En courant sur la terre et flottant dessus l’eau

Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 274).


SONNET.

 En courant ſur la terre & flottant deſſus l’eau,
I’ai raui pour mon bien l’autheur de mon ſupplice,
Prenant l’or de Tholoſe & le thresor d’Vliſſe
Dont l’vn eſt mon orage & l’autre mon tombeau.
 O ! n euſſe-ie point veu ce bel Aſtre iumeau,
Qui donne tant de feux à mon long ſacrifice !
Ie ne ſeroi marqué d’vn hideux precipice,
Et mon flanc ne ſeroit bequeté d’vn oiſeau.
 Que ie ſerois heureux ſi de ma braiſe ardante
Sortoſt poſterité qui euſt ame viuante,
Comme du vif charbon des filles d’Orion ;
 Et ſi un Pheniſſeau reuiuoit de ma cendre,
L’vn chanteroit ma mort, l’autre feroit entendre
A la poſterité ma fiere paßion.


A. D. V.