Discussion:La Maison Pascal

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Orthographe vieillotte :

  • entr’ouvert, grand’chose, s'entr'ouvrirent, rapprenait jolivetés célé allégrement


Je découpe dans un grand journal populaire cette annonce :

Un Livre scabreux, une Idée neuve.

« M. Pascal, commerçant inventif et compatissant, s'apitoie sur l'existence solitaire des femmes célibataires et il a fait de sa maison un salon de conversation où de jeunes messieurs beaux parleurs offrent le thé à toutes les demoiselles en quête de distraction.

« Tel est le sujet sur lequel Mlle Jeanne Marais a écrit un roman fantaisiste dont l'audace se rachète par une verve étourdissante et des situations comiques qui déchaînent le fou rire. »

Je ne connais pas Mlle Marais, mais elle me paraît ne pas avoir froid aux yeux. Elle a écrit un bouquin sur une Maison Tellier destinée aux femmes. Voilà donc à quoi rêvent les jeunes filles!

Mais j'ai remarqué que le record de l'audace libertine appartient aux femmes-auteurs.

Quoi de plus risqué que les romans de Mmes Rachilde, Marc de Montifaud, Jeanne Landre, Camille Pert, Lucie-Delarue Mardrus ?

La poétesse Renée Vivien a célébré le saphisme avec un éton- nant dédain des « pudeurs bourgeoises ». Vraiment, ces dames n'ont peur de rien.

Je connais une douce jeune fille qui se mêle d'écrire. Elle a dix-huit ans, vit chez ses parents, mène la plus familiale des existences. Or elle vient de terminer un roman qu'elle m'a prié de lire en me disant : — J'ai peur que cela ne vous paraisse un peu rococo.

Et savez-vous ce que c'est que ce roman?

C'est l'histoire d'une dame qui déniaise tous les petits garçons de ses amies. Elle n'a pas plus tôt aperçu un bambino de douze ans qu'elle décide de lui révéler les joies ineffables de la chair.

Et elle exige que ses petits amis l'appellent « maman ».

Tel est le sujet traité par cette douce jeune fille qui m'a de- mandé le plus sérieusement du monde :

— Vous me direz si je peux compter sur un prix de l'Académie !

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