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4 Beaucoup ont écrit sur le caractère et les qualités de Napoléon, soit en attaque, soit en défense. Que peux qui sont avides de données propres à les guider dans la vérité s’arrêtent sur ces derniers actes ! Il n’est pas un paragraphe, une ligne de son testament et de ses nombreux codicilles, qui, dans leur préambule et leurs détails, ne jettent de vives lumières, et ne se trouvent caractéristiques. Après les avoir lus soigneusement, on ne se demande plus s’il fut bon citoyen, bon époux, bon père, parent, ami affectionné ; s’il fut sensible aux bienfaits, aux services qu’il reçut ; s’il en perdit jamais le souvenir. Le présent codicille surtout est des plus touchants à cet égard ; et combien de si précieux témoignages ne se trouvent-ils point rehaussés encore par toutes les circonstances dont ils furent entourés ! Napoléon touchait à sa fin ; des douleurs aiguës le torturaient sans relâche, et c’est dans cette situation désespérée, dans un même instant, le même jour, qu’il trace avec cette dignité, cette précision, ce même esprit d’ordre et de calcul qui présidaient à ses décrets, ses quatre derniers codicilles !! et il les écrit entièrement de sa main, lui, pour qui ce devait être une si grande affaire, en ayant depuis longtemps tout à fait perdu l’habitude ! 5 Quelques-uns ont blâmé, dans ce quatrième codicille, l’article du subalterne Cantillon, comme pouvant, suivant eux, être pris pour un sentiment de haine, et avoisiner la justification du meurtre ; mais nullement, et ce serait bien mal lire. Napoléon n’a voulu, au contraire, par une similitude frappante, que mieux constater un grand principe de haute morale, et faire ressortir d’autant plus énergiquement, tout l’odieux du traitement, de la Violence, de l’assassinat même, selon lui, employés contre sa personne.

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