Encyclopédie méthodique/Art aratoire et du jardinage/Cheval

Définition

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Cheval ; quadrupède qu’on peut employer utilement au labour.

Article

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CHEVAL ; ce quadrupède, considéré comme instrument de labour, doit avoir la tête grosse d'ossemens, & peu chargée de chair, afin qu'il ne soit point sujet aux maux d'yeux ; que ses oreilles soient petites, étroites, droites & hardies ; ce qu'on reconnoît lorsque, le faisant marcher ou galopper, il en tient les pointes avancées sans aucun mouvement de haut en bas ; que ses naseaux soient bien fendus & bien ouverts pour qu'il respire aisément.

Le cheval qui a le front enfoncé environ depuis les yeux jusqu'à l'endroit où porte la muserolle de la bride, est ordinairement bon pour le travail : à la différence de ceux qu'on achète pour monter, qui doivent avoir le front égal & médiocrement large. Il faut que le front soit marqué d'une étoile, lorsque les chevaux ne sont ni gris ni blancs.


On observera que les yeux d'un bon cheval doivent être clairs, vifs, pleins de feu, médiocrement gros & à fleur de tête, la prunelle grande, les salières élevées ; car si elles sont enfoncées, c'est signe que le cheval est vieux ou engendré d'un vieil étalon. S'il regarde effrontément, c'est encore un bon signe.

La bouche du cheval doit être médiocrement fendue, qualité essentielle. Le palais en sera décharné, & les lèvres minces. Il faut que la bouche soit fraîche & pleine d'écume, marque de bon tempérament d'un cheval, moins sujet à s'échauffer qu'un autre. Ce n'est pas néanmoins que la bouche soit la chose à laquelle il faille plus regarder pour un cheval de charroi, qui, pour l’avoir méchante, n'en tire souvent que mieux.

Un cultivateur n'a pas à chercher de ces encolures fines & qui sont essentielles à un cheval de monture pour être beau. Un cheval de harnois n'en vaut pas moins pour avoir l’encolure un peu épaisse & charnue ; il rend même plus de profit lorsque, depuis le garror, cette encolure ne monte pas droit en haut, ou qu'elle penche même quelquefois.

Le cheval doit avoir la poitrine large & ouverte. Il n'est pas à craindre que cela le rende pesant, n'étant toujours qu'une bonne marque pour le cheval destiné au tirage.

Les épaules seront grosses pour avoir plus de facilité à tirer, & pour faire que le harnois ne blesse pas sitôt. Un cheval pesant n’en est que meilleur pour le charroi ; car plus il est attaché à terre, plus on l'estime pour cet usage.

Il est nécessaire qu'un cheval qu'on achète pour le harnois ait les reins doubles, c'est-à-dire un peu élevés aux deux côtés de l’épine du dos. Il faut aussi qu'il ait les côtes amples & rondes, afin qu'il ait plus de boyaux & un meilleur flanc. Pour le ventre, il doit être grands, pourvu qu'il ne fasse pas le ventre de vache. Il aura les flancs pleins & le moins larges qu'il sera possible pour n'être point sujet à s'éflanquer dans le travail.

On estime un cheval qui a la croupe large ronde, ni avalée, ni coupée. On prendra garde que la queue soit ferme, forte & sans mouvement, que le tronçon en soit gros, qu'elle soit garnie de poil, & placée ni trop haut ni trop bas.

Les jambes sont les parties les plus à considérer comme étant celles qui ont à supporter le fardeau de tout le corps, auquel elles doivent être proportionnées. Les jambes de devant seront plutôt choisies plates & larges que rondes ; la rondeur de la jambe étant un défaut contre la beauté & la bonté, ce qui fait que le cheval est bientôt ruiné par peu de travail.

Pour ce qui regarde les jambes de derrière, on aura soin d'observer que les cuisses soient longues & charnues, & que tout le muscle qui est au-dehors de la cuisse soit charnu, gros & fort épais. Au reste, les jambes de derrière ne sont pas si sujettes à manquer que celles de devant, qui bien souvent sont mauvaises lorsque celles de derrière sont bonnes.

Les chevaux montés sur des jambes trop hautes & plus grandes que n'est leur taille sont défectueux, c'est à quoi il faut bien prendre garde.

Le cheval doit n'avoir, ni le pied-bot, ni le pied de lièvre ; enfin il faut observer si le cheval se plante bien sur ses membres, lorsqu'il est arrêté en place ; car alors il est beaucoup plus assuré dans ses mouvemens, que lorsqu'il se plante mal. Telles sont les qualités d'un bon cheval de labour.

On aura soin que les chevaux soient ferrés comme il faut avant de les mettre au travail, & que généralement tous leurs harnois soient en bon état. Les sellettes, colliers, traits & brides, les charrues, charettes & tombereaux seront visités soigneusement, pour voir s'il n'y manque rien.

On ne pressera jamais trop les chevaux dans le commencement ; mais on les laissera tout doucement se mettre en haleine ; agissant autrement, on voit bien souvent qu'ils ne veulent point manger au retour de la charrue, qui les a fatigués avec excès.