ; il faut creufer le has du rein a Toppofite de la ceinture ; enfin il faut couler lesfefles^ deffous le corps pour obliger lé croupion à réellement porter fur la felle. En récapitulant Tordre qu’on a précédemment mis dans les différentes parties dont le haut ducorps eft cpmpofé » on voir clairement que Tarrangement de celles qui forment le milieu du corps en efi une émanation motivée. En effet > depuis la nuque du cou)ufqu*au croupion, nous fommes doués d’une colonne de petits os entrelacés les uns ’dans Içs. autres en forme d « chapelet : colonne que tout le monde connoît fous le nom d’épine du dos. La difpofiiion de ces os eft telle que chacun venant à preïïer celui qui le touche, peut lui communiqjier un mou^ment d’ondulation y foit de haut en bas, foit de bas en haut. C’eft à Taide de cette chaîne élaftique que nous avons la faculté de creuier le rein, ou de le bomber. Dans le premier tas, nous employons machinalement l’ondulation defcendame, afin de donner à ta colonne ofieu^ la tournure concave feule convenable à l’opération projettée. Alors* la nature nous prefcrit d’ouvrir la poitrine, en effaçant & baiflant tes épauies, de gonfler le ventre, & de préfenter la ceinture, pour Pofitlon du bai du Corps*

L’équilibre ne peut jamais avoh* lieu fur un corps mobile, quand même l’aflion prévue de ce corps n’auroit qu’une feule dircâion toujours égale. En vain objeélera-t-on les faifeurs de tours qui, de-, bout fur la fuperficie d’un ou de pluficurs chc* I vaux, femblent braver l^vibration des différentes allures qu’ils exigent. Que leur prétendue magie blanchît bientôt devant des yeux connoiffeurs l Une légère attention fuffit pour les furprendre lut* tants à chaque inftant contre des chutes inévitables, malgré l’uniformité du mouvement qu’ils atten-^ dent, fans le fecours des rênes d’un brîdon qui, d’agens conduâeurs qu’elles font enrre mains du : plus ignorant palefrenier, prennent pour eux 1 » puiffance du balancîei’des danfeurs de corde. Si l’équitation bannît jnfqu’au nom de Féquiîibre, il n’en eft pas ainfi de l’aplomb que tout le monde (Ht être pour les corps agifiants, le réfnltat conféquem d’un équilibre continuellement perdu &recou «  vré par le moyen d’une puiffance, tantôt attirante, tantôt repoufiante. Mais,)*en appelle aux maîtres de notre art, Taplomb qui les rend h moelleux à cheval, n*eft-il pas le fruit d’une tenue tong-temps éprouvée ? Encore, dans ces mouvements irrégulicrs d’un cheval indocile, ne font-ils pas obligés d’en revenir à la tenue > quoique les temps favants d’une main confommîée travaillent plus à contenir l’animal fougueux fous l’écuyer y que cedernierne cherdic à le fuivre dans fes boutades. Comment donc cfpérer de placer les éWres par le feu ! aplomb ? En effet, Tnfqu^aflueHemeirt les difpofitions ccflAtïinées du haut 6c du milieu du corpf tcni^ent bien à mettra l’homme en équilibre fur le cheval, mais elles laiffent le cavalier toujours àlx Teille de perdre le fruit des foins— qu’il a pris pour s’élever & s’affeoir fur le point faillant de pomt

oueriennre s’oppofe à ce que chaque os pouffe, ta ligne circulaire, puifque le moindre mouvc de haut en bas, l’os qui lui feirt de bafe. Lorfqu’au ; ment inattendu du cheval, moteur de ce cercle r • contraire on defire bomber le rein, ce n’eft qu’en rentrant h poitrine & le ventre, & faifant difparoître h ceinture, qu*bn parvient à occafionner un reflux dans hi colonne mouvante qui., de concave qu’elle ètoit, devient coovexe à mefure que cha* que os repouffe ^ de bas en haut • celui qui le domine. Il eft donc anatomiquement prouvé que, fi la tète en arrière eft placée juffe au mifieu des épau, îeSy fi les épaules égales & baffes font effacées, fi Tes bras toimbants accomf^gnenr le corps, fi la poitrine eft ouverte, fi le vemre eft gonflé, enfin fi le rein creufé chaffe la ceinture & les hanches en avant, dès ce moment chaque partie féparèe du haut du coîps fc réunit pour former un plan iiiclthè, d*arrière en avant, dont la direflion pnffa* tive, de concert avec l’ondulation deTcenrfame dé la colonne offeufe, tend à confolider, par preffion, Brpofition du milieu du corps, & affermit le cavalier nouvellemeiu affis fur les trois points d’appui peut l’en faire gliflèr. L’impreflîon ftchcufe qur réfulte d’une remarque aufli décourageante ne doic pas tenir longtemps contre ïobfervation fuivante. Une fois régulièrement affis fur le fommet du cercle, en regardant au-deffons de Fui, réKve appert çoit le corps An cheval, dont la circonférence déborde également de chaque côté. Or, s’il eft dé-’ montré. qu’on ne peut s’affeoir fur un cercle qu’à Taide de trois poihts d’appui triangulaires, il eft autant prouvé qu’on ne peut envelopper ce cercle à moins que de jouir de deux parallèles affez flexibles & plates pour l’emourcr au^deffous de Ton diamètre. D’après cette féconde découvene, & au moyen d’un léger pli dans tes genoux, le cavalier laiffe tomber fes deux fàmbesperpendicŒlairement au bas de fes cuiffes tournées en dedans, ou ponces fur leur plat.* De plus, il fait fuivre à fes pieds la même direftion, en baiffant le ulon tourné en dehors & mis un p<ctt en arrière »

p o s U qil ! dontïe la pointe du pied (butéiivé ; ce qu ! place le dedans du molet Drès du cheval ; ce quiconfollde la cuiiïe pofée fur fon plat ; enfin, ce qui affure les hanches portées en avant : d’où il fuît aiie, de Tefpace qui fe trouve entre le bas des cuiiïes & la partie latérale du dedans des pieds, on voit fortir une muUîtude de tangentes qni, toujours au mo » ment d’embraffer, au-deflous du diamètre, le cer* de fur lequel on eft aHis « mettent relève en état de réfifter aux div^rfes aâions du chevaK Comment, en effet, leur défordre, leur violence, ou leur rapidité pourroit-elle ébranler rafSettcqu on a pris tant de peine à fe procurer, fur-tout ayant foin que le bas du.rein fetme & creufé repoufie fréquemment les hanches & la ceinture en avant » puifqu’alors c efi â la partie inférieure de.la capacité même d » ch<val que lenveloppe du bas du corps du cavalier fe trouve intimement attachée ? Perfonne n’ignore que plus on embrafTe un cercle dans fa portion inférieure » ^plus Taûion de lenveloppe fait reinonter ce cercle dans la puiffance embraffante « Solution qui donne pour produit le chevfli fans cefle remonté dans les cni^cs de Thomme^ ou, pour parler pins vrai, Fhomme immédhitement enfoncé fur le chevaL

Lorfque des principes adaptés i lun des exerci" ces du cor’ps dérangent la perpendiculaire qui protège nos mouvements ordinaires, dés-iors nous fommes en droit de les rejetter comme radicalement faux & dangereux* Initiés, ou non, dans Tart dont nous confultons ia méthode^ nous pof* fédons touts la vraie pierre de touche des con&ils 2ue les prpfeflçurs Gymnaftiquet nous donnent, ar exemple, dans la circonftance préfente, une légère expérience va démontrer qu’il eftimpoflible de garder à cheval l’aplomb que nous avons étant i pied » fans difpofer les trois divifions de notre corps, conformément à ce qui vient d*étre dit.Veut-Qn s’en convaincre ? ( Je fuppofe qu’on fe rappelle que la perpendiculaire de l’homme fe trace de fa clavicule à la. cheville du dedans defon pied, &

? |u*on n’a pas oublié que Taffiette du cavalier exifte 

ur les trois points d’appui triangtilaires du haut des cuiffes & du croupion). Il faut d’abord fe placer abfolument droit fur les deux jambes ; éloigner enfuite également les pieds dont la plante doit toujours entiéremieinr pofer à terre ; enfin, il faut ouvrir les t^unbes, & écarter les cuifies comme pour f ecevôir le cercle du cheval. Dans cette fituation, il eft confii^t qu en laifiant fubfiAer la direâion perpendiculaiiçe do haut & du milieu du corps, il réfulte de l’écartement forcé du bas du corps un état de titubation, d’oii on ne fort qu’à mefure que la ceinture & les hanches avancées creufent le rein & reculent les épaules. Ce léger changement, qni fait bomber le milieu du corps » n’a pas plutôt inis la poÎQte des épaules perpendiculaire aux talons, qu’on voit ^uflîtôc le haut du corps préfenter upe fuperficie inclinée d’arrière en avant, le bas du corps former 41B p.Ian incliné d’avant en arrière, P O S i6i

& la ligne de fureté reparoitre dans toute fon inté’ grité, partant de la clavicule » travcrfant les hanches, tk finiflant aux chevilles:conféquemment l’homme dans la difpofition équeftre eft auffi-bien en force qu’il peut l’être dans l’état pédeftre. Je crains de n’avoir pas fuffifamment démontré que la pofition du bas du corps, dont on vient de prendre connoiftiuice, eft la feule qui puiûe faire parvenir à ce ^4)’on appelle le fond de la felle » Convaincu de cette vérité d’après ma propre expé^ rience, d’après celles que me procurent journellement des élèves de dinérentes conformations, qui touts réunifient par le même procédé, je crois de* voir efiTayer eiKore de fendre palpables les’avanta^ ges émanés de^ l’enveloppe ; avantages réels puif-. f que, feulement préfentée pendant la bonne. vo. lonté du cheval, Tenveloppe entretient raplpmti du haut & di^ milieu du corps. Mais elle fertd’und manière viâorieufe au cavalier qui colle depuis le. haut de fes cnifies jufqu’au dedans de ks pieds, pofitivement comme s’il avoit Tintention de faire joindre fes deux femelles par deflbus l’efiomac du cheval, dans ces inftantscritiaues’où ce dernier ^ n’écoutant que fa fougue, fe livre à des défenfes réitérées » En effet, lorfqu il s*agit de s’oppofer à la violence d’un choc, quel eft Thomme auez ennemi de fa fureté pour fe mettre à la merci d’un feul point d’appui, tandis qu’il eft â portée de s’en pro «  curer une infinité d autres ? Cependant ceux qui dédaignent l’enveloppe de la capacité même du che-’ val avec toute l’ét^due du dedans de leurs jambes, èc qui préfèrent la tenue indifcrette de lenrs feuls genoux, font encore moins excufabJes; car la tan-* gente unique à laquelle ib fe fient inconfidèréf’ ment ne peut avoir fon effet que fur un point fupé-^ rieur au diamètre du cercle* Or^je necefiedele répéter, chaque fois qu’on veut fixer un corps cir^ culaire entre deux parallèles, il eft indîfpenfable que leur point de reunion fe trouve au moins di » reâ au point diamétralda cercle qu’dles embraffenr. Si les parallèles outrepafiTent le diamètre, elle » preflent alors la ponion étroite dy demi-cercle inférieur, & la totalité du cercle leur échappe en remontant : ( produit de Tenveloppe qui garotte l’homme fur le cheval.) Si au contraire les paral «  lèles n*atteignent pas le aiamètre > leur preffion agît fur la partie étroite du demi-cercle fupérieur, &, ’plus elles ferrent, plus le cercle les fuit en defcendant (effet de la, tenue des genoux qui défunit. rhomme d’avec le cheval). Ainfi fans avoir aucut> égard aux vices innombrables qui détruisent tout l’enfemble de la pafition, on fe regarde comme très— fondé à déclarer la tenue raccrochée des ge^ noux datisereufe & perfide, par cela même que chaque enort qu’elle fait pour réfifter aux fecouffe » du cheval tend à éloigner du cercle dont oa a le plus grand intérêt de s^pprocfaer.

Je ne crois pas m’abufer en ofant prétendre à fs confiance de mes élèves, puifqu’à chaque pas ie les mets en état de vérifier > même à pied, la foli »

i6i P O S dite dcnftintàpts que je tear donne poor erre i cheval. Ceux qui n’auront point oublié Tattitude que je confeille plus haut pour s*affurer de la vraie ~ pofirion du cavalier, n*ont qu*à la reprendre un moment, jSc ferrer les cuiffes comme s*il8 voaloient fixer la circonférence du cheval dan » la tenue exdufive dé leurs feuk genou » Auflitdt, ils verront IVnfourchure de l’homme le plus fendu prendre la figure d*un compas ouvert ; conféquemment coûts >es points de contaâ du dedans descuiiTés ne poa^ voir appuyer fur la felle qu’à mefure que le bas des janrbes évafées— abandonne la capacité du che* val : dés— lors touts les mouvements combinés de Fun & de Tautre préparer une féparation prochaine, inévitable & toujours funefte. Farfons plus ; accordons à la feule tenue des cuiffes & des genoux la venu préfervative contre les accidents annoncés ; ^ais, en mi(me temps, demandons s’il eA poffible <féviter que la contraâton indîfpenfable de ces joinnires, forcées tn dedans, ne coupe « par la moitié, le levier du bas du corps j puifqu*il eft retfonnu que plns^on ferre les cuinés & les genouit,. plus on élargir les jambes & les pieds. Or, n*eft-ce pas abufer la juAeâe des proportions, que de conifeilier une pofition dont la iinifleté de « principes* met Ihommele mieux fait autaqtdans Timpombilité de s’oppofer au balancement involontaire du haut eu corps, que s*il avoit à. rejetter les vains cffors qui Tépiiifent fur le défaut de longueur du bas du eorps, iau lieu qu^en aiTurant feulement par degrés é’abori les cui^s, enfeite les genoux, ermn fe haut dii dedans desr jambes, pour reflerrer tfvec plus d’efficacité le bss du molet ainfi que les chevilles, on donne à la totalité du bas du corps la vraie tournure d une tenaille, qui ne fe ferme jamais^pour comprimer la circonférerce qi^elle embrafle ’, fans— en^nce^ l’homme fur U feUe su point d’applatir, po^r aînfi dire, les trois points d’appui rriaiTgulaif es dû liant des cuiflès, & fur-tout celui du croupion ; conféquemment fans faciittet au cavalier Taifance d’entretenir Taccord parfait qui doit régner entre les deuxfleviers du haurâe du bas du corps, fe balançant réduroquement p ; |r leurs propres forces. Je laiffe aôucllement aux leâeurs, comparatfon faite d^s deux manières de tenir » le choix entre les deux méthodes dont je viens de leur tracer les réfulrats, & je le* invite à parcourir dans la feâfoQ fuivante les défauts qui détruifent la poiitipn de ITioflime à pheval^

Défauts à évita’dans la pojîtion^

Le défaut que Téquitation regarde comme le p ! ns mtifible, & qui n’eA malheureufement que trop ordinaire aux commençants, provient de la roideur qu*ils mettent dans le haut ou dans le bas du corps. Il ed difficile de dont^er imé idée bien jnfte du tort que l Inflexibilité de i’une’*de ces deux Îarties peut caufer a Fafflette du milieu du corps, ms reprendre, par entrait, non — feulement Içs pos

tmis « Bvifians de Thomme, mais encore les prlnct-^ fes pofés, & les préceptes traces po, ur établir exaoe correfpondance qui fait leur fureté commune. En con(ëqueDce, il faut fe repré(ènter le corps du cavalier divifé par tiers » dont la premier » divifion comprend U téce, les épaules » les bras » 1 » poitrine, 1 eftomac, le dos, le ventre & la ceinture ; dont la féconde contient les hanches » le haut des cuiiies, le rein & le croupion : enfin dont la troifféme renferme le bas des cuiâes, les genoux, les jarrets, les jambes & les pieds. A Tégard de la pofidon particulière à chacune de ces parties I on fe rappelle fans doute que Tenfemble de chaque claife a pour bue d’accroître la folidité des troiS’points d*appui compris dans la féconde iubdivifion 9 enforte qu’ils pari>iflent comme rivés fur la felle. Or les hanches, le haut des cuiifles » le rein & le croupion, qui compofent le milieu dit ’corps, ne peuvent parvenir t ce degré d*immobi<, licé « qu’autant qu’ils font aidés par le haut & par le bas du corps.

Le haut du corpe oonnibue à rendre ÛMé 1^ milieu du corps, lorfque la tète droite, Inuto & en arrière, porte également fur les. deux épaules ; lorfque les deux épaules, égales 6c hsSn, ptaemt les bi^i prés du corps ; lorfque les bras tombants élargirent 1a poitrine ; lorfque z poitrine, quoi «  qu’ouverte j faille moins que Teilomac qui, lui-même un peu rentré, provoque le gonflement du ventre ; lorfque Tondutation dépendante de Vé* pine dia dos donne i)a colanne ofleufe la tOur « >. nureconeave qui lui convient feorle pour ehsitktf le ventre & la ceinture ; lorfque le gonflement du ventre achève d’ïipporter la oeimure en avaiyr ; fina* lement, l’orf^ie i » ceinture appuie flriâement contre l’arçon de devasft. Alors, depuis le fomineY do la tète ju(qcr*à h ceinture, il a eft pas une fibre qui ne fe relâche, afin qpe les^ mafles du haut dii corps emaflîes les i|nes fur les autres, forat ertr un bloc afler voluminenx popr mainrenir letf hanches portées en avant, poiir afi^ermir h » bas du reincreufè «  & pour comprrmer fur la felle le haut des cniflcs poféesk plat, aînfi que le croupion. Autant la preifion des parties fupérieures fecourf les mo^enne^, autai)t 1 attra&on des parries inférieures leur efl favorable. On n’a pfis oublié qu9 h puidance deces^deroiètes fe manifofle routes les fois, quen raifen du pit des* genoux, les jambes tombantes mlement, & les t^.ons^n d^ors, en arrière, Sç Sir-toat bas, ftmblent demander pouf appui la terre foulée par 1^ cheval. D*oii il réfulto que, fi le poids d u haut éft corps commence à don* ner quelque confiflfihcè au miltett du corps, c’e4 par la grande extenfion du bas du corps qu^M re^ çoit fon dernier degré’die fçrBncté. Tel uo portrait le plus refleitobi)ânft— devient mé «  connoififable au moindre changement, de mémo la plus légère contraâton défigure U pofition dct cavaHer le mieux placé i fiippofant que ce foit le liaut d^ corps qui fe roidîAe, les épaules fiemoatear POS ment, le rein bombe, le croupion s*cnlèvc, & le milieu du corps, privé de fon appui d’équerre ^ roule parallèlement fur la Telle, au point d’entrai- » lier avec lui le bas du corps dont Tenveloppe « raccourcie par rèlévation du haut du corps ^ devient infuffifante pour embraffcr le cercle du cheval, qui s’échappe à chaque pas. Si la contraftion prend fa fource dans le bas du corps, les talons hauts diminuent fenfiblement retendue des jambes, & rapoufTent les genoux qui, flottants pour lors fur les Suarticrs de la felle, ne peuvent plus s’oppofer au éplacementdes cuifles trop ouvertes. De-là naît ^ & le dérangement total des deux points d’appui parallèles, tk Tinftabiiité du haut du corps, qui fuit forcément la deftruâion de l’enveloppe ; deflruction occafionnée par le foulèvement préjudiciable du bas du corps. Ce n’eft donc qu’en relâchant entièrement le naut du corps’, ( qu’on fait devoir être incliné d’arrière en avant) forçant hpofnion avancée des hanches & de la ceinture, qu il eft poifible d’étendre aflez le bas du corps, d’avant en arrière, pour en faire fortir cette foule de tangentes propres à fixer fur la felle les trois points d’appui triangulaires qui foutiennent le milieu du corps. Il ne raut pas imaginer que le manque de foujdcflfe foit l’unique écueil qu’on ait i.redouter. Des négligences ^ qui paroiflent au premier abord n’exiger qu’une médiocre attcntiAi, fuififent pour al térer Je fini de la pofition, & pour faire reparoitre au moins une partie des défordres qu’on vient d’ef*’ quîiTer. Par exemple, lorfque la tttfi fort de fa vraie fituatîon, le cavalier ne peut If poner qu’en avant, ou baflb. Dans Tun U l’autre cas, le poids de la tète, hors de fon aplomb, attire de toute néceffîté, les épaules, & gène évidemment l’ondulation defcendan te delà colonne ofieufe. Qu’on urde à réformer cette irrégularité fi légère en apparence, bientôt la poitrine rétrécie s’affaifle, le’ ventre, la ceinture & les hanches difparoiflent, & onfe trouve en butte aux accidents déjà prévus, puifque Te rein forcément. l)pmbé met dans Timpoflîbilité ^pbyfique de faire porter le croupion fur la felle.,

Les mêmes inconvénients fe renouvellent lorfque, depuis les épaules jufqu’aux coudes » les bras dérangés ne quadrent plus avec la pofitîon totale du haut du corps ; dans cette conjonâure, leur de* placement les éloigne « ou les rapproche trop des côtés ; abfolument collés fur les hanches, les cou^ des contraignent les épaules à remonter, & fi on n^y prend garde, leur contraâion gagne avec ra* pidité toutes les parties du haut du corps dont elle reproduit la pernicieufe élévation* C’eft aflez de réfléchir aux fuites funeftes que peut avoir le défaut contraire pour s’en abftenir avec le plus grand foin ; car, non feulement les bras trop aifiants du corps refierrem la poitrine > écrafenr le ventre. POS 16}

reculent la ceinture, mais leur influence dange* reufe s’étend jufqu’aux mains aui en reçoivent une efpèce de mouvement convuluf, que féquitation a défigné par le moi Jacadt.

Il en efl de même des talons bas & en arrière » qu il faut encore fcrupuleufement garder en dehors, fous peine d*ètre privé des tangentes que foarniffent & leplat de la jambe & le dedans de la cuific f tangentes d’auunt plus effentlelles, qu’on ne peut railonnableanent efpérer de tenir la circouiérence que donne le corps du cheval avec le feul point du molet, par la raifon que deux corps ronds peuvent bien fe toucher, mais ne s’accrochent jamais*

D’après des détails aufC fidellemeitt gradués, on doit être intimement convaincu que la véritable affiette rire fon exiflence du repos abfolu des.trois points d’appui triangulaires formés par le haut des deux cuilics & par le croupion ; mais qu’elle doit fa confervation, ainfi que l’aplomb du haut du corps^ à l’enveloppe des jambes « gales tombantes perpendiculairement au bas des cuifles pofées à plat< Aufli, quoique les défeâuefités du haut ou du bas du corps qui occafionnent, foit l’ébranlement des deux points parallèles, f#it le dérangement du point d’équerre $ faflent toujours courir un danger évident, cependant la conféquence qu’elles entraînent doit plutôt fe calculer fur la pri-^ vation des tangentes, dont la quantité varie fui-^ vant le plus ou le moins d*extcnfion dé^ jambes égales du cavalier, que daprès la juflefle des proportions qui confliiuent ce. qu’on appelle l’a*’ plomb du haut du corps.

Jufqu’ici nous avons laifTé le cheval dans. une inaélion parfaite. Il faut aâuellement eflayer de l’en tirer, afin que le cavalier pulfle unir la prati* que à la théorie. Mais avant que d*enfeigner comment on doit s’y prendre pour mettre le cheval en aâion « on croit eflentiei dé dévoiler la méclu «  niqHejdes reflbrts*qui lui ferventiife mouvoir. Mtààantqui desimomanmts au thevaL

Les notions anntomiques mifes à la tète de cette leçon, démontrent le cheval, divifé par uers,)’avantmain, le corpsi, l’arriére-main. L*équitatIoa emploie le même procédé pour définir le cheval. Nonobflant la place qu’il occupe dans la claffe des quadrupèdes, elle en fait deux bipèdes qui reconnoifTent le corps pour leur centre commun, ou le foyer réciproque de leurs force*. C’efl ce point central qu’on regarde comme le fommet du cqrcle fur lequel l’homme s’aflied.^En adoptant &tte définition, il efl aifé d*appercevoir deux co ionnes de vertèbres, qui fortent du point de réunion en fens contraire. L^une forme l’encolure, & donne le mouvement aux épaules, ainfi qu’aux jambes de devant, tandis que l’autre, qui. traverfe les reins, met en aâion les hanches & les jambes de derrière. Au mcyep de ce que chaque colonne aféparément la faculté de r’etendre en ligne di ?

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P O S recle du point central à fôn extrémité, ou de fi ; reployer de Ton extrémité fur le point central, Tondulation inverfe, quiréfulte dece double mouvement, permet au cheval d’exécuter trois fortes de combinaifons difTérentes qui produifent y ou le repos y ou le marcher, ou le reculer. Le repos a lieu toutes les fois que les deux colonnes, totalement déployées y mettent les quatre jambes à une diilance (i exaâe du centre, que le cheval a plutôt Tair d’être fufpendu au milieu d elles, que de porter deflus. Pour que le marcher puiffe s efFefluer, il faut que la colonne de derrière, arrivée la pre,. miére au point de réunion, place absolument fous le centre les jambes qui la fouriennent y afin que la colonne de devant, forcée de s*en éloigner, emmène avec elle le bipède qu’elle dirige. Aul&tôt aue cette double combinaifon a provoqué le jeu luccefTif des jambes de devant, on voit celles de derrière continuer tranfverfalement leur marche, & fe remettre fous le centre, à mefure ^ue l’ondulation de la colonne, qui les fait mouvoir, vient remplacer le vuide de la colonne de devant « qui à’cn échappe. Comme le reculer çA abfohiment Toppofé du marcher, il eft évident que le cheval ne peut exécuter cette dernière évolution, qu’en reployant la colonne de devant fur le point central, d*où la colonne de derrière s’éloigne à fon Itour : de forte qu’au marcher, les jambes de derrière enlèvenf & pouffent le centre qui chaffe devant lui Içs jambes de dçvant, tandis qu’au reculer, ce font les jambçs dç devant qui reviennent fur ellesmêmçs pour 4taycr Iç centre que les jambes de derrière fe hâtent alors d’abandonner. Dan$ rapprébenfjon que les connoiffances nou* vellement açquifes ne portent gttçînre aux aïKiennés, on ei^ime devoir en retarder l’ufage » encore de quelques infiams, afin de faire une récapitulation générale de la pofition d*un homn^e régulièreinent aflis à cheval

Ricapituléuion de U pofition de t homme i chevaL Pour avoir un modèle d*après lequel on puiffe fe former une pofition furç 8p agréable » il faut examiner attentivement celle du cavalier que nous avons laiffé portant la tète haute » droite > un peu en arrière, & regardant fans affeQatîon, entre les oreilles de fon cheval, la pifiç qu^il defirç lui faire futvre. Ayant les épaules effacées » baÎTes, égales, Ig poitrine ouverte, les bras affurés contre le corps, les coudes médiocrement écartés des hanches, les avant-bras foutenus. Tenant dans la main droits » dont les ongles font en deffous, & dont le dehors du poignet eA bombé » non* feulement le bridon qu’il a pris par-deffus les rênes de la bride > mais encore la gaule logée la pointe en bas entre fa cuiffe & l’épaule du cheval. Ayant la main gauche à la hauteur & vis-à^vis fiu nombril, détachée du ventre, ainfi que delafelle, à diftance de quatre doigts, les ongles tournés WX9 Iç corps ^ le poignet un peu croule en deffus ^ P O S

mais abfolument au bout de l’avant bras ; cette main placée de manière que les dernières jointures qui attachent les doigts foient perpendiculaires à l’arçon de la felle, & parallèles à l’encolure du cheval ; que celles qui partagent les doigts foient à l’oppofé du poignet, Ce que les premières, d’oii forient les ongles, regardent le ventre : empoignant, avec la même main, les rônes féparées par le petit doigt, qui foutient la rêne droite, & commande à la rêne gauche, tandis que le pouce, dûgonalement place fur la féconde jointure de l’index & abfolument au niveau du pli du coude, appuie direâcmeht deffus afin d’empêcher qu’elles ne gliffent. Ayant en outre le ventre gonflé, le bas du rein creufé, la ceinture & les hanches portées en avant, le croupion pofe fur la felle, les cuiffes fur leur plat, étendues 6l fermées, un léger pli dans les genoux feulement apurés contre les quartiers de la (elle ; les jambes tombantes fur la ligce du corps, le dedans du molet près du cheval, fans trop le ferrer, égales, de peur que fentant une preffion plus forte d un côté que de l’autre, il ne cherche à l’éviter encreufant le côté comprimé, ou ce qui n’eftpas moins à craindre, qu’il ne revienne avec fureur fur la jambe qui l’incommode, foutenam la pointe des pieds, parce que les talons en dehors & en arrière defcendent comme s’il avoit intention de les faire toucher à terre. Bref, tous les cercles du devant du corps très ouverts, donner au cavalier la figure d une S, dont la totalité du haut du corps 9 incliné d’arrière en avant, forme la tête, dont la pofition avancée du n)i|iett du corps repréfeiîte le ventre, & dont le bas du corps très-étendu d’ayant en arrière, deffme U queue.

De l’objet de l’art. ( de Bohan),

L’art de monter à cheval eff celui qui nous donno 8c démontre la pofition que nous devons prendre fur un cheval, pour y être avec le plus de fureté & d’aifance ; qui nous fournit en même temps les moyens de mener 6c conduire le cheval avec la plus grande facilité, & obtenir de lui par les moyens les plus fimples, & en le fatiguant le moms poffible, l’obâffance la plus exaâe 8c la plus parfaite en tout ce que fa confiruâion & fes forces peuvent lui permettre.

I^’homme de cheval eft donc celui oui, folide & aifé fur l’animal, a acquis la connoinance de ce qu’il peut lui demander, & la pratique des meilr leurs moyens pour le foumettre à robèiffance. Le cheval drefl^ ou mis, eft celui qui connoit les intentions du cavalier au moindre mouvement, & y répond auffitôt avec jufleffe, légèreté 8c force. Ces deux dernières définitions détaillées donneront un traité complet de l’art, de moptçr à cheval. Pour donnçr à la première partie de ce traité Tordre & la véritable fucceflion des objets i traiter, je fuppoferai un homme à inftruire, & je dé* crirai les leçons qu’il doit recevoir.

p o s ’Dt ia pofition de F homme fur le ckevaU La pofition de riiomme fur le cheval doit être puirée dans la nature, afin que chaque partie de ion corps foit dans une attitude aifée & qu’aucune jie fatigue. Le cavalier fera par conféquent en état é^ètxQ plus longtemps à cheval fans fe lafler, point efifentiel pour, un homme de guerre. L’homme doit être auffi placé d’une manière folide, & la pofition la moins gênante pour lui doit être auflî la moins gênante pour le cheval, afin de lui laifier toutes les facultés de fes forces. La première leçon doit fe donner fur un cheval arrêté, afin qu’aucun mouvement ne s’oppofe à la théorie, & que lattention du cavalier ne foit nullement détournée. Il efl très-inutile de fe fervir de chevaux de bois, comme cela s’eft pratiqué aiTez généralement dans la cavalerie, parce que rarement ces chevaux font conf^ruits à limitation des chevaux naturels » & le cavalier ne peut s y placer <le mcmt ; c’eft d’ailleurs avoir recours à des moyens inutiles.

On pfacera le cavalier fur la felle de manière que le point d’appui de fon corps foit réparti également fur fes deux fefles, que le milieu de la felle doit partager ; on lui fera fentir le plus fort delappui fur les deux os formant la pointe des ït&s, dits ( tubérofités des os Ifchium), & on le mettra afTez en avant fur la.felle, pour que fa ceinture ibit Collée au pommeau.

Son corps fera d*aplomb fur cette bafe, de manière que la ligne verticale dans laquelle eA fon centre de gravité, fe trouve pafTer par le fommet de la tête, & tomber au milieu de fes felTes. I^a pofition de fa tête & de fon cou fe trouve déterminée par le pafTage de cette verticale. Le bas des reins doit être un peu plié en avant, aftn de faire un arc boutant » dont nous expliquerons lutiJLité par la fuite ; ce pli doit être dans les ’derniéres ; yertèbres dites ( Lombaires), & doit s’o*pérer fous l’épaifTeur des épauies, afin de ne pas déraneer la verticale qui » comme nous l’avons dit, doit tomber aii milieu des feffes. Les épaules feront plates par derrière » fans ce qu’on appelle vulgairement les cnufer. Les bras tomberont naturellement par leur propre poids, jufqij a ce qu’on leur donne une occupation au bridon ou à la bride, ce que nous déterminerons.

Les fefTes étant bien au milieu de la felle » les çuifles doivent fe trouver égales ; on les tendra & allongera également de chaque côté du cheval, en le$4l>andonnantà leur pefanteur fans les ferrer, relâchant au contraire les chairs ou mufcles qui les entourent, afin qu’elles pqiflent s’applatir par le poids des cuifTes, & leur permettre de poner dan$ leur partie inférieure.

Les plis des genoux feront abfolument fans force 9 & on abandonnera les jambes à leur propre pefanteur, afin que leur poids leur fafl’p preilc tquitation, Eferime & Danfe^

p G s 16^

dre leur véritable pofition, qui efl entre l’épaule & le ventre du cheval.

Les ligaments de la jaihbe avec le pied feront pareillement lâchés, afin qu ils foient auifi tomba ns, prefque parallèles entre eux » & la pointe fe trouvera un peu plus bafife que le talon. ( Le ca* valier efl ici fans étriers).

Voilà en général la pofiure de l’homme fur le cheval ; nous allons la détailler partie par partie, en faifant fur chacune les obfervations nécefiaires, & nous prendrons pour cet effet l’ordre qui me paroit le plus convenable, qui efl de placer d’abord les panies qui doivent fervir de Jbafe aux autres.

Division du corps de l’homme en trois PARTIES.

De la partie immobîU.

Nous divifons le corps de l’homme ea trois parties, fçavoir » deux parties iriobiles, & une partie immobile, cette dernière fe trouva au milieu des deux autres » & leur fert de poiiu d’appui, c’eft la partie eflentîelle ; elle prend depuis les hanches jufqu’aux genoux inclufivement’, cette partie doit toujours être liée au cheval, c’eA-à-dire, ne former avec lui qu’un feul & même corps, c’eft ce qui la fait nommer partie immobile. Je dis que cette partie immobile doit être parfaitement liée au cheval, puifaue fans cela la machine entière, à laquelle elle (ert de bafe, n’auroic aucune folidité, car il eft efientiel pour qu*un corps foit folide, que fa bafe le foit ; Ù faut donc trouver le moyen de lier cette partie au cheval ; mais nous n’emploierons pas pour cela de force dans les cuififes, comme bien des gens l’enfeignent^ car premièrement la force dans les mufcles les faifant raccourcir 4 fi on ferroitles cuififes, nécefiai^ ; rement elles remonteroicnt.

Secondement » les mufcles du haut des cuifles s^arrondifianc au lieu de s’applatir, empêcheroient la partie inférieure de la cuiile & les genoux de po «  fer fur la felle.

Troifièmement, ileflimpoffible d’employer de la foye dans les cuifles, uns qu’elle fe communiqueaux jambes » parce que les mufcles des jambes ont leurs attaches dans les cuifi ! es ; il s’enfuit aufii que 9 toutes les fois que le cavalier emploie de la force dans fes cuifiTes » il fe lafie bientôt, & oh fenr combien il eft eflentieji que le cavalier ne fe fatigue point à cheval*

Il eft encore bien des raifons qui démontrent la faufleté du principe de ferrer les cuiffes, nous lès verrons parla fuite.

Il ne faut pas non plus chercher à contenir 1er fefles dans la felle, en mettant le corps en arrière, parce qije dès-lors le poids du corps fait lever les genoux, & par confèquent les jambes fe portent en avant, ce que je, démontrerai vicieux à larticle des jambes^

L I

266 P O S Les partifiins du principe dont je vetit iéfXià^ trcr les inconvénients, me diront que ce que j’avance eft faux y qu’ils mettent le corps en arrière fans que les genoux lèvent ; cela peut être, diraije » mais il faut, pour que vos genoux ne lèvent pas, que vous fouteniez votre corps » qui tombe en arrière, par beaucoup de force dans les feins (/g. lo).’Sans cela il fait reflet d’une puiflance A appliquée à un levier, dont le point d*appui D eA fur les fcâes »

Il eft encore un moyen d*empècher les genoux de lever lorfqu’on eft renverfé, c’eft de les ferrer avec beaucoup de force ; jen’ai qu’une feule queftion à faire aux partifans de tels principes ; je leur demanderai s’il eft poffible de reiler long-temps à cheval avec beaucoup de force, foit dans les reins, foit dans les genoux, fans être extraordi-Hairement fatigué.

Je réfute également ces moyens pour en proposer un plus fimple, dont je ferai voir la fumfance au chapitre de la tenue » & dans la démonftratien « échanjque qui le fuivra.

Ce moyen confifte dans une Juftefle de pofitlon & un accord d’équilibre qui, fans avoir les inconvéments des autres méthodes, laiûe le cavalier parfaitement à fon aife.

Récapitulons d’abord la pofitîon exaâe des parties qui composent la partie immobile 9 fçavoir, des fefles, des hanches » des cuifles & genoux. Nous avons dit que les feAes dévoient être bien au milieu de la felle, & féparées par le milieu du fiège y les deux os formant le principal point d’appui ; les mnfcles qui les garniflent étant lâ*chés, formeront une bafe d’autant plus large qu’ils s’applatirent davantage. Les deux cuifles envelopperont & embrafleront le cheval avec égalité ; elles faciliteront d’autant plus la tenue, qu’elles embrafferont davantage » oc elles embrafleront d’autant Jlus qu’elles s approcheront de la perpendiculaire l’horifon.

Il eft impoflîble de fixer le degré jufte d’incKnaifon, ou de déterminer l’angle que doit former la ligne de la cuifle avec la verticale du corps, la tenfion de la cuifl*e dépendant de ùl conformation, de fon poids, & particulièrement de la liberté du fémur dans la cavité cotiloïdc ; il vaut doac mieux laifler les commençants les genoux un peu trop en avant y que de les obliger a employer des xnoyens de force & de contrainte pour jetter leurs cuifles en arrière, ce qui 4eur feroit néccflfàîrement lever les fefles, & diminueroit l’appui que le corps doit prendre defliis ; mais quelle que foit la facilité qu’ait ou qu’acquière l’homme, il ne doit jamais avoir la prétention d’arriver à la perpendiculaire, parce qu’il lui feroit impoflîble dans cetre attitude d’être aiils ^le véritable principe à donner, eft de laifler prendre à la cuifle la tenfion que fa {>ropre pefanteur lui donnera, en relâchant touts es ligaments.

Lesfefte » ppfiiAt bieA fur }gk ielle ^ le » cuiiJes P O S

êtdttt bien lâchées poferent naturellement fur IctR" partie latérale interne, à moins que beaucoup de roideur dans l’attache du fémur ne s’y oppofe, auquel cas il faut attendre que l’exercice dénoue & donne du jeu à ces parties y fans exiger des efiorts delà part des commençants, en Içur donnant le principe mal énoncé de toume^vos cuiffes en dedans, car elles ne doivent être ni en dedans ni en dehors. Il réfulte des efforts que l’élève fait pour les tourner, qu’il roidit les mufcles, qui fe gonflent & empêchent la pointe des genoux de pofer, ce qui ne peut arriver que lorfque le haut des cuiffes, beaucoup plus gros que le bas » s’applatira. Les deux hanches le trouveront établies perpen* diculairement, & ne peuvent varier fans mre varier la panie immobile.

Toutes ces parties, pofées for la felte de la manière la plus conforme à la nature, la plus commode & la moins fatiguante pour l’homme 9 feront contenues dans cette pofitîon par le concours des deux parties mobiles. Il eft clair que le corps, placé d’aplomb fur les feffes » agira iur elles avec tout l’effort de fa pefanteur, les chargera le pluspoi&ble, & par conféquent les rendra plus difficiles i lever, car plus elles feront chareées, plus elles s’é^ craferont & tiendront dans la telle. Les jambes abandonnées à leur pefanteur feront deux poids égaux, qui tirant fur les cuiffes, les feront d’autant plus pofer, & les affermiront davantage fur la (elle » il s’enfuit donc que plus elle^ feront lâchées, plus elles tireront, & plus elles tireront, plus elles coopéreront à la folidité de la partie immobile.

C’eft ainfi que par le moyen des deux parties mobiles » j’affermis l’immobile.

De VaJJiette.

Ne confondons point, comme font fait plis^ fieurs auteurs, l’afliette avec la partie immobile & c’eft prendre la partie pour le tout. L’affiette n’en que les points de cette même partie immobile » t’eft-à-dire, des feffes & des cuifles qui pofent fur la felle.

On ne peut donc pas augmenter ia Partie im* mobile, mais on peut augmenter fon afliette » en multipliant le nombre des points des feffes & de% cuiffes qui pofent fur la felle, & qui font véritablement la bafe des deux parties mobiles. Com-’ ment, dira-t-on, les points des cuiffes qui pofent fur la felle, peuvent-ils fervir de bafe aux parties immobiles, puifque le corps doit paner entièrement fur les feffes }

Mais fi on fait attention que les jambes iStzn% bien lâchées tirent fur les cuiffes avec l’effort de leur pefanteur, on s’appercevra bien que ce poids des jambes tend à faire pofer les cuiffes fur la felle avec beaucoup plus de force, & que par conféauent les points des cuiffes qui pofent fur la felle, le trouvent chargés du poids des jambes ; ainfi il eft bien vrai de dire que les points des cuiffes & p o s iJes fefles qui pofent fur la Telle fervent de bafe à la machine » & forment par conféquent ce qu*on nomme ajjiette.

Plus un corps a de bafe, plus il a de folidité, d*oii je conclus que nous pouvons dire, que plus un homme a d ai&ette, plus il a de fermeté. Ceci confirme encore ce que j’ai dit dans Farcicle précédent fur le lâche de la partie immobile ; car plus les mufcles de cette partie immobile feront lâches, plus le poids de la machine les applatira, & plus il les applatira » plus il en fera pafier de points fur la ielle.

Du corps & ie [a f option.

Après avoir vu en général la pofition de Thomflie, nous allons reprendre chacune de fes parties en particulier, c eft-à-dire, chacune é.^% parties qui fervent à compofer les parties mobiles, car nous jious fommes a/Tez étendus fur 1 Immobile. J’appelle le corps, la partie de l’homme qui forme le tronc, il prend depuis la tête JHfqu’aux hanches.

Nous avons vu dans l’article précédent « qu’en le plaçant vert*calcment, il fervoit à affermir l’affiette 6^ à la contenir dans la felle ; c’efl donc une jrailbn pour l’avoir toujours d^dplomb & perpen-^ diculaire furies fefTes ; ( remarquez que c’eft la verticale du corps qui doit être perpendiculaire ; car le corps de Thomme ne peut jamais être dans une ligne droite). D’ailleurs cette pofture lui eft naturelle. Tout corps, de quelque efpèce qu^il folt, auquel on veut donner de la fermeté, on le mec toujours d’aplomb fur fa bafe, car lorfqu’il en fort, il fa « t des forces étrangères pour le loutenir & l’empêcher de tomber du côté de fon inclinaifbn ( fii^. 1 1)• Si on met le corps C D perpendiculaire lur une bafe horifomale A B, de forte que C D forme avec A fi deux angles droits, il eft clait que le corps C D fera en équilibre. Si au contraire, fur la bafe A B horifontale, on élève obliquement le corps O D, de forte que O D forme avec A B deux angles iaégaux, il eft évident que le corps O D fuivra fon indinaifon, & tombera fur l’extrémité B de la bafe A B, à moins qu on n’y mette un foutien P Q, que je compare & la force que le cavalier fera obligé de mettre dans fes reins > ft fon corps ed dans la direâion OD.

Comme nous avons démontré, & aue nous désnontrerons encore que toute force à cheval ne vaut rien, cela fuffit pour révoquer tout principe qui place le corps autrement que perpendiculaire. Il eft eflentiel pour l’alignement d une troupe d’avoir une pofition de corps égale & uniforme ; ceux qui donnent le principe de mettre le haut du corps en arrière, doivent donc déterminer l’angle qu’ils veulent lui faire former avec la ligne horifontale fans cela » il n’eft point de règle fure, car il y a cent loille obliqvcs & il liy a qu’une perpeodicu* laire.

P O S 1(^7

Des prétendues aides du corps »

On peut voir, par ce que je viens de dire, que je regarde comme mauvais toute aide & mouve* ment de corps ; je ne crois pas avoir befoin de dé «  montrer davantage la faufiTeté des principes qui les ordonnent : mais je renvoie ii la féconde partie, au chapitre des pas de côté, la démonfiration de l’inutilité de ces prérendues aides, quand même elks n^ feroient pas mauvaifes.

De U Titc.

La tête doit être droite, mai^ fans gène, ni affectation ; c’eft un défaut commun à bien des gens, de trop chercher â faire mettre la tête en arrière ; pour lors, le cavalier contrade une roideur dans le col dont il a peine aprésfe à déshabituer ; il a un air fjêné, & par conféquent mauvaife grâce ; on ne auroit trop lui recommander d’avoir de l’aifance dans toutes fes parties, fans laquelle nous démon* trerons qu’il ne peut exifter de juftefle. Des BraSé

Les bras font partie de la machine, lis doivent par conféquent être libres & aifés ; leur pofitioa différente peut concourir ou nuire à l’éuuilibre du corps ; faifant l’effet d’un balancier, celui qui s’é «  cartera trop du. corps le fera néceflairement pan «  cher de l’autre côté ; il ne faut |pas non plus les ferrer, car toutes les fois qu’on a prétendu les coller au corps, on a été contre la nature ; non » feulement ils doivent être libres, aifés & lâches comme dépendans d’un corps don^ toutes les par* ties doivent Tétre, afin de former un équilibre parfait, mais encore, comme ils ont des fondions, il faut qu’ils foient à même de les exécuter avec aifance ; toute aâion ou fonâion qui eft gênée ne peut produire qu’un effet fansjufteue « ni précifion ; c’eft pourquoi je veilx que les bras tombent natu «  rellement, & fe placent d’eux-mêmes. Il eft des maîtres qui ont été jufqu’à faire trotter des commençans avec des gaules fous les bras, pour les accoutumer i avoir les coudes ferrés, prétendant par-là leur donner de la grâce ; tout ce que j’en puis dire, c’eft aue les auteurs de ce principe ne connoiffent pas la fignification du mot de grâce, & ne fe doutent pas, qu’en faifant ferrer les coudes, ils donnent des entraves à une partie qu’ils doivent chercher à faire mouvoir.

D’autres, non moins infenfés, font trotter leurs cavaliers les mains derrière le dos, parce qu’ils prétendent par-là accoutumer le commençant à avoir les épaules effacées, & à ne pas fe tenir à la main ; leur but eft bon, il eft très-eflentiel que le commençant apprenne à être droit, & à ne pas fe tenir à la main, mais en lui mettant les mains derrière le dos, on roidit & renverfe les épaules, ce défaut eft très-grand, il fe contraâe aîfément & ne s’en va pas de mène ; on peut habituer le commençant à avoir lef épaulas plates par derrière, Llij

4^8 P O s en le lui recommandant fouvent, & on peut auffi bien Taccoutumer à ne pas fe tenir à la main, ayant les bras devant lui » que placés derrière le dos ; on peut à la rigueur lui niire abandonner de temps en temps les rênes.

Enfin les bras font faits pour manœuvrer & travailler » ils ne peuvent le Aire avec juftefTe » s’ils ne font entièrement libres ; ils doivent travailler en « ntiar, & prendre leur point d’appui à Tépaule y fans lui communiquer la moindre force > non plus qu*à aucune partie du corps.

Des Mains.

Les mains ont plufieurs fondions difi^rentes à cheval ; fur le cheval neuf « & qui n’eu, pas mis, elles font occupées toutes deux’, mais fur le cheval embouché & drefTè, la gauche eu feule occupée du maniement de la bride, & la droite peut erre employée à tout autre ufage, tel que tenir le {^hTe^ un piAoletj &c. Nous verrons la pofîtion de la main à la bride ; ici, je les fuppofe tenant toutes deux un bridon ; chaque main doit empoigner une rêne, les ongles en-deiTous, & les poufler fur le plat des rênes, fe regardant > les poignets bas & les bras à demi-tendus /s’ils Tétoient tout-àfait ils feroient roidcs, & le cheval pourroh d’un coup de tête un peu fort attirer le corps de Thomme. en avant » & s’ils étoient trop plies au coude, lorf2ue le cavalier auroit befoin de faire des temps ’arrêt y fes bras fe trouveroient eênés dans(leur aâion, & obligés de fe tirer derrière fon corps. De répine du dos & des reins.

Uéplne du dos eft compofée de plufieurs vertêl >res, rangées les unes fur les autres, & artiAement emboîtées, quoique douées de {beaucoup de fouplefle ; cette colonne vertébrale règne tout Je long du dos de Thomme, & fert à foutenir fon corps ; elle peut fe mouvoir en tout fens, & principalement dans fon extrémité inférieure, appellée Teins y formés par les vertèbres dites lombaires. Aéduifons la qualité des mouvements dont elle eft /ufceptible,’& qui font auffi nombreuse que les rayons qu’on peut tirer d’un cercle à une circonférence, réduifons-les, di5-}e, à quatre principaux ’, favoir, en avant » en arrière, à droite & à gauche, ce qui occafionne quatre mouvements du corps ^ favoir y corps en avant, corps eh arrière, ^ corps panché à droite, corps panché à gauche. L’homme à cheval ne doit connoitre que ces tpntre fonâions des reins ; les deux dernières ne doivent être même employées que dans les mouvements circulaires, fi le cheval fe panché. Voici .comment le cavalier peut dvoir beloia des deux prenières fondions des reins.

Le cheval eft fufceprible de plafieurs mouvements, fauts & contre-temps, dans lefquels la pofition de foa corps venant à changer, & ne rei^ tant plus parallèle à l’horifon, fa ligne verticale îe uoftve cbangiée par rapport à foA corps ^ le ca «  p o s

ralîer doit par conféquent changer la fienne, Sc mettre le corps, foit en ayant, foit en arrière, fuivant ia pofition aue prend le cheval y & toujours chercher une poution, dans laquelle la ligne verticale & celle du cheval ne forment qu’une feule & même ligne droite, parce que fans cela y comme je le ferai voir, il n’y auroit point d’union entre les deux corps.

Ces mouvements du corps, foit en avant » foit en arrière, doivent être opérés par le moyen d’une grande fouplefle dans les dernières vertobres lombaires ; ce pli doit roujours un peu exider, afin de tenir la ceinture en avant, & fervir d’arc-boutant contre quelques mouvements irr^uliers du cheval, qui tendroient à jetter le corps en avant » tel par exemple qu’un arrêt fubit ; mais, comme nous l’avons déjà remarqué, ce pU doit être fort Icger, ne s’opèreç que fous l’épaiueur des épaules, & plus il fe fera bas, mieux il remplira fon « bjet » Des Jambes*

Les jambes forment la féconde partie mobile ^ nous avons vu qu’étant lâchées, & tombant natu-rellement, leur poids fervoit à aflurer la partie immobile dans la felle ; je vais démonn-er que la portion qu’elles prennent, étant lâchées, efl encore celle qui eft la plus avantageufe pour leurs fonc* tions.

Les jambes fervent d’aides, comme nous le ver* rons, & c’ed par leur attouchement au ventre du cheval qu’elles lui font connoitre la volonté du cavalier ; plus elles feront près de la partie fur laquelle elles font leurs fonâions, mieux elles fc-^ ront placées, puifqu^il e(t des cas où il faut qu elles foient promptes à fccourir le cheval, & fans à coup r étam lâchées, elles tombent direôement contre le ventre du cheval, & vis-â vis fon centre de gravité. Ceft donc la pofition qui leur ell la plus avantageufe X tant pour l’affermifTement dé la partie immobile, que pour leurs fonâions.

Ainfi logées entre l’épaule & le ventre du che-^ val, elles ie trouveront être dans la pofidon la plus commode pour l’efcadroo^

Il doit y avoir une grande liberté dans le pli du genou, afin que les jambes prennent d’elles-mêmes fa pofition de leur verticale, qu’elles travaillent plus moëlleufement, & qu’elles confervent toujours leurs fonâions par rapport à la partie ïtib mobile »

Des Pieds.

Les’pieds doivent hxe parallèles emrVux, ils fe trouveront naturellement, ainfi placés, fi les cuiffes & les jambes font fur leur plat ; mais fi elles n’y font font pas, il eii inutite & même dangereux de chercher à tourner fes pieds, parce qu’on ne peut le faire alors qu’en eftropiant la chevillé ; c’eft pourquoi. fi votre cavalier a les pieds en dehors » regardez fes cuiffes & fes jambes* fi cftccpciidamdesperloniics quiontlespie^* p os en (dehors à cheval, quoique leurs cuîfles & leurs jambes foient tournées ; je ne dirai pas que c*eft défaut de conformation, car cela eft trés-raré, quoiqu’en dife M. de Jaucourt à l’article MARCHE de Tencyclopédie ; mais je dirai que c’eA une mauvaife habitude contraâée dès Tenfance ; quand on apprend à marcher aux enfans, il arrive fouvem au*on leur fait tourner les pieds en dehors » fans taire attention aux genoux, de-là vient cette mauvaife habitude, fi deifagréable à la vue, & fi pernicieufe à cheval, parce que, dès-lors, pour peu que les jambes fe ferment, l’éperon porte, & un homme les pieds en dehors feroit trés-incommode dans Tefcadron ; il faut tâcher de réformer cette habitude, en recommandant fouvent au cavalier de lâcher le col du pied, afin qu’à force de temps les ligaments & les mufcles reprennent leur attitude naturelle.

Si le pied eft bien lâché, la pointe fe trouvera un peu plus bafle que le talon, ( nous fuppofons le cavalier toujours fans étrier).

De la tenue à cheval.

Le premier objet qu’on doit avoir en vue, en mettant un homme à cheval, ou en donnant des principes pour l’y mettre, c’eft de lui donner une pofition dans laquelle il ait de la tenue & de Ja fermeté, car toute poflure où on ne peut prouver la tenue doit être réputée mauvaife. Je dlAingue deux efpèces de tenue, l’une que îe nomme vraie, & Tautre que je nomme faufie. On a vu dans la pofition qife je viens de décrire, l’équilibre du corps de l’homme ; c’eA cet aplomb & cet équilibre qui forme la vraie tenue, ce n’eft que par la correlpondance & l’union de tontes les parties du corps, que la machine entière fe maintient dans cette pofition ; donc toutes les fois que quelqu’une d’elles n’a plus de fondions, " & ne coopère plus à cet équilibre, il efl bientôt {>erdu, & alors la vraie tenue cefle d’exiAer ; l’équiibre perdu, la machine tomberoit au moindre mouvement, fi on ne fubfiituott de^ forces de preffion, & ce font ces forces que je nomme faufTc tenue. Je dis faude, non parce que je crois qu’avec une telle tenue on ne puifie refter à cheval, mais parce que, dans cette tenue, le cavaUer n’eft plus maître d’agir, toutes fes parties étant en contraction, & c eft pofitivement l’inftant où les opérations de fes bras & de fes jambes lui font le plus néceffaires pour manœuvrer le cheval, & s’oppofer aux dérèglements auxquels ils s’abandonne. Voyons un homme dans cette dernière tenue ; pour peu que le cheval en fautant enlève le devant, cofflAe il a la charnière des reins extrêmement roide, fon corps fe porte en arrière, fitôt que le corps eft en arrière, il fe tient à la main, les cuiffes fe ferrent & les jambes fe roidiflent ^ fi le che* val rue en fautant, comme il a les reins tout d’une pièce, il met le corps en avant, tesfeftes devien|)cm çn Tair, les genoua ; fç fçrreot, ^ le ççrp$ yq: P O S 52^9

hant en àvaiit, îl fout néceffaîrcrtent que les talons fe mettent dam le ventre. Toutes ces chofes font immanquables, & indifpenfables à un hoihmc% qui, pour fa tenue, employé de la force, & il ert aifé de comprendre le mauvais effet que doit produire la tenue de la main & les éperons dans les flancs du cheval, au momment où il faute ; c’eft ce qui fait que, loin de s’appaifer, le cheval, qui n’auroit fait qu’une pointe ou une ruade, fe dé «  fend pendant une heure ; on bat l’animal, on lui impute la faute, & on ne s’apperçoit pas de foq ignorance. /

Revenons à la première tenue, que je nomma vraie. N’étant qu’équilibre, les bras & les jambes confervent leur liberté, travaillent le cheval, & s’oppofent à fes dérèglements; pour lors, l’animal trouvant toujours des obftacles à fes fottifes^W n’ayant rien de la part du cavalier qui l’y excite, " il n’eft pas douteux* que, fous un tel homme, it ne peut que fe corriger, au Keu que fous l’autre v tout l’excitant à fe déharraffer d’un fardeau qui le gêne par fa fauffe attitude, il ne feUl fage que lorfque les forces lui manqueront.

Je fuis bien loin de dire que la vraie tenue eft aifée à avoir, & qu’il s’y a qu’à fe lâcher pour être ferme, ce n’eft point ce que j’entends ; il faut de l’ufage en toute chofe, & l’art de monter à che* val a toujours été reconnu pour en demander beau «  coup. Il faut, pour avoir la vraie tenue, qu’un homme foit parfaitement placé, que toute crainte foit bannie. C’eft pourquoi on nefauroit avoir trop d’attention dans les écoles, à mener les commen* çants peu-à-peu ; car fi vous don nez à votre cava-^ lier, les premiers jours, un cheval qui faute, vous l’obligerez malgré lui à. avoir recours à la faufie tenue, & il eft même certain que s’il vouloir fe lâcher il tomberoit. Il faut attendre qu’il foit biea placé, avant de lui demander de la tenue. Perfonne ne peut fe flatter de la perfeâion, c’eft pourquoi il peut très-bien arriver qu’un excelletx homme de cheval foit dérangé par un faut inatten* du ; une fois Téquilibre de la machine perdue, il faut néceflairement qu’il emploie de la force, mais alors je lui recommande de n’en employer que dans les parties où elle eft néceflàire, & que la quantité fufiîfante pour fe tenir, fe relâche auflîtôs que la bourrafque eft finie, & qu’il fe fent d’aplomb. Le degré de tenue eft plus ou moins erand ; ce** lui qui en a le plus eft celui qui peut fe paffer le plus long-temps de la fauffe ; au refte, cette tenue de force eft bien fautive, puifque touts les gens qui tombent de cheval s’en fervent.

Quand on eft une fois en état de monter des chevaux qui fautent, il faut en monter beaucoup, cela donne de la tenue, de la badieffe & de l’ai » fance.

De la Jufiefe & de V Ai fance.

On nomme Jufteffe ce parfait équilibre qui hit ^ue rt^AQiç %i%^ (ra ^hçya) par teifoidi ^1 Digitized

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a70 P O S contre-pojds de toutes ces parties, fans avoir récours à des forces étrangères qui le fatigueroient trop, & dont il lui feroic impoffible de faire ufage » un certain temps »

Ceft dans cette juftcffe feule que peut fe trouver Vaifance » ceft-à « direi cette liberté dans chaque Krtie du corps, qui permet au cavalier d*en faire fage qa*il defire. Il y a un principe bien vrai & connu de touts les favants maîtres d’exercice de corps 9 c’eft que la plus grande îufleflTe produit la plus grande aifance ; & réciprocjuement, la plus grande aifance produit la plus grande iufieile. De la Grâce.

Ces deuxanicles fe fui vent, par le grand rapport qu’ils ont enfemble ; on nomme fp^ace^ une certaine aifance qui, fe trouvant dans toutes les parties du corps, fait qu’elles agiflent avec un concert Î[ui flatte Tœil ; je ne crois pas qu on puifle définir bus un autre point de vue ce qu’on nomme grâce.

Tout le moi^e ne peut y prétendre ; on voit touts les jours des gens biens taits, & auxquels on ne fauroit trouver des déiauts, qui cependant ne flattent pas l’œil autant que d’autres ; cette qualité eft naturelle à de certaines perfonnes, & je dis qu on ne peut que Taider par l’art. Cet art conf](te à donner de l’aifance à toutes.les parties qui compofent la machine, car toute pof ture gênée eft défagréable à la vue. M. d’Auvergne, lieutenant-colonel de cavalerie, commandant Téquitation de Técole royale militaire, s’eft rendu célèbre par la folidité cfe fes principes, 6i par l’intelligence fupérieure avec laquelle il les enfeigne & les met efi exécution. Voici la déjiionflration qu’il donne de la meilleure pofition de l’homme fur le cheval.

Le centre de gravité de l’homme efl dans une verticale, qui prend du fommet de la tête & fe termine à l’os pubis.

Le centre de gravité du, cheval efl dans une 11, ne verticale, qui prend au milieu du dos de ’*animal & fe termine à la pointe du flernum. Il faut que l’homme foit placé à cheval de manière que la ligne verticale, dans laquelle fe rencontre fon centre de gravité, fe trouve direflement oppofée à la ligne verticale du cheval, dans laquelle fe rencontre auffi fon centre de gravité, & qu’elles ne forment plus qu’une feule & même ligne droite ; les deux corps feront par conféquent .en équilibre.

Dans touts les mouvements de l’animal, fa ligne verticale changeant, celle de l’homme doit changer auffi, & ne former qu’une feule & même ligne droite ; fi elles formoient un angle, les deux corps fe choqueroient à chaque inftant, & par conféquent perdroient de leur force & de leur vitefTe, j[ axiome

Ce que nous venons de dire efl pour la pofition •du corps feulement ; il ce corps n*avoit rien qui le %

p o s

contint en équilibre, il tomberoît au moindre mou^ mouvement de l’animal j les cuiffes& les jambes, qui embraffeni le cheval, lui fervent de contrepoids, & ces parties unies avec le corps du cheval forment l’équilibre de toute la machine. Les jambes & les cuifTes ne peuvent former l’équiliT )re avec le corps, qu’au moyen de leur poids, ces parties doivent donc être abfolument fans force ni roideur, pour en obtenir toute la pefanteur. Planche 4 {fig, 4), nous confidérons le corps comme une puiffance P, qui tire verticalement & avec l’effort de la pefanteur du corps. Nous confidérons les cuifles comme une autre puiffance Q, qui tire fuivant une verticale prife du centre de gravité de la cuiffe, & qui fait ïtSon de la pefanteur de la cuiffe.

Nous confidérons de même les jambes comme une puiffance R, qui tire verticalement & avee l’effort de leur pefanteur.

Ces trois puiffances font parallèles, étant toutes verticales ; il fera aifé de leur trouver une réfuir tante.

On en trouvera d’abord une de la puiffance du corps avec celle de la cuiffe, enfuite une autre compofée de cette réfultante avec la puiffance de la jambe ; cette dernière réfultante attirera tout le corps de Ihomme en avant, ce qui doit être pour l’empêcher de tomber en arrière, quand le cheval fe porte en avant.

La maffe de la machine animale étant portée en avant, & foutenue par le moyen de ces quatre co* lonnes, le corps de Thomme tomberoit en arriére i s’il n*étoit attiré en avant par le contre-poids des cuiffes & des jambes ; mais ce contre-poids, ou les puiffances des cuiffes & des jambes, dont nous ve^ nons de parler, font portées en avant avec la maffe de ranimai.

La réfultante qui attire le corps de l’homme en avant « l’y attirera dans le moment où l’animal fe porte en avant, & empêchera le corps de tomber en arrière ; donc c’ef^ la pefanteur des cuiffes & des jambes qui contient le corps, & Teropêche de faire des mouvements irréguliers qui contrarieroient l’animal.

La ligne verticale du corps de Ihomme le partageant en deux parties égales, il fuit de-là que la cuiffe & la jambe droite font équilibre avec la partie droite du corps, & que la cuiffe & la jambe gauche font équilibre avec la partie gauche ; c*efl pourquoi il eft effentiel pour conferver ces équilibres, d’embraffer également fon cheval avec les deux cuiffes. Si on ne l’embraffe pas également, il n’y a plus d’équilibre, cela fe fent aifément, parce qit plus de pefanteur dans l’un des deux poids attire l’autre & fait pencher la machine. Par ce que nous venons de dire, on voit que l’homme efl divifé en trois parties, en corps, cuiffes & jambes. Le corps & les jambes font deux panies qui doivent être mobiles, les cuiffçf dPi : p o s rem être unmobîles, & ne former qu’un feul 8c même corps avec le cheval.’

Le corps de rhomitie doit être mobile, pour « [ue fa ligne verticale puiiTe toujours fc démontrer en ligne droite avec celle de l’animal, & changer ainii que la fienne à chaque mouvement qu’il fait.

La partie mobile des jambes efl faite pour porter le cheval en avant, éc lui faire exécuter touts les mouvements dont il efl fufceptible. Dans leurs opérations, il faut qu elles gardent leur pefantcur, pour cohferver leur fonction d’équilibre ; aiofi elles doivent fe fermer fans roideur : fi on en empîoyoit, le corps fe porteroit néceflairement en arriére quand on fermeroit les jambes.

Les bras, qui ont TefTet des deux extrémités d*un balancier, doivent tomber également, pour ne pas déranger l’équilibre du corps. Si dans leurs difierems mouvements, en cft obligé d*en éloiener un plus que l’autre, ou d*eim>loyer plus de force dans l’un que dans Tautre, il faut que le corps n’ait point de part à leurs mouvements : fans quoi Téquilibre fe perdroit.

Si toutes les parties du corp « font dans la pofitton indiquée, la machine entière reftera en équilibre, dans rétat de repos & dans l’état de mouvement du cheval.