Alphonse Lemerre, éditeur (p. 17-18).

THÉÂTRE IMPROVISÉ

(prologue dit)


À Delaunay.


Jadis, au beau temps de Molière,
Sans décors, sans pompiers aussi,
On jouait comme on joue ici,

Et personne aux acteurs n’aurait lancé la pierre.

En celui de Shakespeare, on plantait un poteau

Qui renseignait fort l’auditoire :

« Ici, c’est la forêt ; à côté, le château ! »

Et chacun comprenait l’histoire !


Aujourd’hui nous jouons un lever de rideau

Sans le rideau ni changements à vue.

Nous prenons donc la liberté

De vous exposer d’une voix émue,

L’imaginaire vérité :


« Ici, c’est la fenêtre ; à côté, c’est la porte ! »

Vous trouvez la chose un peu forte ?
Ma blonde camarade et moi
Serons d’une si bonne foi
Que vous voudrez bien reconnaître
Qu’on me ferme la porte aux yeux,
Mais qu’en romanesque amoureux,
J’entre aussitôt par la fenêtre.