Exposition de la doctrine de l’Église catholique orthodoxe/1866/Première Partie/I


Librairie de l’Union Chrétienne (p. 30-35).
« Je crois en Dieu Père… et en J.-C., Fils unique de Dieu…, et au Saint-Esprit. »


Les trois premiers paragraphes du Symbole se rapportent : le premier, au Père ; le second, au Fils ; le troisième, au Saint-Esprit.

Le Symbole repose donc sur le dogme de la Trinité.

Il y a en Dieu trois personnes :

Le Père, principe tout-puissant, duquel émanent : le Fils, par génération ; le Saint-Esprit, par procession ; et lequel a donné l’être à toutes les créatures, soit visibles, soit invisibles ;

Le Fils, engendré du Père de toute éternité et par lequel la puissance divine s’est manifestée par la création de tout ce qui a une existence contingente ;

Le Saint-Esprit, qui procède du Père, qui a par conséquent la nature divine, et qui doit être l’objet d’une adoration simultanée avec le Père et le Fils.

Les trois personnes ayant la même substance divine ne sont qu’un Dieu, et sont coéternelles. Cependant, elles sont distinctes par leurs attributs personnels.

L’attribut personnel du Père est d’être principe ; celui du Fils est d’être engendré du Père ; celui du Saint-Esprit de procéder du Père. Il y a donc deux actes distincts dans le Père, comme principe de ses propres opérations : l’un est appelé génération et a le Fils pour objet ; l’autre est appelé procession, dont l’objet est le Saint-Esprit.

Ces deux actes, incompréhensibles en eux-mêmes, ont pour effet l’éternelle production du Fils et du Saint-Esprit.

On ne doit, dans la sainte Trinité, ni distinguer les attributs essentiels, ni confondre les attributs personnels ; car, en donnant aux personnes des attributs essentiels différents, on en fait plusieurs dieux et l’on attaque le dogme de l’unité de Dieu ; en donnant au contraire l’attribut personnel d’une personne à une autre, on détruit la distinction personnelle et l’on attaque le dogme de la Trinité des personnes. Enfin, en faisant d’un attribut personnel un attribut essentiel, on donne aux trois personnes, qui ont la même essence, ce qui ne peut appartenir qu’à une seule.

Le Père, outre sa double opération intime et éternelle, a une action extérieure dont l’objet est le monde soit invisible, soit visible. Le premier est composé des être contingents spirituels ; le second, des êtres contingents matériels.

L’action extérieure du Père a lieu par le Fils, et l’Esprit-Saint exerce sur les deux mondes son influence, par suite de la mission qu’il reçoit du Père et du Fils. Cette mission se manifeste surtout dans l’inspiration faite aux hommes choisis de Dieu pour annoncer ses volontés aux autres hommes, avant l’incarnation du Fils ; et, dans l’Église, par son influence sur les âmes et dans la conservation du dépôt de la doctrine divine.

On commettrait une grave erreur en confondant la mission ou l’envoi du Saint-Esprit, par le Père et le Fils, avec la procession éternelle par laquelle il est produit ; car cette procession ne peut venir que du Père, unique principe dans la Trinité, et on ne pourrait, ni directement ni indirectement, attribuer cette procession éternelle au Fils, sans lui attribuer l’attribut personnel du Père, et sans attaquer, par conséquent, le dogme même de la Trinité des personnes.