Diorama Montesquieu

diorama montesquieu[1].

Que ceux qui aiment le beau, le vrai, le naturel en peinture, aillent au Diorama Montesquieu ; que ceux qui voudraient connaître les sites les plus pittoresques de la Normandie sans sortir de Paris aillent au Diorama Montesquieu ; en un mot, que tout ce qui a le goût des beaux-arts visite cette belle exposition.

Elle consiste en quatre tableaux. Deux sont de M. Huet, un grand et un petit. Le plus grand représente la plaine d’Arques en Normandie. La rivière d’Arques coule au milieu de cette riche contrée. Le ciel est tel qu’on le voit souvent sur les côtes, couvert de légers nuages à travers lesquels percent quelques rayons de soleil qui viennent éclairer le paysage. Le château d’Arques s’élève dans le lointain. Sur les devans quelques instrumens de labourage, etc. Nous nous permettrons à ce sujet une observation à M. Huet : parmi ces accessoires se trouve une veste étendue à terre, qui ne peut appartenir qu’a un géant, et une chèvre qu’il faudrait aussi diminuer. Que l’auteur fasse ces deux corrections, et son tableau sera parfait.

Le second est une vue de Rouen. Beaucoup plus petit que le premier, il est également de M. Huet. Cette vue est prise du Mont aux malades. Rouen paraît, au milieu du tableau, entourée de vapeurs qui l’obscurcissent ; un joli clocher plus éclairé s’élève de son sein, et un nuage grisâtre, qui plane sur la ville, vient compléter cette œuvre toute légère et toute vaporeuse. M. Huet a triomphé d’un écueil qu’il avait dans les terrains sablonneux qui entourent la Seine. Au reste, ce ne sont pas les premiers ouvrages sortis du pinceau de ce jeune artiste plein de talent, et nous espérons qu’il ne s’en tiendra pas là.

Le troisième tableau est de M. Colin : c’est encore une vue de Rouen ; mais elle est beaucoup plus grande, et prise dans l’intérieur de la ville. C’est la place de la Croix de pierre et la rue Saint-Vivien. À droite s’élève le joli monument gothique de la croix de pierre. Sur la place est un marché que vient animer une foule de personnages. Des drapeaux tricolores, placés aux fenêtre, et des marchands de toute espèce, avec les costumes pittoresque des Normands, ajoutent encore à l’illusion de ce tableau à la fois vigoureux et plein de lumière.

Enfin le dernier tableau est le passage sous la Tamise. Deux chemins doivent former ce pont souterrain, l’un pour aller, et l’autre pour revenir. Un seul est terminé. Le jour, pénétrant avec peine sur le premier plan, forme un singulier contraste entre sa lumière bleuâtre et l’éclatante clarté du gaz qui éclaire le fond. Ce tableau est dû à M. Martin. Déjà fort beau, il le serait plus encore si un mendiant appuyé contre une colonne, et d’une taille gigantesque, ne venait détruire l’illusion. Sauf cette légère incorrection, l’auteur mérite des éloges.

En tout, l’exposition actuelle est remarquable ; et lorsqu’on aura visité cette belle collection, on répétera avec nous à ceux qui ne la connaissent point : « Allez au Diorama Montesquieu. »

P.


  1. Entrées par le bazar Montesquieu et la rue Croix-des-Petits-Champs.