En famille/Chapitre XXXVIII

Flammarion (p. 471-484).

XXXVIII

___

Cet anéantissement se prolongea, et il s’y joignit des accidents de santé : la bronchite, les palpitations s’aggravèrent, il se produisit même une congestion pulmonaire, qui pendant une semaine retint M. Vulfran à la chambre, et donna l’entière direction des usines à Talouel triomphant.

Cependant ces accidents s’amendèrent, mais la prostration morale ne s’améliora pas, et au bout de quelques jours, il n’y eut plus qu’elle qui inquiéta le médecin.

Plusieurs fois Perrine avait essayé de l’interroger ; mais il lui avait à peine répondu, le docteur Ruchon n’étant pas homme à s’intéresser à la curiosité des gamines ; heureusement il avait été moins rébarbatif avec Bastien et Mlle Belhomme qu’il rencontrait souvent à sa visite du soir, si bien que par le vieux valet de chambre et par l’institutrice, son anxiété était tant bien que mal renseignée.

« Il n’y a pas de danger pour la vie, disait Bastien, mais M. Ruchon voudrait voir monsieur se remettre au travail. »

Mlle Belhomme était moins brève, et quand en venant au château donner sa leçon, elle avait bavardé avec le médecin, elle répétait volontiers à son élève ce que celui-ci avait dit, ce qui d’ailleurs se résumait en un mot toujours le même :

« Il faudrait une secousse, quelque chose qui remontât la mécanique morale arrêtée ; mais dont le grand ressort ne paraît cependant pas cassé. »

Pendant longtemps on l’avait redoutée cette secousse, et c’était même la crainte qu’elle se produisît inopinément qui, plusieurs fois, avait retardé l’opération de la cataracte, que l’état général semblait permettre. Mais maintenant on la désirait. Qu’elle se produisît, que M. Vulfran sous son impression reprît intérêt à ses affaires, au travail, à tout ce qui était sa vie, et dans un avenir, prochain peut-être, on pourrait sans doute la tenter avec des chances de réussite, alors surtout qu’on n’aurait pas à redouter les violentes émotions d’un retour ou d’une mort, qu’au point de vue spécial de l’opération on pouvait également redouter.

Mais comment la provoquer ?

C’était ce qu’on se demandait sans trouver de réponse à cette question, tant il semblait détaché de tout, au point de ne vouloir recevoir ni Talouel, ni ses neveux pendant qu’il avait gardé la chambre, et d’avoir toujours fait répondre par Bastien, à Talouel, qui respectueusement venait à l’ordre deux fois par jour, le matin et le soir :

« Décidez pour le mieux. »

Et quand quittant le lit, il était revenu aux bureaux, à peine s’était-il fait rendre compte de ce qu’avait décidé Talouel trop habile, trop adroit et trop prudent d’ailleurs, pour prendre aucune mesure que le patron n’eût pas prise lui-même.

Cette apathie n’empêchait pas cependant que chaque jour Perrine le conduisît comme naguère dans les diverses usines ; mais le chemin se faisait silencieusement, sans qu’il répondît le plus souvent aux observations qu’elle lui adressait de temps en temps, et arrivé aux usines, c’était à peine s’il écoutait le rapport des directeurs.

« Pour le mieux, répétait-il, entendez-vous avec Talouel. »

Combien de temps cela durerait-il ?

Une après-midi qu’ils revenaient de la tournée des usines, et qu’ils approchaient de Maraucourt, au trot endormi du vieux cheval, une sonnerie de clairon passa dans la brise.

« Arrête, dit M. Vulfran, il semble qu’on sonne au feu. »

La voiture arrêtée, la sonnerie s’entendit distinctement.

« C’est le feu, dit M. Vulfran, vois-tu quelque chose ?

— Un tourbillon de fumée noire.

— De quel côté ?

— À travers le rideau des peupliers, je ne peux pas me reconnaître.

— À droite, ou à gauche ?

— Plutôt à gauche. »

À gauche, c’était vers l’usine.

« Faut-il mettre Coco au galop ? demanda-t-elle.

— Non, seulement va vite. »

En approchant, la sonnerie leur arrivait plus claire, mais comme ils tournaient selon le caprice des entailles bordées de peupliers, Perrine ne pouvait fixer l’endroit précis d’où s’élevait la fumée, il semblait que c’était du centre du village, et non de l’usine.

Elle fit cette observation à M. Vulfran, qui ne répondit rien.

Ce qui la confirma dans cette idée, ce fut que la sonnerie se faisait entendre maintenant tout à gauche, c’est-à-dire aux environs de l’usine.

« On ne sonne pas là où est le feu, dit-elle.

— Voilà qui est bien raisonné », répliqua M. Vulfran.

Mais il fit cette réponse d’un ton presque indifférent, comme s’il n’y avait pas intérêt pour lui à savoir où était le feu.

Ce fut seulement en entrant dans le village, qu’ils furent fixés ;

« Ne vous pressez pas, monsieur Vulfran, cria un paysan, le feu n’est pas chez vous, c’est la maison à la Tiburce qui brûle. »

La Tiburce était une vieille ivrogne qui gardait les enfants trop petits pour être admis à l’asile, et habitait une misérable chaumière, usée, à moitié effondrée, située au fond d’une cour, aux environs des écoles.

« Allons-y », dit M. Vulfran.

Il n’y avait qu’à suivre les gens qui couraient ; maintenant on voyait la fumée et les flammes s’élever en tourbillons au-dessus des maisons, et l’on respirait une odeur de brûlé. Avant d’arriver, ils durent arrêter sous peine d’écraser les curieux, qui pour rien au monde ne se seraient dérangés. Alors M. Vulfran descendit de voiture, et guidé par Perrine traversa les groupes. Comme ils approchaient de l’entrée de la maison, Fabry, le casque en tête, car il commandait les pompiers de l’usine, vint à eux :

« Nous sommes maîtres du feu, dit-il, mais la maison est


entièrement brûlée, et ce qui est plus grave, plusieurs enfants, cinq ou six peut-être ont péri ; un est enseveli sous les décombres, deux ont été asphyxiés ; les trois autres, on ne sait pas.

— Comment le feu a-t-il pris ?

— La Tiburce était endormie ivre, — elle l’est encore, — les enfants les plus grands ont joué avec des allumettes ; quand tout a commencé à flamber, ils se sont sauvés, la Tiburce épouvantée en a fait autant, oubliant ceux au berceau. »

Une clameur sortait de la cour accompagnée de cris, M. Vulfran voulut se diriger de ce côté.

« N’allez pas par là, dit Fabry, ce sont les deux mères des enfants asphyxiés qui les pleurent.

— Qui sont-elles ?

— Des ouvrières des usines.

— Il faut que je leur parle. »

Il appuya sa main sur l’épaule de Perrine, pour dire qu’elle devait le conduire.

Précédés de Fabry, qui leur fit faire place, ils entrèrent dans la cour, où les pompiers noyaient les décombres de la maison effondrée entre ses quatre murs restés debout, et sous les jets d’eau des tourbillons de flammes jaillissaient de ce foyer avec des crépitements.

D’un coin opposé encombré de femmes, partaient les cris qu’ils avaient entendus. Fabry écarta les groupes, et M. Vulfran, précédé de Perrine, s’avança vers les deux mères qui tenaient leurs enfants sur leurs genoux. Au milieu de ses larmes, l’une d’elles, qui croyait peut-être à un secours suprême, le vit paraître ; alors reconnaissant que ce n’était que le patron, elle étendit vers lui un bras menaçant :

« Venez donc ver ce qu’on fait d’nos éfants, pendant qu’on s’extermine pour vous, c’est y vo qu’allez li rendre la vie ? Oh mon pauvre petit ! »

Et se penchant sur son enfant, elle éclata en cris et en sanglots.

Un moment M. Vulfran resta indécis, puis il dit à Fabry :

« Vous aviez raison ; allons-nous-en. »

Ils rentrèrent aux bureaux, et il ne fut plus question de l’incendie, jusqu’au moment où Talouel vint annoncer à M. Vulfran que sur les six enfants qu’on croyait morts, trois avaient été retrouvés en bonne santé chez des voisins, où on les avait portés dans le premier moment d’affolement : il n’y avait donc réellement que trois victimes, dont l’enterrement venait d’être fixé au lendemain.

Quand Talouel fut parti, Perrine, qui depuis le retour à l’usine était restée plongée dans une réflexion profonde, se décida à adresser la parole à M. Vulfran :

« N’irez-vous pas à cet enterrement ? demanda-t-elle avec un frémissement de voix, qui trahissait son émotion.

— Pourquoi irais-je ?

— Parce que ce serait votre réponse — la plus digne que vous puissiez faire — aux accusations de cette pauvre femme.

— Mes ouvriers sont-ils venus au service célébré pour mon fils ?

— Ils ne se sont pas associés à votre douleur : vous vous associez à celles qui les atteignent, c’est une réponse aussi cela, et qui serait comprise.

— Tu ne sais pas combien l’ouvrier est ingrat.

— Ingrat pourquoi ? Pour l’argent reçu ? C’est possible ; et cela vient peut-être de ce qu’il ne considère pas l’argent reçu au même point de vue que celui qui le donne ; n’a-t-il pas des droits sur cet argent qu’il a gagné lui-même ? Cette ingratitude-là existe peut-être telle que vous dites. Mais l’ingratitude pour une marque d’intérêt, pour une aide amicale, croyez-vous qu’elle soit la même ? C’est l’amitié qui fait naître l’amitié. On aime ceux dont on se sent aimé ; et il me semble que si nous nous faisons l’ami des autres, nous faisons des autres nos amis. C’est beaucoup de soulager la misère des malheureux ; mais comme c’est plus encore de soulager leur douleur… en la partageant. »

Elle avait encore bien des choses à dire dans ce sens, lui semblait-il ; mais M. Vulfran ne répondant rien, et ne paraissant même pas l’écouter, elle n’osa pas continuer : plus tard elle reprendrait ce sujet.

Quand ils passèrent devant la vérandah de Talouel pour rentrer au château, M. Vulfran s’arrêta :

« Prévenez M. le curé, dit-il, que je prends à ma charge les frais de l’enterrement des enfants ; qu’il ordonne un service convenable ; j’y assisterai. »

Talouel eut un haut-le-corps.

« Faites afficher, continua M. Vulfran, que tous ceux qui voudront se rendre demain à l’église en auront la liberté : c’est un grand malheur que cet incendie.

— Nous n’en sommes pas responsables.

— Directement, non. »

Ce ne fut pas la seule surprise de Perrine ; le lendemain matin, après le dépouillement de la correspondance et la conférence avec les chefs de service, M. Vulfran retint Fabry :

« Vous n’avez rien de pressé en train, je pense ?

— Non, monsieur.

— Eh bien, partez pour Rouen. J’ai appris qu’on avait construit là une crèche modèle, dans laquelle on a appliqué ce qui s’est fait de mieux ailleurs ; non la Ville, il y aurait eu concours et par suite routine, mais un particulier qui a cherché dans le bien à faire un hommage à des mémoires chères. Vous étudierez cette crèche dans tous ses détails : construction, chauffage, ventilation, prix de revient, et dépense d’entretien. Puis vous demanderez à son constructeur de quelles crèches il s’est inspiré. Vous irez les étudier aussi, et vous reviendrez aussi vite qu’il vous sera possible. Il faut qu’avant trois mois nous ayons ouvert une crèche à la porte de toutes mes usines : je ne veux pas qu’un malheur comme celui qui est arrivé avant-hier se renouvelle. Je compte sur vous. N’ayons pas la charge d’une pareille responsabilité. »

Le soir, la leçon que Mlle Belhomme donnait à Perrine qui avait raconté cette grande nouvelle à l’institutrice enthousiasmée, fut interrompue par l’entrée de M. Vulfran dans la bibliothèque :

« Mademoiselle, dit-il, je viens vous demander un service en mon nom et au nom des populations de ce pays, service considérable, d’une importance capitale par les résultats qu’il peut produire, mais qui, je le reconnais, exige de votre part un sacrifice considérable aussi : voici ce dont il s’agit. »

Ce dont il s’agissait, c’était qu’elle donnât sa démission pour prendre la direction des cinq crèches qu’il allait fonder ; après avoir cherché, il ne trouvait qu’elle qui fût la femme d’intelligence, d’énergie et de cœur capable de mener à bien une tâche aussi lourde. Les crèches ouvertes, il les offrirait aux communes de Maraucourt, Saint-Pipoy, Hercheux, Bacourt, Flexelles, avec un capital suffisant pour subvenir à leur entretien à perpétuité, et il ne mettrait pour condition à sa donation que l’obligation de maintenir à leur tête celle en qui il avait toute confiance pour assurer le succès et la durée de son œuvre.

Ainsi présentée, la demande ne pouvait pas ne pas être accueillie, mais ce ne fut pas sans déchirements, car le sacrifice, comme l’avait dit M. Vulfran, était considérable pour l’institutrice :

« Ah ! monsieur, s’écria-t-elle, vous ne savez pas ce que c’est que l’enseignement.

— Donner le savoir aux enfants, c’est beaucoup, je le sais, mais leur donner la vie, la santé, c’est quelque chose aussi, et ce sera vôtre tâche ; elle est assez grande pour que vous ne la refusiez pas.

— Et je ne serais pas digne de votre choix si j’écoutais mes convenances personnelles… Après tout je me prendrai moi-même pour élève, et j’aurai tant à apprendre, que mon besoin d’enseignement trouvera à s’employer largement. Je suis à vous de tout cœur, et ce cœur est plus ému qu’il ne saurait l’exprimer, pénétré de gratitude, d’admiration…

— Si vous voulez parler de gratitude, ce n’est pas à moi qu’il faut en adresser l’expression, mais à votre élève ; mademoiselle, car c’est elle qui par ses paroles, par ses suggestions, a éveillé dans mon cœur des idées auxquelles j’étais jusqu’alors resté étranger, et m’a mis dans une voie où je n’ai encore fait que quelques pas, qui ne sont rien à côté de la route à parcourir.

— Ah ! monsieur, s’écria Perrine enhardie de joie et de fierté, si vous vouliez encore en faire un.

— Pour aller où ?

— Quelque part où je vous conduirais ce soir.

— Alors, tu ne doutes de rien.

— Ah ! si je ne doutais de rien !

— Est-ce de moi que tu doutes ?

— Non, monsieur, de moi, de moi seule. Mais cela n’a aucun rapport avec ce que je vous demande en vous proposant de vous conduire quelque part ce soir.

— Mais où veux-tu me conduire ce soir ?

— En un endroit où votre présence pendant quelques minutes seulement peut produire des résultats extraordinaires.

— Encore ne peux-tu me dire quel est cet endroit mystérieux ?

— Si je vous le disais, l’effet que j’attends de notre visite serait manqué. Il fera beau et chaud ce soir, vous n’aurez pas à craindre de gagner froid, laissez-vous décider.

— Il semble qu’on peut avoir confiance en elle, dit Mlle Belhomme, bien que cette proposition se présente sous une forme un peu… bizarre et enfantine.

— Allons, qu’il soit fait comme tu veux, je t’accompagnerai ce soir. À quelle heure fixes-tu notre expédition ?

— Plus il sera tard, mieux cela vaudra. »

Dans la soirée, il parla plusieurs fois de cette expédition, mais sans décider Perrine à s’expliquer.

« Sais-tu que tu en es arrivée à piquer ma curiosité ?

— Quand je n’aurais obtenu que cela, est-ce que ce ne serait pas déjà quelque chose ? Ne vaut-il pas mieux pour vous rêver à ce qui peut se produire tantôt ou demain, que vous anéantir dans les regrets de ce que vous espériez hier ?

— Cela vaudrait mieux si demain existait maintenant pour moi ; mais à quel avenir veux-tu que je rêve ? il est plus triste encore que le passé, puisqu’il est vide.

— Mais non, monsieur, il n’est pas vide, si vous songez à celui des autres. Quand on est enfant… et pas heureux, on pense souvent, n’est-ce pas, à tout ce qu’on demanderait à un magicien tout-puissant, à un enchanteur si on le rencontrait et qui n’a qu’à vouloir pour réaliser tous les souhaits ; mais quand on est soi-même cet enchanteur, est-ce qu’on ne pense pas quelquefois à ce qu’on peut faire pour rendre heureux ceux qui ne le sont pas, qu’ils soient enfants ou non ; puisqu’on a aux mains le pouvoir, n’est-ce pas amusant de s’en servir ? Je dis amusant parce que nous sommes dans une féerie, mais dans la réalité il y a un autre mot que celui-là. »

La soirée s’écoula dans ces propos ; plusieurs fois M. Vulfran demanda si le moment n’était pas venu de partir, mais elle le retarda tant qu’elle put.

Enfin elle annonça qu’ils pouvaient se mettre en route : la nuit était chaude comme elle l’avait prévu, sans vent, sans brouillard, mais avec des éclairs de chaleur qui fréquemment embrasaient le ciel noir. Quand ils arrivèrent dans le village ils le trouvèrent endormi, pas une seule lumière ne brillait aux fenêtres closes, pas de bruit d’aucune sorte, excepté celui de l’eau qui tombait des barrages de la rivière.

Comme tous les aveugles, M. Vulfran savait se reconnaître la nuit, et depuis leur sortie du château, il avait suivi son chemin comme avec ses yeux.

« Nous voilà devant Françoise, dit-il, à un certain moment.

— C’est justement chez elle que nous allons. Maintenant si vous le voulez bien, nous ne parlerons pas : par la main je vous guiderai. Je vous préviens cependant que nous aurons un escalier à monter, il est facile et droit ; au haut de cet escalier j’ouvrirai une porte et nous entrerons ; nous ne resterons là que ce que vous voudrez rester, une minute ou deux.

— Que veux-tu que je voie, puisque je ne voie pas ?

— Vous n’avez pas besoin de voir.

— Alors pourquoi venir ?

— Pour être venu. J’oubliais de vous dire qu’il importe peu que nous fassions du bruit en marchant. »

Les choses s’arrangèrent comme elle avait dit, et en arrivant dans la cour intérieure, un éclair lui montra l’entrée de l’escalier. Ils montèrent, et Perrine ouvrant la porte dont elle avait parlé, attira doucement M. Vulfran et referma la porte.

Alors ils se trouvèrent enveloppés d’un air chaud, âcre, suffoquant.

Une voix empâtée dit :

« Qu’est-ce qui est là ? »

Une pression de main avertit M. Vulfran de ne pas répondre.

La même voix continua :

« Couche-té don la Noyelle. »

Cette fois ce fut la main de M. Vulfran qui dit à Perrine qu’il voulait sortir.

Elle rouvrit la porte, et ils redescendirent, tandis qu’un murmure de voix les accompagnait.

Ce fut seulement dans la rue que M. Vulfran prit la parole :

« Tu as voulu me faire connaître la chambrée dans laquelle tu as couché la première nuit de ton arrivée ici ?

— J’ai voulu que vous connaissiez une des nombreuses chambrées de Maraucourt, et des autres villages où couche tout un monde de vos ouvriers : hommes, femmes, enfants, pensant que quand vous auriez respiré leur air empoisonné pendant une minute seulement, vous voudriez faire rechercher combien de pauvres gens il tue. »