Anonyme
(p. 49-50).


CHAPITRE XIII.

De la Trinité.

§. I.


Dieu eſt infiniment ſimple, dont il n’eſt point triple en perſonnes ; car on pourroit conſidérer un être plus ſimple que lui, un être qui ainſi qu’en ſubſtance ſeroit un en perſonne.

§. II.

Les trois perſonnes de la Trinité ne ſont autre choſe que trois différens égards, ſous leſquels on a enviſagé la puiſſance, la ſageſſe & la bonté de Dieu. Les premiers Peres de l’Egliſe avoient puisé cette diviſion dans Platon ; ils étoient Sociniens.

§. III.

Plus la Trinité eſt au deſſus des forces de notre entendement, plus il faut des preuves claires que ce myſtere a été révélé. Où font ces preuves ? Le Concile de Nicée a déterminé la divinité du fils contre les Ariens. Le Concile de Conſtantinople a déterminé celle du St. Eſprit contre Macedonius. Le Concile de Francfort a ajouté la particule filioque, contre les Grecs ſchiſmatiques. Toutes les preuves tirées de l’Ecriture ſont très-équivoques & ſont une matiere de diſputes interminables.

Où en ſeroit la Religion Chrétienne ſi on lui ôtoit les mots de proceſſion, génération, relation, conſubſtantiabilité &c. mots inventés pour prouver des choſes totalement improbables ?