Discussion:Un drame en province — La Statue d’Apollon/Un drame en province
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Éditions
modifierTitre et éditions | ||||
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1862 : | Un drame en province | Roman | en feuilleton dans le Figaro, du 26 janvier [1] au 13 mars 1862 [2] | |
1863 : | Un drame en province | dans Un drame en province — La Statue d’Apollon, Paris, Hetzel | ||
1868 : | Un drame en province | Journal du Cher, dont le 6 octobre 1868 |
succès de la parution [3]
Nos lecteurs se souviennent du succès du Drame en province, roman de Claude Vignon, publié l'an passé dans le feuilleton du Figaro. L'ouvrage mis en volume vient de paraître dans la Collection Hetzel, augmenté de la Statue d'Apollon, nouvelle digne de Stendhall ou de Mérimée, qui avait été fort remarquée dans le Correspondant, lors de sa première publication.
Vocabulaire
modifier- dans sa robe de grivat si simple
- L’abbé Dablin restait attéré
- remercîment
- collége, siége, cortége, piége, protége
- provoquantes
- sous les verroux
- Henri IV se gourmandant pour aller combattre et se trouvant toujours au plus fort de la mêlée, a des ménechmes, au moral.
- qu’ils croyent plus facile que moi.
Critiques, résumés…
modifierLe Constitutionnel : journal du commerce, politique et littéraire, mardi 28 juillet 1865 [4]
REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
Un Mariage scandaleux, par M. André Léo. — Un Drame en province, par M. Claude Vignon. — Contes rustiques, par M. Eugène Muller. — Récits d'une Paysanne, par Mme Juliette Lamber. — La Cause du beau Guillaume, par M. Duranty.
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Dans un Drame en province, l'auteur nous introduit dans l'intérieur d'une famille noble et respectable, vivant dans ses terres, aimée et honorée de tous. De prime abord rien ne paraît plus calme, plus innocent et plus tranquille. Ce grand salon, — où l'on nous présente les principaux personnages : le marquis de Fayan, sa femme encore belle, leur fils et leur fille à peine sortis de l'enfance, le précepteur du jeune homme, le curé et le médecin du village, hôtes habituels du château, — nous rappellent un des plus charmans tableaux des Scènes de la vie parisienne, plein de relief et de vérité, et reste comme ce dernier gravé dans la mémoire. Hélas! malgré l'expérience, nous avons peine à croire qu'une surface si calme puisse cacher des profondeurs si agitées. Là encore, l'adultère est venu porter le trouble et le remords ; la faute est restée cachée. Fut-elle commise par surprise ou par faiblesse ? L'auteur trouve inutile de nous le dire, ce qui est un procédé des plus commodes. Ce n'est pas l'amour coupable et ses folles ivresses qu'il a voulu peindre, mais bien la honte, le désespoir, la dissimulation qui le suivent inévitablement. Cette femme, cette mère jusque là si pure, si vénérée, est forcée de s'abaisser, de recourir au mensonge et à la ruse pour cacher une grossesse qu'elle ne peut avouer, — affreuse nécessité ! Une fois dans cette voie, il faut dissimuler sans cesse, en imposer toujours, sous peine de briser l'existence de son loyal mari et d'empêcher le mariage de sa fille. L'époque de la délivrance approche. Elle se confie d'abord au curé, puis au médecin ; tous deux, par des motifs différens, mais honorables, l'aideront à tenir sa faute secrète : l'un, en l'accouchant clandestinement, l'autre, en se chargeant de placer l'enfant en nourrice dans les environs, aussitôt sa naissance. Tout réussit d'abord à souhait. M. de Fagan et Clotilde croient à une maladie aiguë qui retient la marquise sur un lit de douleur, et personne au château, sauf la femme de chambre de cette dernière, qui a des raisons pour lui être toute dévouée, ne se doute qu'un enfant vient d'y naître. Mais, plus tard, dans le village, voire même à la sous-préfecture la plus proche, on jase sur un petit être dont on ne connaît pas l'origine. On rapproche certaines circonstances, certains indices, on commente les allées et les venues du curé et du médecin à l'époque qui coïncide avec la naissance ; on découvre qu'il y a un mystère, et que l’enfant est né dans le pays. Une jeune fille coquette, évaporée, excentrique, est accusée d'être mère. Quelles souffrances, quelles inquiétudes pour Mme de Fagan ! Les caquets continuent, les cancans et les commentaires vont leur train, tant et si bien que tout cela prend un corps et devient grave. On parle de suppression d'état ; une plainte est déposée au parquet, les magistrats s'en émeuvent, ils mandent le curé et le médecin ; on les interroge, ils se troublent : l'un est arrêté, l'autre a la conscience bouleversée, la vérité est bien près de se faire jour. Il n'y a plus de doute, l'enfant est né le 20 janvier 18…, et il est sorti du château de Cladel la même nuit. En apprenant tous ces détails, le marquis est éclairé soudain ; il fait taire son juste ressentiment, et par un sublime mensonge il sauve l'honneur et le repos de sa famille.
Tout cela est vraisemblable, humain, intéressant, le livre est bien conduit et bien écrit ; les caractères sont tracés avec vigueur et fermeté. La marquise de Fagan est si intérressante malgré sa faute ; on admire l'abnégation de son mari qui s'immole à l'honneur de la famille et l'on aime le bon curé si naïf et le médecin si compatissant ; tous ces personnages nous émeuvent et nous plaisent.
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Ch. Bernard Derosne.