Discussion Auteur:Antoinette Dupin
- née Rebut (à confirmer)
- La Note de Louise Colet sur Mme Dupin est parue dans la revue de Paris : [1], dans le Journal des femmes [2]
- Lettre de Marceline Valmore à Antoine de Latour pour conserver la pension de leur mère aux orphelines : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k745164/f285.image
Bibliographie
modifier- La France illustrée par ses femmes ; par Mme A. Dupin. In-12 de 10 feuilles, plus 4 gravures, imp. de Locquin, à Paris. -- A Paris, chez Maumus, rue du Jardinet, n. t. [3], catégorie Histoire littéraire - bibliographie [4]
- 3677. Mythologie dramatique de la jeunesse, ou Nouvelle méthode amusante pour apprendre la Mythologie. Mise en dialogues et en scènes (pr.), propres à être représentés dans les pensionnats et dans les familles, par Mme A. Dupin (et M. Jauffret). Paris, P. Maumus, 1832, in-12, flg., v. f. fil., non rogn. Bauzonnet. cf. Bibliothèque dramatique de Monsieur de Soleinne, Volume 3 [5]
Critiques
modifierMarguerite :
modifier- Figaro [10]
- Revue Britannique. -- septembre 1836.
MARGUERITE, par Mme A. Dupin. Paris, Moutardier, libraire-éditeur, rue des Grands-Augustins, 25 ; 1836.
C'est encore une femme qui vient s'inscrire au rang de celles dont les talens brillent dans le monde littéraire. Le roman que nous annonçons est le résumé d'une pensée philosophique à l'ordre dujour, l'expression d'un besoin social qui se fait sentir dans presque toutes les classes. L'intrigue est conduite avec art, les détails peints avec des couleurs vives et tranchées. Le caractère de Marguerite, héros de l'ouvrage, a quelque chose de fortement trempé qui attire la bienveillance du lecteur. On aime à voir dans cette femme les qualités mâles qui la parent et la rehaussent. Clémence est une fille d'une humeur enfantine, qui joue et saute sur le gazon avant d'être unie par le mariage ; mais bientôt victime des préjugés paternels qui lient son existence à celle d'un homme qui ne l'aimait pas, elle voit ses beaux jours s'enfuir et disparaître. Everard, jeune colonel, est encore un des personnages remarquables dont l'auteur a su tirer un grand parti. On doit féliciter l'auteur de l'ensemble de son ouvrage, de la distribution habile de ses rôles, de la pureté du style, et nous nous plaisons à lui prédire un heureux succès.
- Revue des deux mondes (1er octobre 1836) : [12]
C'est bien une sorte de prédication que fait aussi Mme A. Dupin dans Marguerite ; mais cette prédication est plus divertissante. Mme Dupin semble légèrement imbue de saint-simonisme. Si nous l'avons bien comprise, entre autres doctrines généreuses, elle prêche la réforme des préjugés sociaux, la perfectibilité de l'amour, la révision des lois du mariage. Mme Dupin ne ménage pas non plus les citations ; ce ne sont pas, il est vrai, les pères de l'Eglise qu'elle invoque, comme Mme Sophie Pannier, ni Bossuet, ni Bourdaloue ; c'est George Sand, c'est M. Ballanche, c'est M. et Mme de Senancourt ; c'est M. Sainte-Beuve principalement en vers et en prose. Plût au ciel que ces deux dames se fussent bornées, le plus souvent, à citer leurs auteurs sans les commenter !
L'héroïne de Mme Dupin est l'une des victimes du dévouement les plus complètes que le roman ait mises en scène. Le comte Tanneguy d'Argelès a rencontré, déguisée en homme, à la Grande-Chartreuse, Marguerite, qu'il a reconnue femme sous son costume, et dont il s'est passionnément épris. Le sentiment qu'il inspire également à Marguerite n'est pas moins passionné, mais il se contient et se cache. Elle a su que la main du comte est promise à Clémence. Or, Clémence est l'amie de Marguerite. Premier dévouement de Marguerite. Loin de combattre un mariage qui ne fera pourtant que des malheureux, elle en presse au contraire l'accomplissement. Puis, afin de se séparer plus irréparablement de Tanneguy, elle épouse, de son côté, un M. de Rovère qu'elle n'aime point. Ce second dévouement de Marguerite sera tout aussitôt suivi d'un troisième. La duchesse d'Estilly, une autre intime amie de Mme de Rovère, avait été séduite par une manière de Lovelace qui a nom Everard. Il ne suffit pas qu'elle ait dissimulé sa grossesse, il en faut aussi dérober les suites. Marguerite se chargera de ce soin. Effectivement, elle accouche la duchesse ; elle lui sert de garde-malade, et la soigne seule pendant trois nuits et trois jours. Mais comment Marguerite expliquera-t-elle à la jalousie de M. de Rovère sa disparition du domicile conjugal ? Plutôt que de se justifier en révélant la cause de son absence, elle souffre qu'on l'accuse d'adultère. Son mari obtient contre elle le divorce ; après quoi il meurt de chagrin. Mme Dupin avait besoin de dissoudre aussi le mariage de Tanneguy : Everard est employé de nouveau à séduire Clémence ; seconde séduction qui amène un second divorce, d'où résulte la mort de la comtesse d'Argèles, comme pendant de celle de M. de Rovère. Vous voyez que les dévouemens de Marguerite ne tournent pas à bien. Attendez ; vous n'êtes pas au bout du mal qu'ils feront.
Après l'intervalle du double deuil, vous retrouvez dans le salon de la duchesse d'Estilly Marguerite et Tanneguy, divorcés et veufs l'un et l'autre. Ils sont libres maintenant. La calomnieuse sévérité du monde n'empêchera pas leur union. Le comte d'Argèles se dévoue à son tour. Il épouse celle qu'il aime et dont il sait l'innocence, se croyant la force de mépriser pour elle et pour lui l'opinion. Il avait trop présumé de sa philosophie. Sa femme est accablée de dédains et insultée en un bal où il l'a conduite. Tanneguy se fait tuer en duel pour la venger.
On aurait tort de conclure de Marguerite que le dévouement est maladroit, abusif, qu'il porte malheur. Certainement Mme Dupin n'a pas proposé cette inutile leçon d'égoïsme vulgaire, qu'on suit généralement par instinct et sans préceptes. On ne voit pas bien nettement ce qu'enseigne son livre. Nous supposons qu'elle a voulu montrer que notre prétendue civilisation est barbare, que la société est féroce la plupart du temps, et inconséquente dans ses absolutions et dans ses censures. De toute façon, Mme Dupin aurait dû mieux indiquer la morale de sa fable.
Le défaut capital de cet écrivain, c'est son irrésistible penchant à l'imitation de ce qu'il admire. Ses personnages ne vivent pas de leur propre vie, mais uniquement de celle de certains types excentriques créés par le génie moderne. Était-il bien nécessaire que l'héroïne Marguerite fût drapée constamment en Lélia ? Ne conviendrait-il pas qu'au lieu de penser éternellement comme Obermann, elle pensât un peu plus comme une jeune fille simple, honnête et courageuse qui se sacrifie à l'amitié ? Il en est de même du style ; ce n'est le plus souvent qu'une parodie de l'admirable langue de Volupté.
Il est un autre léger reproche que nous rougissons de formuler. Dieu nous garde de rien préciser, et de mettre ici le doigt sur les choses ! Mais, nous le demandons tout bas à Mme Dupin, n'y a-t-il pas dans son livre certains détails amoureux dont il eût été prudent d'adoucir la vivacité ? Encore une fois, nous disons cela bien bas. Il serait plaisant qu'on nous entendit rappeler à l'ordre la pudeur d'une dame.
- Revue de Paris 1836 [13]
— La production des romans ne se ralentit guère, quoi qu'on en dise. Une femme qui n'en est pas d'ailleurs à son début, Mme Dupin, a jeté dans un livre qu'elle nomme Marguerite (2) beaucoup d'imagination ; elle a dépensé une grande somme de sentiment, et ne s'est pas ménagé les hardiesses et l'enthousiasme ; malheureusement ces hardiesses dépassent quelquefois, et contre les intentions de l'auteur, sans doute, les bornes que l'on pose naturellement à l'esprit, surtout à l'esprit des femmes ; malheureusement aussi cet enthousiasme, quoique vrai au fond, a tous les dehors et toutes les apparences du factice et de l'emphase. Il faudrait que toute femme, en prenant la plume, fût bien persuadée, qu'avant tout et par-dessus tout elle doit rester femme ; il n'y a pas de féminin pour le mot auteur. Ce que nous reprochons à Mme Dupin, qui est une femme de sentimens nobles et élevés, c'est de ne pas avoir tout-à-fait compris sa position, d'avoir tenté fréquemment des sentiers trop âpres pour pouvoir être gravis par des pieds de femme, c'est d'avoir dédaigné les nuances. Evidemment, si les femmes prennent la plume, c'est pour faire ce que les hommes ne font pas et ne peuvent pas faire ; il vaut mieux marcher tout seul dans un sentier frais et fleuri, que de se presser et se heurter sur une grande route encombrée de voyageurs, et enveloppée dans des nuages de poussière ; c'est ce que comprendra sur-le-champ Mme Dupin, mais ce n'est pas l'impression que vous laisse son roman de Marguerite. Néanmoins ce livre, qui n'a été ni vanté ni prôné, a fait son chemin; et nous sommes d'autant plus sévères, que nos critiques s'adressent à une seconde édition.