Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Danse/Reverence (danse)

Panckoucke (1p. 421-423).

R.

REVERENCE ; manièic de felucr. Je cortmencerai par ceike en avaof : le corps droit » gliiïez le i>led devant vous « (bit le droit ou le gauche, pour e paAer ik)a proportion ordinaire > qui eft la quatrième poTition. Lé corps ne fi : doit incliner ou plier qu*aprèi que vonsaurea commencé de paflerle pied, parce qne le corps fuit la jambe 9 & qu’elle doit fe faire de fuite.

ie dis donc 9 qot voua dei^ez f atfer le pied don* cernent devant vous, en kûATam le corps poft for le fûed^ derriine. Alors le genou ell obligé de fe plier par le poids du corps : an Heu que la jambe qui eà derant, doit être tort étendue : mats rincli* nation du corps fe fait de fuite p p^us ou moins profonde 9 félon la qualité des perlonnes que vous Taluez ; ^ & la réte’même s’incline » ce qui efi encore une des parties eflentielles de h révérence. En pliant ia ceintuft, n’éiendec pas le genou de la jambe qui Telle derriève t parce que cela femlt lever la hanche, 8c —At pltis voua feroit parokre le corps de tra* ^era ; an lien qu^étam comme je votis le démontre » toutes les parties (e ftmtiennent par leur oppofé : anais torique vous vous redreff »  » que ce foit avec k même douceur que vous vous êtes plié ; & en vous redreflant » laifTez pofer le corps fur le pied de devant ^ ce qui donne la liberté à celui de derrière d’agir, foit pour aller en avant ^ ou fe porter à côté, pour faire une féconde révérence, qui fe -£iit ctrdinairement en arriére, ce que j’expliquerai dans la manière de faire les révérences en entrant ’dans un appartement.

« Quant a la révérence en paffimt, elle fe ht comme celle enavant, excepté qu’il faut effacer le corj>s en paflant devant les perfonnes que vous faluez. Ef£icer f fignifie que vous vous tournez à demi du côté qu’elles foiit, mais en gliflant devant foi le pied Hnii fe nt>ui^e de leur côté » foit à droite, foit h gaucne, en fe pliant de la ceinture & s*incUnanc la tése du mêdie temps.

Si on fdne du côté gauche, c*eft le pied gauche « pii doitfe glifler devant ; ce qui s’obierve de même du côté droit : mais comme cette révérence fe prath |ue en diiSérents lieux, elle mérite que jefàfTe reffentirles endroits où on la doit faireayecplus d’atientioïi. Par exemple « lorfque vous paSW dans une • rue V il ne la faut faire que très légèrement. Cefl, à prop^eiuent parler, une révérence en marchant. ^ Mais pour celles qui fe font dans les promenades, comme’aux ThuAeries ou autres fembiables, où efl ordinairement l’aflemUée que nous difons du grand monde » il ne Eut pas les faire avec la même légèreté « elles doivent être faites plu&piodérément> elles out bea^ôup plus de^tacci.

R E V ;  ? n

On doit aulli faire attention que » lorfque l’on fo

! |romène, on tient ordinairement le chapeau AeU 

bus le bras. Si quelgu^un d’un rang au — deflus de vous vous falue, c’eft de prendre votre chapeau de la main droite, & de faire de fuite votre révérence très-profonde, pour marquer plus de refpeâ. Autre remarque très-néceflaire ; c’eA que lorfque vous pliez le corps, de ne pas incliner (i fort la tête, que 1 on ne pui^e vous envifager, faute d autant pIus]grofriére, que vous jetiez la perfonne dans If doute de favoir h c’efl elle que vous faluez ; de même qu’avant de commencer votre révérence, dé regarder mode/lement la perfonne, ce que l’oit appelle, adreffer fa révérence ^vîint de la hiire. Je fuis très-perfuadé que, lorfqu’on fera attention i ces remarques que je viens de faire, on fera cei révérences avec toute la grtce qii’elles méritent d*ètre faites. Mais comme rien n eft pluscap^le dé nous apprendre, que de répéter fouvent ce quç nous voulons (avoir ; c*eft à cette occafion que j’ex* horto fur-tont ks jeunes gens qui demeurent dans les académies & les collèges, à s’appltauer à bieit htre CCS révérences jp2xce qu’ils y font plusexpofés que partout ailleurs, par les fréquentes rencomrea qu’Us font & qu’ils ne peuvent éviter, en allant 8c venant, foit de leurs maîtres, ou de leurs régents f qu*ils font obligés indifpenfabl’ement de faluer. Je les exhorte, dis— je, à s*y appliquer, pour qu’ils en acquièrent l’habitude, ann qu ils ne fe trouvent pas décontenancés, comme il leur arrive très* fouvent dans les compagnies extraordinaires, dana lefquelles ils fe trouvent.

Ces révérences fe foottout différemment de celle. ! l enavant, auifi font— elles plus refpeAueufes ; c’efl pourquoi elles demandent auffi plus de circonfpec* tion ; mais on en efl récompenfé par le plaifir que Ton a de fe dîAinguer du vulgaire. Je fuppofe que l’on ait le chapeau à la main & le corps placé à la quatrième pou tion, ayant le corps placé fur le pie4 fauche, & par conféquem le droit prêt à panir, que on porte à côté fur la même ligne ; mais comme Ton pofe le talon le premier, en faîfant ce pas’ » cela donne la facilité au corps de fe pofer deffus. Puis Ton s’incline comme la deuxième figure ie repréfente, qui efl à la féconde pofition. Le corps donc pofé fur le pied droit, & le gauche prêt à partir, vous le tirez doucement derrière te droit, à la troifîème pofition, en vous relevant’à mefure que vous tirez le pied derrière, ce qui remet le corps dans fbn aplomb, & qui fait l’étendue de votre révérence.

J’ai vu plufieurs perfonnes fe plier de la ceinture & tirer le pied du même temps ; je la crois fort bonne ; mais de la manière que je viens de la décrire, elle m’a paru bien plus gracieufe & de meilleur air. J’ai ditauili quecette révérenceed contraire àcelle enavant ; cela eft vrai, car pour faire celle en avatit le premier mouvement efl de glifTer le pied devant ii de fe plier de fuite, afin qu elle ne paroifle point coujpée^pour celle en arrièrcivous marquez d’abord 4ît REV le pli du corps & rîndination de tète avant de tîrer le pied ; mais néanmoins fans beaucoup de diftancC ) parce que qs revérânces (e doivent faire de fuite ; de plus ,c’eft que Ton doit éviter Taffeûation ; mais pour fe mettre dans Fhabitude de bien faire , c’eft d’en faire plufieurs de fuite , cela vous fera d’autant plus facile, que le pied tiré derrière ayant fini l’étendue de fon pas , vous laiflcz pofer le corps deflus , & de-là vous portez le pied de. devant à côté pOHr en refaire une autre oc continuer d’en faire plufieurs dç fuite ; mais lorfque vous avez la facilité de les faire d’un pied , vous les faites enfuite du pied contraire , ahn de la faire égaleinent d’un pied comme de l’autre»

Révérence. Manière £6ur U chapeau & de h re^ •mettre.

Le corps étant pofé fuivant les régies cUdevant λrefcrites » fi vous voulez faluer quelqu’un , il faut ever le bras droit à la hauteur de l’épaule , ayant la main ouverte , puis plier le coude pour prendre votre chapeau , ce qui fait un demi-cercle , qui prend fon point du coude mêmç.

Le coude étant plié & la main ouverte , il faut que vo^us l’approchiez de la tête , qui ne doit faire aucun mouvement.* puis porter le pouce contre le front , les quatre doigts pofés fur le retrovSk dq chapeau , & en ferrant It pouce & Icft doigts , ç pouce par fon mouvement lève le chapeau , & les quatre doigts le maintiennent dans la main ; mais le bras fe hauflant un peu plus » lève tout-à-fait le chapeau de delTus la tétç en ^’étendant & le laiffant tomber à côté de foi.

Toutes les différentes attitudes dont {e viens de parler ne font, que pour marquer toiits les diflèrent ^ temps 8 ; toutes les mefure^ que Ton doit obferver dans cette aâion ; on ne doit pas entendre Îiue Vbn doive s’arrêter à chaque temps » ce qui eroit ridicnle. Pour moi j’entends qu’il n’y ait aucun intervalle , & que ces temps foient fi imperceptibles ^ qu’ils n’en faffent qu’un ; parce que ce ]i*eft qu’une fpule aâion en trois temps , que j’ai jugé à propos de marquer par chaque attitude principale pour les faire mieux fentir} fçayoir , lever le bras à côté de un en pliant le coudé , approcher la main de la tête , & prendre le chapeau , le lever de deffus , & laiffer tomber le bras à côté de foi. Mais pour le remettre on doit obfervpr le même ordre, c’eft-à-dirç lever votre bras de la fituation oii vous l’avez pour lors à côté de vous à la hauteur de répaule , en pliant le coude , mettez le chapeau deffus la tête en appuyant de même temps votre main contre le retrouflS pour l’enfoncer , fans vous reprendre à deux fois , & non pas ap* puyer la main fur le milieu de la forme , ce qui n’eft pas féant ; mais la tête ne doit faire aucune démonftration pour le recevoir , c’cft le bras & la inain qui le doivent pofer. On ne doit pas non plps trop l’enfoncer par la difficulté que vous auriez de

  • £ter , le chapeau ne devant que couronner la tète

REV

& lui fervir d’agrément ; on doit auffi pren Jjre garde de ne le point prendre par la forme , & d*ai-^ vancer le bras & la main trop en-devant» ce qui cache le vifage , ni’même de baifier la tète , & de lai ffer tomber votre" chapeau devant le vifage , en 1«  conduifant négligemment devant vous , ce qui ne fait qu’un très-mauvais efief.

Voilà la manière qui m’a paru la plus fianrc pour le porter avec graCe ; on doit le pofer d’abord ! • fur le front un peu au-defliis de fes k>i{rciU, & ea appuyant la main modérément contre le retroiiflé » elle ne le fait enfoncer par derrière qu’autant qull le faut, devant être plus bas devant de deux ou trois lignes que dsrrière ; le bouton doit être dià côté gauche , de même que le bec ou la pointe au*deffus de l’œil gauche » ce qui d^ge le vifage ; car de le porter fou^à-fait en arrière » cela donqe ua air niais & imbécîlle ; le trop enfoncer par-devant donne un air fournois , ou colère ,, ou rêveur. Révérences en entrant dans un appartement^} Lorfque vous entrez dans un appartement , if faut ôter le chapeau de la main droite » & avancer deux ou trois pas en avant pour ne vous point em«  barraffer entre la porte» & pour vous donner le temps d’adrefièr vos revéreneef ;tnM ei^vousrele^ vaut il fautipofer le corps fur le pied qui a pflé devant , 6c porter celui de derrière à côté ’fur une même ligue à la féconde poit^on , pour faire votre révérence en arrière.

Ces deux rérlrences étant finies » vous entrer : » & s’il fe trouve du monde placé à droite & à gauche » vous faites des révérences en paflant de côté & d’autre , en marchant au milieu de la compagaie. Mais au cas que vous ayez à parler à qu^u’un ,’ vous alle^ Taborder çn £ii&nt de pareilles Hvérences que celles que vous faite^^ doux révérences est arrière , & d’autres en paflant, autant que la civi* lité le permet , ce qui n’a point de limites % rufagft ét^nt le plus grand maître.

Révérences des femmes.

Les femmes n*ont pas le même embarras que les hommes pour faire leurs révérences i il fuffic qu’elles fe préfeotent bien , qu>Ues’ portent les pieds en denors,les gliflent à propos, plient les Senoux également , & qu’elles tiennent la té(e roite , le corps ferme & les bras bien plac^ , com*. me la figure ^e repréfente , ce qui eft le plus effen* tiel.

On peut dSfUnguer trois manières de r/v^^/ic^x également pour eues que pour nous ; fcavoir^ r/m verence en avant , révérence en paflant , & révérence en arrière , qui eft celle qui marque le plus de refped, en ce qu’elle eft arrêtée &pliée plusproft>iur dément.

Je commencerai par celles qui fe font en avant ; il faut glifler doucement lé pied devant jufqu’à U quatrième pofidon , & laifler pofer le corps fur les deux jambes , puis plier doucement les geaotti( sans plier de la ceinture ; au contraire, le corps doit être fort droit fans chanceler, ce qui arrive trés-Couvent par les pieds qui font mal placés, foit de les avoir eo-dedans, ou d’être trop écartés ; mais lorlque vous êtes plié aflez, vous vous rele-Tez avec la même douceur, ce qui termine cette révérence.

Quant à celle en paflânt, elle fe fait pareilletnent » excepté que lorfque vouspaflez devant une perfonne, vous faites ceux ou trois pas avant de commencer votre révérence^ regarder la perfonne que vous devez fahier pour lui adreifer votre rêverenct, & du même temps vous vous tournez à demi du côté que font les perfonnes que vous faluez, & vous gliflez le pied qui e(l de leur côté en avant y puis vous pliez & vous relevez très— doucement, en obfervant de laifler pofer le corps fur Le pied qui a pâfle devant, afin de marcher du pied de derrière. SI vous faluez du côté droit, la tête doit être tournée du même côté^ Tépaule droite, comme vous la voyez, eft retirée en arriére. Mais comme CCS révérences fe pratiauent dans les promenades atnfi qu’en d’autres endroits de cérémonie, il faut obferver que lorfaue vous faluez quelqu’un audefTus de vous, au lieu de la faire en paUant, il la faut faire en arriére « elle marque plus de refpeâ.

  • Cette révérence ſe fait en portant le pied à côté,

ſoit le droit, ſoit le gauche ; on fait un pas à côté à la ſeconde poſition, le corps ſe porte ſur ce pied, & l'on tire l’autre tout auprès, les deux talons prés l'un de l'autre à la première poſition, puis plier les genoux également & très — bas, & vous relevez avec la même douceur que vous vous êtes pliés. Mais ſi vous devez en faire une ſeconde, il faut laiſſer poſer le corps ſur le pied que vous avez tiré, vous portez l’autre pied à côté, & faites la même choſe de l’autre pied. Il faut prendre garde de tirer le pied & de le plier en même temps ; cela dérangeroit le corps de son à-plomb.

J’ai dit aussi qu’il faut que les deux talons soient prés l’un de l’autre ; c’est que les ayant ainsi, lorsque vous pliez les genoux en les tournant en dehors, ils n’avancent pas plus l’un que l’autre ; au lieu que tirant le pied derrière, il fait paroître un genou en avant, & plus de facilité de se tourner en-dedans.