Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Danse/Chorégraphie (danse)

Panckoucke (1p. 383-395).

CHORÉGRAPHIE. Art ^icrîre la danfe. Les anciens ont ignoré cet art , ou il n’a pas été tran& mis jufqu*à nous. Aucun auteur connu n’en hit mention avant le diâionnaire de Furetière : il y eft parlé d*nn traité curieux fait par Thoinot Arbeau i imprimé à Langres en 1 588 , intitulé Orchéfographîcm TTioinot Arbeau eft le premier Çc peut-être le feul qui ait pen(% à tranfmettre les pas oe la danfe avec les notes du chant : mais il n’a pas été fort loin. Son idée eft la chofe qui mérite le plus d’éloge. II pQr<* toit l’air fur des lignes de mufique à l’ordinaire, & il écrivoit au - deflus de chaque note les pas qu’il • croyoit qu’on devoit exécuter : quant au chemin quil convenoit de fuivre , & fur lequel ces pas dévoient être exécutés fucceftîvement , ou il n’en dit rien, ou iirexptîque à-peu-près en difcours. Il né lui vient point en penfee d en faire la figure avec des lignes , de divifer ces lignes par des pbrtion» égales , correfpondantes aux mefures , aux temps ,’ aux notes de chaque temps ; de donner des cara6lc«  res diftinAifs à chaque mouvement , & de placer ces caraâéres fur chaque divifion correfpondante des lignes du chemin ^ comme on a fait depuis p comme Ta fait Beauchamps , qu’un arrêt du parlc^ ment a déclaré inventeur de cet art. Feuillet a tra» vaille aufC à le perfeâionner , & à laiffé quelque» ouvrages fur cette matière*

L*ordre que nous fuivrons dans cet article, efl donc déterminé par l’expofltion même de Fart. Il faut commencer par Ténumération des mouve* ments, pafTerà-laconnoifTance des caraâéres qui défigaeat ces mouvements^ &• finir par Temploi de 384 C H Ô ces caraftètes , relatif au but qu’on fc pfôpofe’i la confervatiôn de la danfe.

Dans la danfe , on fe fert de pas , de plies , d’élevés , de faucs , de cabrioles , de tombés , de gliffés 9 de tournements de corps , de cadences ^ de figures f &c. ’

La pofition eft ce qui marque les différentes fimations des pieds pofôs à terre. Le pas eft un mouvement d’un pied d’un lieu à en autre.

Le plié eft l’inflexion des genoux. L’élevé eft Textenfion des genoux plies ; ces deiix mouvements doivent toujours être précédés l’un de l’autre.

Le fauté eft laè^ion de s’élancer en l’air , enforte que les deux pieds quittent la terre : qn commencé par un plié , on étend enfuite avec viteiTetle» dei/x jambes ; ce (]ui fait élever lejcorps^ qui entraîpje après lui les jambes, » . ’

La cabriole eft le battement des jaipbes que 1 on fait en fautant ,. U>rfque le corps eft en Tair. Le retombé eft la chute du corps , forcée par fon propre poids.

Le gUffé eft Taâion de mouvoir le pied à terre fans la quitter.

. Le tourné eft Taâion de mgi^voir le corps d^un côté ou d’un autre.

La cadence eft la connoiftance des diftéremes’ mefures & des endroits de mouvement les plus marqués dans les airs, _

La figure eft le chemin que Ton fuit en danfant. La falle ou le théâtre eft le lieu oii Ton danfe : il éft ordinairement quarré , ou parallélogramme , 4^mme on voit AB C D , fig, première de chorégraphie. A B ed le devant, ou le vis-à-vis des fpeûateurs placés en MB D ^ le côté droit ySiA C yè. côté gauche : C I ? eft le fond du théâtre ou le bas de la ialle,

La préfence du corps , qui a quatre combinkifons différentes par rapport aux quatre côtés de la falle, eft défignée datis la chorégraphie par les caraâéres qu’on voit dans la même figure : tf eft le devant du corps , d le dos , e le bras droit , & k le bras gauche. Dans la première de ces quatre fortes de préfence, le corps eft vis-à-vis le haut ^ i ? de la falle ; dans la féconde , il regarde le bas C D ; dans la troifième îl eft tourné du côté droit ^ Z> ; & dans la quatrième , il regarde le côté gauche A C. Le chemin eft la ligne qu’on fuit : cette ligne peut être droite, courbe, & doit prendte toutes les inflexions imaginables & correipondantes aux differeftisdefteins d’un corapofiteur de ballet. Despofitions. Il y a dix (ortes de pofitionsen ufage ; on les divife en bonnes &ç en faufTes. Dans les bonnes portions , qui font au nombre de cinq , les deux pieds font placés régulièrement, c’eft-à-dire^ que les pointes des pieds font tournées en dehors. Les mauvaife^ fe divifent ei^ régulières & en irréguliéres ; elles diftèrent des bonnes» en ce que les pointes des pieds font , ou toutes deux en dedans , n . C H O

OU qu#$*il yen a une en dehors , l’autre eft toujourt en d^ns.

Cette figure 3 marquera celle du pied. La partie faîte comme un O repréfente le talon : le commencement de la qpeue joignant le zéro , la cheville 9 & fon extrémité, la pointe du pied. Dans la première des bonnes pofitions , les deux piedi font joints enfemble, les deux talons l’un contre l’autre. V, la ûg. 2 £• ^ , ^ eft le pied gauche , j ? , le pied droit ; on connoitra ce pied par le^petit crochet ^m , fig. ^ , qui «ft tourné à droite ; & l’autre , par un petit crochet femblable qui eft tourné à gauche ; c’cft la pofition de la temme qu’on diflinguera par un autre demi-cercle concentrique au premier , comme on le voit fig. y . Dans la féconde ^ les deux pieds font ouverts fur une même ligne , enfôrte que la diAance entre Tes deux talons eft de’ la longueur d’un pied. V% ^^éi

ans la troifième , le talon d’un^pied eft contre la cheville de l’autre. Voye^ fig. 6. Dans la qpatf ième , les deux pieds font l’un devant l’autre , éloignés de la diflance du pied entre les aeux talons qui fQfit fur dne même ligne. F. fie- ?’

Dans la cinquième , les deux pieds font croîfés l’un devant l’autre ; enforte qie le talon d’un pied eft direâement vis-à-vis la pointe de l’autre* F. fig.S.

Dans la première des’IaufTes pofitions , qui font de même au nombre de cinq, les deux pointes des pieds fe touchent & les talons font ouvens iiir une même ligne, ^^fig- 9* _

Dans la féconde, l^s pieds font ouverts delà diftanee de la longueur’ du pied entre les deux pointes , qui font toutes deux tournées en dedans., 6i les deux talons font ouverts fur une même ligne* F.fig. 10.

Dans la troifième , la pointe d’un pied eft tour«  née en dehors & l’autre «n dedans ; enforte que les deux pieds foient parallèles l’un à l’autre. Foye^ fig. II. • .

Dans la quatrième , les deux pointes des pieds font tournées en dedans ; mais la pointe d’un pied eft proche de la cheville de l’autre. F, fig. 1 1* Dans la cinquième , les deux pointes. des pieds font tournées en dedans ; mais le talon d’un pied eft vis-à-vis la pointe de .l’autre. F. fig. 13. Du pas. Quoique le nombre des pas dont on fe fert dans la danfe foit prefque infini , on les réduit néanmoins à cinq, qui peuvent démontrer toutes les différentes figures’ que U jambe peut faire en marchant ; ces cinq pas font le pas droit , le pas ouvert , le pas rond , le pas tortillé & le pas battu. Les traits de h figure 14 défigneront le pas ; la tète A indiquera oii eft le pied avant que de marcher ; la ligne A B , la grandeur & La figure du pas ; & la ligne B C , la poittion du pied a la fin du pas ; on diftinguerâ qu’il s’agit du pied droit ou du

C HO <3u pîed ^tuche , félon que la ligne B C fera inclinée à droite ou h gauche de la ligne du chemin. On connoîtra à la tête A du pas fa durée : fi elle eA blanche » *elle équivaudra à une blanche de l’air fur lequel on danfe ; û elle eft noire» elle équi* vaudra à une noire du même air ; G c’efl une croche » la iête ne fera tracée qu’à moitié en forme de C •

Dans le pas droit » le pied jnarche fur une ligne droite : il y en a ds deux fartes , Tun en avant , l’autre en arrière. f^»fig. 15 & i6. Dans le pas ouvert la jambe s’ouvre : il y en a de trois fortes , Tun en dehors » l’autre en dedans en arc de cercle , & le troifième it côté , qu’on peut appcUer pas droit , parce que fa figure eft droite. V.les fig. 17, 18, 19.

Dans le pas rond, le pied en marchant fait une figure ronde : il y en a de deux fortes , l’un en dehors , l’autre en dedans. V. les fig, 20& 21. Dans le pas tortillé , le pied en marchant fe tourne en dedans & en dehors alternativement ; il y en a de trots fortes , l’un en avant , Tautre en arrière y le troiflème à côté. V. Us fig. 21 , 23 , 24. Dans le pas battu, la jambe ou le pied vient battre contre l’autre ; il y en a de trois fortes , l’un en avant, Tautreen arrière y & le tro*fiéme de côté* Kles fig. %^,, 16^27.

On pratique en fàifant les pas plufieurs agréniens , comme pUé, élevé ^ fauté , cTibriolé , tombé , ^iffé , avoir le pied en l’air yp9fer la pointe du pied , po/èr le talon 4 tourner un quart de tour^ tourner un demi-tour j tourner trois quarts de tour.^ tourner le tour en entier , &c.

Le plier fe marque fur le pas par un petit tïrct penché du côté de la tète du pas » comme on voit fie* a8.

L’élever fe marque fur le pas par un petit’ tiret penché perpendiculaire. V. la fig, 20. Le fauter par deux tirets perpendiculaires. V. la fig.%o.

Le cabrioler par trois. V. la fig.jt* Le tomber par un autre tiret placé au bout du premier, parallèle à la direâion du pas , & tourné vers la pointe du pied. /^. fiç. 32. Le glifler par une petite ligne parallèle à la direâion du pas , & coupée par le tiret en deux parties , dont l’une va vers la tète & l’autre vers le pied. F. fig. 33.

Danslepiedenl’air.lepaseft tranché comme danslajff. 34.

Dans le pofer de la pointe du pied fans que le corps V foit porté , il y a un point diredement au bout de la ligne qui repréfente le pied comme dans la A- 3Ï-

Dans le pofer du talon fans que le corps y foit porté , il y a un point diredement derrière , ce qui repréfente le talon. F. la fig. 36. Le tourner un quart de tour fe marque par un qu^rt de cercle. F la fig, 37.

Equitatiott ^ Efcrim & Danfe.

c H O 385

Le tourner un demi-tour par un demi-cercle. A » Le tourner trois quarts de tour , par les trois quarts de la circonférence d’un cerclé. F,fig^ 39. Le tourner un tour entier , par un cercle entier. y. fig, 40.

Lorfqu il y a plufieurs fignes fur un pas , on exécute les mouvements qu’ils repréfentent les uns après les autres dans le même ordre où ils. font placés , à commencer par ceux qui font les plus près de la tète du pas, qu’il faut confidérer divifés en trois parties ou temps. On fait dans le premier temps les mouvements oui font marqués fur la première partie du pas ; dans le fécond , ceux qui font placés fur le milieu , Se dans le troifième , ceux qui font placés à la fin. Ainfi quand il y a un figne qu’il faut plier avant de marcher , de même des autres.

Les fauts fe peuvent exécuter en deux manté-^ res :’oii l’on faute des. deux pieds à-la-fois, où l’on faute en marchant d’un pied feulement. Les fauts qui fe font des deux pieds à- la-fois , feront marquer fur les pofitions , comme il fera démontré dans l’exemple ci-après ; au lieu que les fauts qui fe font en marchant fe marquent fur les pas. Le pas fauté fe fait de deux manières : où Von faute & retombe fur la jambe qui marche , où loa faute & retombe fur l’autre jambe. S’il y a un figne fauté. fur un pas, & point de figne en l’ait après, c’efi une marque que le faut fe fait fur la jambe même qui marche ; s’il y a un figne en lair» c’eft une marque que le faut fe fait fur Tautre jambe que celle qui marche. La danfe, de même que la mufiqve,eil fans agrément » fi la mefure n’eft rigoureufemen : obfervée.

Les mefures font marquées dans la danfe par de petites lignes qui coupent î^ chemin ; les intervalles du chemin compris entre ces lignes font occupés Ear le pas, dont la durée fe connoît parles têtes lanches , noires , croches , &c. , qui montrent que les pas doivent durer autant de temps que les notes de la mufioue placées au-deiTus de la figure de la danfe. V. L EXEMPLE. Âinfi un pas dont la tête eft blanche, doit durer autant qu’une blanche de lair fur lequel on- danfe ; & un pas dont la tête tft noire, doit durer autant qu’une noire du même air. Les pofitions marquent de même par leurs têtes , les temps qu’elles doivent tenir. Il y a trois fones de mefures dans la danCe : lac mefure à deux temps, la mefure à trois temps , & la mefure à quatre temps.

La mefure. à deux temps comprend les airs de gavotte , gaillarde , bourrée , rigodon , gigue, canarie , &c.

La mefure à trois temps comprend tes airs de courante , farabande , pauacailie , chaconne , menuet , paffe-pied , &c.

La fflçfure à quatre temps comprend les aies Ccc

386 C H O lents, comme» par exemple, Tentrèe d*ÂpoUo0, de l’opéra du triomphe de l’amour , & les airs de loure.

Quand II faudra laiiTer paflTer quelques mefures de Pair fans danfer ,foit au commencement ou au milieu d*une danfe , on les marquera par une petite ligne qui coupera le chemin obliquement ; il y aura autant de ces petites lignes que de mefures : une demimefure fera marquée par une demi-ligne oblique ; ainfi le repos marqué fig. 41 eft de trois mefures & demie. Lorfqu’on aura un plus grand nombre de mefures de repos , comme par exempie dix , on les défignera par des bâtons qui en vaudront chacun quatre* K la fig. 41. Les temps , demi-temps & ouarts de temps , le marqueront par un foupir , un demifoupir & un quart de foupir , comme dans- la mufique.

Aux airs qui ne commencent pas en frappant , c^efl a-dire , où il y a des notes dans la première mefurefuriefquelleson ne danfe point ordinairement , comme aux airs de gavotte , chaconne, gi-Sue , loure , bourrée , &c. on marquera la valeur e ces notes au commencement. Vaye^ ^explication de r exemple ci-après.

Les figures des danfes fe divifent naturellement en deux efpèces , que les maîtres appellent régulUres & irrégiUUres.

Les figures régulières font celles où les chemins des deux danfetirs font fymmétrie enfemble ; & les irrégulières font celles où ces mêmes chemins ne font pas de fymmétrie.

Il y a encore dans la danfe des mouvements des Iras oc des mains ménagés avec art. Les mains font marquées par ces caraâères re* préfemés/Sg. 43. Le premier eft pour la’ main gauche , & le iecond pour la main droite ; on place celui qui repréfente la main droite , à droite -du chemin , & le fécond à gauche. On obfervera , quand on aura donné une main ou les deux., de ne point quitter qu’on ne trouve les mêmes fignes tranchés. V. lafip 44. A repréfente la femme , B , liiomme , auquel la femme A donne la main gauche , qu’il reçoit dans fa droite ; ils marchent enfemble tout le chemin A D B C , à la fin duquel ils fe quittent ; ce qui efl marqué par les mains qui font tranchées.

Les différents perts de brai & leurs mouvements font marques par les fignes fuivans : A , B , C , fie* 45 9 marque le bras droit ; le même figne » fi^. 46 , tourné de l’autre côté , marque le bras gauche. A marque l’épaule ,B le coude , & C le poignet. Pour placer les bras fur le chemin , on diflioguera les endroits où on va en avant & en arrière, de ceux où l’on va de côté ’, à ceux où on va en avant & en arrière , on marquera les bras aux deux côtés du chemin , le bras droit du côté droit , & le bras gauche du côté gauch ? ; à ceux où Ton va de côté , on les marquera deffus & defTpus , obfervant toujours que celui qui eft à droite eft le bras droit , & celui qui eft à gauche eft le bras gaucbci c H o

Exemptes des digcrentes attitudes des ha fi 45 &.46. Le bras étendu.

47. Le poignet plié.

48. Le bras plie.

49. Le bras clevant foi en hauteur. ^cu Les deux bras ouverts. , , ^ 51. Le bras’ gauche ouvert, & le droit plié ao coude.

52. Le bras gauche ouvert , & le droit tout-à-fatt fermé.

53. Les deux bras ouverts.

54. Le bras gauche ouvert , Se le droit fermé da coude.

5 5. Le bras droit ouvert, & le gauche tottt-à*(ait fermé.

Exemples des mouvements des bras» 56.. Mouvemem du poignet de bas en haut. 57. Mouvement du coude de bas en hauc. ^8. Mouvement de l’épaule de bas en haut^ 59« Mouvement du poignet de haut eu bas. 60. Mouvement du coude de haut en bas. 6 1. Mouvement de Tépaule de haut, en bas» - 6 a. Rond du poignet de bas en haut. 63» Rond du coude de bas en haut. 64. Rond de l’épaule de bas en haut. 6f. Rond du poignet de haut en bas. 66. Rond du coude de haut en bas. 6y. Rond de l’épaule de haut en bas. 68. Rond du poignet de bas en haut. 69. Rond du coude de bas en haut. 70. Rond de l’épaule de bas en haut. 71 . Double mouvement du poignet de bas eii haut & de haut en bas,

72. Double mouvement du coude. 7 h Double mouvement de Tépauie. Les bras peuvent agir tous deux en mânie tcmpê ou Tufi après* lautre. On connoitra quand les dett«  bras agiâent tous deux en même temps par une liaifon allant de l’un i TaïKre. K la fifr. 74 , qui marque que les deux bras açifenc en même temps , mais par mouvement contraire.

Si les deux bras n’ont pas de liaifon , c’eft une marque qu’ils doivent ajçir l’un après l’autre. Le premier eft celui qui précède : ainn dans Texemple fig. 76» Le bras droit , qui eft plus près de la pofition , agit le premier.

Explication des cinq prêmitres mefures du pas des deux lutteurs y danfé par MM. Dupré & Miierr dans topera des fîtes Gred^ues & Romaines , rt" préfemées dans la dernière planche de chorè* graphie.

On a obfervé dans cet exemple la valeur des temps que les pas tiennent ; cette valeur eft marvquée par les têtes des mêmes pas, ainfl qu’il eft expliaué ci-defliis ; on y a jomt la tablature de* l’air (or lequel ce pas de deux » été exécuté ^ o» a .marqué les mefures par ïks chiffres 1,2,3 » &o. »

C H O «fin dé pouvoir les défigner plus farilement Celles de la chorégraphie font de même marquées par des chifHres placés vîs*à-vis des lignes qui féparent les sneAires ; ainfixiepuis o iufqu’au diiffre i » c^eft la première mefure ; depuis le chiifre i jufqu’au chiffre a , c eft la féconde , ainfi des autres. ^ Il faut auffi obferver que , dans Texemi^e propofé , les chemins des deux danfeurs font fymmé’ trie dans plufieurs parties ; ainfi ayant expliqué pour tin j ce fera dans les parties comme (i on IV voit fait pour tou^ les deux. Dans les autres parties où les chemins des deux danfeurs ne font point iymniètrie, & oii leurs mouvemens ne font point femblables & co-exitlans , nous les expliquerons fëparémenty dèfignant Tun des danfeurs par la lettre A , &rautre par la lettre B.

Avant tomes chofes, il faut expliquer par un exemple ce que nous entendons par des chemins fymmétriques. Soient donc les deux lettres pp, elles font femblahles, mais elles ne font point lymmé* tfie ; retournons uns de ces lettres en cette forte ^ p oupq^ elles feront fymméirie & une reflemi >lance de pofnion. s £ r eft fereblable à B s T , mais fymmétriquc avecT 2 B ; il fuffit de les mettre vis-à-vis l’un de l’autre BST-xSff pour s’en appercevoir. Enfin , fi on fouhaice un autre exemple , -la contre-épreuve d’une eftampe , ou la planche qui a fervi à l’imprimer , font fymmétrie enfem--ble ; ainfi que la forme de caraâères qui a fervi à •imprimer cette feuille, faifoit fymmétrie avec la feuille que le leâeura préfentememfouslesyeux. Ceci bien entendu , il eft facile de comprendre que fi le danfeur A , planche II , fig. première , placé vis-à-vis de celui qui eA en B , part du pied gauche , ce dernier doit partir du pied droit ; c’eîl en effet ce que l’on obferve dans cet exemple. Ainfi , comme nous nVxpliquerons pour les parties fymmétriques que la tablature du danfeur A , il fau- > dra pour avoir celle du danfeur B » changer les mots droit en gauche , & gauche en d»>ii. Les deux danfeurs commencent par la quatrième pofition ; le danfeur A fait du pied gauche un pas droit en avant ; ce pas doit durer une noire ou guart de mefure ; il eft fuivi d’nn femblable pas tait par le pied droit 9 qui vaut aufii une noire , comme on le cennoit par fa tête qui efi noire ; le trorfième pas eft du pied gauche , & dure feule^ -ment une croche, ainfi qu’on le-connoit par fa tête ’ croche ; il efi chargé ^e deux fignes , & l’élevé à la fin ; le quatrième qui efi du pied droit , vaut aufil une croche , & le fuivant «ne noire ; ce qui fait en tout quatre noires, & épuife la première mefure de l’air à deux temps notés au-defltis. Tous les pas de cette mefure font des pas droits en avant. La féconde mefure i , 2 , eft occupée dans l’air par les notes re fa ^ (bl ; la première efi ’ une blanche pointue, & les deux dernières des croches ; ^ & dans la danfe elle efi occupée par des pofitions & des pas. La première pofition oii on arrive à la ’ ^a de laprenùm mefure ,eft la troifiéve ; elle eft c H o 3*7

zKe&ée des fignes plié & cabriolé , & de celui de tourner un qiurt C* : tour ; ce qui met^ la préfence du corps vis-a-vis le hautdela falle de cette pofition , qui vaut une noire ; on retombe à la quatrième le pied droit en lair : ce pied fait enfuite un pas ouvert de côté , qui dure auifi une noire ; le pas fuivant qui efi du pied gauche, d’une (roche ; il efi affeâé du figne plié au commencement, & du figne en Tair > fuivi de celui de tourner un quart de tour à gauche , qui remet la préfence du corps comme elle étoit au commencement ; & enfuite du fauté, à la fin duquel on retombe à la quatrième pofition, le pied droit en l’air, qui fait un pas ou«  vert de côté , lequel n’efi point compté dans la mefure , parce que fa tète fe confond avec celle de la pofition , & qu’il n’ed qu une fuite du fauté. Le pied refiant en l’air ainfi , le corps eft porté fur l’autre jambe ; elle ne pourra marcher que le premier ne foit^’pofé à terre en tout ou en partie-, c’eAàdire , feulement fur le talon ou Ut pointe du pied ; dans la figure , c’eft la poinie du pied qui pone à terre. Le pied gauche fait un pas droit en avant , lequel vaut une croche ; il efi fuivi du figne de re* pos ou quart de foupir , qui , avec les pas que nous avons expliqués , achève de remplir la mefure. La mefure fuivante 2,3» efi remplie par trois pas qui valent chacun une noire. Le premier qui efi du pied droit , a le figne en l’air au commencement ; il efi fuivi de la première pofition affeâée du figne plié & fauté fur le pied gauche , pour marquer que le faut fe fait fur cette jambe, l’autre étant en l’air ; enfuite efi un foupir qui vaut une noire de repos ^ après lequel efi un pas ouvert de côté fait par le pied gauche ; ce pas efi chargé de deux fignes qui marquent le oremier qu*il faut plier au commencement du pas, oc le fécond qu’il faut élever à la fin. Le pas fuivam qui efi du pied droit efi lui pas droit du même fens qui ramène la jambe droite près de la gauche.

Il faut remarquer qu’après le foupir de cette mefure , les chemins des danfeurs cefllent de fiiire fymmétrie ; car Tun avance vers le haut de la falle , OL l’autre s’en éloijgne ; cette diverfitède mouvement continue julqu^au troifième temps de la mefure fuivante.

Le premier pas de la mefure 3 » 4 » efi un pas ouvert de côté du pied droit ; avec les fignes plié & élevé , le premier au commencement du pas , ’ & le fécond à la fin ; il eft fuivi d’un pas ouvert *de côté fait par le pied gaudie , à la fin duquel le pied refte en l’air pendant ub quart de mefure. Le pas fuivant qui eâ un pas ouvert de. côté , eft affedé du figne de tourner un quart de tour. On voit auprès de ce pas la main droite que le danfeur A donne à la main gauche de l’autre danfeut , faifant l’effort fimulé que deux lutteurs font pour renverfer’leur adverfaire.

Au commencement de la mefure fuivante , les danfeurs font revenus à la première pofition , où iU refiem pendant une demi-mefnre ; ce qi)e Ton C c c i j 3i8S ' C H O connoit par la tête noire de la pofition & le foiipir qui la fuir. Le premier pas fuiv^nt fft un pas ou- vert en dedans qui dure une noire ', on voit au commencement de ce pas le ilgne en Tair» fuivi de icelui de tourner un quart de tour ; ce qui fait con- nottre que ce pas doit être fait fans que le pied pofe à terres il eft fait par le pied droit , qui revient fe placer à la pofition. Le pas fuivant eA encore af- teâé du figne de tourner un quart de tour ; ce qui remet les danfeurs vis-à-vis l'un de l'autre. On y trouve aulTi lefigne de^ mains tranché ; ce qui fait connoicre qu'à la fin de ce pas les danfeurs doivent fe quitter. Ce que nous avons dit jufqu'à préfent , fuffit pour entendre comment on déchiffre les danfes écrites. Nous laifibns au leâeur muni des principes établis ci-devant , les dernières mefures de l'exem- ple pour s'exercer , en l'avertififant cependant d'une chofc cffentielle à fîçavoir ; c'eft que lorfque Ton trouve plufieurs pofitions de fuite , comme dans la mefure 7 > 8 , les mouvements que les pofitions repréfentent fe font tous en la même place; il n'y -a que les pas qui tranfportent le corps du danfeur d'un lieu en un autre, & que la durée de la fomme de ces mouvements qui doit être renfermée dans celle du pas précédent. Si la tête d'une pofition eft noire , ou fi elle eft blanche , & qu'il forte de fa tête un pas; alors on compte le temps qu'elle marque. Il y a un exemple de l'un & de l'autre dans la mefure 798, le reAe cù. fans difBcuitè. Un manufcrit du fieur Favier m'étant tombé en- tre les mains , j'ai cru faire plaifir au public dé lui expliquer le fyûéme de cet auteur » d'autant plus que ion livre ne fera probablement jamais im- primé. Mais avant toutes chofes , je vais rapporter ion jugement fur les méthodes de chorégraphie ^ fur lesquelles il prétend que la fienne doit préva- loir : ce que nous difcuteronsdans la fuite. Les uns , dit-il , prétendent écrire la danfe en fe fervant des lettres de l'alphabet , ayant réduit , à . ce qu'ils difent , tous les pas qui fe peuvent faire au nombre de vingt-quatre , qui eft le même que celui des lettres ; d'autres ont ajouté des chiâFres à cette invention littérale , & donnent pour marque à chaque pas la première lettre du nom qu'il porte , comme à celui de bourrée un B , à celui de menuet un M, à celui de gaillarde un G, &c. Ces deux manières font à la vérité très-frivoles ; mais il y en a une troifième ( celle du fieur Feuillet que nous avons fulvie ci-devant en y faifant quelques àmé* licrattons ) , qui paroir avoir plus de folidité ; elle fe fait par des lignes qui montrent la figure ou le chemin que fuit celui qui danfe , fur lelquelles li- gnes on ajoute tout ce que les deux pieds peuvent figurer, &c. Mais quelques fuccès qu'elle puifle avoir , je ne laifierai pas de propofer ce que j*ai trouvé fur le même lujet , & peut-être que mon travail fera aufii favorablement reçu que le fien , iaas pourtant rien dimiauer de la gloire que ce c H o fameux génie s*eft acquife par les belles chofef qu'il nous a données. Cet auteur repréfente la falle où l'on danfe par des divifions fàhes fur les cinq lignes d une partie de mufique ( voye^la fig,x ) ; les côtés partent le m^e nom que dans la /i^. /« pL de chorégraphie^ qui repréfente le théâtre , chaque féparation de ces cinq portées rcoréfente la falle » quelque largeur qu'elle ait ; c eft dans ces falles que Ton place Us caraâères qui repréfentent tout ce que l'on peut faire dans la danfe , foit du corps , des genoux ou des pieds. Le caraâère de préfence du corps eA le mêmp dans les ùtMX chorégraphies (^voyeiç^ la fig. 4 ) ; mais celle-ci marque fur les préiences du corps le côté où il doit tourner ; ainfi la fig* 5. fait voir que le corps doit tourner du côté droit » & h fuivante qu'il doit tourner du côté gauche. Par ces deux fortes de mouvemens le corps ayant divers af- pedb 9 c'efl-à-dire , étant tourné vers les différens côtés de la falle, on peut les marquer par les fig, 4 « 7 » S > 9- La première (4) repréfente le corps tourné du côté des fpeâateurs , ou vers le haut de la falle ; la féconde (7) repréfente le corps tourné , enforte que le côté gauche eft vers les fpeâateurs ; la troifième (8) , que le dos efi tourné vers t% fpeâateurs ; & la quatrième (9) , que le côté droit les regarde. Mais comme la falle a quatre angles , & que le corps peut ètrt tourné vers les quatre coins , on en marque la pofition en cette manière , ( v^ye^ la fig, 10 ) ; le coin i à gauche des fpeâa- teurs s'appelle le premier coin ; les fécond , troi- fième, quatrième, font où l'on a placé les nom* bres 2,3,4. Outre ces hnitafpeâs, on en peut encore ima* giner huit autres entre ceux-ci , comme hifig- 1 1 le tait voir. Ces feize afpeds font les principales marques dont on fe fert ; elles fe rapportent toutes au corps , mais comme il faut marquer touts les mouvemems que 1 on peut faire dans une entrée de ballet com- pofée de plufieurs danfeurs , foit "qu elle fiit de belle danfe ou de pcfiure, comme font les entrées de gladiateurs , de devins , d'arlequin , foit que les mouvements foient femblables ou difTérens , foit que quelques-uns des danfeurs demeurent en une même place pendant que les autres avancent; ces difTérens états feront marqués par les caraâères fui- vans ; la/^. 4 repréfente p corps droit & debout; ^fig* 12 le corps penché en avant 'comme dans la révérence à la manière de lliomme , ce que l'on connoît par la ligne qui repréfente le devant du corps qui efi convexe ; la fuivante ( 13 ) repréfente le corps penché du côté droit , ce que l'on con- noit par la ligne de ce côté , ce qui efi concave ; la/f. 14 fait voir que le corps penche en arrière , ce que l'on connoît par la ligne du dos qui eft con- cave; enfin zfig. 15 fait voir que le corps penche du côté gauche. L'idée de marquer les temps des pas par laforo^ Digitized by Google

C H O oa coukur de îcur téie , étoit renne à cet auteur ; maïs elle nous avolt été communiciuëe par M. Dupré , & nous Tavons introduis dans la chori^ paphie du (leur Feuillet oii elle manque ; la différence principale de ces deux manières , eft que dans celle-ci on marque la valeur des pas fur les caraâèresdes préfences, vi»y« ;[/a) ?g ; i($ , qui fait voir les différentes formes du caraâère de pré* fence, & leur valeur au-deâus marquée par des notes de mufique.

Ces marques à la vérité feroient d’une grande milité ; mais cependant Tauteur ne confeille pas de s’en fervir qu’on ne foit très-habile dans la chorégraphie & la mufique.

La j%. 17 y qui eft une ligne inclinée de gauche à droite , marque qu’il faut plier les genoux. La fig. 18 marque au contraire qu il faut les élever.

La ligne horifontale {^fig. 19 ) marque qu’il faut marcher.

La fig. 20 , qui eft une ligne courbe convexe en-deffus , marque qu’il faut marcher en avançant d’abord le pied dans le commencement du pas , & continuer en ligne courbe jufqu’à la fin de fon aâion»

La j ?f. 21 » qui eft la même ligne courbe convexe en-deflous , marque au’il faut marcher en reculant d’abord le pied dans le commencement du pas , & continuer en ligne courbe jufqu’à la fin de ion action.

hzfi§. 22 marque le mouvement qVon ’appelle tirer de jamhe en dehors.

La/^. 23 marque le mouvement- qu’on appelle tour de jambe en dedans.

Lzfig, 24 , qui eft une ligne ponâuée en cette forte . . • .^ marque que le pied fait quelque mouvement , fans fortir cependant du lieu qu’il occupe. Lzfig. 25 9 qui eft un i/ 9 indique le pied droit. La (ui vante ( 16 ) qui eft un ^ , indique le pied gauche.

Ces deux mêmes lettres (fig. 27 ^ , dont la queue eft un peu courbe ^ figninent qu il fiiut poier la pointe des pieds , & laiffer enfuite tomber le talon à terre.

Les deux mêmes lettres dg {fig. 28 ) , dont la queue eft ponâuée , fignifient qu’il faut pofer.les pieds fur la pointe fans appuyer le talon» Les deux mêmes lettres {fig. 29 ) > dont la queue eft fcparée de la tête, fignifient qu’il faut pofer le étalon y &c appuver enfuite la pointe du pied à terre. Les deux mêmes lettres {fig, 30 ) , dont la queiie eft difcontinuée dans le milieu , marquent qu’il faut pofer les pieds fur je talon , fans appuyer la pointe à terre.

Les deux mêmes lettres ( J%. 31 ), dont les queues font droites comme celles du d 6c du g y marquent qu’il faut pofer le talon & 1«| pointe du ! pied en même temps , ce qu*on appelle pofer à plat, * Après les marques qui font voir toutes les dif- ; férentes manières de pofer les pieds à terre , nous ’ CHO 38^

allons expofer celles qui repréfentent en l’air. hàfig. 32 fignifie que les pieds font en l’air, ce que l’on connoit par leur queue» qui eft recourbée du côté de la tête.

Les deux mêmes lettres ( J%. 33 ’^ , dont la queue eft difcontinuée dans le milieu oc recourbée vers la tête , marquent que les pieds font en l’air la pointe haute.

Ces deux mêmes lettres ( J%. 34 ) , dont la queue eft difcontinuée & recourbée vers la tête comme dans les précédentes , la partie de la queue depuis a tête jufqu’à la rupture élevée perpendiculairement comme à la /^. 31, marquent que la pointe & le talon font également éloignés de terre* Dans tout ce que nous venons de dire on doit entendre que les pieds font tournés en dehors , comme dans les cinq bonnes pofitions expliquées ci- devant. Il faut préfentement les marques qui font connoitre qu’ils font tournés en dedans , comme dans les cinq faufies pofitions. C’eft encore les deux mêmes lettres gd yfig. 35, mais retournées en cette forte gp*

On peut donner à ces deux dernières lettres toutes les variétés que nous avons montrées ci-devant^ & faire autant de fituations des pieds en-dedans comme nous en avons fait en dehors, foit à terre, feit en l’air, l’exemple fuivant, Jî^. 36 , fait voir que les pieds font tournés en-dedans & en l’air , ce qu’on connoît par le </ & le g retournés , & par leurs queues qui regardent la tête de ces lettres. Ces diflereotes lortes de pofitions des pieds étant Quelquefois des diftances que l’auteur appelle naturelles , c’eft-à-dire , éloignés l’un de l’autre de la diftance d’un des piqds ou enfemble , comme lorfqu’ils fe touchent , ou écartés , lorfque la diftance d’un pied à l’autre eft plus grande que celle d’un pied , il marque la première par des lettres dg joiiites au caraâère de préfence , uns y rien ajouter , vo^q ; /^ /or. 37 ; pour la fecoiide il met ua point, enforte que la lettre du pied foit entre le caraâère de préfence & le point, voye^la fig. 38 ; & pour la troifième , une ^petite ligne verticaleplacée entre le caraâère du pied & celui de préfence. V, la fig. 39.

La fig. 40 , qui eft un , indique qu’il faut pfrouetter.

Le faut fe connoît lorfque la ligne élevé placée fur la ligne ntraché^ eft plus grande gue la ligne plié placée fur la même ligne /Ti^rcA/î on connoît aufii à quelle partie du pas les agrémens doivent être faits, par le lieu que les fignes de ces agrémens occupent fur la ligne marché*^ fi ces lignes font au commencement de la ligne marché ^ c’eft au commencement du pas ; s’ils font au milieu, ce fera au milieu du pas qu’on doit les exécuter } ou s’ils font à la fin de la ligne , ce ne doit être qu’à la fin du pas qu’on doit les exécuter. • « Voilà touts les difllérents caraâères avec lefquelson peut décrire les mouvements, aâions , pofitions que Ton peut faire dans la danfe S il nç 390 C H O rette plus qn*à les aflembler ; mais c’eft ce qiit fe fait en tant de manières , que fi je puis y réufHr , comme je refpère , j’aurai lieu d’être fatisfait de mes réflexions , dit l’auteur ».

Nous allons voi r com ment l’auteur y réuflît. • Ces deux lignes indiquent que le pied droit commence & achève Ton mouvement , & oue le pied gauche commence & finit le fien après ; ce qui eft marqué par la ligne de deflus qui efl pour le pied droit , laquelle précède l’autre félon notre manière d’écrire de gauche à droite ; la ligne de defTcus eft pour le pied gauche ; elle n’eft tracée qu’après que l’autre a fini Ion mouvement. Ces deux autres lignes font connoitre que le pied gauche commence & finît fon mouvement , & que le pied droit commence & achève le fien après.

Ces deux autres lignes __ indiquent que le pîed droit commence fon mouvement , & que dans le milieu de celui-ci le pied gauche commence le fion , qu’ils continuent enfemble , que le pied gauche achève après.

Ces deux lignes "^ font connoitre que le pied droit & le pied gauche commencent enfemble , & que le pied droit finit fon mouvement après celui du pied gauche.

Ces deux autres lignes _ font connoitre que le pied droit commence le premier fon mouvement «  & que le pied gauche commence après, qu’ils continuent enfemble , & finiflent en même temps. Ces deux antres lignes"^ font connoitre que le pied droit & le pied gauche commencent & finiffent enfemble.

Ainfi de toutes les combinaîfons poflîblcs deux a deux des lignes repréfentécs , fig. 19 , 20 , 21 , 22 , 23 » 24, dont il feroit trop long de faire rénumération.

Les fig, )7 , 38 , 39, ont déjà fait connoîrre trois fituatîons ; les trois fuivantes en repréfentent encore d’autres : ainfi par la J%. 40 , on verra le pied , droit devant le corps , & le pied gauche derrière. ■ Par l^fig' 41 > on verra le pied droit devant & de côté , & par conféquent le pied gauche derrière & de côté*

Par la fig. 41 1 on verra la fituation qu’on appelle croifée , le pied droit devant la partie gauche du corps , & le pied gauche devant la partie droite ; & vice ver/a d^tomts les combinaifons dont ces arran- .gements font fufceptibles.

Ces trois derniers exemples qui montrent les fituatîons ou pofitions naturelles . peuvent encore ’être enfemble ou écartés , en y ajoutant le point ou îla petite ligne.

Toutes ces fituatîons pourront être un pîed en Tair , en donnant à la lettre qui repréfente ce pied la.marque de cette circonftance , qui a été ci-devant expliquée. Nous allons paifer aux exemples dé l’emploi de la liçne marché.

L^fig» 43 , repréfente la fituation ou pofition qui cft le pied gauche i terre dçVfiot p & le pied droit CH o

en Tair derrière. On connoitra la pofition , en ce •qu’elle fera toujours la première de chaque danfe , ôt qu’il n’y aura point audeflbus de ligne méircki les différentes pofitions des pieds qui pourroient y être, étant afllz démontrées précédemment pour les connoitre. Cette pofition tient dans la danfe lieu de clé , dont l’ufage en mufique eft de faire connoitre le ton & le mode de chaque air , & le premier fon par lequel il commence ; de même celle-ci montre le lieu de la falle où la danfe doit commencer ^ en fe la repréfentant toujours comme renfermée dans les reâangles formés par les lignes verticales & les portées de mufique fur lefquelJes on écrit la danfe. De cette fituation on paffera à la féconde {^fig. 44 ) où l’on remarquera qu’il faut marcher ce qui efî maraué par la ligne qui repréfente ce mouvement , laquelle eft décrite au - défions de la figure qui repréiente la falle. Mais comme cette ligne marché fuppofe que l’un des deux pieds doit faire un mouvement , on connoitra que c’eft le pied droit , puifque la lettre d efi feule dans la falle , & au côté droit du corps. Mais comme cette lettre eft décrite la queue retournée à la tête , le pied droit fe portera en l’air , & cette fituarion de pied finira cette première aâion « & fervira de po&ion pour pafTer à la fuivante.

La fie* 45 repréfente qu’il faut marcher le pied droit à terre de côté : après ce mouvement on fortira de terre le pied gauche , qui doit refter en l’air au-defTiis de l’endroit où il étoit pofé. On ne marque rien pour cette aâion du pied gauche , parce qu’elle eu néceflàire pour achever le pas. Lorfi^ue les inouvements qui fe fuivent fe font par des pieds différents , la fin de cette aâion efi une fituatioa naturelle, Celle des pieds enfemble ou écartés, fera marquée par un caraâère particulier. La figure fuivanac ( 46 ) repréfente qu’il faut le pied gauche çroifé devant lortant de terre , le pied droit joignant au derrière du talon du pied gauche. Cette fituation «nfemble «tant aurqnée par ua point qui ef^ au derrière du corpt , ce point ie place a côté du corps , fi on finit cette a^ion les pieds enfemble de côté.

’La fig. 47 repréfente qu*il faut marcher ie pied droit à terre de côté , & que le pied gauche fortira de terre & fe portera écané en Kair au côté gauche du corps : cette dernière crrconfiance eft marquée par la lettre g féparée du corps par une ligne verricale , qui fienifie , ainfi qu’il a été dit , que le pied eft éloigné du corps,

La fig, 4S , que l’on ne regardera que comme l’explication de la 47 , repréfentera par conféquent la même chofe : elle indiquera de prus par les deux lignes qui y font décrites , aue le pied droit marchera le premier , & le pied gauche marchera eijfuite ; la ligne de dcflbus , ainfi qiTil a été dit , étant pour celui-ci » & étant pofiérieure par rapport à celle de Tautre pied.

Apr^s avoir <loQ4 !^ Ces exemples pour U ligne C H O mâtthit fiAflftq^le on place les %ieid6S agré* i&ents, comme plié, élevé» fauté, cabriolé » dcc. il e(l bon d’examiner ces mêmes marques , pour connokre toutes- Us places que le corps peut accu* p«r fur la ligne de front.

Par iaifig. 4} , on verra que le corps efi pofë au milieu 9 du côcé gauche de la (aile ; c’eâ la pofirion dans laquelle ^fig* 43 le repréfente au même lieu >• pMÎfque i*aâion qui y efl marquée n’oblige point le corps à faire aucun changement ; le pied en Tair r|ai derrière la pofitîon le porte en Tair de côté à la ji^. 44’ y laKTant toujours le poids du corps fur le pied gauche : tsfig, 44, 45 > 46 , 47 , le repréfen* tent un peu plus éloigné de ce côté , ce qui fe peut encore en autant d’autres places que Ton jugera à propos , félon le nombre de pas qui peuvent être faits en largeur d’une falle ; lès fituations fur la Ion-Π; ueur font marquées par les lignes de portées & es intervalles des mêmes lignes.

En donnant à toutes les places les feize afpefts dont il eil parlé ci- deâus , & qui font repréfentés /^. 1 1 ; il. eft cenain qu’il n’y a pas un feui endroit d’une falle , oii l’on ne puifle marquef telle pofition des pieds & iituation du corps que l’on voudra ; ce qgiii efi tout ce que Ton fe propole de faire quand on veut écrire une danfe fur le papier. On écrit auifi dans ce nouveau fyfiême l’air audeflus de la danfe » & le tout fur du papier de mufi* que ocdinatre , enfortc qu’au premier coup * d’œil une danfe écrite en cette manière paroît un duo ou un t/îo » &e. û deux ou pluûeurs danfeurs danfênt enfemble.

Nous avons promis de comparer enfemble ces deux manières , nous tenons parole : nous croyons, quoique Tiiivention de cet auteur foit ingénieufe , que Ton doit cenendant s’en tenir à celle du iieur Feuillet» où la ngure des chemins eft repréfentée, fur- tout depuis que nous y avons fait le changement communiqué par M. Dupré , au moyen du quel oa connoit 1% valeur des pas par la couleur de leur téce» ainfi qu’il a été expliqué dans la première partie de cet article y Tinconvënient de ne point marquer les chemins eâ bien plus important que celui qui réfulte de ne poiiu écrire la mufique fur les lignes & dans les intervalles , comme quelques auteurs l’s^/oient projpofé*^0>i/^ TartideMusiQUE» où les chofes font diicutées. ( U )

Après l’expofition de cet art , nous allons placer ce que M. No verre , grand ]uge en cette partie , petMe de fes avantages.

La chvrégraphu » dit^t, eft l’art d’écrire b daafe à l’aide de difftrens fignes , comme on écrit la mufique à l’aide de figures ou de caraâères défi> gjiés* par la dénomination (}es notes » avec cette dftfiireocc qu*un bon muficien lira deux cents mefores dans un in{)ant , & qu’un excelleiit chorégrs 4>lM ne déchiffrera pas deux cents mefures de daniè en deux heures. Ces fignes repréfentatiÊ fe coAçcÂteai aifément ; on les apprend vite , on les QubUe de même* Ce genre d’écriture particulier à 1 c H o J9t

notre art , & qiae les anciens ont peut-être Ignoré , pouvoit être néceffatre dans les premiers momcns .où la danfe aétéafTervieà desprkicipes. Les maîtres s envoyoient réciproquement de petites contredanfes Ôc des morceaux brillaos & difficiles , tels que le menuet ^ Anjou , U Bretagne , la mariée , le paJJi’Died f fans compter tncoxt tes folies (T Efpa^ gney lapavonne , la courante ’y la bourrée d^ Achille & l’allemande. Les chemins ou la figure de ces danfes étoient tracés ; les pas étoient enfuite indiqués fur ces chemins par des traits & des iîgnes démonfira*tifs & de conventioi» ; la cadelice ou la mefure étoit marquée par de petites barres pofées tranfverfalemem, qui divifoient les’ pas 6c fixoient les temps ; l’air fur lequel ces pas étoient compofés fe notoit au-deâu$ de la page , de forte que huit mefures de chorégraphie équivaloient à huit mefures de mufique. Moyennant cet arrangement , on par-* venoit à épelcr la danfe , pourvu que l’on eût la précaution de ne jamais changer la pofition du livre , & de te tenir toujours dans le mêmQ Cens. Voilà ce qu’étoit jadis la chorégiapkie, La danfe étoit fimple & peu compofée, la manière de l’écrire étoit par conséquent facile, & on apprenoit à la lire tort aifèmenr. Mais aujourd’hui les pas font compliqués , ils font doublés & triplés ; leur mélange eAimmenfe : il eft donc trés-difficile de les déchifirer. Cet art au refte eft très- imparfait ; il n’indique exaâement que l’aâiocr des pieds ; & s’il nous défiene les mouvements des bras y il n’ordonne ni les pofit ;ions ni les contours qu’ils doî» vent avoir ; il ne nous montre encore ni les atti-. tudes du corps , ni fes effaaments , ni les oppofitiont de la tête , ni les fituations différentes , nobles & aifées , nécefiaires dans cette partie ; & je le regarde comme un art inutile , puifqu’il ne peut rien pour la perfeâion du notre.

Je demanderois à ceux qui/fe font gloire d’être inviolablement attachés à Xtl clwré^raphie ^ iL que peut-être je fcandalife , à quoi cette fcience leur a fervi l quel luftre elle a donné à leurs talents ?, quel vernis elle a répandu fur leur réputatiou ? Ils me répondront , s’ils font fincères , que cet art n’a . pu les élever au-defiTus de ce qu’ils étoient, mais, qu’ils oot en revanche tout ce qui a été fait de beau en matière de danfe depuis cinquante ans. m Confervez, leur dirai- je, ce recueil précieux ; votre n cabinet renferme tout ce que les Dupré ^ les. » Camargo , les Lany & peut-être même les Blondi y» ont imaginé d enchalnemens & de temps fubtiis, w hardis ou iiig nieux ; & cette colleflion eft fans n doute très belle ; mais je vois avec regret que^ » toutes ces» richeffes réunies n’ont pu vous wùn ver de rindig«nce dans Jaquelle vous êtes des M biens qiie vous auriez tirés de votre propre >i fonds. Emafiez tant qu’il vous plaira , ces foibles " monumens de la gloire de nos danfeurs célé- »> bres , je n y vois S l’on n’y verra que le pren mier trait ou la première penfée de leurs talens * v> je n’y diâinguerai q^ue des beautés éparfes , fans.

39* C H O T) enfemhU , fans colons ; les grands traits feront » effacés ; le$ proportions , les contours agréables » ne frapperont point mes yeux ; j’appercevrai I» feulement des vefliges & des traces d’une aâion H dans les pieds , que n’accompagneront ni les M attitudes du corps » ni les pofitions des bras , ni » Texpreflion des têres ; en un mot , vous ne m’offrirez qu’une toile fur laquelle vous aurez con-

  • fervé quelques traits épars de différens maîtres w.

J*ai appris la chorégraphie ^6l je Tai oi^liée ; fi je la croyois utile à mes progrès , je Fapprendrois de nouveau. Les meilleurs danfeurs & les maîtres de ballets les plus célèbres la dédaignent , parce qu’elle n*eft pour eux d’aucun fecours réel. Elle pourroit cependant acquérir un degré d’utilité y & Je me propofe d'en entretenir le public > après lui avoir fait pat ;^ d’un projet né de quelques réflexions furTacademie de danfe , dont l’établiflement n’a eu vraifemblablement d’autre objet que celui de parer à la décadence de notre art & d’en liâter les progrès.

’ La danfe & les ballets prendroient fans doute une nouvelle vie , fi des ufages établis par un efprit de crainte & de jaloufie » ne fermoient en quelque forte le chemin de la gloire à touts ceux Qui pourroient fe montrer avec quelque avantage furie théâtre de la capi^le, & convaincre par la nouveauté de leur genre , crue le génie eft de touts les pays , & cju’il croit & s’élève en province avec autant de facilité que par-tout ailleurs. Je ne veux point déprimer les danfetirs que la faveur» oufi vous le voulez, une étoile favorable a conduits à une place à laquelle de vrais talens les appeloient : l’amour de mon art , & non l’amour de moi-même, efl lefeul qui m’anime ; & je meperfnade que fans blefler quelqu’un , il m’eft permis de fouhaiter à la danfe les prérogatives dont jouit la comédie. Or les comédiens oe province n ont-ils pas la liberté de débuter à Paris & d’y jouer trois rAles différens ^ à leur choix ? Oui , fans doute ,

reçu ou de ne le pas 

auteur qui triomphe par fes talents de la cabale comique , 6c qui s’attire &ns bafieite les fuffrages unanimes d’un public éclairé, doit être plus que dédommagé de la pfivation d’une place qu’il doit snoins regretter lorfqu’il fai^. qu’il la mérite légitimement.

La peinture n’auroit certainement pas produit tant d’nommes iilufires dans touts les genres qu’elle embrafle , fans cette émulation qui règne dans fon académie. C’eft-là que le vrai mérite peut fe montrer fans crainte ; il place chacun ’dans le rang qui lui convient : & la faveur fut toujours plus foible à la galerie du louvre , qu’un be^u pinceau qui la force au filence.

Si les ballets font des tableaux vivans, s’ils doivent réunir touts les charmes de la peinture, pourquoi u’efl-il pas permis à nos maîtres d’e^cpofer fur c H

le théitre de Topera trois morceaux de ce genre ; l’un tiré de l’hiftoire , l’autre de h fable , & le dernier de leur propre imagination ? Si ces maîtres réuffiflbient , on les recevroit membres de l’académie « ou on les aerçgeroit à cette fociété. De cette marque de diftinra^on & de cet arrangement , naitroit , à coup fur , l’émulation ( aliment précieux des arts ) ; & la danfe encouragée’ par cette récompenfe , quelque chimérique qu’elle ptiifle être » fe placeroit d’un vol rapide à c6té des autres* Cette académie devenant d’ailleurs plus nombreufe , fe dîflingueroit peuf^tfe davantage ; les efforts des provinciaux exciteroient les fiens ; les danfeurs qui y feroient agrégés , fervtroient d’aiguillon à fes principaux membres ; la vie tranquille de la pro«  vince faciliteroit à ceux qui y font répandus , les moyens de penfer , de réfléchir & d’écrire fur leur art ; ils adreiTeroient i^ la fociété des mémoires fouvent inflruâifs ; 1 académie , à fon tour, feroit forcée d’y répondre ; & ce commerce littéraire , en répandant fur nous un jour nouveau , nous tireroit peu-à-peu de notre langueur & de notre obfcurité. Les jeunes ^ens qui fe livrent à la danfe machinalement & (ans principes , s’inftruiroient encore iflfailliblement ; ils apprendroient à connoitre les difficultés, ils s’eiTorceroient de les furmonter, & la vue des routes (ure s les empécheroit de fe perdre & de s’égarer.

On a prétendu que notre académie eflle féjour du filence , & le tombeau des talents de ceux qui la compofent. On s’efl plaint de n’en voir fortir aucun écrit ni bon , ni mauvais « ni médiocre , ni fatisfaifant , ni ennuyeux ; on lui reproche de s’être entièrement écartée de fa première inftitution , de ne s’afTembler que rarement ou par hafard , de ne s’occuper en aucune manière dts progrès de l’art oui enefl l’objet, ni du foin d-inllruire les danfeurs 9c de former des élèves. Le moyen que je propofe feroit inévitablement taire la calomnie ou la mcdifance , & rendroit à cette fociété la confidé* ration & le nom (|ue plufieurs perfonnes l|ii refu* fent peut-être injuflement. J’ajouterai que (ts (xc^ ces , fi elle fe déterminoit àprendre des difciples , feroient infiniment plus afiurés ; elle*6teroit du moins à une multitude de maures avides d’une ré-r putation qu’ils n’ont pas méritée , la reffource de s’attribuer les progrès des élèves , & la liberté d’en rejetter les défauts fur ceux dont ils ont reçu les premières leçons. Ce danfeur^ difent-ils, a reçuprU muivfment de mauvais principes ; s* il a des défauts , ce rCeftpas ma faute ; j’ai tenté timpojfhle^ Les par" ties dans lef^uelles il fe diftingue m’appartiennent , elles font tûon ouvrage. Cefl ainfi qu’on fe ménago adroitement , en fe reftifant aux peines de l’état , une réponfe courte en cas de critiaue , & une forte de créait & de confiance en cas d applaudifTemem» Vous conviendrez cependant que la perfeâion de l’ouvrage dépend en partie de la beauté de Véhau" che ; niais un écolier que l’on préfente au public efl comme un ubleau qu un peiotre expofç ^ufallon i CH O font leiiMNiJélevoit ; tout le monde Udmire 8c l’applaudit , ou tout le monde le blâme & le cenfure. Figurez-vous donc Tavantage que Ton a d’être conOamment à rafiut des fujets agréables formés dans la province * dès qu’on peut fe faire honneur ^es ulentt qu’on ne leur a pas donnés. Il ne s’agît que de débiter d abord que Télève a été indignement enfeigné , que le maître Ta totalement perdu , que Ton a eu une peine inconcevable à détruire cette m2uyzi{€ danfe de campagne » & à remédier à des défauts étonnans. Il faut eafuite ajouter que l’élève a du sèle , qu’il répond aux foins qu’on fe donne , qu’il travaille nuit & {our, & le raire débuter un mois après. Allons voir ( dtton ) , danfer €e jeune homme ; c’eft técolUr Jtun tel ; il ètoit détef* table il y a un mois. Oui , répond celui-ci , il était infouienable & du dernier mauvais. L’élève fe pré* 4 :nte,on l’applaudit avant qu’il danfe.,Cep.endant il fe déploie avec grâce ^ il fe deffine avec élégance ; ies attitudes font belles, fes pas bien éctits*, il eft brillant en l’air, il eft vif & précis terre-à-terre. Quelle furprifel on crie miracle. Le maître eft étonnant I avoir formé un danfeur en vingt levons I cela me s*eft jamais fak* En honneur, les talenis de notre fiecle font ftvprenans.

Le maître reçoit ces louanges avec lïhe modeftie 2ui féduit , undis que l’écolier , ébloui du fuccés i étourdi des applaudiflemens , fe voue à l’ingratitude la plus noire ; il oublie jufqu’au nom de celui à qui il doit tout ; todt fentimem de reconnoifiance en pour jamais, effacé de fon ame ; il avoue , il protefte effrontément qu’il ne favoit hen ,com«ie s’il étoit en état de fe juger lui-même ; & il encenfe le charlatanifme par lequel il imagine que les éloges lui ont été prodigués»

Ce n’eft pas tout : .ce même élève fait un nou-Teau plaifir toutes les fois qu’il paroît ; bientôt il donne de la jaloufte & de l’ombrage a fon maître ; celui-ci hii refufe alors des leçons , parce que fon genre eft le même » & qu’il craint que fon écolier ae le furpafte <c ne le. faâe oublier. Quelle pecîteffe !

peut-on fe perfuader qu’il n’y ait point de 

gloire à un habile homme d’en faire un plu%ibabile que lui i Eft-ce avilir fon mérite & ftètrir fa réputa* fion ,que de £iire revivre ta talents dans ceux d’un écolier ? Eh I le public pourroit U {çavoir mauvais {(ré à Jéliùte , s’il eût formé un homme <iui l’égaftt ?

en feroi^il moins Jéliote ? Non fans aoute ; de 

]^reilles craintes ne troublent point le vrai mérite Âcn’alarmeot gue les demi-talents.

Mftis revenons à l’académie de danfe : que de snémoireiexcellens , que d’obfervations neuves » & combien de traités inftruâifs fortiroient de la fociété, fi l’émulation des membres étoit aiguillon* née Sc^éveillée par les travaux qui leur feroient offens >

Il eût été fouhaher que le^ académiciens & le

corps même de l’académie eiiffeni fourni àTency- «^opédie toitts les articles s3fÀ concernent l’art ne J«4a9fe (jtf. objet eût éj^é siîeiix reoipli par des Efuitation, Efcrime & Danfe.

CHO 39Î

artiftes édaîrés que par »1 de Cahufaci La panic hiftoriqueappartenoit à ce dernier ; mais la partie méchanique devroit, ce me femble , appartenir de droitauxdanfeqps.Ilsauroient éclairé le public & leurs confrères ; & en illuflram Tart, ils fe feroient illuftrés eux-mêmes. Les productions ingènieufes que la danfc enfante fi fouvent à Paris, & dont ils aeroient pu donner au moins quelques exemples » auroient été confacrées dans des planches différentes de ces tables chorégraphiques , qui , comme je l’ai dit , n’apprennent rien, ou n’apprennent que très-peu de chofe. Je fuppofe &n effet que lacadémie eût affocié à k^ travaux deux grands hommes.. Boucher ^&. M. Cochin ; qu’un académicien cAaWgraphe eût été chargé du ioln de tracer les chemins &de deifiner les pas ; que celui qui étoit en état d’écrire avec plus de netteté, eût expliqué tout ce que le plan géométral n’auroit pu préfenter diftinctement ; qu’il eût rendu compte des effets que dia* que tableau mouvant auroit produits , & de celui qui téfuitoit de telle ou telle fituation ; qu’enfin il eût analyfé les pas, leurs enchainemensiucceffifs ; qu’il eût parlé des positions du corps , des attitudes , & qu’il n’eût rien omis de ce qui peut expliquer 8| faire entendre le jeu muet , Texpreffion pantomime & les fentimens variés de l’ame par les caraÂéres variés de la phyfionomie ; alors Boucher , d’une main habile , eût deffiné touts les groupes & toutex les Situations vraiment intéreffantes ; & M. Cochin , d’un burin hardi , auroit multiplié les efquiffcs de Boucher. Avec le fecours de ces deux hommes célèbres , nos académiciens auroient fait paffer à M poftérité le mérite des maicres de ballets & des danfeurs habiles dont le nom eft à peihe confervé parmi nous , & qui ne nous laiffent , après qti^ils ont abandonné le théâtre , qu*un feuvenîr confus des talents qui nous forçoienc à les admirer. La chorégraphie deviendroit alors intéreffante. Plan géométral , plan d’élévation , defcription fidelle de ces plans , tout fe préfemeroir à reeil ^ tout inflrui* roit^es attitudes du corps, de l’expreffion . des té* tes , des contours des bras » de la pofition des jambes , de Télègance du vêtement , de h vérité dit . eoftume ; en un mot, un tel ouvitge foiitenu du crayon & du burin de ces deux illuftrés artifles , feroit une fource où l’on pourroit puifer, & je le regarderois comme les archives de tout ce que no*tre art peut offrir de lumineux , d’tntéreffant 8e de beau. ’ "

Quel projet , me diret-irous ! qudle dépenfe im«’ menfe 1 quel livre voluffilneni t il me fera Âcile devons répondre. I^ Je ne propofe pas deux mercé*** naires, mais deux artiftes qui traiteront l’académie avec ce défiméreffement qnt eft la oyaraue & la preuve des vrais talents, l^ Je ne leur defline qitc des chofes abfohinent dignes d’eux & de leurs feins , c’eft«>à-dire , des chofes excellentes , pleines ’ de feu & de génie, de ces morceaux rares exaéle*ment neufs & qui infpirent par eux-mêmes. Ainfi’ jmità des dépeiaes énûgnées 8i (urèment des plan« * ^’^ Pdd

394 CHO ^ches en très-petit nombre. Plus feofible que qui que ce foit à la gloire d’une académie alors véritablement utile 9 que ne puis-je voir déjà ce projet rois à exécution f & quel moyen §lus(ur pour elle & pour les danfcurs qu’elle croiroit devoir célébrer , lie voler à limmortalité » que celui d*em* prunter les ailes de deux artides faits pour graver a jamais au temple de mémoire & leurs noms , & celui des perfonnages qu*lls voudront illuflrer ? Une telle entreprife fembloit leur être réfervée ; & j’ofe croire que nos académiciens trouveroient en .eux toutes les refSmrces qu’ils pourroient defirer , lorfqu’ils leur repréfenteroiènt des modèles dont la capitale , qui eit le centre & le point de réunion de touts les talents, fourmille fans doute» & que je n’ai ni la hardiefle ni la téméncé de leur indiquer

Voilà ce qui me paroitroit devoir être fubfiitué à )a chorégrapàit de nos jours » à cet art aujourd’hui fi compliqué , que les yeux 8c l’efprit s’y perdent ; car ce qui n’étoit que le rudiment de la danfe , en eft devenu infenfiblemcnt le grimoire. La perfeâion même que Ton a voulu donner aux fignes qui défi- {jnent les pas & les mouvements , n’a fervi qu’à es embrouiller & les rendre indéchiffrables. Plus la danfe s’embellira , plus les caraâèrés fe multi-Î lieront , & plus cette fctence fera inintelligible. u£ez-ien , je vous prie » par l’article chcrégraphie inleré dans Tencydopédie ; vous regarderez lûrement cet art comme l’algèbre des danfeurs , & je crains fort que les plancnes ne répandent pas un jour plus clair fur les endroits obfcurs de cette difiertation.

Je conviens , me répUqueca-t-on peut être » que le fameux.Blondy’lui-meme interdifoit cette étude à fes élèves ; mais il faut avouer que la ekorigrapkie eft néceffaire aux maîtres ; c’eft une erreur «me de peufer qu’un bon maître de ballets puiue tracer & compofer fon ouvrage au coin de fou feu. Je répon* ^rai que ceux qui travaillent ainfi ne parviendront jamais qu’à' des combinatfons miférables. Ce n’eft pas la plume à la main que l’oti fait marcher les £gurai^. Le théâtre eA le parnaflb des compofi- " teurs ingénieux ; c’eft-U que , fans chercher , ils rencontrent une multitude de ebofes neuves ; tout s’y lie , tout y eft plein d’aflie • tout y eft deffiné avec des traits de feu« Un tableau ou une fituation le -conduit naturellement à une autre» les figures s*enchaînent avec autant d’aifance que de grzce ; Tefifet général fe fait feotir fur^^le-ehamp ; car telle âgure élégante fur. H papier « tefle tle l’être à l’exécution ; telle auirc qui le fera pour le fpeâateur qui la verra en vm ^etfsau^ ne le fera point pour l^s premières loges & le parterre. C’eft donc pour les places les moins élevées -que l’oct doit prtncipalen ^ent travailler , pui^ciue telle forme , tel g^ouppg & tel»ts^bleau , dont Tefisr eft feofible pour le {mr^ j terre, ne. peut manqiier.de l’être daas qœlque en* ] droit de la falle quelioi) fe place. Vous abferv^x ] dans les ballets d44 mmchts , éts çoMrvmarcbu , «iWi | CHO

npos , des reiraites , des évolutions , des grouppee om des pelotons» Or , ft le maître n*a pas le talent de faire voir la grande machine dans des fens juAes , s’il ne démêle au premier coup-d’ceil les inconvè* niens qui peuvent réfulter de telle opération » s’il n’a l’art de profiter dn terrein , s*il ne proportionne pas les manœuvres à l’étendue plus ou moins vafte & plus ou moins limitée du théâtre , fi fes difpo«> fitions font jnal conçues, fi les mouvements qu’il veut imprimer font faux ou impoffibles , fi les mar^^ ches font ou trop vives, ou trop lentes , ou mal dirigées , fi la mefure & renfemble ne régnent pas i que fais-je ? fi Tinflant eft mal choifi > on n’apper* çoit que confufion , qu’embarras , que tumulte i tout ie choque » tout te heurte , il n’y a & il ne peut y avoir ni netteté , ni accord , ni exaâitude , ni prêcifion ; & les buées & les fifflets font la fuAe récompenfe d*nn travail anffi monArueux & anffi’ mal entendu. La conduite & la marche d’un grand ballet bien deffiné exi^e des connoiflknces , de l’efprit, du goût, de la bnefle^un taâ fur, une pré«  voyance fage, un coup-d’oeil infiaiillible ; & toucei ces qualités ne s’acquièrent pas en déchiffrant & en . écrivant la danfe chorégraphiquement ; le moment feul détermine la compcdition ;^ l’habileté conûfte à le faifir & àta profiter heureufement. Il eft cependant de prétendus mettes qui compo^ fent leurs ballets après avoir mutilé oeux des au«  très , à laide du cahier & de cenains fignes qu’ils adoptent, & qui forment pour eux une chorégra* paie particulière ; ( car la Ëiçon de deffiner les chemins eft toujours la même & ne varie que par le» couleurs ) ; mais rien de plus infipide & de plus languiflànt qu’un ouvrage médité fur le papier ; ’A fe reffent toiijours de la cootenrion & de la peine.. Il feroit plaifant de voir un maître de ballets de l’opéra , un tn-fqlio à la main , fe caffer la tête pour remettre les ballets des indes galantes ou de quelque autre opéra chargé de danfes. Que de chemins différens ne faudroit-il pas écrire pour un ballet nombreux I ajoutes enfuite fur vingt-quatre chemins, tantôt régulier», tantôt irréguliersytou» les pa^compiiquésàfitire ; & vous aurez, fi vous le voulez , un écrit très-favant , mais chargé d’une fi grande abondance & d’un mélange fi informe de lignes , de traits , de fignes & de caraâèrés , que vos yeux en feront onbfqués , & que toutes les lumières que vous efpériez d’en tirer feront’, pour ainfi dircf , abforbêes par le noir dont fera tîiui ce répertoii<e. Ne croyez pas au fnrplu%qu’un makrc de ballets , après avoir compofé ceux d’un opéra à la fatisfaâion du public , loit obligé nèceffaire* ment d’en conferver l’idée prccife i pour les remettre cinq ou fixans après. >il dédaigne un pareil* feconrs, il ne les compofera de nouveau qu’avec plus de goût ; il réparera même les fautes qui poil-» voient y régner, ( car le fquvenir de nos fautes eft celui qui sVfface le moins ) ;& s’il prend le crayon» et ne fe^a que pour jctter fur le paptor ie dei&n gèoméiral 4es formes prindpaUs & des figuresks CHO phis raillantes ; il négligera fûremem de tracer. toutes les l’ornes diveriles qui conduifoient à ces formes & qui enchaïnoient ces figures & il ne perdra pas fon temps à écrire les pas ni les attitudes diver* les qui embelUfToient ces tableaux* Oui , la chorégraphie amortît Timagination ; elle affoiblit , elle éteint le goût du compofiteur qui en faitufage ; il eft lourd & froid » il eit incapable d*inyention ; de créateur qu’il étoit ou qu’il auroit été , il devient ou il n*eft plus qu’un plagiaire ; il ne produit rien de neuf, & tout fon mérite fe borne à défigurer les produâions des autres. Tel eft l’efiFet de Tengourdiffement & de l^'efj>éce de léthargie dans lequelles cette méthode jette refprit, que Ij’ai vu’plufieurs maîtres de ballets obligés de quitter la répétition , parce qu’ils avoient égaré leur cahier , & au’ils ne pouvoient foire mouvoir leurs figurans uns avoir fous les yeux le mémorial de ce que les autres avoient compofé. Je le répète &je le foiitiens» rien de plus pernicieux qu’une méthode qui rétrécit nos idées » ou qui ne nous en permet aucunes, à moins qu’on ne fâche fe garantir du^ danger que l’on court en s’y livrant, un feu , du goût , de rimagtnation , des connoifiances , voilà ce qui eA préf^able à la chorégraphie ; voilà ce qui fuggére une multitude de pas 9 de figures , de tableaux & d’attitudes nouvelles ; voilà les fources inépuifables de cette variété immenfe qui diftinguë le véritable artifte du ^oré^apht.

Planches

Danse - Planche 1


Chorégraphie ou art d'écrire la danse

Danse - Planche 2


Chorégraphie ou art d'écrire la danse