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Vers sept heures, l’Empereur m’a fait appeler, et m’a dit de garder au nombre des pièces officielles la note suivante qu’il m’a remise. Elle avait été envoyée de sa part, le matin, au gouverneur…

Note. « Il me revient que, dans la conversation qui a eu lieu entre le général Lowe et plusieurs de ces Messieurs (allusions aux conversations du mardi 15), il s’est dit des choses sur ma position qui ne sont pas conformes à mes pensées. J’ai abdiqué dans les mains des représentants de la nation et au profit de mon fils, je me suis porté avec confiance en Angleterre, pour y vivre là, ou en Amérique, dans la plus profonde retraite, et sous le nom d’un colonel tué à mes côtés, résolu de rester étranger à toute affaire politique, de quelque nature qu’elle puisse être.

Arrivé à bord du Northumberland, on me dit que j’étais prisonnier de guerre, qu’on me transportait au-delà de la ligne, et que je m’appelais le général Bonaparte. Je dus porter ostensiblement mon titre d’empereur Napoléon, en opposition au titre de général Bonaparte qu’on voulait m’imposer.

Il y a sept ou huit mois, le comte de Montholon proposa de pourvoir à de petites difficultés qui naissent à chaque instant, en adoptant un nom ordinaire. L’amiral crut devoir en écrire à Londres ; cela en est resté là.

On me donne aujourd’hui un nom qui a cet avantage qu’il ne préjuge pas le passé, mais qui n’est pas dans les formes de la société. Je suis toujours disposé à prendre un nom qui entre dans l’usage ordinaire, et réitère que, quand l’on jugera à propos de faire cesser ce cruel séjour, je suis dans la volonté de rester étranger à la politique, quelque chose qui se passe dans le monde. Voilà ma pensée : toute autre chose qui aurait été dit sur cette matière ne la serait pas. »

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