Discours prononcés au dîner de la Revue des Deux Mondes

René Doumic
Discours prononcés au dîner de la Revue des Deux Mondes
Revue des Deux Mondes7e période, tome 7 (p. S1-S8).
DISCOURS PRONONCÉS AU DÎNER
DE LA
REVUE DES DEUX MONDES

Le lundi 12 décembre, à l’Union Interalliée, la Revue offrait un dîner à ses collaborateurs. De nombreuses personnalités du monde des lettres et des arts, de la diplomatie et de l’armée, s’étaient jointes à la rédaction de la Revue. Le Président de la République s’était fait représenter. MM. Paul Bourget, G. Hanotaux, de l’Académie française, et Léon Bérard, ministre de l’Instruction publique, ont prononcé des discours dont nous sommes heureux de publier le texte.


M. PAUL BOURGET
de l’Académie française


Mon cher directeur et ami,

Permettez à l’un des plus anciens collaborateurs de la Revue de lever son verre en votre honneur, au nom des écrivains plus particulièrement voués à la pure littérature, que vous avez su ou conserver, ou recruter autour de vous.

C’est en 1873 que j’ai porté mon premier article, sous les auspices de l’excellent M. Saint-René Taillandier, aux bureaux de la rue Bonaparte, où logeait alors la Revue. François Buloz Avivait encore. Je revois, à cette minute, la haute taille, la carrure puissante, le masque autoritaire de ce rude meneur d’hommes, dont les moindres gestes dénonçaient l’énergie. Depuis plus de trente ans, il dirigeait cette Bévue, ne respirant, n’existant que pour elle, uniquement, passionnément.

Vous vous rappelez l’anecdote que Cherbuliez aimait à raconter. Buloz et lui, se promenant en Savoie par une belle après-midi d’été : « Ah ! dit Buloz au romancier en lui montrant un banc de gazon dans l’ombre d’un bouquet de grands arbres, comme on serait bien là pour corriger des épreuves ! » C’est le pendant de la pomme de Newton et de son mot : « En y pensant toujours ! « Aussi, quelle œuvre ! A feuilleter les numéros de la Revue, c’est toute la littérature française du XIXe siècle qui se rencontre dans ces pages, — ou presque toute : George Sand et Sainte-Beuve, Hugo, Lamartine et Musset, Stendhal, Vigny, Mérimée, — je cite au hasard, — Taine, Renan, Feuillet, Baudelaire, Sully Prudhomme. J’allais oublier Balzac, lequel, il est vrai, ne fit qu’y passer. Buloz et lui s’étaient brouillés avec éclat. Vous venez, mon cher Doumic, de les réconcilier en faisant rentrer dans la vieille maison, avec les lettres à la Dilecta, le génial romancier du Lys dans la Vallée.

Si ce fervent et infatigable Buloz avait pu se choisir un successeur selon son rêve, c’est vous sans aucun doute qu’il aurait appelé à continuer sa tâche. Cette passion qui l’animait pour sa Revue, nous la constatons en vous tous les jours, nous, vos collaborateurs d’à présent. Brunetière avec son ardeur combative. Francis Chai mes avec sa judicieuse fermeté, avaient réussi à lui faire traverser les années difficiles, celles où le succès obtenu risque de se détruire par sa propre durée. Vous avez pris, vous, la direction, dans une période plus difficile encore, en pleine guerre, et quand tout semblait devoir manquer, les écrivains pour écrire, les lecteurs pour lire, jusqu’aux ouvriers pour composer, et au papier pour imprimer les livraisons. Et voici que jamais les abonnements n’ont été plus nombreux, jamais plus vif l’intérêt du public, jamais la Revue plus vivante. Mais aussi quelle assiduité dans votre labeur ! Quelle entente de ce qu’il faut demander à celui-ci, à celui-là ! Quel accueil aux talents nouveaux ! — n’est-ce pas, Jérôme et Jean Tharaud ? Quel don absolu, complet, de toutes vos heures ! Aussi, quand vous montez l’escalier de l’hôtel de la rue de l’Université, qui a remplacé la maison de la rue Bonaparte, avez-vous le droit de dire comme jadis Bersot parlant de son École Normale, après la guerre de 1870 : « Il y a là un coin de France qui va bien. »

Oui, un coin de France, — la formule n’est pas prétentieuse. Elle traduit une simple vérité : les grandes publications périodiques importent aux Lettres, et les Lettres importent au pays. La puissance d’une nation n’est pas faite seulement de ses forces économiques et militaires, ni même de ses forces industrielles et scientifiques. La littérature est une des conditions, d’abord de sa vie intérieure, dont le tonus s’exalte ou s’abaisse avec la pensée de ses écrivains ; puis de sa vie extérieure, dont le rayonnement est dû à cette pensée. Maintenant plus que jamais, cette propagande intellectuelle est urgente. La défense de notre génie national n’est pas un devoir moins sacré que celle du territoire. Mais comment les susciter, ces défenseurs de la pensée française ? Comment leur assurer le contact avec le public, si malaisé quand le nom de l’auteur est inconnu ? C’est ici que les Revues ont un rôle à jouer, incomparable. Un volume signé de cet inconnu aurait cent lecteurs. La Revue lui en donne aussitôt vingt mille, trente mille, cinquante mille. L’auteur connu voit également son public, ou s’agrandir, ou se confirmer, et quand cette Revue est une maison presque séculaire et qui porte en elle une tradition, tous deux, le débutant et le vétéran, se sentent, en écrivant, regardés et jugés par les aînés. Ces grandes mémoires leur commandent de les continuer ou du moins de l’essayer.

Voilà de bien graves paroles pour un toast prononcé à la fin d’un banquet intime. Ces messieurs et vous, mon cher directeur et ami, ne me les reprocherez pas. Vous y reconnaîtrez l’expression de deux sentiments que nous portons tous au cœur : le fervent amour des lettres, et le culte de la Patrie. Où les affirmerait-on plus légitimement qu’entre fidèles d’une Revue, dont le service de ces deux nobles causes a toujours été la profonde raison d’être ?


M. GABRIEL HANOTAUX
de l’Académie française


Messieurs, et, permettez-moi de dire, chers amis,

Je préfère ne pas compter, mais il me semble bien qu’il y a quelque trente-cinq ans que j’ai franchi, pour la première fois, un manuscrit à la main, le seuil de la maison de la Revue. L’ombre de Buloz rendait ce passage très frais pour un débutant. Brunetière gardait l’entrée. Je mourais de peur... et je fus admirablement accueilli. Après quarante ans, j’ai encore peur quand je franchis le seuil de la vieille maison ; car je sais ce qu’elle est en droit d’exiger de nous ; mais je suis toujours si cordialement accueilli ! C’est donc à titre de très ancien rédacteur que je prends la parole aujourd’hui.

M. Doumic, qui est un chef, un patron, m’a dit : « Il faut parler. » Et il a ajouté : « Parlez-nous de l’histoire, de la politique, de la diplomatie pendant la guerre. » Que cela !... Bon, si j’avais son art de résumer toute une question en quarante lignes, comme il le fait chaque quinzaine sur la première page de la couverture saumon ! Mais comment faire, quand il s’agit d’un tel sujet et d’un tel auditoire ?

Je dirai donc, tout simplement et en deux mots, que, dans cette crise inouïe de la Grande Guerre, la Revue des Deux Mondes a été digne de son nom, qu’elle a été réellement la Revue des deux continents et de la terre entière.

La lutte était universelle ; si l’une ou l’autre des parties du monde eût manqué à son devoir, la cause était perdue, la civilisation et la liberté périssaient d’une même ruine. Or, les deux mondes se sont levés, l’ancien et le nouveau, et il n’est pas douteux que la propagande qui les a jetés et unis dans la lutte ait été menée surtout par la pensée française.

Qui pouvait exprimer cette pensée au loin et avec autorité ? Comment se traduirait-elle, comment s’exporterait-elle, comment dominerait-elle le bruit de la propagande adverse ? Paris menacé, les hommes dans les camps, les femmes dans les hôpitaux, la vie publique et particulière bouleversée... Nous avons vécu ces temps ; plus de domicile, plus de lendemain ; où et comment écrire, composer, publier, se faire lire, se faire entendre ? Ni papier, ni imprimeurs, ni lecteurs... Or, au milieu de ce désordre immense qui ne laissait intacte que l’âme du pays, la Revue continua à remplir toute sa tâche, en se tenant, si j’ose dire, collée à cette âme.

Ainsi, elle restait une digne héritière de ses traditions et de son passé. Elle était patriote en 1914 comme Buloz l’avait été en 1870, intelligemment, assidûment, fortement. De même que ces gens du XVIe siècle, qu’on appelait les « bons François, » elle n’avait qu’à rester elle-même, en se tenant, les yeux fermés, les bras serrés, attachée au grand mât de la patrie.

Francis Charmes, qui est comme présent ici, René Doumic qui saisit après lui le drapeau, et leur fidèle collaborateur Joseph Bertrand, se multipliaient dans toutes les besognes, les plus hautes et les plus astreignantes, tandis que ceux des collaborateurs que leur âge tenait éloignés des armées, venaient apporter à la Revue les vestigia flammæ, leur seule offrande possible au milieu de l’immense holocauste.

Quelles journées et quelles nuits ! Il fallait méditer, écrire, combattre dans le bruit des armes, avec le canon tonnant sur les têtes, moins terrible encore que les coups dont, pendant cinq ans, les « communiqués « alternés martelaient nos cœurs !

L’histoire, la politique, la diplomatie… mais elles frappaient à nos portes et c’est elles qui les secouaient si terriblement ! Comment aurions-nous vécu d’autre chose ? Même les œuvres d’imagination, même la poésie, même l’esprit, même l’humour, tout était histoire, politique, par le simple fait que l’on vivait. Ce Bourget, ce Loti, ce Boutroux, ce Barrès, ce Donnay, et Mme de Noailles, et Mme de Régnier, mais ils ont été les meilleurs diplomates de la France ! Vos imperturbables numéros, sonnant la cloche de la France au monde tous les quinze jours, ont continué à la faire aimer, à la faire admirer, à ne pas la laisser une minute, ni oublier, ni dépriser. Nos penseurs, nos écrivains, nos poètes ont établi régulièrement et périodiquement que, pendant que nos enfants se battaient, ni l’âme, ni l’esprit de la France n’avaient éprouvé nulle défaillance.

Ainsi, toute notre vieille histoire respira autour de nous, tous nos demi-dieux se penchèrent sur nous, tous nos grands capitaines combattaient près de nos chefs : ils étaient au Grand Couronné, aux deux Marnes, à Verdun ; ils passaient la revue au défilé de l’Arc de Triomphe.

Voilà les recrues que la Revue des Deux Mondes, luttant coude à coude avec les autres Revues et avec l’admirable presse de Paris, ont appelées à la rescousse, tant qu’a duré cette guerre où les morts eux-mêmes combattaient… Et, à l’heure de la paix, je veux croire que ni Richelieu, ni Mazarin, ni Talleyrand ne s’étaient absentés : l’avenir jugera cela plus équitablement.

Je voudrais pouvoir énumérer tous ceux qui ont travaillé avec vous en ces heures sombres que la victoire a soudain illuminées. La liste serait longue. Je dirai seulement, pour rappeler cette union de l’action et de la pensée, que Raymond Poincaré, tout fumant encore de la lutte, est venu dans cette maison, pour y achever la paix par cette « création continue » qu’il a, dès le premier jour, si ardemment réclamée. L’ancien et illustre Président s’est mis à son rang dans l’équipe. Et cela, c’est encore de l’histoire.

René Doumic ! Après Francis Charmes, vous avez été notre maître et notre guide ; vous avez regroupé le bataillon et tenu ferme la hampe : vous avez été solide et fin, énergique et nuancé, optimiste ! aux mauvais jours, modéré aux heures prospères, bon combattant. bon victorieux, digne de la Revue, digne de la France. Nous vous saluons comme un chef et, si le mot paraît un peu rude à votre amitié et à votre modestie, nous vous aimons comme un ami.


Se levant à son tour, le directeur de la Revue a exposé l’objet de cette réunion, destinée à remercier les collaborateurs qui lui ont, avec un inlassable dévouement, prêté leur concours pendant la guerre et pendant la période à peine moins difficile qui a suivi. À Francis Charmes revient l’honneur que, même en août et septembre 1914, la Revue n’ait jamais cessé de paraître : il ne manque pas un numéro à sa collection. Pendant la guerre, la Revue s’est efforcée d’assurer la continuité de la pensée française. Aujourd’hui, elle a pour rôle de maintenir en France cette haute culture dont le ministre de l’Instruction publique a pris la cause en mains avec une vigueur dont lui savent gré tous les lettrés, et pour laquelle des écrivains, tels que M. Maurice Barrès, font, ici même, si noblement campagne. Elle espère y réussir en restant fidèle aux traditions de large curiosité, d’indépendance vis à vis des écoles et des partis, de courtoisie, de mesure et de goût, qui ont fait d’elle une exacte représentation de l’esprit français et une force nationale.



M. LÉON BÉRARD'
ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts


Messieurs,

On demande qu’une voix de l’extérieur se fasse entendre. J’accepte d’être, — pour un moment très court, — cette voix. Je ne me suis pas levé pour ajouter un discours à tous ceux que la rigueur de la saison parlementaire m’a contraint de prononcer depuis quarante huit heures. Je ne veux que remercier M. René Doumic des paroles d’indulgente sympathie qu’il m’a adressées et de ce qu’il a bien voulu me convier à cette fête littéraire.

J’avoue que je n’ai pas songé, avant d’accepter son invitation, à m’informer des précédents. Les précédents, menue monnaie de la tradition par quoi la puissance publique peut répondre « non » avec politesse ou ajouter du prix à ce qu’elle accorde ; les précédents, il est bien rare qu’il convienne à un ministre de les négliger par principe, même s’il ne s’agit que de dîner en ville. Cette fois, pourtant, il m’a semblé que la chose allait de soi. La Revue des Deux Mondes et le ministère de l’Instruction publique ! J’ai pensé qu’un statut non écrit, et d’autant plus certain par là-même, régissait les rapports des deux institutions et que ces rapports dérivaient de la nature des choses. Et je me suis rendu, avec grand plaisir et avec un empressement naturel, à l’invitation de M. René Doumic.

Un ministre de l’Instruction publique ne trouverait-il pas sous quelques-unes des grandes rubriques de la Revue, de bons préceptes, de bons exemples, de bons modèles à suivre dans ses propres rubriques, je veux dire dans les domaines divers où son activité s’exerce, au hasard des délibérations, des inaugurations et des centenaires ? Critique littéraire, critique dramatique, histoire, critique d’art : je touche à tout cela, au gré de l’ordre du jour et du calendrier, sous la double caution du contrôle parlementaire et de la solidarité gouvernementale. Sur tous ces sujets, je rencontre dans la Revue des leçons parfaites. J’y rencontrerais au besoin, si l’Instruction publique n’était un ministère de technicité rigoureuse, de hautes leçons de politique proposées par un maître à qui m’attache depuis vingt ans la plus respectueuse, la plus reconnaissante affection.

Je me suis demandé ce que je pouvais bien vous apporter en échange de ces secours spirituels. Il ne dépend pas de moi sans doute que la Revue des Deux Mondes et les Revues, ses voisines, qui sont représentées autour de cette table, trouvent encore des lecteurs dans vingt-cinq ans d’ici. Telle n’est point ma prétention. Je ne songe ni à créer une panique intellectuelle, ni à me révéler devant vous comme le maître du destin. Je dirai seulement que je travaille à vous préparer un public pour demain, en servant de mon mieux, selon mes moyens et selon mon pouvoir, ce que vous servez vous-mêmes : les intérêts de la haute culture et l’influence de l’esprit français.

M. René Doumic a bien voulu parler avec faveur d’un projet de restauration des humanités classiques. J’ai dit restauration... Comme le mot propre est souvent un mot dangereux ! Car nous sommes tout justement en un sujet où tout deviendrait assez facile si le sophisme n’usait de certains mots, et si de certains mots n’avaient la terrible vertu de susciter et de nourrir le sophisme. La controverse et même la dispute sont légitimes et utiles en un tel débat.

Que ne s’accorde-t-on à en exclure des arguments qui rappellent de moins nobles polémiques ? Vous professez qu’il convient de faire à la tradition sa part dans un plan d’études. Vous affirmez la solidarité historique de la prose française et de la prose latine, telle qu’un des plus illustres collaborateurs de la Revue, M. Paul Bourget, la définissait aujourd’hui même, devant le buste de Gustave Flaubert... On vous répond : réaction, enseignement de classe !... Vous proposez de disposer suivant des règles vérifiées par une longue expérience la maison du savoir et de l’enseignement... On vous dit : avant tout, faites y entrer la démocratie !... Certes, je veux qu’elle y entre aussi librement que possible ; je veux même qu’elle y soit chez elle. Je demande seulement à quelques-uns de ceux qui prétendent la conduire, suivant une image que j’emprunterai à l’éloquence politique, de ne pas jeter le mobilier par la fenêtre, mais de respecter l’ordonnance de la vieille maison. Je les prie, puisqu’ils réclament sincèrement que l’on institue une élite, de vouloir les conditions de ce qu’ils souhaitent. Puissent-ils être persuadés que les lois de la formation des esprits sont depuis assez longtemps connues et qu’ils en demanderaient en vain le secret au matérialisme économique ou à quelque notion complaisante et sommaire de l’évolution !

Dans cette discussion où sont intéressées des causes que la Revue des Deux Mondes a constamment soutenues, vous m’avez donné, mon cher directeur, un précieux appui. Je tiens à vous en remercier de tout cœur en faisant des vœux pour la prospérité de l’illustre maison qui vous a confié son destin. Mon éminent ami, M. Hanotaux, vient de vous comparer à un chef de guerre. Permettez-moi de vous dire, par une comparaison qui soit mieux à ma portée, que vous aurez été un très bon ministre de la Revue des Deux Mondes. On peut croire qu’au moment où vous aviez pris le pouvoir, vos relations intérieures devaient être singulièrement troublées. Je n’aurai pas l’indiscrétion de parler des finances. Encore n’est-il pas téméraire de supposer que chez vous, comme dans tous les États du monde, le mystère des changes, la relativité des évaluations monétaires, le tourment de l’équilibre ont dû modifier profondément tous les principes de gestion et les règles mêmes de la sagesse économique. Vous avez, nous le savons, vaincu toutes les difficultés et surmonté tous les obstacles.

Je bois à vos succès.

Je bois à la Revue des Deux Mondes et aux écrivains qui se sont assis à sa table.

Et afin de résumer tous les vœux qui sont formés ici à la fois pour l’honneur des lettres et pour la grandeur de la patrie, je bois à l’avenir de la culture française.


Le Directeur-Gérant :

RENÉ DOUMIC.