Encyclopédie méthodique/Arts académiques/Art de nager/Des calebasses

Panckoucke (1p. 435).


De l’art de nager artificiellement.
Des calebasses.

Les calebasses, les faisceaux de jonc & les vessies furent vraisemblablement les inftrumens dont fe fervirent les premiers hommes pour fe former dans l’art de nager. La plupart des Nègres emploient encore des calebaffes à cet ufage ; & les^Indiens fe fervent, pour le paffage des rivières, de grands pots de terre auxquels deux perfon nés s’attachent, après les avoir remplis de leurs habits. Les joncs fur-tout, dont les marais abondent, & qui furnar Sent auffitôt aue leur racine efi féparée de la vafe, urent fe préfenter namrellement à lefprit des peu* pies voifins des âeuves, ou fixés dans de% pays marécageux, pour les aider dans le paffage des rivières ou des petits bras de mer. Ces fecours font encore en ufage élans plufieurs provinces de France* La plupart des enfans lient des calebaffes deux à deux avec des courroies, & traverfent fouvenc ainfi les fleuves les plus larges fans favoîr nager. Ceux des payfans qui ne peuvent fe procurer ces fortes de bouteilles, fe contentent de deux faifceaux de jonc, fur lefquels ils s’appuient la poitrine, & bravent ainfi les dangers les plus effrayans. Il faut pourtant avouer que ces reffources ne font pas fans inconvénient ; & l’on voit périr touts les ans dans les provinces une foule de jeunes gens ^ faute de ne les avoir pas employées avec anez de circonfpeôion. Je confeille à la jeuneffe de fefervir de calebaffes, lo : fqu-elle fe trouvera privée d’ufii maître en état de 1 infiruire dans l’art de nager, xMais il feroit imprudent de s’expofer avec ce feul fecours dans des endroits profonds ou rapides, & de faire de longs trajets. Livré à vous-même par IVbandon de vos calebaffes, qui pourroient (e détacher ou fe brifer, vous deviendriez infailliblement laviâime de votre imprudence. D’ailleurs, il eft effentiel de n’employer un tel guide qpe dans les premières feipaines de votre apprentiffage ; car je vous préviens que fi la timidité vous empêche d’effayer vos propres forces, vous ne deviendrez jamais un bon nageur.