Encyclopédie méthodique/Art aratoire et du jardinage/Crible

Définition

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Crible ; on donne ce nom au cari qui donne passage à la circulation de la sève dans les plantes.

Crible ; c’est un cercle dont le fond est percé d’une grande quantité de petits trous.

Crible, ou tarare à brosses, pour nettoyer les grains ; sa forme se rapproche de celle d’un bluteau.

Article

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CRIBLE ; les botanistes & les jardiniers appellent ainsi certaines parties des plantes, à travers lesquelles passent le suc nourricier & les liqueurs qui doivent recevoir une certaine préparation. Les feuilles sont les cribles naturels, & les plus universels des végétaux.

Crible ; instrument large de différentes formes sur le plan duquel sont quantité de petites ouvertures, dont l’effet est que le grain, éprouvant un mouvement rapide, la poussière & autres particules étrangères au grain s’échappent par ces issues, & laissent le grain plus net qu’il n’étoit auparavant. (Voyez pl. XVI & XXIV, fig. 28 & 39).

Il y a des cribles de mégisserie ou de main, composés d’un cercle de bois avec un fond de peau d’âne, percée symmétriquement d’une infinité de petits trous faits à l’emporte-pièce, assez petits pour ne pas laisser échapper le grain, & assez gros pour donner passage aux ordures pesantes que le vent n’a pu chasser.

Crible de crin ; c’est un cercle de bois assez profond, dans lequel est tendue une toile de crin à claire voie. On s’en sert pour tamiser la terre fine sur les semis.

Crible en tambour. Pour séparer les grains ou les graines de grosseur & d’espèce différente, on a inventé une sorte de tambour garni de deux ou trois grilles de fils de fer posés comme.les cordes d’un clavecin, & assez près pour que le bon grain reste sur la première en s’agitant, & que les autres graines tombent & passent par les autres grilles, selon l’espace qu’on aura donné aux fils de fer.

On peut garnir ce crible ou tambour d’un fond de cuir, pour retenir, si l’on veut, les graines qui s’échappent à travers les fils de fer.

Crible à pied ou en plan incliné, (le) est composé d’une auge élevée ou trémie, dans laquelle on verse le grain, qui en sort peu-à-peu pour se rendre en nappe sur un plan incliné, lequel est formé de fils d’archal rangés parallèlement les uns aux autres, & assez près à près pour que les grains ne puissent passer au travers. Ce plan est incliné à l’horison d’environ quarante-cinq degrés. Le bon grain qui y roule se rend seul au bas de la partie antérieure ; & les petits grains, une partie de ceux qui sont viciés, la plupart des insectes & les ordures traversent le crible, roulent sur un cuir tendu à trois pouces de distance sous le fil d’archal, & tombent dans un vaisseau placé en bas de la partie postérieure du crible.

Cet instrument coûte peu, & est très-expéditif, mais il ne nettoie pas parfaitement le grain.

Crible cylindrique ou en bluteau ; c’est une espèce de bluteau qui, au lieu de toile, est alternativement garni de feuilles de tôle piquées comme des grilles à râper du sucre, & de fils d’archal parallèles les uns aux autres. Dans le trajet de ce cylindre en pente, le grain est fortement gratté toutes les fois qu’il rencontre les zones de tôle piquées ; la poussière et les grains défectueux s’échappent par les zones qui sont en crible de fil d’archal, & en conséquence le


grain qui sort par l’extrémité opposée à la trémie est clair, brillant & de bien plus belle couleur qu’avant cette opération.

Crible à vent. Le grain, au sortir de la trémie, est reçu sur un crible de léton maillé en lozanges & un peu incliné, d’où il traverse un courant d’air pour se rendre sur un second crible à mailles plus fines. Le courant d’air est formé par la rotation rapide de huit aîles formées de planches minces, qui, produisant un vent considérabe, chassent au loin tout ce qui est plus léger que le bon grain. Les mottes & les ordures grossières restent dans le crible supérieur.

Crible ou tarare à brosses pour nettoyer les grains, par le citoyen Perrin.

Cet instrument, dont la forme se rapproche assez de celle d’un bluteau, a cinq pieds de long sur un & demi de diamètre ; il est composé d’abord de deux demi-centres en bois, joints solidement, mais qu’on peut séparer avec facilité, quand on a besoin d’y faire quelque réparation intérieurement.

Chacun de ces demi-cintres est encore divisé en dix-huit parties ou carreaux attachés solidement ensemble, mais qu’il est possible aussi de séparer pour les rétablir en cas de besoin.

Des traverses & des cerceaux maintiennent à l’extérieur routes ces parties dans la rondeur du cylindre ; tous les carreaux qui le composent sont, pour nettoyer le grain destiné à convertir en farine, garnis d’une toile en fil de fer, dont la maille a trois quarts de ligne d’ouverture, & peut donner passage à la poussière qui est détachée du bled.

Ce cylindre qui est incliné, afin que le grain puisse sortir facilement par l’extrémité la plus basse, à mesure qu’il est nettoyé, est fixé par ses deux bouts, de manière qu’il n’est destiné qu’à contenir le grain, & à le laisser échapper après qu’il a subi l’opération ; c’est-à-dire, le frottement répété auquel on l’expose.

Un arbre en bois solide & quarré, de trois pouces d’épaisseur, traverse ce cylindre dans toute sa longueur & dans son milieu.

Sur chacun des côtés de l’arbre qui sert d’axe au cylindre, s’élèvent trois petits montans de la hauteur de trois pouces : ils servent à soutenir une traverse en bois qui règne dans toute la longueur du cylindre, & qui est proprement le bois d’une longue brosse, garni de deux rangs de petits faisceaux de crin de quinze lignes da largeur.

Il y a un intervalle d’une ligne ou environ, entre l'extrémité des brosses & le tissu de fil de fer qui compose le cylindre, afin de laisser au grain un passage convenable, mais de manière qu'il y soit un peu gêné quand il éprouve le frottement.

Tout ceci est contenu dans un coffre à-peu-près pareil à celui d'un blutoir : la poussière, détachée du bled, tombe au fond de ce coffre ; le grain nettoyé, lorsqu'il est parvenu à la partie la plus basse du cylindre, en sort sur le champ à la faveur d'une ouverture faite au côté du coffre qui répond à l'extrémité du cylindre, & tombe dans un sac ou une caisse placée au-dessous de cette ouverture. Une trémie placée au-dessous du coffre, du côté le plus élevé du cylindre, & dont la plus étroite a une communication avec lui, reçoit le grain qui doit être nettoyé, & peut ne le laisser échapper que dans la quantité qu'on juge convenable.

D'après les détails que nous venons de présenter, on sent que dès l’instant où l'arbre qui porte les brosses est mis en jeu, au moyen d'une manivelle & d'une petite lanterne adaptée à cette machine, & lorsque la trémie fournit du bled, le grain fortement agité dans l’intérieur du cylindre, en passant & repassant sous les brosses, y est encore mieux nettoyé qu'il ne le seroit par le simple ballottement qu'on lui seroit éprouver sur la toile en fil de fer.

Cet instrument, tel que nous venons de le décrire, n'est destiné proprement qu'à détacher du grain la poussière provenant, soit de la carie, soit de toute autre cause ; les mailles, en effet, de la toile en fil de fer sont trop serrées pour que les petits grains de bled & même les pailles puissent passer à travers & tomber avec la poussière au fond de la caisse ; mais il est aisé d'obtenir, à cet égard, le double effet qu'on doit désirer ; il ne s'agit que de faire, par intervalles, les mailles de la toile en fil de fer, plus ouvertes dans dix-huit carreaux dont la moitié du cylindre est composée, & de donner par-là de tems en tems un passage libre aux menus grains imparfaits, à mesure qu'ils se présenteront à la surface du cylindre, où la maille en fil de fer aura une largeur convenable pour les laisser échapper.

L'idée de nettoyer ainsi les grains par le moyen des brosses, & sur-tout de leur enlever, autant qu'il est possible, la poussière de carie dont ils sont souvent noircis, n'est pas absolument nouvelle : un fermier de Picardie la proposa, il y a plusieurs années, & fit construire une machine où le grain étoit frotté par des brosses, à mesure qu'en sortant de la trémie, il passoit dans l'endroit par lequel il devoit se rendre dans une caisse, pour y être recueilli après l’opération


préalable du tarare ordinaire ; car ce fermier n'avait eu pour but principal, que de dépouiller le grain de la poussière de carie, & supposoit qu'il avoir été d'abord criblé. Les brosses qu’il employoit n'étoient pas composées, comme celles du citoyen Perrin, de petits faisceaux de crin, mais de tuyaux de paille de froment fort serrés, un peu courts, & qui, présentant une surface unie, s'appliquoient assez exactement sur le grain, à mesure qu'il glissoit pour tomber dans la caisse destinée à le recevoir. Cette même idée a été mise à exécution beaucoup plus en grand, au moyen d'une machine qui, avec un changement essentiel, est également propre à bien nettoyer le grain, & à le broyer parfaitement, lorsque ce changement n'a pas eu lieu.. On a remplacé les meules ordinaires d'un moulin par deux autres construites en bois, dont l’inférieure, toujours immobile, présente une surface unie, & l'autre, qui est la meule courante, ne présente, à proprement parler, qu'un cintre en bois, construit solidement & destiné à contenir des faisceaux de paille, serrés étroitement, tranchés aussi également qu'il est possible du côté qui doit porter sur le grain, & capable par là de produire un frottement bien propre à le nettoyer.

Quoi qu'il en soit, de l'effet plus ou moins avantageux qui peut résulter de l’emploi des instrumens proposés pour nettoyer les bleds, & auxquels on a adapté des brosses en paille, quelques inconvéniens qu'on ait lieu de craindre dans l’usage des brosses de cette espèce, à cause de leur dégradation occasionnée assez promptement par un frottement continuel, & du mélange de la paille brisée avec le grain, qu'on a cependant pour but de nettoyer ; nous nous bornons à faire considérer la tarare du citoyen Perrin, où des brosses en crin sont employées, comme étant utile dans l'état où il est, pour dépouiller le grain de la poussière dont il peut être chargé, & pour en séparer aussi le bled maigre, retrait, ainsi que les menues pailles, lorsque le cylindre de ce tarare sera composé en partie d'une toile de fer, dont les mailles seront plus ouvertes que celles de la toile qui actuellement compose en total le cylindre. Peut être pourroit-on espérer un avantage plus prompt & plus marqué de cet instrument, si l’on y adaptoit six rangs de brosses au lieu de quatre ; mais le citoyen Perrin, à qui l’on a fait cette observation, & à qui elle n'avoit point échappé, craindroit que, par cette augmentation, l'arbre du cylindre ne devînt sensiblement plus difficile à tourner ; que cet instrument qui, dans son état actuel, est déjà d'un prix assez haut pour les.laboureurs, ne leur parût trop cher par une suite de l’augmentation dont il s'agit, & que la valeur un peu considérable de ce nouveau tarare ne les éloignât d'en faire l'acquisition.