Alphonse Lemerre, éditeur (p. 83-84).

UTOPIE


Les théâtres sont des maisons
Tout comme la mienne et la vôtre,
Supportant les quatre saisons,
Confortables à l’un ou l’autre.

Je les voudrais plus en papier,
Plus fragiles, plus dangereuses,
Que l’ouragan les fit plier,
Tant pis pour les âmes peureuses !


Je voudrais que l’on y pût voir
Un rayon de lune qui glisse,
Que l’on sentît le vent de soir
S’engouffrer dedans la coulisse.

Entendre ainsi les rimes d’or
Qu’une belle actrice murmure
Auprès d’un bizarre décor
Moitié toile et moitié nature !