Discussion Auteur:André Corthis
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Éléments biographiques
modifierphotos :
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bd6t5736545m/f6.item dans le journal Ève
- http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9693599j/f103.image
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b53171887g/f1.image (debout, quatrième en partant de la gauche)
- https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b531938400/f1.image (debout, troisième en partant de la droite)
- article [1]
- Ève : le premier quotidien illustré de la femme, 23 mai 1920 [2]
Mme André Corthis, Lauréate de l’Académie Française
C’est la citadelle des livres. Sur • des rayçns brille doucement l'or pâli des reliures anciennes, luit le cuir fauve des vieux bouquins, se fane le dos jaune des « vient de paraître », s'harmonise 'la couleur des maroquins modernes : rouge, vert, havane... Les livres, ils ont envahi la table et les guéridons et même le bureau de chêne patiné par l'&ge et la cire, le massif établi — comme dit Flaubert sur lequel chaque jour, méthodiquement, Mme André Corthis se pen che pour œuvrer. Leur présence emplit la pièce de pensée multivie e.t vivante.
— Bien sûr, je suis contente, me dit la récente. lauréate de l'Académie Française. Contente que ce prix ait été dé cerné à Pour moi seule, mais contente surtout que ce roman ait plu à des écrivains dont les encouragements me sont précieux.
— Il y a dix ans, pour la première fois, André Corthis — qui semble à présent s'excuser d'avoir, si jeune, occupe Topimon — voyait son nom jeté brusquement en pleine lu- Ornière par l'attribution du prix de ia Vie Heureuse, à s es poèmes, Gemmes et Moires.
— Un livre de gosse, d'ailleurs, me dit-elle en riant. Mais je n'en rougis pas. J’ai commencé à écrire... je ne me rappelle même pas à quel âqe. J'étais vraiment une petite fille et je cachais honteusement mes élucubrations. Il a bien fallu un jour, tout de même, exhiber quelque chose : c'est Gemmes et Moires qui marqua mon entrée dans la vie littéraire. Et nuisqu’on fut indulgent à ces poèmes, pourquoi serais-je sévère ?
Sévère, Mme André Corthis peut-elle l'être ? Grande et robuste, saine, elle doit être bonne. Son regard un peu mé lancolique, noyé d'ombre, corrige la gaâ.té de son sourire.- Il reste en sa grave beauté comme un souvenir de l'Orient où vécurent ses aïeux maternels. N'est-elle pas descendante de ces Comnène qui régnèrent sur Byzance au onzième siècle ? Peut-être doit-elle aux Orientaux méditatifs dont le sanq coule en ses veines, le goût de la psychologie èt cet esprit aigu d'observation qui anime son dernier livre « Pour moi seule » ?
— Mes projets ? Aller à la campagne pour me reposer... en travaillant tran quillement. Je terminerai 1 Entraîneuse, roman dont je vous prie de dire qu'il n est nullement un roman a thèse- Le roman à thèse n'est pas un genre fémi nin et je crois même que c'est un mauvais genre !
— Croyez-vous donc, madame, qu'il y ait une littérature féminine ?
— Je sais bien que les femmes de lettres, mes sœurs, entendent généralement qu’il y a la Littérature, et voilà tout. Je pense, moi, que les livres de femmes sont ordinairement plus sensibles et quelquefois plus pénétrants que les livres d’hommes, mais que le domaine de la pensée pure nous est fermé. Trouve-t-on une intelligence féminine de la classe de Bergson. Il est vrai qu'on ne trouve pas beaucoup d'intelligences masculines qui puissent lui être comparées. Au surplus, il est peut-être imprudent de juger souverainement de ces matières.
— Vous n'êtes pas féministe ?
— Non, franchement non. Je crois que si les femmes s'occupaient des affaires publiques, nul n'y gagnerait. Au contraire ! Pensez-vous d'ailleurs qu'elles en aient bien envie ?
Que nous voici loin de la littérature et du Prix du Roman ! Sans transition savante, revenons à nos moutons.
— Non, répond à ma question précise l'auteur du Pauvre amour de doua Balbine, je ne cherche ni à instruire, ni d moraliser, ni même à distraire le lecteur. Quand j'écris, je ne pense pas du tout au lecteur : ça me gênerait plutôt ! Ayant bâti ma fiction, connaissant le développement logique de mon œuvre, je tâche à la réaliser le mieux possible, à me rapprocher de la perfection à laquelle je n'atteindrai jamais. Je n'ai pas assez d'orgueil pour souhaiter autre chose.
Nous bavardons. Et les livres familiers, le papier blanc sur le bureau, les bibelots même, habitués au spectacle du labeur, semblent me dire : « Il y a bien longtemps que vous êtes là, mon ami l » Je ne résiste pas, je m'en vais.
H. POSTEL du MAS. (Henry ? [3]