Alphonse Lemerre, éditeur (p. 71-72).

BAL À L’OPÉRA


À Eugène Motans.


L’orchestre fait ronfler en vain ses violons
Et ses cuivres. Deux mille ou trois mille personnes
Regardent huit danseurs vulgaires, pantalons
Et jupe relevés, esquissant sauts et ronds !
L’orchestre fait ronfler violons et trombones.

Et nul n’ignore que l’Administration,
— Prévoyant la tristesse énorme de la salle. —
A payé ces danseurs, gens de profession,
Pour donner à la fête une couleur locale.


Qu’ils sont tristes ces bals et funèbres à voir !
Et ces gens costumés dans les couloirs, fantoches
Timides, empesés, honteux, cherchant leurs poches !
Et l’on s’en va, le cœur tout barbouillé de noir.