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Dernier commentaire : il y a 11 ans par Ambre Troizat dans le sujet Biographie de Victor Hugues par Auguste Lacour

Biographie de Victor Hugues par Auguste Lacour modifier

Auguste Lacour.- Histoire de la Guadeloupe, 1789 à 1798, Volume 2, E. Kolodziej, 1857. Gallica. Internet Archive --Ambre Troizat (d) 30 juin 2012 à 17:51 (UTC)Répondre

Lettre de Victor Hugues modifier

CONVENTION NATIONALE.

Présidence de Guadet.
SUITE DE LA SÉANCE DU JEUDI 25 OCTOBRE.

— La discussion est interrompue par quelques lectures.

Le ministre du département maritime fait passer à la Convention une lettre qui lui a été adressée par un Français revenant de Londres. Cette lettre est ainsi conçue :

Le citoyen Hugues au ministre du département maritime.

A mon arrivée hier de Londres, je m'empressai de me, rendre à votre hôtel pour vous faire part de mes craintes sur un projet des ennemis de notre révolution. On me dit a la porte que vous étiez absent. Ce projet vous est peut-être connu; mais un citoyen, un Français, ne doit rien négliger lorsqu'il s'agit d'être utile à son pays. Membre (le rassemblée provinciale, provisoirement administrative de l'Ouest, séant au Port-au-Prince, à la tête d'une liste de proscription pour avoir dit, écrit, imprimé et publié des vérités incontestables contre le général Blanchelande et tous les brévetés de l'ancienne cour ; obligé de fuir mes foyers, ayant perdu un frère lâchement assassiné par les" mulâtres et les nègres révoltés, ainsi que les sept huitièmes de ma fortune, je me suis embarqué par la Jamaïque ponr me rendre ici et demander justice. Dansle peu de jours que j'ai passés à Londres, je me suis aperçu d'un projet qui ne tend guères moins qu'à perdre mon infortunée patrie, et à la livrer à des ennemis étrangers.

Une foule d'émigrés, dont le rendez-vous est aux tavernes de la Marine et d'Orange, dans lesquels j'en ai reconnu plusieurs, passent à Saint-Domingue, par la Jamaïque ; d'autres se rendent en Espagne et en Portugal. Tout le monde sait que le gouvernement anglais les secourt, et même paie leur passage, à ce que l'on m'a dit ; mais je n'en crois rien ; je crois plutôt que c'est l'ambassadeur d'Espagne.

On m'a beaucoup questionné sur cette colonie ; et ayant trouvé un prêtre espagnol nommé dom Philippes Carrera, que j'ai Deaucoup connu à Porto Bello et à Cartagena de Indias, les offres qu'il m'a faites m'ont confirmé dans mon opinion que le gouvernement espagnol fait passer quantité d'émigrés et de prêtres ; celui-ci m'a dit être attaché à la maison de l'ambassadeur : son langage m'a fait faire mille conjectures qui seraient trop longues à vous détailler. Citoyen ministre, les bons colons n'ont jamais démérité de la mère-patrie. Ne négligez pas de vous informer de ce complot ; ne les jugez pas sur ceux de l'hôtel de Massiac, ni sur ceux qui sont à Paris; ils aiment la révolution Plus de la moitié de la ville d'où je suis a péri pour la défense des lois ; notre ville a été incendiée ; tous ceux qui se sont montrés ont été proscrits, ou victimes de Blanchelande, Fontanges, etc. Jetez un coup d'œil sur cette portion de la république ; empêchez qu'elle devienne la proie d'un ennemi étranger. Citoyen ministre, ma lettre est déjà fort longue Si vingt ans de colonie, une connaissance locale de toutes les colonies étrangères et du continent de l'Amérique, ayant navigué pendant douze ans dans cette partie, et du côtedes possessions espagnoles ; si ces connaissances, citoyen ministre, peuvent être de quelque utilité à la république, disposez de ma fortune et de ma vie, elles sont à ma patrie, etc.
Réimpression de l'ancien moniteur, Mai 1789 - Novembre 1799. Avec des notes explicatives par M. Léonard Gallois. Volume 14, 1840, p. 299.--Ambre Troizat (d) 30 juin 2012 à 17:43 (UTC)Répondre

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